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dimanche 26 mars 2017

Nano-bonhomme et baleine cosmique




Notes sur les dialogues du cerveau


3ème partie







Je voudrais m'arrêter sur « Cerveau & Méditation » l'ouvrage de dialogue entre le moine bouddhiste Matthieu Ricard et le neurobiologiste Wolf Singer. Je voudrais ici rédiger dans ces notes les quelques commentaires épars que m'inspire ce livre.





Wolf Singer


    La vie s'est développée dans une dimension du monde extrêmement étroite : l'échelle mésoscopique. Les plus petits organismes, qui ne mesurent que quelques microns et sont capables de maintenir de façon autonome leur intégrité structurelle et de se reproduire, sont constitués d'un assemblage de molécules interagissant entre elles et recouvertes par une membrane. La bactérie est l'un des exemples de ces micro-organismes. Les organismes multicellulaires, les plantes et les animaux, atteignent des tailles qui se mesurent en mètres. Tous ces organismes ont développé des récepteurs sensoriels qui captent les signaux essentiels à leur survie et à leur reproduction. Par conséquent, ces récepteurs ne sont sensibles qu'à une gamme de signaux extrêmement réduite.

mercredi 22 mars 2017

Choses qui ne font que passer





Choses qui ne font que passer
Un bateau dont la voile est hissée.
L'âge des gens.
Le printemps, l'été, l'automne et l'hiver.


Sei Shōnagon, Notes de Chevet.











     Sei Shōnagon (清少納言) était une femme de lettre japonaise qui a vécu au Xème et XIème siècle de notre ère, durant la dynastie Heian. On lui doit des courts poèmes où elle inventorie les choses de l'existence avec grâce et délicatesse. Dans les choses qui ne font que passer, elle inventorie ce glissement de l'être, l'impermanence de toutes choses. Les bateaux qui font voile pour le départ. La succession des années et la succession des saisons. Le mouvement des humains sur la Terre, le glissement dans le temps des êtres humains, qui fait les rides et les cheveux blancs, et le perpétuel mouvement de la Nature qui rejoue sans cesse la partition de la vie et de la mort. Parfois, on gagne à être le spectateur qui prend un peu de recul pour contempler le mouvement du monde, le devenir des êtres et des choses. Le spectateur qui, en silence, laisse passer le monde, les êtres et les choses, et qui ne s'y attache pas. Et ce laisser-être, ce laisser-passer est comme l'expression de sa bienveillance envers le monde.

       Printemps, été, automne et hiver, revenir à la présence au monde.









Sei Shōnagon 








Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour de la philosophie bouddhique ici.


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Shibata Zeshin 柴田 是真 (1807-1891)








mardi 21 mars 2017

L'impossible localisation du soi



Notes sur les dialogues du cerveau


2ème partie




   Je voudrais m'arrêter sur « Cerveau & Méditation » l'ouvrage de dialogue entre le moine bouddhiste Matthieu Ricard et le neurobiologiste Wolf Singer. Je voudrais ici rédiger dans ces notes les quelques commentaires épars que m'inspire ce livre.





Matthieu Ricard

    Tu m'as dit une fois que la structure et le mode de fonctionnement du cerveau sont davantage en accord avec l'idée orientale du soi – une construction mentale résultant de nombreux facteurs interdépendants – qu'avec l'idée occidentale d'un poste de commandement central et bien déterminé.


Wolf Singer

        Il existe, de fait, une disparité frappante entre l'intuition occidentale de l'organisation du cerveau et les preuves scientifiques. La plupart des conceptions philosophiques occidentales affirment que le cerveau a un centre spécifique qui serait le lieu où convergeraient tous les signaux sensoriels afin d'y être interprétés de manière cohérente. Dans ce lieu, les décisions seraient prises, les plans élaborés et les réponses programmées. Et, en fin de compte, ce lieu central serait le siège du soi autonome doté d'une intentionnalité.

    Par opposition à cette intuition qui a dominé les philosophies occidentales et les systèmes de croyance et nourri le concept du dualisme ontologique, la preuve neurobiologique a dressé un tableau radicalement différent. Il n'y a pas de centre cartésien dans le cerveau. Nous sommes en présence d'un système hautement diversifié, composé d'une multitude d'ensembles interconnectés fonctionnant en parallèle, chaque ensemble étant associé à des fonctions cognitives ou exécutives spécifiques.

