Gary
Yourofsky est un militant bien connu et très zélé de la cause
animale. Il a donné des conférences dans le monde entier sur le
véganisme et la condition animale. Ses vidéos sur le net où il
fait l'apologie d'un mode de vie végan avec une énorme force de
conviction connaissent un énorme succès. Récemment, ses textes ont
été traduits en langue française par (voir son site :
http://garyyourofskytraductionfrancaise.blogspot.be/).
Un passage a retenu mon attention car il est emblématique d'une
certaine mentalité très vivace chez nombre de végans quand ils
parlent des végétariens.
Il
est temps d'accepter la dure réalité : le Végétarisme n'est rien
qu'une forme déviante de la consommation de viande. Ce n'est pas lié
au Véganisme car les végétariens supportent de tout cœur la
marchandisation, l'esclavage, le viol et le meurtre de vaches et de
poules, et l'exploitation d'abeilles dans l'industrie du miel. Ils
cautionnent aussi le kidnapping, la torture et le meurtre de bébés
animaux puisque les veaux sur les exploitations d'élevage laitier
sont volés de leurs mères après leurs naissance (les mâles sont
envoyés dans des élevages spécifiques), tandis que les poussins
mâles dans l'industrie des œufs sont tués en se faisant jeter dans
une poubelle ou broyés vifs dans une machine (car ils ne pondent pas
d'œufs). De plus, la plupart des végétariens se parent, ainsi que
leur maison, de cuirs, laine, soie, et duvet. Est-ce que quelqu'un
voudrait m'expliquer en quoi le végétarisme est un mode de vie
bénéfique pour les animaux (mon e-mail est GaryTofu@earthlink.net)
? A moins que le végétarisme soit un BREF palier vers le véganisme
(un an ou moins), c'est un mode de vie violent et ne diffère
aucunement de la consommation de viande !
C'est
dit : les végétariens sont des salopards dans le même bateau
que les mangeurs de viande. Ils sont complices d'eux puisque le
végétarisme ne supprime pas l'élevage : un végétarien mange
du lait, donc alimente l'industrie laitière et les éleveurs qui
n'hésitent pas à séparer le veau de sa mère pour que celle-ci
puisse produire du lait en abondance. Le plus souvent, le veau est
envoyé à l'abattoir. Pareillement, manger des œufs revient à
cautionner les hangars où les poules pondeuses sont élevées en
batterie dans un espace minuscule. A la limite, dans la mentalité de
Gary Yourofsky, les végétariens sont même des collabos de ce
système carniste : on entend même dans les milieux végans
l'idée exprimée qu'à ce titre, les végétariens sont même pires
que les mangeurs de cadavres.
Cela
me gêne énormément parce que cela nous coupe, nous les végans,
des végétariens, comme si on avait rien à voir avec eux. Il y
aurait d'un côté la catégorie des persécuteurs d'animaux dont les
végétariens seraient des membres tout autant que les carnivores et
les piscivores. Et de l'autre côté de la ligne de démarcations, il
y aurait les saints végans tout auréolés de leur gloire morale,
les chevaliers blancs, purs et sans reproches de la cause animale. Il
y a toute une mystique de la cause végan et Gary Yourofsky est un
des apôtres de cette nouvelle pureté.
Tout
d'abord, peut-on dire que les végans soient si immaculés qu'ils
veulent bien le dire ? Ne consommant pas de produits animaux que ce
soit pour manger ou pour se vêtir, ils ne participent pas
directement à la souffrance animale. Pour autant, leurs activités
sont-elles au-delà de tout reproche ? Manger des légumes ou
des céréales, est-ce tellement au-delà de tout soupçon ?
Cultiver un champ implique de défricher des zones naturelles, de
labourer, de moissonner, autant d'activités qui tuent de nombreux
petits animaux : rongeurs, insectes, vers de terre.... Par
ailleurs, toutes les activités humaines comme conduire une voiture,
faire des routes sur lesquelles ces voitures vont rouler, etc.., ont
elles aussi un impact plus ou moins négatif sur un certain nombre de
vies animales.
Il
faut bien admettre qu'il n'existe pas de véganisme absolu. Nos modes
de vie ont toujours un impact indirect sur la vie animale même si
l'on se dispense d'acheter volontairement des produits animaux quels
qu'ils soient. On n'est donc pas en mesure de se vanter sérieusement
d'être « parfait » quand on adopte un régime végan
même si celui-ci est strictement respecté.
Ensuite,
être végétarien, est-ce aussi dérisoire par rapport à la cause
animale que veut bien nous le dire Gary Yourofsky ? Un
végétarien ne veut pas tuer d'animaux pour se nourrir. C'est déjà
en soi une motivation bénéfique que l'on peut louer. Cela témoigne
d'un certain respect et de considération à l'égard des animaux.
