Arte
a récemment diffusé un documentaire de Sylvie Gilman et Thierry de
Lestrade intitulé « Vers un monde altruiste ? »
et qui s'inspire clairement de l'ouvrage de Matthieu Ricard,
« Plaidoyer pour l'altruisme ». La thèse générale
tant du livre que du documentaire est de dire que nous ne sommes pas
seulement motivés par les intérêts égoïstes, le désir de
conquête et d'affirmation de soi, comme cela a été martelé par la
philosophie, l'économie et les sciences humaines depuis fort
longtemps, mais les motivations se teintent aussi largement
d'entraide, de fraternité et de solidarité, en un mot :
d'altruisme. Preuve à l'appui dans le monde animal et chez les
bébés : l'altruisme et le sens moral sont présents dès le
plus jeune âge. Ainsi des bébés à qui on présente une gentille
peluche chat qui aide une autre peluche et une méchante peluche qui
fait tout pour l'embêter, les bébés dans leur immense majorité
choisiront de préférence la gentille peluche.
Néanmoins,
cette disposition innée à la bonté et à l'entraide est
contrecarrée par nos penchants à privilégier les gens qui sont
comme nous, qui se comportent de la même manière et qui
appartiennent à la même communauté. Les bébés préfèrent la
peluche qui aime la même nourriture qu'eux. Je me souviens qu'à
l'école maternelle, je devenais ami avec ceux qui avaient le même
berlingot de jus de fruit que moi... Mais même plus grands, le
principe d'appartenance reste le même : le supporter d'un club
de football qui voit un camarade recevoir une décharge électrique
fait preuve d'empathie et présente une activation de la même zone
cérébrale dédiée à la douleur que la victime; mais s'il voit
souffrir un supporter de l'équipe adverse de la même façon, c'est
la zone cérébrale dédiée au plaisir qui s'active chez lui !
L'empathie et la bonté sont donc court-circuités par des phénomènes
d'appartenance à la même communauté. Cela explique pourquoi de
nombreuses personnes très convenables, toujours prêtes à aider
leur prochain peuvent se transformer en monstres dès lors qu'ils se
rassemblent sous la bannière d'un parti, d'une nation, d'une
religion et nuire à ceux qu'ils désignent comme leur ennemi sans
leur moindre état d'âme.
Toute
la question de Matthieu Ricard est donc : comme étendre notre
empathie, notre volonté d'aider les autres et faire preuve de
compassion dans des cercles toujours plus larges ? Le livre
suivant de Matthieu Ricard est d'ailleurs le « Plaidoyer
pour les animaux » où il propose d'élargir le cercle de
notre compassion et de notre bienveillance au monde animal. Nous
pouvons transformer notre esprit à tout âge et développer notre
sens de l'altruisme.
Team Study.... Jakkree Thampitakkul |
*****
Suite
à la diffusion de ce documentaire, le psychologue et psychanalyste
français Serge Tisseron a, dans un article intitulé « L'erreur
de Matthieu Ricard » publié sur le site du Huffington
Post1,
critiqué les travaux de Matthieu Ricard et le biais bouddhiste que
ce dernier introduit dans sa conception de l'empathie et et
l'altruisme.
Serge
Tisseron commence par distinguer deux types d'empathie :
l'empathie affective
et l'empathie cognitive, qu'il définit de la manière
suivante : « Il est en effet admis par la grande
majorité des chercheurs que l'empathie a deux composantes, la
première affective, qui apparaît vers l'âge de un an, et l'autre
cognitive, qui apparaît vers quatre ans et demi. L'empathie
affective est un système intuitif au fonctionnement rapide et
automatique qui apparaît dès la première année de la vie et qui
permet de se concentrer sur l'émotion d'autrui au point de
l'éprouver soi-même sans se confondre avec lui. Il s'agit donc
d'une forme de résonance émotionnelle. Au contraire, l'empathie
cognitive est un système lent, délibératif et conscient dans
lequel il ne s'agit plus de ressentir les émotions d'autrui, comme
dans le stade précédent, mais de comprendre son point de vue en
prenant en compte ses différences ».
Serge Tisseron |
À ces deux types d'empathie, il faudrait pour bien faire adjoindre un
troisième type d'empathie : l'empathie mature.
L'empathie affective seule risque de déséquilibrer notre état
psychologique en nous identifiant à la souffrance des autres.
L'empathie cognitive risque de se transformer en volonté égoïste
de manipuler les autres puisqu'on est capable de les comprendre.
L'empathie mature permet de retrouver un juste équilibre entre les
deux. Cette empathie mature rend possible le fait de se mettre
émotionnellement à la place de l'autre et elle préfigure le
développement de l'altruisme.
