Je
voudrais réagir ici à un article de philosophe américain
antispéciste Gary Francione. L'une des spécialités de Gary
Francione est de s'en prendre agressivement aux mouvances de
libération animale qui ne font jamais assez bien selon lui leur
travail de défense de la cause animale. Rien que le titre de
l'article donne la teneur de l'article : « La moralité
selfie, la pourriture morale de la cause animale »1.
Francione revendique une position radicale au sein de la libération
animale. Pour Francione, la seule position morale cohérente par
rapport à l'exploitation animale est le véganisme éthique. Il
rappelle inlassablement l'injonction : « Go vegan »
(devenez végane). En soi, je ne peux que louer cette incitation à
devenir le plus tôt possible végane dans l’intérêt des animaux.
Mais Francione ne s'arrête pas là : tous les véganes qui
encourageraient les non-véganes à végétaliser progressivement
leur alimentation sont impitoyablement condamnés. Francione les
accuse de participer à l'exploitation animale, d'être spécistes et
de de ne pas être de véritables véganes. Il en découle une grande
agressivité dans le chef de Francione et les adeptes de Francione,
qui n'hésitent jamais à vous insulter de « spéciste »
et toutes sortes nom d'oiseaux.
Francione,
dans son article, s'en prend justement à la réaction que certains
peuvent avoir quand ils se font agressés par lui ou ses disciples,
ses franciobots comme les appelle Tobias Leenaert, tant
ceux-ci ont tendance à ânonner sur internet ses propos comme un
incessant copier/coller de ses commentaires les plus aigris.
« J'identifie comme « moralité selfie », nous
dit Francione, le phénomène qui consiste à caractériser
un désaccord substantiel ou une critique comme de « l'oppression »,
de « l'agression », du « dénigrement », du
« harcèlement » sans apporter de réponse substantielle
à la dite critique. La moralité selfie n'est rien d'autre que du
narcissisme. Et elle est de manière inhérente spéciste ».
Francione prend alors en considération le cas où des véganes
abolitionnistes (entendez des véganes francioniens) arrivent par un
raisonnement étayé par des arguments que le véganisme est un
impératif moral. Francione dit que des welfaristes vont
systématiquement prendre cette position comme dénigrant ou
stigmatisant les non-véganes.
Juste
un mot d'explication avant d'aller plus loin dans les raisonnements
de Gary Francione. Qu'est-ce qu'un abolitionniste ? Qu'est-ce
welfariste ? Ces termes ne sont peut-être pas familiers à ceux
qui ne côtoient pas au jour le jour les milieux véganes.
« Abolitionniste » désigne celui qui veut abolir
l'exploitation animale, que ce soit la mise à mort des animaux comme
dans les abattoirs, dans la chasse ou dans la pêche, mais aussi
l'exploitation au sens le plus large comme dans les élevages, les
cirques, les zoos, les delphinariums, les courses d'animaux et ainsi
de suite... Francione oppose les abolitionnistes aux welfaristes. Les
welfaristes vient de l'anglais « welfare », bien-être.
Les welfaristes prônent qu'on peut et qu'on doit améliorer la
condition animale, leur bien-être de manière progressive.
Typiquement, les « welfaristes » militent pour agrandir
la taille des cages des animaux. Bien sûr, il vaudrait mieux les
libérer, mais comme cela n'est pas possible maintenant, il faut se
contenter de ce compromis qui consiste à de petites améliorations
qu'on espère étendre de plus en plus jusqu'au moment où les
animaux seront libres de toute exploitation. Sur le plan de
l'alimentation, les welfaristes considèrent que l'idéal est bien
entendu le véganisme, mais cela semble impossible pour la grande
majorité de la population, les welfaristes font l'apologie de
campagne comme le « Jeudi veggie » en Belgique et en
France ou le « Meat Free Monday » où on encourage
les gens à limiter progressivement leur consommation de viande et de
produits animaux. L'idée est qu'ils s'accoutument à manger des
plats végétaux et qu'ils arrivent à vaincre leur réticence de
faire pas de passer à un régime végétarien, puis complètement
végane.
