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lundi 31 juillet 2017

Les cent fleurs









Les cent fleurs au printemps, la lune en automne,
Le vent frais en été, la neige en hiver,
Si le cœur s'affranchit de tout souci futile,
Ce sont des moments plaisants dans le monde des hommes.

Wumen Huikai (無門慧開, 1163 – 1260)







Wu Guanzhong, bosquet de jujubiers.








     La Nature est une richesse extraordinaire. Les hommes ont tendance à l'oublier. Ils l'oubliaient déjà dans la Chine du XIIIème siècle au moment où vivait le poète et moine Chan Wumen Huikai. Mais c'est encore bien plus le cas aujourd'hui dans notre société moderne, dans nos villes hyper-connectées où l'homme se rend « maître et possesseur de la Nature » armé de ses bulldozers et de ses rouleaux-compresseurs. L'esprit de l'homme moderne est occupé par tant de préoccupations mondaines, que ce soit le travail, le commerce ou les loisirs occupés par la télévision, internet ou les jeux vidéos. Mais si l'on veut bien laisser de tout cela de côté quelques moments, si l'on veut bien enlever ses écouteurs pour se mettre à l'écoute de la Nature, alors effectivement on peut vivre « des moments plaisants dans le monde des hommes ». Les Japonais parlent de prendre des « bains de forêt » pour décrire ce moment où on abandonne les préoccupations du monde des hommes et où on s'abandonne au souffle de la Nature, au vent, aux arbres, aux oiseaux qui vont d'une branche à l'autre, à l'éclosion silencieuse des fleurs. Le soleil, la pluie, la neige, les nuages, tout est motif d'émerveillement. Pourquoi s'en priver ? Pourquoi ne pas lâcher quelques instants le fardeau des préoccupations mondaines et apprécier l'existence ?

       Il y a quelques jours, je méditais dans un petit bois. Une biche est arrivée à quelques pas de moi. Je me suis dit qu'elle ne m'avait pas vu, puis je me suis rappelé que je portais un gilet jaune qui ne me faisait précisément pas passer inaperçu ! La biche a brouté les feuilles des arbres aux alentours. Puis elle est partie. J'ai continué à pratiquer la méditation.







Dong Hong-Oai 













J'ai trouvé ce poème de Wumen Huikai dans un petit livre qui vaut le détour : « Poèmes Chan » aux éditions Picquier, traduction de Jacques Pimpaneau, Arles, 2005 (2016 pour l'édition de poche). 







Voir également les poèmes de Ryôkan :




là où la source semble commencer



Voir l'article "Penser l’homme et l’animal au sein de la Nature" en 7 parties




Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour du Chan et du Zen ici: 


Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour de la philosophie bouddhique ici.

Voir toutes les citations du "Reflet de la Lune" ici.




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