Or
Matthieu Ricard et la neuroscientifique Tania Singer de l'institut
Max Planck de Leipzig ne parlent que de l'empathie affective selon
Serge Tisseron. Le problème de cette empathie affective est qu'on
partage tellement la souffrance des autres que cela en devient
insupportable à vivre. Ainsi ces infirmières aux prises avec la
souffrance de leurs patients dans les hôpitaux qui souffrent de
burn-out parce que la souffrance de ces patients les envahit en
permanence. La solution pour Matthieu Ricard et Tania Singer est de
développer la compassion au sens bouddhiste du terme. Dans son
acceptation occidentale, la compassion est définie par le Petit
Robert comme un « sentiment qui porte à plaindre et
partager les maux d'autrui », ce qui rapproche ce sentiment
de l'empathie affective et de la propension que l'on peut avoir de se
charger du fardeau de la souffrance de l'autre, avec toute la
détresse émotionnelle que cela peut susciter. Dans le documentaire
« Vers un monde altruiste ? », la compassion au
sens bouddhiste est décrite par Matthieu Ricard comme
un état mental extrêmement constructif, extrêmement positif qui
permet d'envelopper la douleur de la personne souffrante d'une sorte
de halo altruiste et bienveillant, une présence chaleureuse qui
facilite la relation d'aide sans sombrer soi-même dans la détresse
émotionnelle (ce qui ne sert à rien pour aider les autres).
Serge
Tisseron reproche donc à Matthieu Ricard et à Tania Singer de
réduire le modèle de l'empathie à trois niveaux vers seulement le
modèle à deux niveaux (empathie affective vs. compassion). En
occultant le rôle de l'empathie cognitive, Serge Tisseron estime que
l'on risque de perdre la compréhension de l'autre : « À
aucun moment, il n'est question d'encourager la compréhension du
fait que l'autre a des façons de penser, de ressentir et de vivre
différentes des miennes, et qu'il peut non seulement éprouver
d'autres émotions que moi dans les mêmes situations, mais aussi les
mêmes que moi en relation avec d'autres états mentaux »2.
Une
remarque s'impose d'emblée face à la critique de Serge Tisseron. Je
pense qu'il se méprend quand il explique que la méthode prônée
par Matthieu Ricard et Tania Singer est une méthode « bouddhiste ».
Certes, Matthieu Ricard est un moine bouddhiste de la tradition
tibétaine. Mais son Plaidoyer pour l'altruisme
est un livre où il parle très peu de philosophie bouddhiste. Il y a
certes des résonances bouddhistes dans ce qu'il dit, quand il parle
de la compassion, mais son propos est d'essayer de répandre
l'altruisme pour l'ensemble de l'humanité. Ce qui fait qu'il fait
beaucoup plus référence à des travaux scientifiques variés (très
variés même si l'on en juge par l'épaisseur du livre) qu'aux
textes des penseurs bouddhistes. Un seul chapitre de dix pages sur un
livre qui en compte 900 traite des techniques bouddhistes de
méditation qui développent l'amour altruiste, la compassion, la
joie et l'équanimité ainsi que l'échange de soi pour autrui. Ce
n'est pas d'ailleurs exclusivement bouddhiste puisqu'on retrouve ces
méditations dans l'hindouisme et le jaïnisme. Le propos de Matthieu
Ricard propose donc des outils issus de la tradition bouddhiste, mais
pas pour faire du prosélytisme pour sa religion. Simplement ces
outils peuvent être utiles pour développer un altruisme mondial,
c'est pourquoi ces techniques peuvent être mélangées avec des
apports de la psychologie ou des neurosciences. C'est pourquoi aussi
il associe l'empathie avec la méditation sur la compassion sans se
soucier de la pureté de la doctrine bouddhiste. On retrouve cette
approche depuis des années avec des pratiques comme la MBSR,
« Mindfulness-Based Stress Reduction » (la réduction du
stress basée sur la pleine conscience), qui utilise des techniques
bouddhistes en édulcorant toute coloration spirituelle bouddhiste
pour ne rebuter personne et être utilisé dans le monde de la santé
ainsi que dans le monde du travail.
Que
dit dès lors vraiment le bouddhisme sur cette question ? Il
serait intéressant de se pencher sur cette question. En fait, je
serai tenté de distinguer deux voies distinctes dans l'approche de
la compassion et de l'aide à autrui. Premièrement, la méthode
prônée dans le bouddhisme ancien et la méthode du Grand Véhicule
avec son idéal du bodhisattva. On pourrait ajouter à ces deux
méthodes les différentes pratiques tantriques liées à la
compassion. Mais aborder le tantrisme risque ici de nous emmener trop
loin. Ce sera peut-être le sujet d'un prochain article.