Il
faut bien comprendre que le but est le même qu'on soit
abolitionniste ou «welfariste ». L'idéal est un monde végane
où on n'exploiterait plus les animaux et où on le les ferait plus
souffrir inutilement. La différence se marque non pas sur le but à
atteindre, mais sur le moyen d'y parvenir. Les abolitionnistes sont
dans une logique du tout ou rien : il faut directement
abandonner toute exploitation, les interdire définitivement. Du
point de vue individuel, il faut directement devenir végane. Toute
autre comportement alimentaire est considéré comme du spécisme, du
carnisme et une participation à l'exploitation animale, que ce soit
le flexitarisme, le végétarisme... Pour Francione, il n'y a pas de
différence entre un mangeur de viande et de produits animaux et un
végétarien. Tous les deux collaborent activement et au même titre
à l'exploitation animale. Sur un plan politique, il faut abolir tout
le système de l'exploitation animale d'un seul coup. Si on essaye de
réformer progressivement, c'est aux yeux de Francione qu'on
collabore le système spéciste et qu'on le défend.
On
comprend dès lors assez vite que les invectives pleuvent dans le
chef des francioniens à l'encontre de ceux qui pratiquent un chemin
progressif vers le véganisme et la fin de l'exploitation animale
ainsi que ceux qui les encouragent à suivre ce chemin. Pour eux, ces
invectives sont haineuses, dédaigneuses, méprisantes et inutilement
culpabilisantes, d'autant plus que les véganes francioniens s'en
prennent beaucoup plus facilement aux flexitariens et aux végétariens
qu'aux mangeurs de viande. Ils s'en prennent aussi plus facilement
aux véganes welfaristes qu'au lobby de la viande. Ce qui est un
comble... On ne compte plus les sites d'inspiration francionienne où
il est dit que les végétariens sont pires que les mangeurs de
viande et où les véganes welfaristes sont considérés comme des
traîtres infâmes, la « pourriture morale du mouvement de
libération animale » pour reprendre les mots même de Gary
Francione dans cet article.
Mais
pour Francione, ces végétariens, ces flexitariens, ces véganes
welfaristes ne devraient pas se plaindre de ce qu'on les critique
avec véhémence, qu'on les insulte même, qu'on les maudisse à
longueur de tweets et de posts sur Facebook. Tout cela n'est qu'un
narcissisme débridé selon Gary Francione. Pour lui, cela revient à
dire : « Au diable, les animaux, au diable l'attitude
morale, seule compte mon ressenti et le fait que je n'aime pas être
critiqué ». C'est une moralité selfie au sens où la
morale se définit au gré de mon degré d'avancement, de ce que je
suis prêt à faire dans l'état actuel des choses. Je ne suis pas
encore prêt de manger 100% végétal ; j'ai trop envie d'un steak dans mon assiette ou de camembert sur mon sandwich. Donc en
attendant que je parvienne à me défaire de mon addiction aux
produits animaux ; on ne devrait pas trop me critiquer, d'autant
que je suis en chemin vers le véganisme (en anglais, « journey »,
terme qui énerve particulièrement Francione). Pour Francione, au
lieu de se tourner vers ses doutes et ses état d'âmes, il faudrait
plutôt se tourner vers la condition misérables des animaux. Si on
met dans la balance mon appétit pour un agneau, les conditionnements
culturels et culinaires qui me poussent à vouloir préparer un plat
à base d'agneau d'un côté et de l'autre la détresse abyssale d'un
agneau que l'on a séparé de sa maman et qu'on s'apprête à
égorger, on comprend aisément que nos réticences gastronomiques à
abandonner la chair de l'agneau ne font pas le poids face à ce que
ressent l'agneau.
Du
point de vue de la philosophie morale, il est difficile de donner
tort à Francione. Aucune raison ne permet d'aller sérieusement à
l'encontre du véganisme. Le véganisme est toujours la meilleure
option morale. Au fond, la position de Francione est une position de
pureté morale. Les flexitariens et les végétariens ne sont pas
dans une position morale pure puisqu'ils continuent à générer de
l'exploitation animale. C'est pourquoi il est bon de leur rappeler
que le véganisme est la meilleure option. Mais l'attitude de
Francione comporte deux problèmes.