Certes,
Gary Yourofsky a raison de dire que, malgré ces belles intentions,
un régime végétarien conduit à la mort d'animaux. Les veaux sont
retirés à leur mère et sont souvent envoyés à l'abattoir. C'est
quelque chose que les végétariens doivent savoir. Encore trop
d'entre eux l'ignorent. Moi-même, j'ai été végétarien pendant
des années sans le savoir. C'est une amie qui travaillait dans une
ferme d'élevage en biodynamie qui a pointé mon incohérence dans mon
comportement en m'expliquant le sort réservé au veau dans le
système de la production du lait. Naïvement, je pensais que la
vache produisait suffisamment pour ses petits et pour les humains,
qu'elle avait un large surplus dans sa capacité à produire du lait.
Pareillement, pour les œufs, je pensais qu'il suffisait d'acheter
ses œufs dans une épicerie bio pour avoir la garantie que les
poules seraient bien traitées. Il n'en est malheureusement rien :
le label « bio » signifie seulement que les animaux sont
alimentés avec des aliments bio. Ce n'est pas une garantie de
bien-être animal. Pas plus que les labels « élevés en air »
(voir mon article « L'oeuf et la poule »).
Mais
peut-on vraiment rattacher le régime végétarien au régime
carniste et à un comportement spéciste cruel envers les animaux ?
Les végétariens n'ont pas l'intention de faire souffrir les
animaux. Et si on fait souffrir ces animaux dans l'élevage pour
recueillir le lait des poules et les œufs des poules, c'est que
précisément les éleveurs sont dans un mode de pensée carniste où
il est habituel de tuer des animaux et de n'avoir aucune
considération envers la sensibilité des animaux du fait même qu'on
les tue tous les jours ou qu'on les envoie sans état d'âme dans les
abattoirs.
Imaginons
une société où la population deviendrait à 100% végétarienne
pour des raisons éthiques. On ne tuerait plus les animaux pour se
nourrir. Mais on continuerait à se nourrir de lait et d’œufs.
Croyez-vous vraiment que les végétariens laisseraient les vaches
dans des élevages industriels dans des enclos extrêmement restreints et les poules dans des cages minuscules ? Le fait même d'avoir
de la compassion et de refuser des tuer les animaux changerait
complètement l'élevage et le mode de production des produits
animaux. Les poules pourrait vraiment s'ébattre en plein air et les
veaux ne seraient pas retirés à leur mère. Le fermier ne prendrait
que l'éventuel surplus de lait de la vache que le veau ne prendrait
pas au pis de sa mère. Certes, cela aurait un coup et cela ferait
monter considérablement le prix des œufs et le prix du lait. Donc
l'achat de ces produits animaux diminuerait en vertu de la loi de
l'offre et de la demande. Cette société végétarienne évoluerait
naturellement vers le véganisme sans le chercher volontairement.
Si
manger végétarien implique effectivement de faire souffrir les
animaux, c'est au corps défendant des végétariens. On ne peut pas
dire que le végétarisme soit un « mode de vie violent qui ne
diffère aucunement du carnivorisme » comme le dit Gary
Yourofsky. On ne peut donc pas non plus les exclure sérieusement de
la communauté éthique qu'ils forment avec les végans. En fait, le
véganisme est l'aboutissement logique du végétarisme.
Les
végans devraient justement faire effort pour faire preuve de
pédagogie envers les végétariens, leur montrer en quoi manger des
œufs ou des produits laitiers peut s'avérer néfastes pour les
bêtes et leur montrer de passer le pas de végétaliser complètement
leur alimentation. L'attitude agressive de certains végans n'aident
pas à l'encontre des végétariens ne les aident pas, il me semble,
à passer le pas. Il m'a fallu une longue et lente évolution de
quinze ans pour passer du végétarisme au véganisme. Or pendant
tout ce temps, l'image que j'avais des végans était négative, en
partie parce qu'ils condamnent parfois plus sévèrement les
végétariens que les carnivores.
Je
pense donc que l'on gagne grandement à considérer le végétarisme
comme une attitude positive qui demande à être encouragée et à
être développée dans son sens le plus logique : le véganisme.
Moi-même vegan, je ne peux que souscrire à ce que vous dites. Je ne cautionne pas certains discours condescendants de la part de vegans à l'égard des végétariens qui ont pourtant l'immense mérite de faire un effort essentiel. Mais l'orgueil est sans doute le poison le plus puissant qui soit, je m'en rends compte tous les jours en regardant en moi-même.
RépondreSupprimerMerci encore pour vos articles passionants. J'aimerais beaucoup vous rencontrer un jour.
Merci pour vos encouragements. Je pense effectivement qu'il est grand temps de dépasser l'orgueil mal placé et d'encourager les végétariens à se rapprocher toujours un peu plus d'un idéal végane.
RépondreSupprimerN'hésitez pas à me contacter ! Mon adresse mail: ecozen.liege suivi d'un @, et puis ensuite gmail suivi de . et de com (le tout collé, je ne donne pas l'adresse d'un seul tenant afin d'éviter les spams!)
Une bonne soirée!
Frédéric