*****
La
compassion et l'empathie dans le bouddhisme ancien
Une
première remarque préalable qui vaut également pour le bouddhisme
du Grand Véhicule. Les mots « empathie » et
« altruisme » n'existent pas tels quels dans la
philosophie bouddhiste au contraire de « compassion » :
karuna en pâli et en sanskrit. Cela ne veut pas dire que les notions
n'existent pas. Par exemple, la reine Mallikā
va un jour trouver son mari le roi Pasenadi des Kôsala et lui
exprime cette idée : « Ô grand roi, personne n'est plus
cher pour moi-même que moi-même ». Pasenadi approuve, pour
lui aussi, personne n'est plus cher pour lui-même que lui-même ».
Pasenadi va alors trouver le Bouddha et lui rapporte sa discussion
avec son épouse. Le Bouddha approuve et lui dit :
« Même
si l'on travers le monde entier,
On
ne trouvera point
quelqu'un
de plus cher que soi-même.
Puisque
chacun est la plus chère personne pour soi,
Que
personne n'inflige une souffrance à personne »3.
On
voit d'ailleurs que le Bouddha se base sur une empathie cognitive
comme base d'une action morale axée sur l'idée de ne pas infliger
des souffrances inutiles à autrui. On voit que l'on a en nous cette
tendance de chérir sa propre personne, on voit que cette tendance
existe chez les personnes qui nous entourent. Et puis le geste du
Bouddha est d'universaliser ce principe : tous les êtres
sensibles dans le monde entier ont tendance à chérir leur propre
personne. C'est quelque chose que l'on peut voir par l'observation
des autres. On a donc là une notion d'empathie (cognitive pour le
coup) à l’œuvre dans le bouddhisme, même si le concept n'est pas
nommé comme tel.
Cette
empathie dans le bouddhisme ancien est un point de départ pour
développer une action morale envers les êtres conscients : dès
lors que l'autre souffre comme moi, je dois essayer de ne pas lui
nuire et de lui faire du bien. Ces actions bienveillantes présuppose
aussi le fait de purifier son esprit de toutes intentions
malveillantes à l'égard de soi-même ou d'autrui. Comme le dit le
Bouddha dans une strophe célèbre du Dhammapada :
« Éviter
de nuire aux êtres,
Faire
le bien,
Purifier
l'esprit :
Tel
est l'enseignement des Bouddhas ».
Mais
l'empathie se retrouve également dans le développement de l'amour
bienveillant. Dans le Soûtra de l'Amour (Mettā
Sutta4) :
«
Que tous les êtres soient heureux.
Qu'ils
vivent en joie et en sûreté.
Tout
être vivant, faible ou fort,
long,
grand ou moyen,
court
ou petit,
visible
ou invisible,
proche
ou lointain,
né
ou à naître,
que
tous ces êtres soient heureux.
Que
nul ne déçoive un autre,
ni
ne méprise aucun être si peu que ce soit,
que
nul par haine ou par colère ne souhaite de mal à un autre.
Ainsi
qu'une mère au péril de sa vie
surveille
et protège son unique enfant,
ainsi
avec un esprit sans limite
doit-on
chérir tout être vivant,
aimer
le monde en son entier,
au-dessus,
au-dessous et tout autour,
sans
limitation, avec une bonté bienveillante et infinie.
Étant
debout ou marchant,
étant
assis ou couché,
tant
que l'on est réveillé,
on
doit cultiver cette noble pensée,
ceci
est appelé : s'établir dans la demeure de Brahmā
».
Tout
l'amour bienveillant se situe dans ce souhait que tous les êtres
soient heureux, qu'ils vivent dans la joie et dans la sécurité. Le
soûtra compare expressément cet amour bienveillant à l'amour
qu'une mère porte à son unique enfant. L'empressement qu'une mère
a de voir son jeune enfant heureux et hors de danger, voilà un
sentiment que le Bouddha nous demande de développer pour tous les
êtres de l'univers. Tous les êtres de l'univers, cela fait
beaucoup ! Mais on peut commencer tout autour de nous à
souhaiter le bien-être des êtres sensibles qui nous entourent. En
fait, il s'agit d'étendre le plus possible cet amour bienveillant ;
quelque soit notre activité du moment présent, on peut étendre
toujours plus loin cette pensée de bienveillance.
L'amour
bienveillant n'est pas la seule attitude à cultiver : l'amour
bienveillant fait partie d'un ensemble de quatre avec la compassion,
la joie et l'équanimité. Là où l'amour souhaite le bien-être des
autres, la compassion souhaite que les êtres soient libérés de la
souffrance et de la douleur. Au fond, ces deux sentiments sont très
proches : l'un se focalise sur ce qui est positif dans
l'existence, l'autre essaye de dissiper les côtés obscurs de la
vie. Amour et compassion sont les deux face d'une même pièce d'une
intention bienveillante. La joie est aussi importante pour célébrer
la vie. Se réjouir des qualités des autres et se réjouir des
possibilités d'agir dans le sens du bien est essentiel pour ne
tomber dans la détresse empathique ou pour remonter la pente quand
on est dans le désespoir. La joie est tournée vers les solutions :
la joie s'apparente au fait de voir un oasis quand on est perdu dans
un désert aride. L'équanimité est aussi essentielle pour apaiser
les sensations en les éprouvant de manière égale.