Premièrement,
il réfléchit dans un cadre complètement binaire. Il y a les purs
et les impurs, il y a les véganes et les non-véganes. Or quelqu'un
peut diminuer sa consommation de produits animaux. Il n'est pas
parfaitement pur certes, mais il diminue sa part d'impureté morale
concernant les tourments infligés aux animaux. Et ce n'est pas
négligeable. Je pense d'une part qu'il est judicieux de voir une
gradation dans la pureté et l'impureté de nos conduites éthiques,
en comprenant bien que personne n'est parfaitement pur et personne
n'est parfaitement impur. Même les véganes ne sont pas absolument
purs : la culture des végétaux contribue à tuer
accidentellement des animaux. D'autre part, avoir une vision du monde
tranchée entre les purs et les impurs, les bons et les méchants
conduit au fanatisme. Au départ, les chrétiens se considéraient
comme purs : ils prônaient l'amour du prochain, ils venaient en
aide aux pauvres et aux démunis. Mais très vite, le message d'amour
du prochain et de pureté morale avancé par les chrétiens s'est
transformé en fanatisme religieux où l'on voulait tuer et soumettre
tous les « impurs », tous ceux qui n'avaient pas le bon
message. Je pense qu'il convient de se méfier de cette notion de pur
et d'impur, surtout quand on s'en sert pour diviser le monde en deux
camps, en effaçant toutes les nuances et les dégradés qui peuvent
exister dans les conduites morales.
Deuxièmement,
même si le un raisonnement moral juste arrive à la conclusion que
le véganisme est la meilleure option morale, il se trouve que la
grande majorité soit ignore cette vérité, soit vit dans le déni
de cette vérité. On peut leur dire tant qu'on veut : « Go
vegan ! », cela ne les fait pas bouger. On ne convertit
qu'un nombre très limité de personnes. Il est plus efficace d'être
patient et de proposer des options qui ne sont certes pas 100%
morale, mais qui mettent les gens sur le chemin qui va les conduire à
accepter une alimentation de plus en plus végétale. Si quelqu'un
est persuadé qu'il ne pourra jamais arrêter de manger de la viande
ou du fromage ou qu'il est convaincu qu'il va devenir malade ou
rachitique, vous pourrez le traiter tant que vous le voudrez de
« salaud », de « carniste » ou de
« spéciste », cela ne le changera pas, cela risquera
même de le buter et de la braquer contre les véganes en général.
Tandis que l'inciter à végétaliser progressivement son
alimentation va lui permettre de se rendre compte qu'on est très
bien manger végétal sans avoir de carence et sans éprouver de
manque par rapport à la bidoche ou à son camembert.
Cela
peut consterner Francione : pour lui, c'est là la « moralité
selfie » : j'accepte d'arrêter de manger de la viande dès
lors que je me rends compte que je peux m'en passer d'un point de vue
culinaire. Mais en fait, c'est simplement la connaissance de la
psychologie humaine : on est d'autant pas plus prompt à
accepter une nouveauté sur le plan moral que l'on se rend compte que
cette nouveauté ne va pas menacer notre bien-être ou notre
intégrité physique. Quand on évoque le mariage gay, il y a
beaucoup de réticences parce qu'un grand nombre de gens pensent que
cela va saper les fondements moraux de notre société. Une fois que
l'on se rend compte que le mariage pour tous ne change pas
grand-chose à l'organisation de la société, les réticences
s'estompent. De la même façon, on pourrait défendre l'idée morale
qu'utiliser sa voiture, c'est mal parce que cela pollue, cela émet
des gaz à effet de serre dans l'atmosphère, et cet effet de serre
produit le réchauffement climatique qui menace l'humanité future et
actuellement déjà un grand nombre de personnes, sans parler des
animaux qui subissent de plein fouet les dérèglements climatique.
Pourtant, je parie tout ce que vous voulez que Francione n'envisage
pas une seconde d'arrêter de prendre la voiture. Pourquoi ? A
cause de ce qu'il appelle lui-même la « moralité selfie ».
Parce que la voiture, c'est bien pratique, que c'est agréable à
conduire et que tout le monde roule en voiture aux États-Unis. Ce
faisant, Francione contribue indirectement à tuer de nombreux
animaux qui ne parviennent pas à échapper aux conséquences
désastreuses du réchauffement climatique. (Si j'étais aussi
malveillant que Gary Francione, j'en conclurai que ce dernier n'est
en fait pas végane :-)).
En
fait, nous sommes toujours tentés de remodeler notre jugement moral
d'après notre conduite personnelle. Si Francione est aussi
vindicatif sur le fait que le véganisme est un impératif moral,
c'est précisément parce qu'il est végane. On l'entend moins la
ramener dès lors qu'il s'agit de prôner un mode de vie complètement
écologique comme exigence morale fondamentale. S'il vivait dans les
bois en harmonie avec la Nature, il écrirait des pamphlets pour
condamner les écologistes qui ont encore une voiture ou qui
utilisent un ordinateur !
