Me
voici donc seul sur la terre, n’ayant plus de frère, de prochain, d’ami, de
société que moi-même. Le plus sociable et le plus aimant des humains a été
proscrit par un accord unanime. Ils ont recherché dans les raffinements de leur
haine quel tourment pouvait être le plus cruel à mon âme sensible, et ils ont
brisé violemment tous les liens qui m’attachaient à eux. J’aurais aimé les
hommes en dépit d’eux-mêmes. Ils n’ont pu qu’en cessant de l’être se dérober à
mon affection. Les voilà donc étranger, inconnus, nuls enfin pour moi puisqu’ils
l’ont voulu. Mais moi, détaché d’eux et de tout, que suis-je moi-même ?
Voilà ce qui me reste à chercher.
Jean-Jacques Rousseau , « Les Rêveries d’un promeneur solitaire », 1776-1777.
Caspar David Friedrich, Promeneur contemplant le paysage |
Voir toutes les citations du "Reflet de la Lune" ici.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire