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dimanche 25 janvier 2015

La parabole des hérissons



        Par une froide journée d'hiver, un troupeau de hérissons s'était mis en groupe serré pour se protéger contre le froid et la gelée grâce à la chaleur de leur propre corps.

      Mais tout aussitôt ils ressentirent des douleurs à cause de leurs piquants, ce qui les fit s'éloigner les uns des autres. Mais là, ils se retrouvèrent seuls à souffrir du froid.

      Quand le besoin de se chauffer les eut rapprochés de nouveau, le même inconvénient se renouvela, de façon qu'ils étaient ballotés de ça de là entre deux souffrances, jusqu'à ce qu'ils eussent fini par trouver une distance moyenne qui leur rendît la situation supportable.

        Ainsi, le besoin de société pousse les hommes les uns vers les autres ; mais leur nature méchante et leurs insupportables défauts les dispersent de nouveau. La distance moyenne qu'ils finissent par découvrir et à laquelle la vie en commun devient possible, c'est la politesse et les bonnes manières[1].






Il neige sur Liège




Il neige il neige sur Liège
Et la neige sur Liège pour neiger met des gants
Il neige il neige sur Liège
Croissant noir de la Meuse sur le front d'un clown blanc
Il est brisé le cri
Des heures et des oiseaux
Des enfants à cerceaux
Et du noir et du gris
Il neige il neige sur Liège
Que le fleuve traverse sans bruit

vendredi 23 janvier 2015

J'habite dans une forêt profonde

J'habite dans une forêt profonde
d'année en année poussent les lianes vertes
en outre nulle affaire des hommes ne vient me harceler
de temps à autre j'entends un bûcheron chanter
au soleil je rapièce ma bure de moine
sous la lune je récite des vers bouddhiques
j'aimerais dire à ceux qui pratique la Voie,
pour se contenter on n'a pas besoin de beaucoup

Ryôkan

jeudi 15 janvier 2015

Sur mon portrait

Sur mon portrait

Le lac froid sur mille lieues détrempe la teinte du ciel.
Soir paisible : un poisson aux écailles chatoyantes
Plonge jusqu'au fond et puis va
Et vient ici et là ; la flèche envenime la plaie.
Sans fin, la surface de l'eau lustre l'éclat de la lune.


Dôgen Zenji (1200-1253), Poèmes chinois de l'Eihei Kôroku.




dimanche 11 janvier 2015

Penser l’homme et l’animal au sein de la Nature - 1ère partie

Penser l’homme et l’animal au sein de la Nature





            Yves Bonnardel et David Olivier sont deux penseurs importants dans la cause de la libération animale et la mouvance antispéciste. Tous les deux ont été les chevilles ouvrières des Cahiers Antispécistes qui est la revue en pointe concernant la réflexion philosophique et politique tournant autour de la question animale. Dans le cadre de cette réflexion engagée pour faire avancer l’antispécisme, David Olivier et Yves Bonnardel en sont venus à attaquer ce qu’ils appellent « l’idée de Nature ». Selon eux, cette idée de Nature est un obstacle au progrès de l’idée antispéciste en ce qu’elle implique nécessairement un ordre hiérarchique au sein de la Nature. Et cet ordre justifie forcément l’inégalité et l’injustice ainsi que des relations de domination et de soumission entre les êtres sensibles et conscients qui évoluent au sein de cette Nature. Cela fait longtemps qu’un ami antispéciste m’a demandé de me pencher sur cette question et sur ce traitement de l’idée de Nature chez David Olivier et Yves Bonnardel, ce à quoi je vais m’atteler maintenant.