Pareillement,
les gens ont du mal à adhérer aux idées antispécistes ; ils
ont adopté avec la complicité active de la société tout un
système de défense qui met l'homme sur un piédestal et qui enlève
toute sensibilité aux animaux pour ne pas avoir à faire face aux
implications morale de l'exploitation animale. Quand on est enfermé
dans un tel système, il n'est pas si facile de le quitter. Il y a
tout un blindage autour de nous qui fait que nous ne pouvons pas être
touché par les arguments moraux rationnels qui font du véganisme la
meilleure option morale possible en terme d'alimentation et de
consommation. Et même si on pressent que manger de la viande, du
poisson ou des produits animaux est mal, on sent que cela va être
difficile de les abandonner d'un coup. On est pris dans toutes sortes
de contradictions, ce que Francione à la suite de Melanie Joy
appelle une « schizophrénie morale » : on aime les
animaux, mais on ne parvient pas à cesser d'être acteur de
l'exploitation animale en cessant de consommer tous ces produits
animaux.
Les
gens ont donc besoin de temps pour déconstruire tous ces
conditionnements psychologiques et sociaux qui les poussent à
consommer toutes sortes de produits animaux. Pour eux, il y a tout un
chemin, tout un « voyage » qui va les conduire du point
où il est sain et normal de manger de la viande, du poisson, des
œufs et du fromage, de porter de la laine et du cuir jusqu'au point
où on abandonner définitivement tout cela. Bien sûr, dans
l'intérêt des animaux et de la planète Terre, il serait mieux que
l'on fasse cette transition d'un seul coup. Ce serait vraiment
l'idéal ! Comme quand on appuie sur un interrupteur, que l'on
passe de OFF à ON. Il n'y a pas tout un chemin, tout un voyage entre
les deux positions de l'interrupteur. Soit vous êtes carniste, soit
vous êtes végane. Pas de troisième option, dirait Francione. Le
problème avec cette mentalité, c'est que la grande majorité de la
population risque bien d'être calée sur la position « carniste ».
Et à défaut de passer directement à la position « végane »,
il est intéressant que les gens se sensibilisent à la cause animale
progressivement en réduisant sa consommation de produits animaux le
jeudi par exemple au début, puis le vendredi et le samedi. Le lundi
et dimanche ensuite. Tous les jours de la semaine enfin !
Autre
effet intéressant d'un cheminement progressif vers le véganisme, au
fur et à mesure que l'on adopte des plans végétaux, on se rend
compte qu'on peut très bien manger végane sans perdre sa santé et
perdre son plaisir, on est alors beaucoup plus disposé à entendre
des arguments véganes et à changer ses conceptions morales.
Francione pourra dire que c'est là de la « moralité selfie »,
le fait de changer ses conceptions morales parce que cela s'adapte
bien à notre petite personne, mais c'est un ressort psychologique
que l'on a tous tendance à adopter. Moi-même, je suis passé du
végétarisme au véganisme pour des raisons écologiques. Je savais
que, pour produire le lait, on écartait le veau de sa mère et
« écarter » dans le langage des éleveurs signifie
généralement « envoyer à l'abattoir ». C'est une amie
qui travaillait dans une ferme bio qui me l'avait expliqué. Cela
avait produit en moi un grand malaise, mais que j'ai tout de suite
refoulé. Par contre, quand je me suis à étudier le rapport de la
FAO sur l'ombre portée de l'élevage qui explique les conséquences
désastreuses de l'élevage tant sur le plan du réchauffement
climatique, de la menace sur la biodiversité, de la destruction des
forêts primaires, de l'appauvrissement des sols, de la pollution des
mers... En tant qu'écologiste, je ne pouvais pas décemment
participer à cela en me rendant complice de l'élevage. Je devenais
donc devenir végane. Mais en devenant végane, les arguments
éthiques se sont renforcés en moi. Ce qui fait qu'aujourd'hui je
suis végane pour des raisons autant éthiques qu'écologiques.
Les
êtres humains ne sont pas que des êtres de raisons, ce sont
essentiellement des êtres de passions. Pour agir sur eux, il faut
pouvoir comprendre leurs ressorts psychologiques et ne pas
nécessairement les juger à tout bout de champ. Comme dirait
Spinoza, comprendre les humains et les inviter à transformer leurs
passions tristes en passions joyeuses. Et ce que Francione appelle la
« moralité selfie », la tendance à remodeler notre
paysage moral, nos conceptions de ce qui est acceptable et de ce qui
ne l'est pas en fonction même de nos habitudes, et non pas de
raisonnements intellectuellement solides, on peut la critiquer bien
sûr. Mais on peut aussi s'en servir pour mieux comprendre les
individus et savoir comment les inviter plus efficacement à changer
de conduites et donc de schémas moraux.
