Penser, vivre, respirer
Je
me souviens d'une réflexion de la philosophe Hannah Arendt à propos
de son ancien maître Heidegger où elle répondait à la question de
ce qu'il lui avait apporté : « Martin Heidegger m'a
appris à penser ». Cela m'a paru toujours très bizarre de
dire cela : on pense, on n'a pas besoin d'apprendre à penser.
Même quand on ne veut pas penser comme dans la méditation, on pense
quand même. La pensée est un flot qui nous traverse.
Pareillement, j'ai constaté que certains maîtres spirituels, je pense notamment
à Thich Nhat Hanh dans le bouddhisme ou Amma dans l'hindouisme,
expliquent qu'ils apprennent à leur disciples à vivre. Là encore,
c'est très étrange : on vit, personne ne peut nous apprendre à
vivre. Dans la même logique, certains professeurs de yoga disent
qu'ils apprennent leurs étudiants à respirer. Si c'était vrai, ce
serait vraiment problématique pour les bébés qui viennent à
naître. S'ils doivent attendre qu'un professeur les initie à la
respiration....
En
fait, on pense, on vit, on respire. Voilà tout. La pensée, la vie,
la respiration, tout cela nous traverse et nous anime. On peut
éventuellement apprendre à bien penser, à faire preuve de logique,
de sagesse et de bon sens, bien sûr, mais on ne peut pas s'empêcher
de penser. On peut apprendre à bien vivre, à aiguiller la vie vers
plus de bonheur et de bien-être pour soi-même et les autres, mais
le toxicomane dans les rues glauques des villes est tout aussi vivant
que le sage sur sa montagne au grand air. La qualité de vie n'est
peut-être pas la même, mais toujours est-il que la vie est là qui
croît, qui pulse, qui surgit à chaque instant de notre existence.
On peut aussi s'exercer dans la méditation à être pleinement
conscient du flot de nos pensées, du flux de la pensée et de
l'incessante succession d'inspirations et d'expirations. Mais
quoiqu'on fasse, la pensée se produit, la vie se produit et la
respiration se produit. À un
moment donné, il s'agit de comprendre que beaucoup de choses nous
échappent, qu'elles se font sans nous même si elles sont nous et
qu'on ne peut pas les apprendre.
Les
psycho-pédagogues nous disent dans leur jargon savant qu'il faut
« apprendre à apprendre ». Mais là encore, c'est
étrange : le bébé n'apprend pas à apprendre, il n'a lu
aucun manuel de psycho-pédagogie. Il apprend un nombre incroyable de
choses et son appétit d'apprendre est simplement gigantesque, sa
curiosité du monde insatiable. Il y a tellement de choses qui se
transmettent sans qu'on ait eu l'intention consciente de transmettre
quoi que ce soit.
Je
pense qu'il ne faut pas toujours cherche à maîtriser tout ce flux
et simplement s'arrêter et le regarder comme on peut s'asseoir sur
un talus et regarder le courant du fleuve qui coule sans nous avoir
jamais rien demandé. Le fleuve non plus n'a pas appris le chemin
vers l'océan. Je ne peux pas vous apprendre à penser, à vivre, à
respirer comme je ne peux pas vous apprendre à apprendre. Mais je
peux apporter quelques éléments de réflexion pour nourrir votre
pensée, je peux vous encourager à chercher le bonheur et la beauté
dans la vie et je peux vous inviter à prêter une attention à la
respiration dans la méditation. Penser, vivre, respirer, que le
devenir se fasse.
Martin Hill - Cercle de feuilles d'automne - Lac Wanaka, Nouvelle-Zélande - 2008 |
Voir aussi :
Emma Kunz |
Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour de la philosophie bouddhique ici.
Hengki Koentjoro |
Je suis assez d'accord avec ton article, un certain lâcher prise est nécessaire quant au fait de respirer, de vivre et de penser. Certaines choses nous échappent forcément, et heureusement, quelque part. Si, à l'inverse, on avait la possibilité de tout contrôler, ça serait plutôt moche, à mon sens!
RépondreSupprimerC'est effectivement le sens du non-agir : laisser être ce qui est dans le flux de la vie. Ne pas chercher à ce que tout soit parfait, ne pas chercher à tout contrôler. Etre le spectateur curieux et silencieux de la vie, de la pensée et du souffle qui entre et sort de nos poumons, rythmé par les battements du cœur.
SupprimerQu'entends-tu par lâcher prise, personnellement ?
RépondreSupprimer"il s'agit de comprendre que beaucoup de choses nous échappent, qu'elles se font sans nous même si elles sont nous et qu'on ne peut pas les apprendre. "
RépondreSupprimerS' il y a bien une chose qui dépend de nous ce sont nos pensées. Il est tout autant possible de ne pas penser que de ne pas respirer du moins durant de courtes périodes de temps ce qui est bien utile quand on fait de la plongée sous-marine.
