Je suis tombé hier sur cet article du Huffington Post :
Selon cet article, les humains ne seraient pas les créatures les plus intelligentes
de la Terre, selon les déclarations du docteur Maciej Henneberg, professeur à
l’Université d'Adélaïde. Les animaux, du fait de leurs modes de perception du monde
différents des nôtres, ont des capacités mentales supérieures aux nôtres dans
certains domaines : « Le
fait que les animaux ne puissent apparemment pas nous comprendre, et que nous
ne les comprenons pas, ne veut pas dire que nos 'intelligences' se situent à
des niveaux différents, elles sont juste de nature différente", affirme
Henneberg. Certains animaux marquent leur territoire de manière complexe pour
communiquer. Les humains ne peuvent pas interpréter ces marquages, a-t-il
déclaré, mais "ils sont peut-être aussi riches en information que le monde
visuel."
Les orques ont leur propre langage, très
complexe, et les dauphins ont des noms individuels –exactement comme nous–
formés à partir de sifflements. "Cela veut dire que les dauphins font la
distinction entre leur propre personne et les autres", analyse Henneberg
au HuffPost Science. Les éléphants, dit-il, pleurent leurs morts et
ont une excellente mémoire. Les castors sont capables de construire des
barrages et des cabanes souterraines. Les tisserins fabriquent des nids
complexes à plusieurs étages. Et cette liste s'allonge ».
En réalité, l’idée
de ces scientifiques n’est pas complètement nouvelle, puisque déjà dans l'Antiquité, le philosophe sceptique Ænésidème[1] mettait en doute que l'homme soit la seule espèce
intelligente sur Terre, voire la plus intelligente. C’était même la première de
ses « dix tropes » qui allait mettre en cause la prétention abusive
de l’Homme à pouvoir détenir la Vérité. Comme le dit Diogène Laërce, exposant
cette première trope d’Ænésidème : « Et les uns ont telle constitution, les autres telle autre ; c’est
pourquoi ils diffèrent aussi par leur sensibilité : par exemple, les
faucons ont une vue très perçante, les chiens un odorat très développé. Il est
donc vraisemblable qu’aux yeux différents surviennent aussi des impressions
visuelles différentes[2] ».
Remarquez que les animaux étant
doté d’une sensibilité, ils peuvent prétendre à la connaissance de la vérité au
même titre que les humains, ou ne pas y prétendre, en vertu du doute sceptique,
mais toujours au même titre que les humains alors ! Non seulement ces animaux ne sont pas déficients par rapport
à l’homme au niveau des connaissances sensibles, mais en plus le monde doit
leur apparaître de façon très différente par rapport à nous, les hommes. Par
ailleurs, selon un argument que les sceptiques ont retrouvé chez Chrysippe, un
stoïcien, un chien s’avère capable de raisonnement et de logique quand trois
chemins s’offre à lui, dont un conduit à son maître ; s’il a pris deux
chemins qui ne mènent à rien, alors il emprunte le troisième.
Dans l'Apologie de Raymond
Sebond au XVIe siècle, Michel de Montaigne mettait également en doute l'arrogance
des hommes de se croire la seule espèce capable d'intelligence et de détenir la
Vérité. « Comment l'homme connaît-il
par l'effort de son intelligence, les branles internes et secrets des animaux ?
Par quelle comparaison d'eux à nous conclut-il la bêtise qu'il leur attribue ?
Quand je joue avec ma chatte, qui sait si elle passe son temps de moi, plus que
je ne le fais d'elle ?[3] » Notre jugement sur les animaux ne se base sur une
connaissance sérieuse de ces animaux, mais bien plutôt sur des préjugés et
notre naturelle présomption à nous croire supérieur et séparé du reste du monde
naturel. On ne voit plus dès lors les stratégies et les capacités des animaux
qui sont parfois bien plus merveilleuses et affinées que les nôtres. Ainsi les
hirondelles et les araignées dans leurs constructions :
« Les hirondelles que nous voyons
au retour du printemps fureter dans tous les coins de nos maisons,
cherchent-elles sans jugement, et choisissent-elles sans discrétion, de mille
places, celle qui leur est la plus commode à se loger ? Et en cette belle
et admirable contexture de leurs bâtiments, les oiseaux peuvent-ils se servir
plutôt d’une figure carrée, que de la ronde, d’un angle obtus, que d’un angle
droit, sans en savoir les conditions et les effets ? prennent-ils tantôt
de l’eau, tantôt de l’argile, sans en juger que la dureté s’amollit en l’humectant ?
planchent-ils de mousse leur palais, ou de duvet, sans prévoir que les membres
tendres de leurs petits y seront plus mollement et plus à l’aise ? Se
couvrent-ils du vent pluvieux, et plantent leur loge à l’Orient, sans connaître
les conditions différentes de ces vents, et considérer que l’un est plus
salutaire que l’autre ?
Pourquoi épaissit l’araignée sa toile en un endroit, et
relâche en un autre ? se sert à cette heure de cette sorte de nœud, tantôt
de celle-là, si elle n’a et délibération, et pensement, et conclusion ? »
Et Montaigne de conclure :
« Nous reconnaissons assez en la
plupart de leurs ouvrages, combien les animaux ont d’excellence au-dessous de
nous, et combien notre art est faible à les imiter ? »
Et aujourd'hui, on voit que des
scientifiques rejoignent les conclusions d’Ænésidème et de Montaigne…
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