avec les enfants à nouveau nous bataillons avec les herbes sauvages
nous bataillons, rebataillons, les heures
passent
au soleil du crépuscule, seul après que
tout le monde soit rentré
ronde, brillante, monte la lune dans
l’automne limpide
Ryokan
Robert Doisneau, La poterne des peupliers, 1930 |
J’aime ce poème de Ryokan car, avec
une franchise désarmante de spontanéité et de simplicité, il emprunte les chemins de traverse par
rapport à l’image, voire le cliché que l’on se fait d’un sage ou d’un maître
spirituel. On imagine le sage ou le maître sévère et austère. Et quand il
s’adonne pas à la contemplation, on l’imagine affairé à de très sérieuses
occupations comme diriger son monastère, lire d’antiques grimoires, discourir
de choses savantes avec ses disciples, discuter de choses graves avec les puissants
de ce monde.
Ryokan, lui, joue avec les enfants
dans les hautes herbes sur la colline et il ne se lasse pas de jouer avec eux.
Ryokan avait pourtant occupé la lourde tâche d’abbé dans le monastère zen
d’Entsûji. Il avait pourtant renoncé à ce poste prestigieux et aux honneurs qui
vont avec pour vivre en toute simplicité. Sans souci d’incarner un quelconque
rôle dans la société. Il joue avec les enfants ; puis la nuit tombante,
les enfants rentrent ; et lui reste seul, retrouvant sa vie de contemplatif
dans un dialogue silencieux avec la lune.
Ryôkan, Moine errant et poète, Hervé Collet et Cheng Wing Fun, Albin Michel/Spiritualités vivantes, Paris, 2012, p. 127.
Ryôkan
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