Il existe des techniques dans toutes les traditions qui permettent d'avoir la maitrise aussi bien de ses pensées que du souffle. J'ai assisté à un séminaire sur le chan par Catherine Despeux la semaine dernière. Elle disait que dans le chan, les pratiquants sont capable de choisir la veille leur pensée qu'ils auront au réveil.
Le travail sur la pensée permet d'avoir une maitrise psycho-somatique du corps et de l'esprit. Le travail sur la respiration permet de pouvoir méditer même lorsque les températures sont très basses.
Le lâcher prise est également l'objet d'un travail sur soi. Pour beaucoup de gens le lâcher prise n'est pas inné et peut s'apprendre notamment grâce à la pleine conscience de John Kabat Zinn.
Et puis il ya des techniques pour augmenter sa mémoire qui consiste par exemple à les localiser dans un espace imaginaire.
On apprend à apprendre, par exemple, en laissant de coté les jugements sur le travail en cours, en comprenant la logique de ce que l'on cherche à apprendre et à quoi cela peut servir.
Personnellement ce que je trouve moche c'est de voir la plupart des gens se laisser mener par leurs pulsions.
Bonjour. Comment peut-on suivre vos publications svp ?
RépondreSupprimerhttps://livresbouddhistes.wordpress.com/
Bonjour,
SupprimerVous pouvez suivre la page Facebook du "Reflet de la Lune" :
https://www.facebook.com/refletdelalune/
Mais aussi la page "Bai Wenshu" sur Twitter :
https://twitter.com/BaiWenshu
Comme plusieurs personnes me l'ont demandé, je vais essayer de faire une newsletter très prochainement.
Bien à vous.
Sb,
RépondreSupprimerTu objectes qu'on peut apprendre à ne pas penser et à ne pas respirer. Tu reconnais toi-même qu'on ne peut pas s'arrêter de respirer pendant très longtemps : une ou deux minutes au grand maximum pour la plupart des gens, neuf minutes pour les champions de l'apnée. Et arriver à bloquer complètement le flux de ses pensées est une discipline encore plus ardue. Mais note bien que je parlais du fait qu'on n'apprend pas à respirer comme on n'apprend pas à penser : on respire, on pense et on vit, voilà tout.
Après, il est possible, comme j'ai dit dans mon texte, d'apprendre à penser mieux (au travers de la logique, de tous les écrits sur la sagesse ou sur l'esprit critique) comme il est possible de d'orienter sa respiration. Mais tout cela est artificiel : il est important de régulièrement laisser être le non-agir qui fait que l'on respire sans avoir la volonté de respirer et que l'on pense sans avoir la volonté de penser. C'est le flux de la vie : laissons-nous de temps en temps être emporté par lui en laissant vivre, respirer et penser simplement sans rien n'ajouter d'autre.
Tu dis enfin que la pensée dépend de nous-mêmes, comme si le moi était l'émetteur conscient de la pensée. En fait, la pensée nous déborde complètement : toutes sortes de choses nous traversent l'esprit constamment, y compris des pensées qui viennent nous hanter et dont on voudrait pouvoir refuser l'accès à notre conscience. Par exemple, toutes les pensées de stress qui nous assaillent la veille d'une examen.
C'est tout le problème de la pensée non dualiste. Comme j'ai l'impression que tu insiste sur un côté, ici le fait que la pensée et la respiration se font d'eux même (l'idée d'apprentissage semble absurde), personnellement je préfère l'autre côté celui de la maîtrise et des techniques qui s'apprennent (c'est incroyable le nombre de texte bouddhistes qui thématisent les différentes respirations.
SupprimerArtificiel? Non, je ne trouve pas. J'expliquais ce soir à mon fils qui avait du mal à s'endormir qu'il pouvait allonger sa respiration pour s'endormir plus facilement. Ça marche aussi pour calmer le stress la veille d'un examen.
"Mais note bien que je parlais du fait qu'on n'apprend pas à respirer comme on n'apprend pas à penser : on respire, on pense et on vit, voilà tout."
Et je te répond que la pensée et la respiration ne sont pas monolithiques, sans variations possibles. Ne serait-ce que synchronisé la pensée et la respiration, la respiration et l'action ça s'apprend.
Kin-hin dans le zen Soto est la méditation marchée qui consiste à synchroniser la respiration avec une marche très lente tout en concentrant ses pensées sur les sensations. Ça s'apprend, ce n'est pas naturel et souvent le maître passe derrière chaque personne pour vérifier la position des bras, que les épaules ne sont pas trop contractées. Artificiel? Oui peut-être mais comme la méditation pour les gens qui n'en ont pas l'habitude. Et puis au bout d'un moment ça devient naturel.
