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dimanche 31 janvier 2016

Ma petite entreprise




      L'idéologie dominante nous pousse à devenir notre propre entrepreneur, l'entrepreneur de nous-mêmes. Comme si nous avions à vendre la marque d'un produit auprès des autres dans la société, et cette marque n'est autre que nous-mêmes, notre nom, notre histoire, notre personne. Mais tout le monde est le promoteur de sa propre personne, tout est le monde est en concurrence avec tout le monde. Tout le monde est le rival de tout le monde. Margaret Thatcher martelait qu'il n'existait rien de tel qu'une société. Dans l'idéologie ultra-libérale, il n'y a que des individus œuvrant dans le sens de leur propre égoïsme. Dans cette idéologie, il ne peut pas y avoir de bien commun ou alors de manière paradoxale avec la main invisible d'Adam Smith qui transformerait les égoïsmes individuels en machine à produire de la richesse pour les nations. Et si on augmente la taille du gâteau, il restera quelques miettes pour les délaissés du grand jeu du marché libéralisé.


     Ce qui est inquiétant, c'est que cette idéologie qui fait de chacun son propre entrepreneur contamine toutes les couches de la société. On retrouve cela dans l'enseignement où l'enfant doit être considéré comme un acteur autonome qui participe de manière autonome au développement de ses compétences, compétences qu'il pourra faire valoir dans le monde de l'entreprise. L'enseignant n'est plus qu'un coach réduit à encadrer la progression de l'élève dans l'acquisition des dites compétences. Mais c'est là une violence faite aux enfants et aux adolescents. On demande à ces jeunes gens de comprendre dès leur plus jeune âge les rapports de force qui font une société basée sur l'économie libérale globalisée. Pour mieux la faire passer, on enrobe cette idéologie des apparences plaisantes de Mai '68 : « Il est interdit d'interdire », « La discipline, c'est ringard », « Faites ce qu'il vous plaît ». Tout cela a l'air bien beau, coloré, libertaire, gauchiste, mais en fait ce seront les enfants privilégiés qui tireront tous les bénéfices de ce vent de prétendues libertés qui soufflent l'école. Ils sauront par l'éducation familiale qu'il faut travailler pour réussir. Quant aux autres, ils tomberont dans le piège : ils profiteront de leur « liberté » pour ne rien faire et végéteront toute leur vie dans la médiocrité et la pauvreté parce qu'ils n'auront pas compris les règles très trompeuses du jeu.


      Il est temps, me semble-t-il, d'envisager une autre modèle de développement des individus dans notre société. Un modèle où l'on conçoit que tous les individus existent en interdépendance les uns avec les autres. Je ne suis pas là en ce monde, en cette société pour ma seule personne, mais aussi et surtout pour aider les autres à se développer et à s'épanouir. Pareillement, les autres sont là pour me permettre d'exister et de mener une vie heureuse. Il est temps de réactiver des valeurs morales comme l'entraide, la fraternité, la solidarité et de leur redonner une vie dans ce monde moderne ou postmoderne. 



Hong Kong, par Scott Reither




Voir toutes les citations du "Reflet de la Lune" ici.





 Larry Abraham, vue aérienne d'un trottoir, National Geographic






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