Penser l’homme et l’animal au sein de la Nature - 2ème partie

1ère partie - 2ème partie - 3ème partie - 4ème partie - 5ème partie - 6ème partie - 7ème partie 


            Mais tout d’abord, attaquons-nous au concept de Nature comme « ordre naturel » qui justifie les inégalités et les injustices entre les êtres sensibles. On a en effet longtemps cru qu’il y avait un ordre intrinsèque dans la Nature : Dieu tout au-dessus, les anges, les hommes, les animaux, les plantes et les minéraux. Et cet ordre implique aussi des hiérarchies entre les animaux. Le lion, par exemple, est régulièrement dénommé « roi des animaux », en sa qualité de position haute dans la chaîne alimentaire.  Pareillement, cette conception de la Nature a longtemps une hiérarchie entre les hommes : les Africains ont longtemps été vu comme des êtres inférieurs de par leur nature plus grossière et primitive, les Noirs étaient à mi-chemin entre l’humanité et l’animalité ; et cela a justifié le racisme, l’idée que certains hommes sont naturellement moins évolués que d’autres. Et cela a justifié les pires ségrégations à l’égard de la population africaine ainsi que les atrocités de l’esclavage.

Penser l’homme et l’animal au sein de la Nature - 3ème partie

1ère partie - 2ème partie - 3ème partie - 4ème partie - 5ème partie - 6ème partie - 7ème partie 


         Voilà donc : je me rallie à David Olivier et Yves Bonnardel sur ce point du refus de l’idée de Nature comme un ordre hiérarchique émanant d’elle-même, la Nature, ou émanant de Dieu, ordre qui imposerait une conduite et une attitude aux êtres humains (« il est naturel d’agir ainsi », « tel acte est contre-nature ; donc il faut l’éviter à tout prix »), ordre qui assignerait une place déterminée aux êtres sensibles (à la tête de la société pour les hommes blancs de classe supérieure, au foyer pour les femmes, dans le champ ou dans la mine pour l’esclave, dans l’enclos ou à l’abattoir pour les animaux). La Nature n’est pas un ordre immuable et parfait ; ce sont les hommes qui interprètent de manière intéressée la Nature pour fonder un ordre social déterminé uniquement par des consciences humaines.


Penser l’homme et l’animal au sein de la Nature - 4ème partie

Si j’adhère à la critique d’idée de Nature comme ordre naturel, je serais nettement plus sceptique quand Bonnardel et Olivier attaquent l’idée de Nature comme harmonie et attaquent par là-même une certaine vision écologique du monde. Que disent-ils ? Dans le texte  d’Yves Bonnardel (d’après un texte d’Estiva Reus) « Pour en finir avec l’idée de nature (renouer avec l’éthique et la politique) », on peut lire ce passage que je cite in extenso :

Penser l’homme et l’animal au sein de la Nature - 5ème partie

1ère partie - 2ème partie - 3ème partie - 4ème partie - 5ème partie - 6ème partie - 7ème partie 



          Mon propos, ici, n’est pas de faire l’apologie de Schelling contre Kant ou vice-versa, mais de replacer le présent débat dans une Histoire des idées philosophiques, qui influence les termes de ce débat. Selon moi, Yves Bonnardel et David Olivier s’arrêtent aux Lumières : la Nature n’a pas à être dotée d’aucune transcendance, elle n’a pas de caractère sacré, elle n’est pas un Tout ou une entité avec un statut particulier. Il vaudrait même mieux parler de « réalité », parce que le mot « réalité » n’est pas connoté avec des jugements de valeur ou des appréciations subjectives. Le mot « réalité » est neutre et suffisant pour décrire le monde environnant, tandis le mot « Nature » est flou et tend à nourrir une mystique que la Raison triomphante réprouve.

            Sans nier la difficulté et sans reprendre à mon compte de manière dogmatique la pensée de Schelling ou de tout autre philosophe romantique, je pense pourtant que la Nature dépasse la seule agglomération des atomes et des molécules qui la composent. Je pense que la Nature n’est pas un simple objet, mais que l’on peut établir une relation avec elle, une relation complexe et subtile qui ne se réduit pas à des propositions simples comme : « La Nature, c’est l’enfer. Tout le monde bouffe tout le monde » ou « Notre Mère, la Terre, est la source de toute félicité en cette vie ».