           Ces sous-ensembles coopèrent selon des configurations qui ne cessent de changer en fonction des tâches à accomplir. Cette coordination dynamique s'effectuent grâce à des interactions s'organisant d'elles-mêmes à l'intérieur des réseaux neuronaux, et non sous la direction d'un centre de commandement supérieur qui orchestrerait ces processus de façon verticale, ce que nous appelons un mode de causalité « descendante ». Ces processus, diversifiés et coordonnés, engendrent des schémas d'activité spatio-temporels extrêmement complexes, corrélats des perceptions, décisions, pensées, plans, sentiments, croyances, intentions, etc...



Matthieu Ricard

      Si un tel poste de commandement central n'existe pas, d'où vient l'idée que l'on serait doté d'un soi unitaire et en quoi ce soi serait-il utile en termes d'évolution ?



Wolf Singer

        Cette question est étroitement liée à une autre : pourquoi avons-nous l'impression que notre libre-arbitre n'est pas assujetti aux lois naturelles, alors que nous savons que nos décisions sont la conséquence d'interactions neuronales qui, elles, obéissent aux lois naturelles ? Il y a, bien entendu, du « bruit », c'est-à-dire des facteurs de perturbation, dans ce système complexe, mais on peut dire qu'en général il fonctionne selon les lois de la causalité.

        Et heureusement qu'il en va ainsi, sinon ce système ne pourrait pas s'adapter au monde, faire des prédictions « correctes », pas plus qu'il ne pourrait réagir aux situations fluctuantes auxquelles les organismes doivent faire face pour survivre. Le problème est le suivant : aucune faculté sensorielle ne nous permet de détecter les processus à l’œuvre dans notre cerveau, processus qui se situent en amont de nos perceptions, de nos décisions et de nos actions. Nous sommes seulement conscients des conséquences de ces processus neuronaux auxquels nous ne pouvons accéder.

         Nous avons le même problème quand nous essayons de trouver un agent intérieur, ou un observateur, que nous associons au moi. Nous percevons l'autre comme un agent doté d'une singularité et d'une volonté propres et nous nous attribuons ces mêmes caractéristiques, sans avoir conscience de nos processus neuronaux sous-jacents. En fait, l'intuition suggère que notre soi, ou notre esprit, est, d'une certaine façon, à l'origine de nos pensées, de nos plans et de nos actes. Seule l'exploration neuroscientifique révèle qu'il n'y a aucune localisation spécifique dans le cerveau qui serait le siège de cet agent volontaire. Nous ne pouvons observer que les états dynamiques d'un réseau extrêmement complexe de neurones étroitement connectés qui se manifestent dans des comportements observables et des expériences subjectives.


Matthieu Ricard & Wolf Singer, « Cerveau & Méditation », éd. Allary, Paris, 2017, pp. 286-289.










Chelsea Flower Show à Londres






      Voilà un passage très intéressant de « Cerveau & Méditation » en relation avec la notion bouddhiste du non-soi de la personne. Quand on pense à son « soi », à son « moi », on pense à une entité mentale qui centralise toutes nos perceptions du monde et qui est l'impulsion première de toutes nos décisions, de nos choix et de nos actions. Il serait logique de de penser qu'à cette conviction subjective qu'il y a là un « moi » corresponde un région définie du cerveau qui produirait ce « moi ». Mais il n'en est rien. Tout ce qui constitue le « moi » se trouve dans des régions disparates. De la même façon qu'un orchestre composé d'une multitudes de musiciens, des tambours, des cuivres, des instruments à cordes, peut interpréter une symphonie, les différentes aires du cerveau s'accordent pour jouer la partition du « moi », mais le moi lui-même n'est pas localisable dans aucune des parties du cerveau. Et encore cette analogie avec un orchestre a ses limites puisque le cerveau n'a pas de chef d'orchestre qui viendrait réguler l'interprétation de la partition.