"il est important de régulièrement laisser être le non-agir"
Oui mais toute la pensée bouddhiste sur le non-agir, le non-effort est paradoxale puisque cela ne signifie pas inaction ou qu'il ne faut pas faire d'effort. Le "régulièrement" implique bien une alternance entre le fait agir consciemment (avec un apprentissage possible) et le non-agir qui se fait tout seul.
Parfois le simple fait d'observer sa respiration suffit à la modifier sans en passer par le langage verbal intérieur.
Dogen dit que zazen n'est pas l’apprentissage de la méditation car pour lui ce n'est pas une technique artificielle c'est seulement s'assoir sans rien faire d'autre que s'assoir mais paradoxalement il parle aussi des quatre fixations de l'attention
- Premièrement observer que le corps est impur
- Deuxièmement, observer que la reception sensorielle n'est autre que souffrance.
- Troisièmement observer que le coeur est impermanent
- Quatrièmement observer que l'existant est dépourvu de nature propre.
Observer ce n'est pas complètement rien faire. Ne rien faire, ce serait rêvasser, ce qui pour moi est le plus spontané lorsque je m'assois sur un zafu.
"En fait, la pensée nous déborde complètement : toutes sortes de choses nous traversent l'esprit constamment, y compris des pensées qui viennent nous hanter et dont on voudrait pouvoir refuser l'accès à notre conscience."
Jon Kabat Zinn insiste beaucoup sur l'acceptation. Plus on accepte nos pensées, sans leur refuser l'accès à notre conscience, plus elles passent facilement et moins nos pensées débordent et plus nous avons l'esprit clair. La pleine conscience ça s'apprend. Ne plus se laisser déborder par ses pensées, ça s'apprend.
Ok ça s'apprend en lâchant prise, en laissant être le non-agir. Nous sommes d'accord là dessus. Là où nous ne sommes pas d'accord c'est que ce lâcher prise n'est pas spontané pour tout le monde.
C'est d'ailleurs ma grande question. Je me suis aperçu à ma grande surprisse que j'étais capable de médité torse nu par -12° sans avoir froid comme Win Hof qui lui a développé des techniques de respiration qui lui permettent de nager 100 mètres sous la glace. Ce que je trouve surprenant c'est que ces techniques on peut les trouver spontanément en expérimentant le froid et en lâchant prise car le corps s'adapte aussitôt. Je trouve difficile de démêler ce qui relève en l'occurrence de l'innée et de l'acquis.
SupprimerIl n'y a pas si longtemps j'étais incapable de prendre une douche froide mais tout doucement j'y arrive mais je cherche encore la meilleure procédure par exemple je ne sais pas s'il est préférable de boire une boisson chaude avant ou après la douche froide avant ou après la méditation? Je vais tester ces différentes possibilités... On verra bien.
Quand on entraperçois tout le potentiel qu'il y a a travailler sur sa respiration et sur son corps et sur ses pensées... le bonheur tient à peu de choses.
Et non, spontanément on fait l'inverse, on prend des douches chaudes et on se bourre de médicaments dès les premiers symptômes de mal-être... si c'est ça "laisser être le non-agir" bof bof.
Il me semble percevoir quelque chose de "doloriste" dans ce que tu décris de ta façon de percevoir la méditation, dans le fait de devoir maîtriser la respiration, la pensée etc. de ne pas prendre de médicament si on a mal... Ce n'est vraiment pas ce que j'ai retenu des enseignements que j'ai reçus mais ces derniers ressortent d'une autre tradition que la tradition zen. Observer ses pensées, cela s'apprend, certes, mais, même s'il existe des techniques respiratoires, jamais on ne m'a dit de chercher à maîtriser ou à orienter la respiration, juste de la laisser se faire simplement (quand bien même poser son attention dessus la modifiera). Quelque chose m'échappe dans cette volonté de maîtrise. Enfin bref, je n'avais pas retenu de la méditation qu'elle relèverait d'un entrainement visant à une maîtrise technique, en quelque sorte mondaine, comme la pratique du tennis ou de la boxe mais je ne connais pas tout, loin s'en faut. Néanmoins, je me méfie d'un certain dolorisme qui voudrait que l'on doive en payer le prix si on veut "progresser", et, par ailleurs, si j'ai mal, je prends en effet un médicament antidouleur sans aucune hésitation (qui aura un effet ou n'en aura pas, peu importe, on verra bien), j'ai beaucoup trop souffert par le passé pour me refuser le droit de moins souffrir.
