Bonjour
tout le monde,
Aujourd'hui,
une petite réflexion autour d'un tweet de Gurren Vegan, youtubeur
bien connu dans la véganosphère. Si, d'ailleurs, vous ne connaissez
pas sa chaîne
YouTube, je vous recommande chaudement d'y jeter un œil. Dans ce
tweet en question, daté du 20 ocotobre 2017, Gurren Vegan exprimait
son ras-le-bol devant les attaques envers son physique : « Marre
de me faire valider mon physique sur Youtube »
et il y joignait une capture d'écran d'un commentaire d'une de ses
vidéos :
(NB :
on ne fera pas de commentaires sur les fautes d'orthographe!)
Tous
les véganes auraient donc selon ce monsieur un « visage
émacié » (sic!). Il est vrai que Gurren Vegan est plutôt
mince et élancé. Il faut savoir qu'il est un sportif accompli,
coureur, randonneur et coureur cycliste. Je ne pense pas qu'on puisse
dire que son profil athlétique corresponde à la description
d'un « visage émacié » même caché sous une barbe,
mais le problème est qu'on peut facilement trouver des
contre-exemples encore plus évidents : moi pour commencer !
Ma balance m'indique que je pèse 106 kg. Je ne crois pas qu'on
puisse dire sérieusement de moi que mes joues sont creusées d'être
trop famélique ou que je donne l'impression de sortir d'un goulag
russe. Pourtant, l'image habituelle des véganes est une image de
gens maigres, voire décharnés.
Mais
pourquoi ce cliché persistant ? Deux raisons à cela :
l'idée fausse d'abord que le véganisme est néfaste à la santé.
Le végane manquerait de protéines, ne mangeant que de la salade et
des carottes. Le véganisme conduirait à toutes sortes de carences
graves : protéines, fer, calcium, etc... J'avais combattu ce
genre de stéréotypes stupides dans mon article « Véganisme
et nutrition ». Je ne reviendrai donc pas sur ce thème en
détail. Ce serait trop long et fastidieux. Allez voir l'article (ou
consultez les liens vers des interviews du médecin nutritionniste
Jérôme Bernad-Pellet, spécialiste de l'alimentation végétalienne,
et des pages d'informations spécialisées sur internet que je mes en
bas de ce présent article). Je me contenterai ici de dire qu'il est
parfaitement possible de manger équilibré en étant végane. Non
seulement ça, mais il est également possible de prendre du poids,
voire beaucoup de poids. Je suis là pour le prouver ! Il fut
une époque où je n'étais pas plus gros que Gurren Vegan, mais
maintenant, j'ai dépassé les 100 kilos à la balance. J'ajouterai
aussi que, contrairement à une idée reçue bien établie, un végane
ne mange pas seulement des fruits et des légumes. Un végane mange
également des légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots
secs... très riches en protéines), des oléagineux ainsi que de
céréales et d'algues. Une alimentation végane peut être une
alimentation riche dans laquelle on ne manque de rien, contrairement
à ce cliché du végane carencé !
Seconde
raison de ce cliché : on imagine volontiers le végane comme un
ascète se privant pour vivre dans le chemin de la sainteté. Le
végane rechercherait une pureté morale dans l'abstinence et les
mortifications. Ce végane en odeur de sainteté ne peut qu'être
maigre puisqu'ayant renoncé à tout ce qui fait la vie ! Je
pense qu'il faut remettre les pendules à l'heure avec ce genre de
conceptions. S'il y a bien un geste éthique dans le passage vers le
véganisme (j'hésite à employer le mot « conversion »),
celui de refuser une exploitation animale odieuse, le végane n'est
pas nécessairement quelqu'un qui se prive et vit dans l'abstinence.
Personnellement, j'aime manger et je ne vois pas pourquoi je devrais
me priver. Certes, je ne mange rien d'animal, mais je n'ai pas
l'impression de me priver. Je n'ai pas du tout la nostalgie du rôti
de porc et la viande saignante. Pour moi, la mortification, c'est
justement de se sentir obligé d'avaler du cadavre.
*****
Donc,
un végane n'a pas nécessairement le physique d'un pauvre hère
famélique ou d'un ascète austère avec la peau sur les os. Il y a
quelque chose d'extrêmement désagréable de se servir du physique
des gens pour combattre avec des arguments douteux leurs idées et
leur régime alimentaire pourtant juste sur un plan moral et aussi
apportant de nombreux bienfaits pour la santé. Notez bien que
l'inverse est aussi vrai : mon père, une fois, a critiqué mon
véganisme comme étant la cause de mon surpoids ! On ne
dénoncera jamais assez le tofu comme facteur d'obésité ! Si
vous êtes trop maigre, c'est du fait de votre véganisme, si vous
êtes trop gros, c'est du fait du véganisme ! C'est bien
commode pour attaquer un régime végane quand on est à court
d'arguments ! Tant pis d'ailleurs si on n'est pas à une
contradiction près !
Il
faut noter que les véganes eux-mêmes ne sont pas au-dessus de tout
soupçon dans cette histoire, puisque l'organisation américaine
végane PETA fait souvent la promotion du véganisme avec cet
argument de la minceur : mangez végane et vous perdrez du
poids. Ils emploient régulièrement des arguments parfaitement
lamentables et discriminatoires à l'égard des personnes en surpoids
ou obèse, comme cette affiche odieuse « Save the whales »
(Sauvez les baleines).