       Le « moi » du point de vue des neurosciences n'est qu'une construction mentale qui vient après que toutes les aires du cerveau (aires de la perception, aires motrices, aires du langage, aires des émotions, aires des décisions, etc...) se soient coordonnées pour former l'idée d'un « moi » cohérent confronté au monde naturel. Cela s'accorde avec l'analyse bouddhiste du « moi » qui distingue chacune de ses parties constituantes et montre que ce « moi » n'est qu'une idée, sans substance réelle. Comme le dit le moine Nāgasena : « C’est en relation avec les cheveux, les poils, les ongles, ou bien encore avec les dents, la peau, la chair, les  tendons, les os, la moelle, les reins, le cœur, le foie, la plèvre, la rate, les poumons, les entrailles, les intestins, l’estomac, les excréments, la bile, le phlegme, le pus, le sang, la sueur, la graisse, les larmes, le sébum, la salive, la morve, la synovie, l’urine, la cervelle qui est dans le crâne, mais aussi avec la forme, la sensation, la perception, la formation mentale, la conscience qu’a cours ce simple nom : Nâgasena. En vérité absolue, aucune personne ne s’y trouve.

Ô roi, la nonne Vajira disait ceci au Bienheureux :
De même que l’on dit « char » en vertu d’un assemblage d’éléments,
De même, là où se trouvent les agrégats d’appropriation, on s’accorde à dire « êtres vivants ».

      Le « moi » n'est pas localisable dans le corps, ni dans aucune partie du corps, ni dans aucun agrégat de l'expérience, ni dans les différents moments de consciences sensorielles qui se succèdent les unes aux autres, ni dans aucune aire du cerveau. De la même façon qu'on ne trouve pas une voiture dans les pièces de la voiture, et la voiture n'existe pas indépendamment des pièces qui la compose, avant que d'être assemblées. Le moi comme la voiture (ou le char pour reprendre l'exemple plus antique de Nāgasena) ne sont que des entités relatives : elles n'existent pas de manière ultime, par elles-mêmes. Au niveau cérébral, le « moi » a besoin d'être assemblé et construit par un échange d'interactions complexes, sans quoi il n'apparaît pas à la conscience.

     Mais Wolf Singer insiste sur le fait que nos facultés sensorielles ne nous font pas percevoir ces processus neuronaux à l’œuvre à chaque instant de notre vie mentale. On perçoit le résultat final : le fait que « je » suis conscient du monde qui m'entoure ; mais je ne perçois pas comment les neurones ont élaboré cette vision du monde et ce sentiment d'être « moi ». Nous sommes aveugles à cela. Par ailleurs, quand nous regardons les autres, nous avons l'impression qu'ils sont, comme le dit Wolf Singer, des agents dotés de leur singularité propre et mus par une volonté propre. Et par un effet de miroir, nous nous attribuons les mêmes caractéristique : une singularité propre, notre « moi » à nul autre pareil avec une volonté propre et une certaine envie de faire les choses. Ce « moi » pense qu'il influe sur le monde naturel, alors que c'est le monde naturel au travers du cerveau qui influe sur lui, puisque le cerveau n'est jamais qu'un organe naturel, produit de la longue évolution des espèces.

        Ce qui en soi est une bonne chose, puisque cela permet au cerveau d'être en phase avec le monde naturel et de réagir adéquate par rapport à lui. Comme le dit Wolf Singer : « Heureusement qu'il en va ainsi, sinon ce système ne pourrait pas s'adapter au monde, faire des prédictions « correctes », pas plus qu'il ne pourrait réagir aux situations fluctuantes auxquelles les organismes doivent faire face pour survivre ». Ces processus neuronaux qui se cachent derrière une porte fermée à la conscience sont en même temps une ouverture sur le monde. Le cerveau est une entité en constante interdépendance avec le monde, et la beauté de son fonctionnement réside dans l'absence d'un soi indépendant et clos sur lui-même.