Supprimer" jamais on ne m'a dit de chercher à maîtriser ou à orienter la respiration, juste de la laisser se faire simplement"
SupprimerC'est le discours que l'on tient aux débutants et c'est également ce que je dis aux gens qui viennent dans notre Dojo. Il faut dire que modifier sa respiration présente un danger surtout pour nous occidentaux qui sommes toujours dans le vouloir et le faire.
Dans la tradition tchan on suspend la respiration à la fin de l'expiration mais cela se fait naturellement sans effort. Le paradoxe est toujours là.
Dans la tradition tibétaine quand on pratique Tumo on oriente les vents (je suppose qu'il s'agit de l'air qu'on respire) dans les canaux subtils.
Si tu lis le Bardo Todol, au moment de la mort, il y a deux catégories de personnes il y a d'un côté ceux qui maitrisent leur souffle et leur mental et qui sont capable de reconnaitre la claire lumière et de l'autre ceux qui sont dans la confusion.
De mon point de vue il n'y a aucun dolorisme. Je défends un point de vue hédoniste puisque le but c'est d'être en bonne santé (mentale et physique) le plus longtemps possible de manière à pouvoir aider les autres à être également en bonne santé. D'un point de vue hédoniste, le bonheur et la joie peuvent parfois se payer de petits déplaisirs (exposition au froid ou respect des préceptes bouddhistes). C'est l'objet d'un calcul.
Mathieu Ricard est gentil quand il dit qu'étant végétarien il n'est jamais malade ce qu'il ne dit pas c'est qu'il pratique tumo 4 mois par an!
Sur la question des médicaments je souscris à ce qu'écrit Jon Kabat Zinn :
"nous les utilisons pour éviter de faire attention au mal de tête ou au rhume, au lieu de nous demander s'il existe un schéma plus profond sous nos symptômes apparents et sous l'inconfort, qui vaudrait la peine qu'on s'y intéresse"..."De nombreuses façons dont les gens recourent au produits chimiques... sont néfastes quand elles deviennent habituelles... Elles sont dysfonctionnelles car à long terme, elles augmentent le stress..."
De mon point de vue beaucoup de gens se comportent comme des bateaux à la dérive et c'est parfois seulement quand ils arrivent sur les récifs qu'ils se réveillent et se mettent au yoga au reiki ou a je ne sais quoi mais souvent une fois sur les récifs il est trop tard. Mieux vaut prévenir que guérir (et ce n'est pas la médecine chinoise qui dirait le contraire)
Autre chose : quel est l'intérêt de prendre des douches froides ? Se prouver que l'on peut lutter contre des tendances innées, que l'on peut les maîtriser ?
RépondreSupprimerahaha mais non voyons!!! Tape bienfait douche froide dans google et tu verras...
SupprimerPour moi par ordre d'importance:
1- effet stimulant (il faut dire que je ne bois plus de café) et que j'avais bien besoin d'un truc pour me réveiller le matin)
2- effet bien-être corporel extra-ordinaire qui dure longtemps après la douche ce qui fait oublier bien vite le côté désagréable qui ne dure que quelques secondondes
3-stimule le système immunitaire et de fait cela fait deux ans que je ne suis pas tombé malade alors que j'ai des enfants qui se chopent tous les virus de saisons.
4-améliore le sommeil
5- effet antalgique extra-ordinaire même si de fait je n'ai mal nulle part (en ce moment je transporte des tonnes de graviers pour remplacer celui-ci par du gazon) et je n'ai aucune courbature.
6- "L’eau froide est très bénéfique pour la peau, autant par sa consommation interne qu’externe. Une douche d’eau froide aide à conserver la fermeté et l’élasticité de la peau. Une douche chaude aura quant à elle tendance à déshydrater la peau causant un effet flasque et des rides prématurées. Alors vaut mieux opter pour une douche froide ou tiède quotidiennement. De plus, l’eau froide empêche l’assèchement au niveau du cuir chevelu et prévient les pellicules et la chute des cheveux."
7- effet écologique On reste moins longtemps sous la douche et on utilise moins d'éléctricité de la centrale nucléaire d'à côté.
8-Se prouver que l'on peut lutter contre des tendances innées, que l'on peut les maîtriser ahaha pourquoi pas mais en dernier!
