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dimanche 30 avril 2017

Penser la Sangha





Penser la Sangha





       Je me souviens d'une conversation qui remonte à presque quinze ans maintenant où j'expliquais à un ami que, dans le bouddhisme tibétain, il y a une retraite de trois ans, trois mois et trois jours qui est un sorte de passage obligé pour devenir lama (souvent, cette retraite est accomplie plusieurs fois par les pratiquants). L'ami m'a tout se de suite répondu : « Mais comment est-ce qu'on justifie une retraite de trois ans, trois mois et trois jours sur un curriculum vitae ? ». Cette question peut paraître saugrenue dans une perspective sociale. J'imagine que des pratiquants du bouddhisme tibétain entendant cela estimeraient qu'il s'agit là d'une réaction très matérialiste et très carriériste, méprisable du point de vue de l'idéal de renoncement et de détachement prôné par les grands maîtres tibétains.

      Mais pour ma part, je ne trouve pas cette objection sans intérêt. Il est facile de discourir sur l'idéal de renoncement, mais il est beaucoup plus difficile de le vivre au jour le jour. Surtout cette question pose frontalement le rôle social que peuvent avoir les pratiquants du Dharma dans les sociétés modernes européennes ou occidentales. Le renonçant tibétain ne se soucie certes pas de son plan de carrière, mais la société entière soutient son projet de vie. Sociologiquement, il a une raison d'être dans sa société tibétaine. Mais un moine ou un ascète bouddhiste en Occident ? Est-il si facile de tomber dans la marginalité complète simplement parce qu'on a envie de pratiquer le Dharma pour le bien du plus grand nombre ?


     Je pense que les penseurs bouddhistes en Occident n'évoquent jamais cet aspect social des choses. Ils réfléchissent toujours à la méditation sur un plan strictement individuel. Bien sûr, ils évoquent la compassion et l'altruisme pour autrui. Mais c'est toujours sous l'angle d'une démarche morale individuelle. Ils se soucient très peu de ce que vivent les jeunes intéressés par le Dharma sans le sou et sans perspective d'avenir. Pourtant il seraient intéressant de s'interroger sur ces questions. Comment trouver sa place dans une société occidentale alors qu'on passe ses journées en méditation ? Peut-on pratiquer intensivement le Dharma et revenir à une vie normale ensuite, ou est-on condamné à vivre dans la marginalité ? Il me semble que c'est une erreur majeure si notre but est de répandre le message et la pratique du Dharma. 



















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