       Pour Wolf Singer : « Seule l'exploration neuroscientifique révèle qu'il n'y a aucune localisation spécifique dans le cerveau qui serait le siège de cet agent volontaire. Nous ne pouvons observer que les états dynamiques d'un réseau extrêmement complexe de neurones étroitement connectés qui se manifestent dans des comportements observables et des expériences subjectives ». Les neuroscientifiques voient à travers leurs machines et leurs appareillages l'activité dynamique des neurones, mais le méditant peut voir, lui, l'évolution dynamique de cette création mentale qu'est le « moi ». Tantôt le moi est le corps, tantôt le moi possède le corps et se différencie de lui. Tantôt le moi est la pensée, tantôt il a des idées et des pensées, ou encore est traversé par des pensées et des émotions, et donc se différencie de ces pensées, de ces idées et de ces émotions. Tantôt le moi est euphorique et voit le monde en rose, tantôt il est déprimé et repeint la vie en noir. Tantôt il s'affirme prétentieusement et se gonfle comme une baudruche, tantôt il se dénigre et se dit : « je ne vaux rien ». La méditation ne consiste pas à abolir ce « moi », mais plutôt à prendre conscience de la fiction qu'est ce « moi », à voir finement d'instant en instant comment ce « moi » se fait et se défait au gré des perceptions et des réactions qui se produisent dans le flux de la vie.


















Notes sur les dialogues du cerveau:

1ère partie: Les illusions de la perception






Voir aussi :


- La déconstruction du moi par Nâgasena



- Illusion du sujet connaissant et son commentaire



- Feuille de papier (Thich Nhat Hanh)













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samedi 18 mars 2017

Wirathu réduit au silence



    J'avais parlé du moine Wirathu dans un précédent article sur la Birmanie. Ce moine bouddhiste ne cesse de prêcher la haine à l'égard des musulmans, et notamment les membres de la minorité ethnique Rohingya. En Birmanie, son influence est énorme. Cela contribue à compliquer une situation ethnique déjà extrêmement compliquée pour les Rohyngyas et les autres minorités éthniques. Dans cet article, j'avais déjà dit à quel point le discours d'U Wirathu était contraire au message fondamental du Bouddha. Là où il devrait prôner l'amour et la réconciliation, Wirathu prône la haine et la discorde. Lui-même en prend pas part aux émeutes et aux affrontements inter-confessionnels ; mais sa rhétorique haineuse inspire la violence et le racisme à de nombreux Birmans.



Le moine Ashin Wirathu




      Jusqu'à présent, Wirathu semblait intouchable. La bonne nouvelle est que les choses ont changé en Birmanie. J'ai lu dans un article récent de Libération daté du 13 mars 20171 que le moine Wirathu avait enfin été contraint au silence par les hauts responsables de la Sangha birmane, le Maha Nayaka. Il est interdit à Ashin Wirathu de « se livrer à des sermons à travers la Birmanie jusqu’au 9 mars 2018», car il a «multiplié les discours de haine contre les religions afin de provoquer des conflits locaux et entraver les efforts pour maintenir l’État de droit». Un an de silence forcé et de désaveu de la part des autorités bouddhistes, voilà au moins à titre temporaire une bonne chose pour le pays.

      Il est néanmoins triste de constater que cette interdiction vient après l'assassinat d'un avocat musulman et défenseur des droits de l'homme, Ko Ni. Ko Ni était par ailleurs proche d'Aung San Suu Kii. L'assassinat a eu lieu alors que Ko Ni revenait avec une délégation gouvernementale d’une mission en Indonésie pour discuter avec les intervenants de la région des tensions religieuses dans l’État Rakhine ou Arakan (dans l'ouest de la Birmanie), la région où se situe les heurts et les épurations ethniques à l'encontre des Rohingyas2




L'avocat Ko Ni, défenseur des droits de l'Homme en Birmanie





      Le moine Wirathu n'a rien trouvé de mieux que de féliciter les assassins de Ko Ni. Sur sa page Facebook, U Wirathu a déclaré voir dans cette mise à mort un « avertissement à tous ceux qui veulent modifier la constitution » en cherchant à supprimer «la nécessaire représentation des militaires au sein du Parlement ». (Il est probable que les militaires soutiennent Wirathu et son mouvement ultranationaliste 969 en sous-main afin d'affaiblir la position de la Ligue Nationale pour la Démocratie d'Aung San Suu Kii qui n'est rien qu'une traîtresse qui pactisent avec les musulmans aux yeux de Wirathu, alors même que le monde entier lui reproche amèrement son peu d'empressement à venir en aide aux Rohingyas). Comme si cela ne suffisait pas, Wirathu s'est aussi dit « soulagé pour l’avenir du bouddhisme dans mon pays» après ce meurtre de sang froid.