Excuse-moi, je reste plutôt dubitatif sur plusieurs points. A ce que je sache, toumo est utilisé non comme une fin mais comme un moyen. Par ailleurs, je veux bien qu'on enseigne aux seuls débutants de ne pas agir sur leur souffle mais en 20 ans, il me semble ne plus être tout à fait débutant, ayant fait quelques retraites tout de même, je n'ai jamais entendu un enseignant insister sur les pratiques respiratoires. Enfin, ce discours sur la santé m'incline un peu à rire (un peu jaune, c'est vrai) étant donné ce que j'ai connu par le passé question santé, ni plus ni moins qu'une forme d'enfer qui fait qu'il est hors de question que je crache désormais sur certains médicaments et sur certains petits plaisirs anodins et la douche chaude en est un, en particulier l'hiver, qui me permet de me réchauffer (je dois être un animal à sang froid j'emmagasine bien la chaleur environnante, mon radiateur interne ne marche pas bien, et, là, ok, toumo me serait utile en effet mais je n'ai pas reçu les instructions ; bref, la douche froide, c'est hors de question en ce qui me concerne à moins que je devienne maso, j'ai déjà connu chez mes beaux-parents à vrai dire qui n'avaient qu'une piètre chaudière à bois fort poussive, le shampoing froid brrrrr quelle horreur). Enfin, si on veut vraiment limiter la consommation d'énergie, mieux vaut devenir végane, ça sera beaucoup mais alors beaucoup plus efficace et évitera de faire culpabiliser pour les petites économies mineures d'eau et d'énergie auxquelles en général les nantis nous invitent et que chacun ne fait pas toujours à la maison.
SupprimerOh pardon je n'avais pas tilté que tu as 20 ans de pratique. Pour ma part je découvre et je fais une lecture assez personnelle des textes dans une approche naturaliste. Par exemple quand les tibétains disent que par Toumo, ils font fondre les gouttes, je constate que par l'exposition au froid on transforme les graisses blanches en graisses brunes qui s'éliminent plus facilement que les graisses blanches. A ma grande surprise à -12° je me suis mis à transpirer des grosses gouttes que j'ai vu perler sur mon flanc. Maintenant j'ignore si ce que je fais à -12° on peut appeler ça toumo. Je n'ai pas été initié. J'ai lu deux trois textes que j'interprète à ma sauce. Alors fin ou moyen, je ne sais pas mais je suppose que tu as raison.
SupprimerEnsuite je reconnais que c'est facile de cracher sur les médicaments quand on n'a pas de problème de santé ou de préconiser des douches froides quand on y arrive. Seulement j'ai lu deux trois articles dans le Monde qui m'ont fait froid dans le dos.
http://www.lemonde.fr/sante/article/2018/03/17/les-urgences-confrontees-a-une-surchauffe-inhabituelle-sur-l-ensemble-du-territoire_5272516_1651302.html
L'article ne donne aucune explication sur cet engorgement dans les hôpitaux.
et
http://www.lemonde.fr/international/article/2007/03/01/l-abus-de-medicaments-serait-en-passe-de-depasser-la-consommation-de-drogues_877462_3210.html
De mon point de vue, beaucoup de gens payent cher leur ignorance de la Voie Bouddhiste.
Évidemment il n'y a pas incompatibilité entre être vegan et prendre des douches froides. En revanche je conteste l'argument selon lequel sous prétexte qu'on fait des efforts d'un côté (par exemple en étant végan) on ne devrait pas en faire partout quand c'est possible (sans se faire violence, non plus)
Sb,
RépondreSupprimerAlors oui, tout est question de savoir quel côté on éclaire. Comme le disait Dôgen dans le « Genjôkôan » : « Quand un côté s’éclaire, l’autre reste dans l’ombre ». D'un côté, le spontané, le non-agir, de l'autre, l'agir, ce qui demande un effort et ce qui demande un apprentissage. Les deux côtés sont présents, même si, par ses paroles, on éclaire alternativement l'un ou l'autre côté.
Dans le cas présent, je voulais contester une certaine propension à vouloir apprendre aux gens à vivre (ou à respirer ou à penser) alors que ces choses se font d'elles-mêmes. Par exemple, le philosophe français Luc Ferry disait dans un de ses livres que « la philosophie, c'est apprendre à vivre ». Cela me paraît faux pour les raisons que j'ai expliquées dans le présent article. Mais cela ne m'aurait pas dérangé que Ferry dise : « La philosophie, c'est apprendre à BIEN vivre » ou « La philosophie, c'est apprendre à MIEUX vivre ». On ne peut rien ajouter à la vie en elle-même, la vie se passe qu'on en soit conscient ou non, qu'elle soit belle ou non. Un toxicomane hagard dans les limbes des substances opiacées n'est pas moins vivant qu'un sage sur sa montagne. Par contre, on peut changer le contenu de sa vie, faire en sorte que sa vie soit plus belle, plus rayonnante, en tous cas moins malheureuse, moins porteuse de conflits.
Maintenant, est-ce qu'on apprend vraiment à mieux vivre ou à bien vivre ? Je suis un peu mitigé : d'un côté, il y a des points de doctrine que j'essaie d'expliquer dans le « Reflet de la Lune » : par exemple, les Quatre Nobles Vérités du Bouddha, les Quatre Demeures de Brahmâ (l'amour, la compassion, la joie, l'équanimité), le Noble Octuple Sentier, les techniques des quatre établissements de l'attention en méditation, les Quatre Sceaux du Dharma. Tout cela s'apprend, on ne le trouvera pas par soi-même. En tous cas, il est peu probable qu'on trouve tout cela par soi-même. D'un autre côté, je ne présente pas ces réflexions comme étant la recette immanquable pour atteindre le bonheur dans cette vie. Je ne dis : « Voilà tout ce que vous avez à faire pour apprendre : il suffit de suivre la méthode point par point, et vous allez mieux vivre à coup sûr ». Il me semble que c'est plus subtil que cela.
Quand je lis la phrase "apprendre à vivre" implicitement j'entends "apprendre à bien vivre" étant entendu que mal vivre (dans la peine, le malheur et la souffrance) ce n'est pas une vie. En même temps je pense que toute vie mérite d'être vécu même une vie d'handicapé, de trisomique etc. En revanche une vie de toxicomane hagard est une vie dysfonctionnelle ce qui suppose qu'on peut aider une personne à sortir de sa toxicomanie pour lui réapprendre à vivre une vie saine. Ceux qui s'en sortent ne replongeraient dans l'alcool et la drogue pour rien au monde. Pour moi, un toxicomane est moins vivant qu'un sage sur sa montagne. En Grèce j'ai croisé des toxicomanes qui m'ont donné l'impression d'être des zombies. Dire qu'ils sont vivants pour moi c'est presque un abus de langage mais je reconnais que c'est ma vision des choses et j'ignore pourquoi j'ai une vision si négative de la chose.
SupprimerJe viens de lire un livre dont je parle sur mon blog : https://mujoseppo.blogspot.fr/2018/02/liliann-manning-le-self-normalite-et.html
Dans ce livre, lili (elle pratique le zen dans le centre ou je vais, elle y était il y a 15 jours) explique qu'on peut faire une utilisation clinique de la phénoménologie pour traiter des cas de schizophrénie, non pas en combattant les voix négatives du schizophrénie mais au contraire en enrichissant le dialogue intérieur avec de nouvelles voix plus positives.
Comme tu le sais, la phénoménologie n'est pas prescriptive, elle ne dit pas ce qu'il faut faire ou pas elle se contente d'être descriptive.
Là où je veux en venir et c'est le point clé c'est que je pense que lire une description bouddhistes des états de conscience par lesquels on est susceptible de passer suffit à les provoquer. Exactement comme la description d'un plat succulent peut suffire à te mettre l'eau à la bouche physiologiquement.
A l'inverse tout texte qui se voudrait prescriptif, directif et qui dirait ce qu'il faut faire et penser serait contre-productif et nous ferait fuir.
Il me semble que quand j'ai commencé à lire ton blog je n'étais pas encore végétarien et maintenant je le suis même si ton blog n'est qu'un des éléments qui m'ont poussé à devenir végétarien. Ce n'est pas le seul. Mais je te remercie quand même.
Concernant les techniques de respiration, elles existent certainement, pas seulement dans le Zen ou dans le hatha-yoga, mais aussi dans le bouddhisme tibétain - la respiration du vase notamment qui permet de développer la méditation toumo, « la féroce », qui permet de réchauffer le corps. Les yogins tibétains s'en servent pour méditer quasiment nus sur les hautes montagnes du Tibet. Je dis ça pour Sb qui aura peut-être envie d'aller les rejoindre :-)
RépondreSupprimerNéanmoins, il est beaucoup plus important effectivement de concentrer son attention sur la respiration en elle-même que chercher à contrôler la respiration en elle-même. Il se trouve qu'on respire spontanément – et c'est ce phénomène de la respiration en elle-même qu'il importe d'observer. Contrôler sa respiration peut être très utile en certaines circonstances, mais je conseillerai de ne pas chercher tout le temps à contrôler sa respiration et à vouloir que cette respiration soit « parfaite ». Simplement respirer et observer le processus de l'air qui rentre et sort des poumons, de la bouche et du nez sans émettre de jugement. Simplement respirer, simplement observer.
Comme je l'ai dit il y a 15 jours j'étais à un séminaire sur le chan par Catherine Despeux qui a pratiqué le chan en chine avec un maître chinois. A un moment il y a eu une discussion entre elle et le maître qui dirige le centre zen dans lequel cette série de conférence avait lieu sur cette question de la respiration.
