Par les soirs bleus d’été,
j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe
menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes
pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne
penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans
l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par
la Nature, – heureux comme avec une femme.
Arthur Rimbaud – Cahier de Douai. Mars 1870
Ce qui frappe tout de suite dans ce poème d'Arthur Rimbaud, c'est la contemplation, la spontanéité et la légèreté. Aucune gravité, aucune austérité, et pourtant une incroyable spiritualité qui se dégage. La force du texte est en outre de ramasser en quelques mots les sensations d'une balade un soir d'été, de nous les faire sentir justement et faire sentir cet amour infini qui nous envahit et nous ouvre au monde.
Il y a aussi dans ce poème de flagrants rapprochements avec la méditation : prêter attention aux sensations les plus minimes et en apparence insignifiantes de la vie quotidienne, sentir le poids qui s'exerce sur la plante de nos pieds et sentir l'air qui caresse nos cheveux. Se laisser aller à la contemplation de toutes ces choses simples que nous touchons et nous effleurons, et puis baigner dans le silence des paroles, mais aussi des pensées. Laisser l'amour infini monter en nous et rayonner dans toutes les directions, au-delà des frontières et de toutes les limitations que le mental peut tracer. Laisser cet amour infini nous accompagner dans la joie.
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