Ces
quatre qualités peuvent être cultivées de manière illimitée dans
la méditation. Il s'agit d'imprégner notre expérience du monde
avec ces quatre qualités infinies que sont l'amour bienveillant, la
compassion, la joie et l'équanimité. Ainsi que le conseille le
Bouddha :
« Le
méditant demeure faisant rayonner la pensée d'amour bienveillant
dans une direction de l'espace et de même dans une deuxième, dans
une troisième, dans une quatrième, au-dessus, au-dessous, au
travers, partout dans sa totalité, en tout lieu de l'univers, il
demeure faisant rayonner la pensée d'amour bienveillant, large,
profonde, sans limite, sans haine et libérée d'inimitié.
Le
méditant demeure faisant rayonner la pensée de compassion dans une
direction de l'espace et de même dans une deuxième, dans une
troisième, dans une quatrième, au-dessus, au-dessous, au travers,
partout dans sa totalité, en tout lieu de l'univers, il demeure
faisant rayonner la pensée de compassion, large, profonde, sans
limite, sans haine et libérée d'inimitié.
Le
méditant demeure faisant rayonner la pensée de joie dans une
direction de l'espace et de même dans une deuxième, dans une
troisième, dans une quatrième, au-dessus, au-dessous, au travers,
partout dans sa totalité, en tout lieu de l'univers, il demeure
faisant rayonner la pensée de joie, large, profonde, sans limite,
sans haine et libérée d'inimitié.
Le
méditant demeure faisant rayonner la pensée d'équanimité dans une
direction de l'espace et de même dans une deuxième, dans une
troisième, dans une quatrième, au-dessus, au-dessous, au travers,
partout dans sa totalité, en tout lieu de l'univers, il demeure
faisant rayonner la pensée d'équanimité, large, profonde, sans
limite, sans haine et libérée d'inimitié ».
Le
Bouddha demande que l'on imprègne chaque recoin de notre conception
du monde de ces quatre qualités incommensurables, que l'on soit
habité dans chacune de nos pensées par des sentiments de
bienveillance, de compassion, de joie et d'équanimité. Cela demande
de réitérer sans cesse cet exercice méditatif. Traditionnellement,
on appelle ces quatre qualités illimités les « quatre
demeures de Brahmā ».
En fait, ce nom vient de ce que le monde de Brahmā
est littéralement construit à partir de matériaux faits à base
d'amour bienveillant, de compassion, de joie et d'équanimité, tout
comme notre monde matériel, nos maisons, nos demeures sont faits à
partir de terre, de pierres, de métaux, de verre, de briques.... Il
est important de voir cette idée de construire et de fonder une
nouvelle relation au monde grâce à la diffusion de ces quatre
qualités dans notre esprit.
Mais
du point de vue du bouddhisme ancien, cela n'est pas suffisant pour
connaître l’Éveil. Un autre élément est le détachement.
L'attachement est douleur pour le Bouddha, que ce soit l'attachement
à notre propre situation comme l'attachement aux autres. Pour ne pas
être envahi par la détresse émotionnelle de l'empathie affective,
il convient de se détacher des liens émotionnels que nous
entretenons avec les autres. On n'est plus emprisonné dans la
souffrance des autres. Cet état de détachement culmine dans les
trois portes de la sagesse : la vacuité, l'absence de
caractéristiques et l'absence de souhaits. Les phénomènes
apparaissent comme illusoires, on cesse de les cataloguer comme
« ceci » ou « cela » et on cesse d'attendre
telle ou telle chose. Tout ce qui advient est accepté comme tel sans
que l'on s'y attache le moins du monde.
La
pape Jean-Paul II dans les années '90 avait beaucoup critiqué cette
posture du bouddhisme en disant que les bouddhistes cultivaient
l'indifférence aux douleurs des autres. Cela avait beaucoup choqué
les bouddhistes d'Asie. Ce faisant, Jean-Paul II confondait allègrement le bouddhisme avec la notion d'indifférence présente
dans la philosophie de Pyrrhon d'Elis, le sceptique de l'Antiquité
grecque. Les bouddhistes ne disent pas qu'il faut ne pas se
préoccuper des personnes qui souffrent autour de nous et dans le
monde : il faut éprouver de la bienveillance et de la
compassion envers elle, il est louable d'être altruiste envers
elle, d'être généreux, de les aider. Mais émotionnellement, on
gagne à être détaché de ses personnes, de ne pas nourrir des
liens émotionnels qui vont alimenter la souffrance. Et plus on sera
détaché, plus on sera libre et donc en mesure de venir en aide de
manière efficace aux autres.