SupprimerLe maître que je fréquente, lui défendait l'idée qu'on ne cherche pas à modifier sa respiration. Pourtant il s'agit d'un disciple de Deshimaru et je suis sûr qu'en cherchant un peu on peut trouver des textes de Deshimaru dans lesquels Deshimaru dit que l'on doit modifier légèrement sa respiration en la mettant dans le Hara. Catherine Despeux n'était pas d'accord. Elle a parlé du comptage des respirations et elle a passé en revue différentes techniques de respiration.
Personnellement j'ai trouvé ce que disait Catherine Despeux un peu hétérodoxe par rapport au zen mais vraiment passionnante.
Je voudrais aussi souligner une fois de plus qu'il n'est pas, à mon avis, nécessaire d'aller au tibet pour s'exposer au froid. Ca ne coute rien d'aller ce matin dans son jardin pour méditer torse nu alors qu'il fait 0° et d'enchainer sur une douche froide. J'insiste sur la simplicité, la facilité et la gratuité d'une telle pratique.
Bien sûr j'ai lu Alexandra David-Néel raconter comment les tibétains s'amusent à faire sécher sur leur corps nus des draps mouillées dans des rivières de montagnes et cela nous semble exotique, irréel ou hors de notre portée mais qui a déjà essayé parmi nous? Si ça se trouve ce n'est pas si difficile.
Concernant les douches froides, j'ai eu une panne du boiler qui alimentait ma douche en eau chaude l'année passée. Le plombier ne venait pas. J'ai donc dû m'accommoder de prendre des douches d'eau froide. Au début, c'était difficile, puis j'ai pris conscience que le corps s'adapte assez bien à cette nouvelle situation et j'appréciais cette eau froide et tonifiante sur mon corps à tel point que c'est moi qui n'ai pas insisté pour rappeler le plombier.
RépondreSupprimerJ'avoue cependant qu'en octobre, l'hiver venant, j'ai fini par rappeler l'homme pour qu'il vienne réparer ma douche, mon ascétisme ou mon dolorisme ayant des limites. Je dois dire qu'une douche chaude fait du bien en hiver, surtout dans le froid humide de la Belgique.
J'avoue que je suis en phase découverte des bienfaits de l'exposition au froid mais si ça se trouve ça va me passer. Et puis il y a des jours où je n'ai pas le cœur à prendre une douche froide et ayant la choix j'en prends une chaude. L'idée c'est quand même de ne pas se faire violence et de le faire comme on le sent.
SupprimerIl n'est pas dans mon intention de chercher à culpabiliser ceux qui prennent des douches chaudes mais d'insister sur les bienfaits des froides.
Je sais que dans certains monastère zen japonais, il n'y a ni chauffage ni eau chaude pour les douches mais je ne pense pas que ce soit une recherche d'ascétisme ou de dolorisme mais bien plutôt une question d'habitude.
Ici à 2' https://www.youtube.com/watch?v=8U_90C0NkbA Kankyo Tannier parle des conditions de vie dans un monastère zen au japon.
Curieusement j'ai remarqué aussi que prendre une douche froide permet de mieux supporter le froid environnant après. Comme quand on se baigne dans la mer quand il fait un peu froid et quand on sort de l'eau on a moins froid que quand il fait chaud.
Finalement, ça pourrait peut-être me servir s'il y a des bénéfices sur la santé. Comment tu t'y es pris pour commencer ? J'imagine qu'on commence par très peu de temps.
SupprimerEn fait tu peux commencer avec de l'eau chaude légèrement tiède. Ensuite tu coupe pour te savonner puis tu te rinces à l'eau tiède et après tu vois jusqu'où tu peux arrêter l'eau chaude. A la fin j'essaye de rester le plus longtemps sous l'eau froide sans eau chaude du tout mais pour l'instant j'en suis qu'à 4 ou 5 secondes.
SupprimerJe tiens à préciser que je me considère plutôt comme quelqu'un de frileux et de douillet... d'où mon étonnement et le plaisir que j'ai à avoir chaud en zazen même quand je suis dehors comme ce matin et qu'il fait 2°. Pour moi, c'est plus facile de rester dehors torse nu en zazen pendant 20 minutes à 2° que de prendre une douche froide.
Il existe aussi une version payante qui coute 50€ les 3 minutes et qui permet de descendre à -110° sans que ce soit désagréable et qui permet de se débarrasser des tendinites et autres douleurs d'articulation, douleurs musculaires. Ca s'appelle la cryothérapie
J'en ai un dans ma ville et j'ai lu un témoignage récemment là:
https://fourberiesdescarpin.wordpress.com/2016/03/15/cryo-one-a-tours-jai-teste-la-cryotherapie-contre-mes-tendinites/
Mais je pense que 20 minutes à 2 ou 3° reviennent à 3 minutes à -110°
En tous cas les -110° signifie qu'il n'y a pas de danger à s'exposer au froid tant qu'on ne dépasse pas ses limites d'adaptation. Et pour connaitre ses limites il faut tester progressivement.