La Nature est insaisissable ; elle échappe à toutes nos catégorisations. Comme le disait Héraclite : « La nature aime à se cacher ». Il y a certainement un travail philosophique à entreprendre pour repenser la Nature. Œuvrer à nouveau à une « philosophie de la Nature ». Jusqu’au XVIIIème siècle, la philosophie de la Nature n’était autre que ce qu’on appelle aujourd’hui la science. Ainsi au XVIIème siècle, Galilée et Newton étaient considérés comme des philosophes de la Nature. Le terme « scientifique » n’est apparu qu’au XIXème siècle. Ce sont les romantiques qui ont commencé à faire une distinction entre la philosophie naturelle (c’est-à-dire la science) et la philosophie de la Nature. La philosophie naturelle pense la Nature comme objet là où la philosophie de la Nature pense la Nature comme sujet. C’est cela qu’il faut repenser, pas seulement pour assouvir notre soif métaphysique, mais aussi et surtout pour retrouver une relation plus harmonieuse et apaisée avec la Nature que la société industrielle détruit impitoyablement. Tout miser sur les éoliennes et les panneaux solaires n’a aucun sens pour nous sortir du réchauffement climatique et freiner l’effondrement de la biodiversité, si nous ne changeons pas notre rapport à la Nature, si nous ne consommons pas moins les ressources naturelles et si nous n'arrêtons pas cette guerre effrénée que nous avons lancé contre la Nature. Une autre relation avec la Nature est à redessiner. D’urgence.


*****


Photo de Kobi Refaeli



            Ma relation à la Nature est surtout le fait de mes ballades et  de mes errances au sein de la Nature, mais aussi la saveur si particulière de la méditation au sein de la Nature. Savoir apprécier le silence bruissant de la Nature, voilà que les gens abreuvés d’objets technologiques ne savent plus faire. Ma mère me demandait un jour pourquoi j’avais abandonné les écouteurs quand je marchais dans la rue, écouteurs qui ne me quittaient pas quand j’étais adolescent. La réponse est simple : il y a tellement de choses à apprécier dans l’ici et maintenant pour qui sait apprécier la Nature, le bruit du feuillage dans le vent, les nuages, les merveilleux nuages, comme disait Baudelaire, et la luminosité à travers ces nuages ou ces feuillages. Tant de choses simples et insignifiantes, mais qui valent infiniment plus qu’un iPhone ou une tablette. La nature donne à tout le monde et en tout lieu. Il suffit de cueillir le jour comme disait Horace (Carpe Diem) ; même si le mot « suffit » peut sembler tellement cela demande d’exercices spirituels pour savoir cueillir cette simplicité. Même en ville, la nature est présente. J’habite dans une ville industrielle moribonde avec ses hauts-fourneaux délabrés et agonisants. Même là, la Nature est présente dans des chemins à l’écart, entre les pavés des rues, et l’eau de javel ou le Round-up ready n’y peuvent rien ! J’habitais auparavant dans un appartement qui donnait sur un immeuble. Sur le toit de cette immeuble, en haut de la cheminée, avait poussé un arbrisseau en creusant dans la pierre, au point de faire exploser cette pierre et de menacer les passants dans la rue qui passait inconcients du danger en contrebas. Le propriétaire de l’immeuble n’était pas tracassé par la situation ; pourtant, la cheminée menaçait d’éclater. Finalement, c’est une bourrasque de vent lors d’une tempête qui est venu à bout de l’arbrisseau !       



Oeuvre de Roadsworth à Montreal


Là où je suis complètement en porte-à-faux avec Yves Bonnardel, c’est quand il dit dans le passage que j’ai déjà cité plus haut : « Cette mystique se porte bien (…) Si certains communient dans les associations de « protection de la Nature » ou les magasins « bios » (et excommunient les médicaments, les pilules, la chimie et le béton...), bien plus nombreux sont les croyants non pratiquants ». Il est vrai qu’une certaine idée culturellement valorisée de la Nature est répandue : la Terre-Mère, « les produits naturels bon pour la santé »  dans les publicités de yaourt, et j’en passe. Mais cette mystique en elle-même se porte mal. La mystique de la Nature se porte globalement mal. Tout le monde passe le plus clair de son temps libre devant la télévision ou son écran d’ordinateur. La Nature pour la plupart des gens, c’est justement ce qui figure sur le fond d’écran de son ordinateur. Vous savez le champ fleuri ou le grand canyon… Mais entre le boulot, les trajets en voiture ou en métro et notre lobotomie quotidienne devant les écrans plasmas, il ne reste plus beaucoup de temps pour apprécier la Nature.


J’ai travaillé dans une école qui avait la particularité de se trouver à côté d’une forêt. J’étais regardé comme un excentrique simplement parce que j’allais me balader dans le bois pour décompresser entre les cours ! Mes élèves étaient d’ailleurs convaincus que, si je me rendais si souvent dans les bois, c’était pour aller fumer des joints. La seule utilité d’une forêt à leurs yeux, c’était de pouvoir s’y cacher derrière un buisson pour y consommer tranquillement des substances illicites. Cela me rendait triste, non pas parce qu’ils répandaient des rumeurs fallacieuses sur mon compte, mais parce qu’ils ne voyaient absolument pas le potentiel d’apaisement et de bien-être que peut procurer une balade en forêt. Les Japonais parlent de prendre des « bains de forêt ». C’est assez saisissant comme image car on est vraiment purifié tant de la pollution que de l’agitation et le stress de la vie en société. Mais ça, mes étudiants ne le percevaient absolument pas ! Non vraiment, monsieur Bonnardel, la mystique de la Nature se porte mal ! Une certaine idée de la Nature peut encore éventuellement avoir une aura positive ; mais sinon la Nature pour la plupart des gens se borne au fond d’écran de leur ordinateur ! 



Lire la suite : 6ème partie




Photo de Laurent Del Fabbro et Bruno Gros


1ère partie - 2ème partie - 3ème partie - 4ème partie - 5ème partie - 6ème partie - 7ème partie 



Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour de la libération animale ici..

Penser l’homme et l’animal au sein de la Nature - 6ème partie

1ère partie - 2ème partie - 3ème partie - 4ème partie - 5ème partie - 6ème partie - 7ème partie  


      Comme je l’ai déjà dit, mon rapport à la Nature s’exprime essentiellement dans les balades et la méditation bouddhiste que j’aime particulièrement pratiquer dans la Nature. Méditer dans la nature est quelque chose d’extraordinaire et d’essentiel. N’oublions pas que le Bouddha a atteint l’Éveil sous un arbre. Il m’apparaît intéressant à ce point qu’éclairer la relation de la philosophie bouddhiste à la Nature. Il me faut commencer tout de suite par dire que cette question n’est pas simple et univoque. Il faut évoquer l’histoire des différentes écoles bouddhistes pour s’y retrouver car des différences sensibles se font sentir.


Photo de Camil Tulcan



Penser l’homme et l’animal au sein de la Nature - 7ème partie

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En guise de conclusion forcément incomplète...

            La question était de répondre à l’objection de David Olivier et Yves Bonnardel qui ne voient aucune harmonie dans la Nature, aucun équilibre, aucune valeur ajoutée. On pourrait rappeler ce passage que j’ai déjà cité plus haut : « Pour notre part, nous ne voyons dans la nature (la réalité) ni harmonie, ni modèle à suivre, ni source de châtiments utiles ou mérités : on pourrait détailler « ses » méfaits envers les humains ou les autres animaux ». Pour reprendre l’expression du poète anglais Alfred Tennison : « Nature, red with teeth and claws », la nature rouge de ses crocs et des griffes. Le réalisateur allemand Werner Herzog avait réalisé « Grizzly Man », un documentaire troublant et fascinant sur un défenseur acharné des grizzlis, Timothy Treadwell, et qui est mort dévoré par un de ces grizzlis qu’il chérissait plus que tout au monde ; et Herzog conclut son documentaire en disant que, selon lui, Treadwell avait la naïveté de ne voir dans la Nature qu’un système harmonieux alors que, toujours selon lui, le dénominateur commun de l’univers n’est pas l’harmonie , mais le chaos, l’hostilité et le meurtre. 

            J’ai essayé de montrer que cette vision d’une Nature comme étant cruelle et chaotique n’était pas la seule, même si on ne peut pas non plus la réfuter a priori. Ma position donc pourra sembler ambigüe : je me contente de montrer que l’on peut penser autrement, mais je n’affirme pas une position claire et définitive sur le sujet. C’est que pour moi la Nature est dynamisme, en constante évolution, création et destruction intimement imbriquée. On ne peut se sortir de ce débat avec l’une ou l’autre position simple et dogmatique :
  •         soit la Nature est mauvaise, il faut tout faire pour s’en arracher le plus vite possible et créer un monde artificiel où l’on sera délivré de la mort et de la souffrance ;
  •          soit la Nature comme harmonie radieuse où tout est beau et édénique.

vendredi 9 janvier 2015

Au pied de la montagne émeraude

j'habite au pied du mont Kugami
la porte ouvre sur la montagne d'émeraude
si la solitude ne te rebute pas,
viens donc frapper à ma porte au milieu de la forêt

Ryôkan





















jeudi 8 janvier 2015

La haine ne s'apaise jamais par la haine

     Ce soir, je pense à cette formule du Bouddha :

« En vérité,
La haine ne s'apaise jamais par la haine,
La haine s'apaise par l'amour.
Ceci est une loi éternelle ».

     J'y pense parce qu'il y a quelques heures, les bureaux du journal satyrique Charlie Hebdo ont été la cible d'une attaque terroriste de fanatiques islamistes hurlant au nom d'Allah qu'ils avaient vengé les caricatures du prophète Mohammed. Tuer un homme pour avoir fait un dessin, commettre le mal et justifier le meurtre pour défendre une certaine idée du sacrée, étrange idée ; ou plutôt idée répugnante, méprisable. C'est malheureusement la situation dans laquelle nous sommes où, aux yeux de fanatiques religieux, la vie d'un homme a moins de poids qu'un dessin irrévérencieux.

mercredi 7 janvier 2015

Trésor de l'Œil du Véritable Dharma

Shôbôgenzô

Trésor de l'Œil du Véritable Dharma

Les vagues meurent sur le rivage,
Le vent a fini de souffler
Une barque abandonnée,
La lune à minuit
Brille de tout son éclat.

Dôgen Zenji (1200-1253), Sanshô Dôei, Les chants de la Voie du Pin Parasol, 4. 








samedi 3 janvier 2015

Le lieu où l'on est

Question : « Où se trouve le lieu de l'Éveil ? »

Réponse :
« Le lieu où l'on marche est le lieu de l'Éveil,
le lieu où l'on est couché est le lieu de l'Éveil,
le lieu où l'on est assis est le lieu de l'Éveil,
le lieu où l'on se tient debout est le lieu de l'Éveil.
Lever ou abaisser le pied, tout cela constitue le lieu de l'Éveil ».

Bodhidharma (IV-Vème siècle), Traité de Bodhidharma.


de Shotei (Takahashi Hiroaki), 1871-1945.


vendredi 2 janvier 2015

Les feuilles agitées de l’aune et du peuplier

 La sympathie avec les feuilles agitées de l’aune et du peuplier me fait presque perdre ma respiration ; toutefois comme le lac, ma sérénité se ride sans se troubler.

  Pourquoi me sentirai-je seul ? Notre planète n’est-elle pas dans la Voie Lactée ?

  Je vais et je viens avec une étrange liberté dans la Nature, devenu partie d'elle-même.

Henry David Thoreau, « Walden », Aubier, Paris, 1967, pp. 253-255.




jeudi 1 janvier 2015

Adoration

Ohara Koson (Japon, XIXème s.)
Adoration

Sous la neige
Ont disparu les herbes de l'hiver
Un héron blanc
Cache son corps
A l'ombre de sa blancheur.


Dôgen Zenji (1200-1253), Sanshô Dôei, Les chants de la Voie du Pin Parasol, 23.