    C'est certainement la provocation de trop. Faire ouvertement l'apologie du meurtre et de l'assassinat est un trop grand écart par rapport à la doctrine du Bouddha, surtout que l'émotion en faveur de Ko Ni est forte dans le pays. La Sangha birmane a donc estimé qu'il fallait provisoirement faire taire Wirathu. Ce dernier s'est d'ailleurs rendu à une cérémonie publique dans la ville de Mandalay avec un ruban adhésif collé sur la bouche. Il est difficile de dire si Wirathu va respecter cette interdiction de prise de parole, et si la Sangha va rester unanime contre lui. On peut craindre un retournement de situation. Néanmoins, le simple fait que la Sangha birmane prenne position contre les dérives haineuses d'Ashin Wirathu est en soi un excellent signal. Enfin, un message clair est prononcé à son égard. Cela ne résout pas tous les problèmes de la Birmanie, qui sont nombreux, mais cela ouvre des perspectives pour l'apaisement et la réconciliation.






Paix et sérénité pour la Birmanie.








1 Arnaud Vaulerin, « En Birmanie, un prédicateur bouddhiste islamophobe interdit de sermon », Libération, 13 mars 2017.

2Guillaume Reuge, « Un conseiller musulman d'Aung San Suu Kyi assassiné », Libération, 30 janvier 2017.







Birmanie - Steve McCurry 






Sur la Birmanie, voir aussi : 










Sur la situation de la communauté musulmane Rohingya, voir notamment sur le site d'Arte : « La malédiction des Rohingyas »




Voir aussi le site Info-Birmanie et sa page Facebook pour de plus amples informations sur la situation politique du pays.








Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour de la philosophie bouddhique ici.


Voir toutes les citations du "Reflet de la Lune" ici.




mercredi 15 mars 2017

Commentaire au Soûtra des Kālāmas




Commentaire au Soûtra des Kalamas








      Le Soûtra des Kālāmas est un texte important, car c'est là que se manifeste de la façon la plus éclatante l'absence de dogmatisme du Bouddha et sa confiance dans le libre-arbitre raisonné des hommes. L'occasion dans laquelle le Bienheureux va pouvoir donner cet enseignement est importante, car cela se passe dans un bourg de l'Inde antique qui se trouve sur une route très fréquentée où de nombreuses ascètes errants et d'érudits font une halte. Le peuple des Kālāmas se voit donc souvent visité par toutes sortes de prêcheurs et d'érudits qui exposent leurs thèses métaphysiques. Or très souvent ces thèses s'opposent entre elles.

lundi 6 mars 2017

Soûtra des Kālāmas





Kālāma Sutta

Le Soûtra des Kālāmas




Voir le commentaire de ce soûtra ici.



    Ainsi ai-je entendu:

    Une fois, le Bouddha, en voyageant dans le pays de Kosala, avec un grand groupe de disciples, arriva dans une ville appelée Kesaputta. Les Kālāmas, habitants de Kesaputta, apprirent que : « L'ascète1 Gotama, fils des Sakyas, ayant abandonné sa famille des Sakyas et quitté son foyer pour entrer dans la vie sans foyer, voyageant dans le pays de Kosala, était parvenu à Kesaputta ». Or, une bonne réputation se propageait à propos de ce Gotama en ces termes :

dimanche 5 mars 2017

Les illusions de la perception



Notes sur les dialogues du cerveau


Première partie






    Je voudrais m'arrêter sur « Cerveau & Méditation » l'ouvrage de dialogue entre le moine bouddhiste Matthieu Ricard et le neurobiologiste Wolf Singer. Je voudrais ici rédiger dans ces notes les quelques commentaires épars que m'inspire ce livre.


mercredi 1 mars 2017

Je meurs sans haine




L'affiche rouge



Vous n'avez réclamé ni la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE

Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand


Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan


Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le cœur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant


Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant


Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes

Louis Aragon, 1956.







"L'Affiche Rouge" de Louis Aragon, interprété par Léo Ferré :