Ok, merci beaucoup de ta réponse. Bien que tu sois pas médecin, crois-tu que ce genre de profil théorique qui me correspond (cf. http://www.hypersomnies.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=243) reste compatible avec les douches froides ? De toutes façons, les médecins peuvent rien pour moi, alors... je pense essayer.
SupprimerEn fait, je le fais spontanément l'été les douches froides, notamment après du sport, je coupe progressivement le chaud (c'est tiède au départ) jusqu'à plus d'eau chaude du tout dans le tuyau quelques minutes. Par contre l'hiver, c'est contre intuitif car je recherche la chaleur. Je me demande en fait dans quelle mesure une douche froide serait capable me concernant de booster mon métabolisme pour produire de la chaleur.
SupprimerJe ne suis pas dans une situation différente. Je recherche la chaleur et j'ai besoin de beaucoup dormir.
SupprimerJ'ai été interpellé par cette phrase :
"Le dysfonctionnement pourrait être issu d'un problème de réception des signaux ou de leur conduction vers les systèmes adaptés. Ces signaux pourraient être la température corporelle, interne, le taux de glucose sanguin ou de certaines hormones impliquées dans le métabolisme."
Parallèlement à mes douches froides et à mes méditations à température extérieure du moment j'ai également modifié mon alimentation sans trop savoir pourquoi: J'ai arrêté les desserts sucrés, le café, le chocolat et en contrepartie je mange davantage de fruits (bananes, pommes et clémentines) et de fruits secs (noix et noisettes). Et comme je suis désormais végétarien je suis obligé de faire plus attention à avoir une alimentation équilibrée.
Et puis la cerise sur le gâteau je consomme énormément de Tulsi quotidiennement du déshydraté en sachet que l'on trouve en coop bio que je mélange avec du tulsi frais que je fais pousser chez moi. C'est un jardinier du temple zen de la Gendronière qui m'en a donné une petite pousse et maintenant j'ai trois énorme pots.
http://blog.kokopelli-semences.fr/2015/10/lepopee-des-cannabinoides-vediques-de-la-tulsi-a-la-ganja/
Bref le tulsi est une vraie bombe en complément de la méditation.
Dernière chose, puisqu'on parle hygiène de vie et qui peut sembler anecdotique mais personnellement je trouve ça révolutionnaire, suite à ma lecture d'articles scientifiques sérieux sur le sujet je défèque désormais en position accroupie ce qui n'est pas évident étant donné la forme de nos toilettes occidentales et qui sont une véritable hérésie sur le plan de la santé la plus basique. J'utilise un tabouret que je mets devant les toilettes et qui permet une position accroupie. L'avantage premier c'est qu'on passe beaucoup moins de temps aux toilettes. En moins de 10 secondes l'affaire est réglée. Comme pour les douches froides la liste des avantages est longues.
Ce que tout ça m'inspire tout de même, c'est une différence d'approche assez sensible entre les traditions. D'un côté, on insiste sur le fait de faire les choses en douceur avec soi-même (entrer en amitié avec soi-même comme l'avait écrit Pema Chödrön, personne ne nous demande de changer finalement, vouloir se changer, c'est la première des violences), de l'autre une attitude plus rigoriste où le corps doit suivre et s'habituer. Je préfère pour ma part la douceur, du moins, il me semble que c'est ce dont j'ai besoin.
RépondreSupprimerEncore une fois il ne faut pas perdre de vue le paradoxe de l'effort dans le non-effort ou le non-agir dans l'action.
SupprimerVoilà ce que m'écrit le maître que je fréquente :
". Le zen enseigne juste de ne pas saisir et ne pas rejeter ! Quand tu comprends ça la seule question importante c'est QUI veut faire l'expérience de ça !?
Et juste ce que j'ai souligné pour toi, c'est que le temple zen ou le dojo est un lieu où l'on ''disparaît'' c'est à dire que les expériences personnelles n'y ont pas de raisons."
J'entends bien la critique qu'il me fait et donc qu'il fait de l'idée de maîtrise ou de vouloir changer ou même de faire des expériences une affaire personnelle.
Je suis bien d'accord qu'au final le lâcher prise bienveillant avec soi-même et avec autrui doit l'emporter sur la volonté de maitrise. Comme chez moi ce n'est pas spontané, j'ai encore du travail.