Les
cent fleurs au printemps, la lune en automne,
Le
vent frais en été, la neige en hiver,
Si
le cœur s'affranchit de tout souci futile,
Ce
sont des moments plaisants dans le monde des hommes.
Wumen Huikai (無門慧開, 1163 – 1260)
La
Nature est une richesse extraordinaire. Les hommes ont tendance à
l'oublier. Ils l'oubliaient déjà dans la Chine du XIIIème
siècle au moment où vivait le poète et moine Chan Wumen Huikai.
Mais c'est encore bien plus le cas aujourd'hui dans notre société
moderne, dans nos villes hyper-connectées où l'homme se rend
« maître et possesseur de la Nature » armé de ses
bulldozers et de ses rouleaux-compresseurs. L'esprit de l'homme
moderne est occupé par tant de préoccupations mondaines, que ce
soit le travail, le commerce ou les loisirs occupés par la
télévision, internet ou les jeux vidéos. Mais si l'on veut bien
laisser de tout cela de côté quelques moments, si l'on veut bien
enlever ses écouteurs pour se mettre à l'écoute de la Nature,
alors effectivement on peut vivre « des moments plaisants
dans le monde des hommes ». Les Japonais parlent de prendre
des « bains de forêt » pour décrire ce moment où on
abandonne les préoccupations du monde des hommes et où on
s'abandonne au souffle de la Nature, au vent, aux arbres, aux oiseaux
qui vont d'une branche à l'autre, à l'éclosion silencieuse des
fleurs. Le soleil, la pluie, la neige, les nuages, tout est motif
d'émerveillement. Pourquoi s'en priver ? Pourquoi ne pas lâcher
quelques instants le fardeau des préoccupations mondaines et
apprécier l'existence ?
Il
y a quelques jours, je méditais dans un petit bois. Une biche est
arrivée à quelques pas de moi. Je me suis dit qu'elle ne m'avait
pas vu, puis je me suis rappelé que je portais un gilet jaune qui ne
me faisait précisément pas passer inaperçu ! La biche a
brouté les feuilles des arbres aux alentours. Puis elle est partie.
J'ai continué à pratiquer la méditation.
J'ai
trouvé ce poème de Wumen Huikai dans un petit livre qui vaut le
détour : « Poèmes Chan » aux éditions
Picquier, traduction de Jacques Pimpaneau, Arles, 2005 (2016 pour
l'édition de poche).
Voir également les poèmes de Ryôkan :
- là où la source semble commencer
Voir l'article "Penser l’homme et l’animal au sein de la Nature" en 7 parties
Voir l'article "Penser l’homme et l’animal au sein de la Nature" en 7 parties
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