"Sauvez les baleines. Perdez du gras en devenant végétarien" |
Ce
faisant, PETA alimente ce mythe du végane décharné et ascétique
tout en usant d'une rhétorique grossophobe qui stigmatise et humilie
toute une catégorie de personnes humaines du fait de leur poids jugé
excessif par une société au canon strict et au conformisme haineux.
Honte à eux.
Maintenant,
y a-t-il une vérité dans ce cliché de la minceur du végane ?
Oui, en fait, on constate dans les différentes études qu'en
moyenne, les véganes ont un indice de masse corporelle plus faible
que l'ensemble de la population non-végane. Le mot important est ici
« en moyenne ». Les véganes ne sont pas tous maigres et
ne sont pas tous des modèles de minceur. Certains sont maigres,
d'autres non, mais EN MOYENNE, les véganes sont un peu moins gros
que les mangeurs invétérés de bidoche, la viande, les œufs et le
fromage étant des nourritures extrêmement caloriques et pleines de
graisses. Manger végane ne vous garantira pourtant pas contre
l'obésité ou le surpoids, mais cela peut être un léger plus pour
garder la ligne. Un végane qui ne boirait que du coca-cola et ne
mangerait que des frites (cuits dans de l'huile végétale) et chips
(sans lactose ajouté) risquerait de voir son poids s'envoler très
rapidement. Un régime fritivore ou chipsivore serait tout à fait
végane , mais pas excellent pour la santé ! En fait, à ne pas
recommander du tout !
*****
En
conclusion, je voudrais dénoncer cette société qui impose un canon
strict et intolérant sur chaque individu. Untel est trop maigre,
unetelle est trop grosse. Il s'agit de culpabiliser les gens sur leur
physique, exigeant de nous un idéal impossible à atteindre. La
société nous isole les uns des autres avec ces constantes
récriminations sur le physique, ces moqueries, ces jugements, ce
mépris. On ne peut pas être comme on est. On doit toujours être en
mesure de plaire. À
qui ? On ne sait pas. Mais l'essentiel est qu'on se sente
coupable ou honteux du corps qu'on a. Et qu'on se sente isolé et
malheureux dans notre coin. Est-il naïf de lancer un appel à plus
de tolérance, de respect et de bienveillance envers le corps des
autres ?
Et
concernant le véganisme, l'essentiel n'est pas notre corps, trop
maigre ou trop enveloppé, trop vieux ou pas assez athlétique, mais
le corps des animaux, constamment menacé, constamment torturé par
l'exploitation animale. Ce sont eux qu'on devrait avoir à l'esprit
quand on devient végane. C'est à l'argument du bien-être des
animaux qu'il faut accorder du poids.
Patrik Baboumian, haltérophile, champion de strongman et homme de poids dans la cause animale (127 kg pour 1m71, 215 kg au développé couché, 360 kg au soulevé de terre) |
Ne manquez d'aller sur le site "Vegan Pratique" de L214 pour toutes sortes d'informations sur la nutrition végane.
Jérôme Bernard-Pellet (spécialiste du végétarisme et du véganisme)
Le mythe des protéines animales
Bébé végane
Question des carences
Vitamine D
Dangers supposés du soja
Bienfaits d'une alimentation végane
Mode de vie végane : destruction des mythes et des préjugés
Patrik Baboumian |
Voir aussi :
Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour de la libération animale ici.
Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour du végétarisme et du véganisme ici.
Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour du végétarisme et du véganisme ici.
Je me permets d'ajouter qu'il y a de nombreuses études scientifiques qui montrent que la sobriété en matière de nourriture augmente l'espérance de vie (en bonne santé) et que ce n'est pas nouveau.
RépondreSupprimer"« J’avais soin de ne jamais satisfaire mon estomac jusqu’à la satiété, et je sortais de table encore capable de manger et de boire. […] La nourriture que l’on s’abstient de prendre quand on a bien mangé profite plus que celle qu’on a déjà prise […] La sobriété dans la nourriture et la boisson rend les sens et la compréhension claire, la mémoire robuste, le corps vivant, les mouvements aisés, et l’âme, ressentant si peu le fardeau terrestre, fait l’expérience d’une grande part de sa liberté naturelle. […] Parvenu à ma 95ème année, Dieu soit loué, je me trouve toujours en bonne santé et heureux, satisfait et empli de joie. Et je ne cesserai jamais d’élever la voix, vous suppliant, mes amis, de réaliser que votre vie peut être pareille à la mienne. »
Luigi Cornaro. Discours sur la vie sobre, 1558.
https://www.franceinter.fr/emissions/sur-les-epaules-de-darwin/sur-les-epaules-de-darwin-07-octobre-2017
Surtout que les maux de ventre ont souvent une origine psychosomatique. Changer d'alimentation peut être perturbant pour l'organisme et avoir des répercussions d'ordre psychologiques qui à leurs tours peuvent générer les maux de ventre.
Je trouve beaucoup plus dangereux pour la santé (mentale) de s'exposer dans des vidéos Youtube que de devenir végétarien. Je pense aux phénomènes d'addiction (au fait d'être populaire) qui peuvent avoir des répercussions sur la santé physique.