Il
n'en demeure pas moins que l'on peut se retrouver dans le sentiment
de voir avec une conscience aiguë les souffrances du monde tout en
se sentant impuissant à pouvoir vraiment aider ou à faire quelque
chose pour trouver une solution. Les textes donnent l'image d'une
mère sans bras et sans jambe et qui serait envahi de détresse en
voyant ses enfants se noyer dans un fleuve. C'est un sentiment auquel
le pratiquant spirituel devra faire face. J'ai bien peur que l'on ne
puisse pas faire l'économie de cette étape pénible, de cette
épreuve dans la Voie. Ce que propose le bouddhisme ancien pour
dépasser cette détresse, c'est de cultiver l'équanimité,
l'égalité entre les sensations agréables et désagréables, puis
de pratiquer le détachement comme une personne qui abandonnerait
immédiatement sa maison en feu, et enfin d'engendrer l'absence de
souhaits, c'est-à-dire la cessation du désir et la pleine
acceptation de ce qui est.
Du
point de vue du bouddhisme ancien, notre infirmière qui souffre de
détresse émotionnelle et de fatigue empathique peut dépasser cet
état d'enlisement par la compassion et la bienveillance, mais aussi
se détacher en laissant se dénouer les attaches affectives qui la
retienne à la situation de ses patients. La compassion doit trouver
un allié précieux dans le détachement pour pouvoir continuer sur
la durée, faute de quoi elle s'enlisera dans la détresse et le
désespoir.
Nœud sans fin |
*****
L'empathie
et l'altruisme dans le bouddhisme du Grand Véhicule
Le
bouddhisme du Grand Véhicule, le Mahāyāna
en sanskrit,
a un modèle tout autre d'engagement envers les autres. Là où le
bouddhisme ancien met l'accent sur la cessation du désir envers es
propres intérêts, le Grand Véhicule met clairement l'accent sur
l'aide aux autres. Le modèle du Grand Véhicule est le bodhisattva.
L'idéal du bodhisattva est de venir en aide à tous les êtres
sensibles. Il se consacre dans l'intérêt des autres au point de
s'oublier soi-même. Si le bodhisattva pouvait prendre sur lui toutes
les souffrances des êtres, il le ferait sans hésiter. Il y a
d'ailleurs une pratique méditative tibétaine qui s'appelle le
tonglen
(prendre et donner). Le tonglen consiste à imaginer toutes les
douleurs et les souffrances que les êtres de ce monde endurent sous
la forme d'une épaisse fumée noire. Le yogin inspire en lui-même
toutes ces souffrances, il la prend pour lui-même ; et tout son
bonheur, tout son plaisir d'exister, il le donne aux autres sous
forme de rayons lumineux multicolores.
Il
y a une astuce néanmoins : la souffrance comme le plaisir sont
vides d'existence propre. Rien n'existe ultimement : ce sont là
des illusions. Le bodhisattva sait qu'il peut s'emplir de souffrance
car cela revient à se remplir de cauchemar : rien qui soit
substantiel. De la même façon, le bodhisattva peut se vider de son
bien-être tout comme le désert peut se vider de son mirage.
Intérieur et extérieur, soi-même et autrui ne sont que des notions
illusoires. Dans cette perspective, le conseil mahāyāniste à notre
infirmière en proie à la détresse émotionnelle et à l'empathie
affective serait de ne pas se décourager face à ce détresse et de
vouloir persévérer dans le fait de prendre en charge encore plus de
souffrance et de tourments autour de soi. Si on s'arrête à la
réalité des phénomènes qui nous accablent, tout cela est très
pesant, mais si l'on voit l'irréalité des phénomènes, alors on se
réjouira d'aller en enfer afin d'y aider toutes sortes de personnes
qui ont un besoin cruel de notre aide.
Le
« Petit Véhicule » se base comme on l'a vu sur
l'empathie comme point de départ pour développer la morale et les
quatre qualités illimitées que sont l'amour bienveillant, la
compassion, la joie et l'équanimité. Le Grand Véhicule, par
contre, intensifie l'empathie parce que les autres occupent une plus
grande place dans l'idéal mahāyāniste : il s'agit de sauver
tous les autres êtres sensibles dans l'univers, là où le
bouddhisme ancien ou « Petit Véhicule » (pour reprendre
une expression que seuls les mahāyānistes utilisent) parle de
libération individuelle. Le Mahāyāna parle de 3 pratiques
essentielles dans l'esprit d’Éveil d'aspiration :
- 1°) considérer les autres comme soi-même,
- 2°) s'échanger contre autrui,
- 3°) chérir les autres plus que soi-même.
Le
point de vue du Grand Véhicule est de considérer que les autres
sont avant tout des autres « soi-mêmes ». Chaque être
sensible dans l'univers recherche le bonheur et fuit la souffrance.
En cela, nous sommes pareils à tous les êtres de l'univers. C'est
pourquoi on peut s'identifier à tout être doué de conscience,
essayer de comprendre son point de vue, essayer de se mettre à sa
place et de voir les choses à travers ses yeux. Considérer les
autres comme soi-même, c'est faire l'effort conscient d'étendre
notre capacité d'empathie bien au-delà de notre capacité à l'état
naturel.
