matin
du premier jour —
dans
le poêle
quelques
braises de l’an passé
Hino
Sōjō (1901-1956)
Certains
attribuent cet haïku à Katō Gyōdai (1732-1792)
.
J'aime
ce haïku du premier jour de l'an qui garde la trace encore fumante
de l'année passée. Certains politiciens se plaisent à en appeler
la « rupture », à faire table rase d'un vieux monde qui
leur semble déjà trop ancien. Pourtant il reste toujours quelque
chose du passé dans nos vies. Le présent a pour semence notre
passé ; et ce présent est le terreau du futur qui vient à
grand pas et qui connaîtra son éclosion dans un nouveau présent.
Il me semble bon de s'en rappeler de temps en temps, particulièrement
un jour qui célèbre un nouveau départ, une nouvelle révolution
autour de notre Soleil.
Ces
jours-ci, j'ai vu passer à plusieurs reprises un photo parodique
d'extraterrestres qui se gaussent des êtres humains parce qu'il
célèbre le jour où leur planète a fait un tour autour de son
étoile. Certes, le Nouvel An n'est jamais rien d'autre que la
célébration bruyante et alcoolisée d'un trajet de notre planète
sur une orbite d'à peu près 940 millions de kilomètres. Ce n'est
que çà. En même temps, ce n'est pas rien. C'est quand même une
distance prodigieuse pour notre caillou. Beau parcours pour un
Éternel Retour. Surtout que du point de vue de la Nature vivante,
c'est là un nouveau tour dans le cycle des saisons. L'hiver en
Europe, l'été en Australie. On peut bien sûr railler la
fascination des peuples pour tous ces phénomènes cosmiques qui ont
chacun une explication prosaïque : une éclipse n'est jamais
que l'interposition de la lune dans le trajet de la lumière du
Soleil, les étoiles dans le ciel ne sont que les faibles lueurs qui
nous reviennent d'autres soleils après des trajets inimaginables,
les étoiles filantes ne sont que des bouts de rochers qui se
consument dans notre atmosphère. Pourtant ces explications ne leur
enlève rien à leur capacité de nous émerveiller quand on veut
bien lever nos yeux au ciel.
Le
Nouvel An n'est bien sûr qu'une date fixée de manière
conventionnelle. On pourrait tout aussi bien célébrer le 2 août ou
le 24 septembre, on pourrait également fêter aussi l'année
mercurienne de 88 jours, l'année martienne de 687 jours ou l'année
saturnienne tous les 29 ans. C'est pourtant l'occasion de se rendre
compte du temps qui passe et l'occasion de faire de bonnes
résolutions pour ce prochain tour de piste de notre planète. Pour
ma part, je souhaite que 2020 soit une année faste dans la pratique
de la méditation et du Dharma. J'ai terminé 2019 et commencé 2020
en méditation. Une méditation pas très paisible avec toutes les
détonations de pétards et l'éclat des feux d'artifices. Mais après
une bonne demi-heure de vacarmes et d'éclats lumineux, le calme est
revenu. Ce qui est une leçon : en méditation, ce qui nous
trouble finit toujours par s'apaiser, s'estomper ou disparaître.
Je
souhaite donc une excellente année 2020 à tout le monde. Beaucoup
de bonheur, beaucoup de joie, beaucoup d'amitié, beaucoup
d'entraide, beaucoup de solidarité, beaucoup de paix et beaucoup
d'émerveillement.
"Lever de Terre" La Terre vue à partir de l'orbite de la Lune Photo de l'astronaute William Anders en 1968 (mission Apollo VIII) |
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La Terre vue de la Station Spatiale Internationale |
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