Il
me semble donc que Francione a raison de dire que le véganisme est
un impératif moral. Dès lors que l'on veut bien considérer les
animaux comme des êtres doués de sensibilité, c'est une conclusion
logique qui s'impose, mais il n'a pas raison de ne pas chercher à
comprendre les gens et de les condamner en permanence. Il a encore
moins raison que il s'en prend avec haine à ce qu'il appelle aux
« véganes welfaristes » simplement parce qu'ils ont une
autre stratégie que lui-même pour promouvoir le véganisme et une
alimentation plus végétale. On peut avoir des débats sur ce qu'il
est le plus pertinent de faire pour la cause animale, mais Francione
et ses adeptes devraient cesser d'insulter des gens qui font des
efforts pour le bien des animaux. Francione est peut-être un pur ;
mais avec lui, les véganes resteront une frange marginale de la
population, une petite communauté de purs dans un monde impur.
Une
dernière chose enfin, ma pratique du bouddhisme qui comprend un
important volet de conduite éthique m'a appris une chose : en
matière de morale et de pureté morale, il vaut mieux rester humble.
On n'est jamais la perfection que l'on voudrait incarner. On
n'échappe jamais complètement à la critique quand on se targue
d'être un être pur et sans reproche. Même animé des meilleures
intentions, on commet des fautes et des erreurs. On se voudrait
altruiste et on se montre égoïste. On se voudrait généreux et on
est radin. On se voudrait courageux et on se montre pusillanime. On
se voudrait persévérant et on rencontre la paresse en soi. Blaise
Pascal disait : « L'homme n'est ni ange, ni bête, et
le malheur est que qui veut faire l'ange, fait la bête ».
Francione invoque constamment le principe de non-violence dans ses
écrits pour justifier notamment son véganisme et son engagement
dans la cause animale. Ses propos sont pourtant terriblement violents
et agressifs. Ils sont animés d'une rancœur et d'un ressentiment
qui plombent les mouvements de libération animale, surtout que cette
rancœur est principalement dirigée contre d'autres véganes et
contre des acteurs courageux et motivés de la cause animale.
1 Gary
Francione, “Selfie Morality”: The Moral Rot of the Animal
Movement, 14 décembre 2015 sur son site Abolitionnist
Approach.
Autres articles critiques à propos de Gary Francione :
J'ai participé à un débat entre végétariens et véganes sur la question de la production des œufs. Une végétarienne se demandait pourquoi exactement les véganes ne mangent-ils pas d’œufs, si ceux-ci sont recueillis dans de bonnes conditions. Cela a entraîné un débat assez vifs, surtout entres les véganes eux-mêmes. Je me suis dit alors que la question était suffisamment riche pour essayer de structurer mes arguments dans un texte suivi.
Autres articles sur le même thème :
Gary Yourofski est un militant bien connu et très zélé de la cause animale. Il a donné des conférences dans le monde entier sur le véganisme et la condition animale. Ses vidéos sur le net où il fait l'apologie d'un mode de vie végan avec énorme de force de conviction connaissent un énorme succès. Récemment, ses textes ont été traduits en langue française par (voir son site : http://garyyourofskytraductionfrancaise.blogspot.be/). Un passage a retenu mon attention car il est emblématique d'une certaine mentalité très vivace chez nombre de végans quand ils parlent des végétariens.
Manger les œufs de la poule qui vit dans notre jardin et que l'on traite avec bienveillance et respect, manger de la viande que l'on a trouvé dans les poubelles selon une éthique "freegan" qui lutte contre le gaspillage de la société végane, manger un animal renversé par une voiture sur la route, tout cela ne contribue en rien à alimenter la souffrance animale et l'exploitation animale. Est-ce vegan pour autant ? Gary Francione pense que non. Il invoque le "fait symbolique" de manger un animal où l'on accepte implicitement que l'animal puisse être de la nourriture ou une ressource alimentaire. J'estime pour ma part que ces actions ne vont pas à l'encontre de l'éthique et l'esprit du véganisme.
Autres articles sur le même thème :
- Vers un monde végane - lentement mais sûrement
Le chemin vers un monde végane passe-t-il par la promotion du flexitarisme ? Faut-il encourager les gens à réduire progressivement leur consommation de viande et de produits animaux et à végétaliser de plus en plus leur alimentation ?
Gary Francione |
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