Du
point de vue du Mahāyāna, les pratiquants du Petit Véhicule sont
encore enfermés dans la dualité du moi et de l'autre. Ils ont de la
compassion pour des êtres qui ne sont pas eux. Les mahāyānistes
développent l'idée qu'on peut transcender cette dualité en
développant l'idée que je peux adopter le point de vue de l'autre.
Ce n'est pas une identité simple : je ne suis pas l'autre (ce
serait de la folie de dire ça), mais je peux sortir de mon propre
point de vue, l'angle avec lequel je vois le monde pour imaginer ce
qu'est le point de vue de l'autre, sa vision des choses. Je
relativise ces notions de moi et d'autre : l'autre est un autre
moi, auquel je peux accéder quand je me libère des notions
d'identité et d'altérité. Il y a en moi de l'altérité et en
l'autre de l'identité auquel je peux m'identifier, au moins
relativement. C'est donc un exercice spirituel essentiel pour le
Grand Véhicule de se demander de manière répétée ce que cela
ferait d'être autrui, de développer donc notre capacité
d'empathie.
Une
fois que l'on comprend mieux le « moi » des autres, on
comprend mieux ce que les autres recherchent dans l'existence, quels
sont leurs intérêts, quelles sont les choses qui les rendent
heureux. Et comme le bodhisattva veut le bonheur des autres, il
aspire à échanger son propre bonheur contre le malheur des autres.
C'est la pratique de tonglen
dont j'ai parlé plus haut. Shāntideva considère que l'art de la
méditation, c'est précisément apprendre à se voir soi-même comme
la personne que les autres vont pouvoir manipuler à leur guise pour
assurer leur bonheur et leur satisfaction dans l'existence :
« Que les autres servent leur intérêt en usant de ma
personne ! Que les autres me rabaissent si ça peut servir leurs
objectifs dans la société ! ».
« Sois
l'espion d'autrui :
Tout
ce qui apparaît sur ce corps,
Dérobe-le
Pour
le faire servir aux autres.
Exaltant
la réputation d'autrui,
Que
j'éclipse la mienne propre !
Comme
le dernier des serviteurs,
Que
je m'emploie dans l'intérêt de tous !5 »
L'étape
finale de cette amplification de l'empathie est de prôner un
altruisme total : c'est l'idée de chérir les autres plus que
soi-même. Les autres ne sont plus importants que nous dans l'absolu,
mais ils ont une qualité que nous n'avons pas : les autres sont
une multitude, et nous sommes un. Ils sont beaucoup plus nombreux que
nous, et à ce titre, il est justifié de privilégier leurs intérêts
aux dépens des nôtres ! L'idéal du bodhisattva est donc un
gigantesque sacrifice au bénéfice des autres.
Matthieu
Ricard se situe dans la tradition du Grand Véhicule comme tout le
bouddhisme tibétain par ailleurs. On comprend alors son insistance
particulière sur l'empathie dans le cadre d'un « Plaidoyer
pour l'altruisme ».
On comprend aisément pourquoi il voit dans l'empathie un risque
d'être submergé par la détresse des autres, puisque le Grand
Véhicule tend à effacer les distinction entre soi-même et autrui.
C'est pourquoi il est essentiel de développer en contrepoint de
cette empathie trop envahissante ; et cette compassion est
indissociable de la vacuité dans le Grand Véhicule. La vacuité
permet de voir l'irréalité de cette détresse qui peut nous envahir
quand on fait preuve d'empathie envers autrui. Cela relativise
grandement cette détresse.
Mais
Shāntideva explique dans la chapitre VIII sur la méditation du
Chemin vers l’Éveil (Bodhisattvacaryāvatāra)
qu'il est bon de
renoncer au monde et de vivre une vie retirée de l'agitation du
monde. La première partie du chapitre est consacrée à ce retrait
du monde, la seconde au fait de s'identifier aux autres et de se voir
soi-même comme le serviteur des intérêts des autres. C'est
intéressant. Matthieu Ricard fait constamment l'apologie de la vie
contemplative à l'écart du monde. Dans le bouddhisme originel, les
moines vivaient dans les villes, dans la société, un peu à
l'écart, puisqu'ils ont un mode de vie un peu particulier, mais ils
restaient au contact de la société. Tandis que dans le Grand
Véhicule, on fait l'apologie d'aller vivre loin dans les montagnes,
loin de la société et de son agitation. Il est fort possible que
développer à ce point l'empathie a pour conséquence que les
tourments des autres devient beaucoup plus difficiles à gérer,
puisqu'ils nous atteignent beaucoup plus. J'ai pu constaté par
moi-même que cette empathie peut très envahissante :
l'impression d'être un vase vide qui se remplit de la détresse et
des émotions perturbatrices. Voilà quelque chose de très
perturbant et de très déstabilisant ! Parce que, dans
l'empathie, il n'y a pas que la détresse qui se communique, il y a
aussi et surtout les émotions perturbatrices comme la colère, la
jalousie, le manque affectif, qui ont le grand défaut d'être
extrêmement contagieuses ! Je me souviens qu'il m'est souvent
arrivé de pratiquer la méditation en solitaire, puis d'aller voir
des gens et de discuter un moment avec eux. Sur le moment, je me
sentais normal, mais quand je rentrais chez moi, je me sentais envahi
par la détresse et les émotions des autres, comme si j'étais une
éponge émotionnelle.
Le
Grand Véhicule est donc dans une position un peu paradoxale :
d'un côté, il veut aider tous les êtres ; de l'autre, il
prône qu'il faut se tenir à l'écart des êtres du fait de leur
manque de sagesse et leur instabilité émotionnelle ! On peut
aussi se demander si cet idéal du Grand Véhicule ne place pas la
barre trop haut. Est-on vraiment capable de se sacrifier
intégralement pour les autres ? C'est très noble, mais cela
semble irréaliste. C'est pourquoi je me mets en perspective les deux
approches du bouddhisme ancien et du bouddhisme du Grand Véhicule.
Je trouve que le Grand Véhicule a le mérite d'ouvrir la dimension
infinie de l'Autre. En cela, il est précieux, mais l'approche du
bouddhisme ancien est beaucoup plus à notre portée. J'essaye de
trouver un équilibre dans la dialectique spirituelle entre le
bouddhisme ancien (ou Petit Véhicule) et le Grand Véhicule. Pour
revenir à la polémique qu'a lancé Serge Tisseron, je ne suis pas
contre le fait de différencier l'empathie affective de l'empathie
cognitive en mettant en valeur une empathie mature qui serait la
synthèse harmonieuse de ces deux-là. Par contre, il me semble
essentiel de dépasser l'empathie avec l'amour, la compassion, la
joie et l'équanimité ainsi qu'avec la sagesse qui nous fait accéder
à une véritable dimension de la maturité et d'un altruisme à la
portée de tous. Cela demande un travail spirituel de notre part, un
changement intérieur des êtres en faveur d'un monde meilleur.
1L'article
de Serge Tisseron se trouve aussi sur son site personnel :
http://www.sergetisseron.com/ (le 28-2-2016).
2Par
ailleurs, Serge Tisseron reproche à Matthieu Ricard de mal
comprendre les travaux de Charles R. Figley (2002) sur le burn-out
des infirmières et médecins en inversant le terme « fatigue
de compassion » en « fatigue d'empathie ». Il
semble néanmoins que ce soit un geste délibéré de Matthieu
Ricard, et non pas une « erreur » comme le suggère
Serge Tisseron dans son titre. Dans le chapitre 27 (Les carences de
l'empathie) de son Plaidoyer
pour l'altruisme, Matthieu
Ricard dit : « On
parle parfois de fatigue de compassion. Il serait sans doute plus
juste de parler de fatigue de l'empathie (...). L'empathie se
limite à une résonance affective avec celui qui souffre.
Accumulée , elle peut aisément aboutir à l'épuisement et à
la détresse. Mais l'amour altruiste est un état d'esprit
constructif qui aide aussi bien celui qui le ressent que celui qui
en est le bénéficiaire. Cultiver la bienveillance peut donc
remédier aux difficultés posés par le burn-out »
(Plaidoyer pour l'altruisme,
NiL Éditions, Paris, 2013, p. 370).
3Kôsala
Sutta (Soûtra de Kôsala), Udâna, 47.
4Metta
Sutta, Sutta Nipâta, I, 8.
5Shāntideva,
Bodhisattvacaryāvatāra,
VIII, 161 et 163. « Vivre
en Héros pour l’Éveil »,
traduction de Georges Driessens, Points / Sagesses, Paris, 1993.
Ginkgo biloba, vieux de 1400 ans, au monastère bouddhique de Gu Guanyi en Chine |
Voir aussi :
-Le bonheur et les autres
Le bonheur est-il en nous ? Ou se trouve dans notre relation avec les autres ?
- Hillel : la relation aux autres
Quel équilibre doit-on trouver entre soi-même et autrui ?
- Qu'est-ce que la compassion?
On pense parfois que la compassion consiste à s'affliger soi-même de la détresse des autres, mais, dans la philosophie du Bouddha, rien de tout cela : la compassion est définie comme le souhait ardent que les autres soient libérés de la souffrance et des causes de la souffrance.
- Esprit d’Éveil
Comment produire l'esprit d’Éveil ou bodhicitta? L'esprit d’Éveil est le souhait que tous les êtres soient libérés de la souffrance et deviennent des êtres pleinement éveillés. Les enseignements du lama tibétain Dza Patrül Rimpotché (XIXème siècle).
Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour de la philosophie bouddhique ici.
Je n'ai pas fini la lecture de l'article mais il me semble très complet et très juste.
RépondreSupprimerLe point de départ, c'est souvent "de quoi parle-t-on" et comment ce qui implique de définir précisément les mots selon les approches adoptées, à défaut, cela peut entraîner un dialogue de sourd, les signifiants étant différents d'une approche à l'autre, d'une culture à l'autre.
Dans le bouddhisme, la définition de la compassion est claire, il s'agit de souhaiter qu'autrui soient libérés de la souffrance et des sources de la souffrance.
Selon moi, l'empathie, quelle que soit sa forme, est la condition de l'émergence de la compassion qui s'intrique en définitive avec elle. La critique de Serge Tisseron sur un "biais" bouddhiste part du postulat que la psychologie et la psychanalyse sont plus absolument exactes au sujet de leur définition de la compassion alors que les mêmes nuances sont finalement décrites dans le bouddhisme mais sans les nommer de la même manière.
Pour faire un parallèle, le mot "pitié" est souvent perçu de manière négative aujourd'hui, dans le bouddhisme même, où il est synonyme de commisération en gros. Pourtant, la pitié est strictement équivalent de compassion dans l'approche chrétienne. On passe donc de "tu me fais pitié" (acception actuelle fréquente) à "prend pitié de nous" (acception chrétienne) qu'on pourrait gloser par "prend soin de nous", sois bienveillant avec nous", "épargne nous les souffrances".
Bref, il existe toujours un référent en matière de langue et il vaut mieux l'expliciter sinon, on s'enferme dans une critique vaine et sans objet autre que construit par soi-même.
Je pensais à autre chose, j'ai lu un article récent qui m'a paru complètement incongru qui prend le parti, sous couvert de scientificité (mais je ne trouve plus l'article pour le moment), de dire que l'empathie rend malheureux voire est nuisible pour le monde. Bon, outre le fait que dans une optique bouddhiste, on ne recherche pas en soi le fait d'être heureux (mais la libération si on peut dire) au moyen de l'empathie et la compassion, il parait aberrant de condamner l'empathie car, en effet, je me demande bien ce que serait un monde sans empathie, il n'y a qu'à voir les victimes d'accident qui ont des lésions je ne sais plus dans quel lobe du cerveau et se retrouve dépourvus d'empathie ou les psychopathes tueur en série qui présentent manifestement des troubles de ce côté là. Les neurones miroirs ont d'ailleurs été mis en évidence. L'empathie est neutre en soi, c'est son "utilisation", son "appropriation" qui peut poser parfois problème (quand l'émotion guide les actions en somme). Voilà pour le moment.
Oui, effectivement. J'ai lu cet article et j'aimerai en faire un commentaire demain ou après-demain (quand j'aurai le temps). L'empathie est un point de départ pour la communication entre les humains, pour la morale et pour le développement de la bienveillance et de la compassion. A ce titre, il est inopportun d'essayer de la démolir. Mais l'engouement pour l'empathie ne doit pas cacher non plus qu'il y a des dérives et des mauvaises utilisations de l'empathie : un tueur à gage peut utiliser l'empathie pour mieux comprendre les faits et gestes de sa victime. Un général d'armée peut utiliser l'empathie pour souder ses hommes en disant :"Regardez ! On a fait du mal à des enfants de notre pays. Voilà pourquoi il faut combattre ces salauds". C'est pourquoi l'empathie gagne à se développer dans la compassion, mais aussi dans la sagesse, car l'empathie, même s'il est un embryon de morale, d'altruisme et de bienveillance, peut devenir immorale si elle est utilisée à mauvais escient.
RépondreSupprimerEn ce qui concerne Serge Tisseron, effectivement, la discussion sur les termes est vraiment un préalable important. Il reproche à Matthieu Ricard de réduire l'empathie à sa seule dimension d'empathie affective et aussi de donner à la compassion un sens bouddhiste. En français, le mot "compassion" vient du latin "souffrir avec". La compassion au sens occidental implique un sens de se charger de la souffrance de l'autre, tandis que, dans le bouddhisme, il s'agit pour reprendre vos propres mots de "de souhaiter qu'autrui soient libérés de la souffrance et des sources de la souffrance". Or dans le bouddhisme ancien, cette compassion doit être associée au détachement et dans le Grand Véhicule la compassion est associée de manière intime à la vacuité.
RépondreSupprimerMais la question de Serge Tisseron au-delà de toute cette terminologie est, je pense: a-t-on besoin de méditation pour développer en nous l'empathie et l'altruisme? Personnellement, je pense que les méthodes psychologiques comme les 3 types d'empathie dont parle Tisseron sont intéressantes, mais pratiquer la méditation de bienveillance, de compassion, de joie et d'équanimité est vraiment une voie plus puissante.