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mardi 25 avril 2017

Macron




Macron




    Dimanche 23 avril, le premier tour des élections présidentielles françaises a vu la victoire d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen. Évidemment, pour la gauche radicale et l'extrême-gauche, c'est une grande déception : le projet de Jean-Luc Mélenchon a été recalé dans les urnes. On ne peut que le regretter bien sûr, mais néanmoins il faut garder les yeux rivés sur les deux semaines à venir et empêcher que l'extrême-droite s'impose au second tour et n'emporte la présidentielle.

        Alors bien sûr, pour la gauche, le programme libéral de Macron n'est pas folichon. Macron incarne la trahison libérale de François Hollande, et le ressentiment à son égard est très vif à gauche. Au point de mettre sur un pied d'égalité Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Et c'est là que cela en devient gênant. Bien sûr, Macron est un candidat proche du monde de la finance, mais les gauchistes sont-ils bêtes à ce point pour croire que Marine Le Pen est vraiment la « candidate du peuple » (comme elle le prétendait dimanche dans son discours de victoire) ? Croient-ils vraiment que Macron et Le Pen, ce soit la même chose ?

        Aux États-Unis, Hillary Clinton a perdu contre Donald Trump, notamment parce que la gauche radicale qui soutenait Bernie Sanders n'a cessé d'attaquer Hillary Clinton et de la calomnier en permanence, alors qu'elle était aux prises avec Trump. Conjuguée à la force de dénigrement des trolls sur internet, cela a été fatal à Clinton. Faut-il nécessairement reproduire le scénario américain en France ? Quand je regarde tout ce qui se publie sur les réseaux sociaux, la plupart des attaques et des critiques s'adressent contre Emmanuel Macron. Je suis désolé, mais c'était au premier tour qu'il fallait critiquer Macron. On sait ce qu'il est. On sait comment les médias l'ont soutenu. Mais il se trouve que maintenant il y a un choix à faire pour le peuple français entre le candidat Macron et la candidate Le Pen. Et force est de constater que Marine Le Pen, elle aussi, est proche du milieu des patrons et de la finance. Elle aussi ne fera rien pour sauver les emplois et la sécurité sociale, malgré ses discours où elle prétend défendre le petit peuple de France. Marine Le Pen est tout autant soumis à l'oligarchie que ne l'est Macron, mais dans les commentaires de mes contacts de gauche et d'extrême-gauche, on ne fait que taper sur Macron. Est-ce là une attitude responsable ? Avez-vous vraiment envie de Marine Le Pen arriver à la tête de la République Française ? Avez-vous vraiment envie de voir la victoire de la haine et du racisme ?


       Il faut bien comprendre qu'en politique on ne fait pas toujours le choix pour le meilleur. Parfois il faut accepter qu'il va bien falloir choisir entre le pire et le mauvais. Et la seule attitude responsable est de choisir le mauvais. À charge alors à ceux qui contestent le libéralisme de Macron de continuer la lutte après cette élection présidentielle dans les urnes (aux élections législatives) ou dans la rue pour contrecarrer les réformes libérales que compte mettre en place Emmanuel Macron.




Frédéric Leblanc, le 25 avril 2017












   



3 commentaires:

  1. J'ai tout de même envie de donner à entendre un autre son de cloche sur le sujet pas dénué d'intérêt me semble-t-il. D'abord Elisée Reclus : http://www.homme-moderne.org/textes/classics/ereclus/jgrave.html puis un article d'un particulier publíé dans le club de Mediapart : https://blogs.mediapart.fr/diane-scott/blog/260417/arraisonner-le-vote
    Bref cela ne me parait pas si simple.

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  2. Bonjour, Degun

    Alors sur Elisée Reclus, leader anarchiste du XIXème siècle qui appelle à ne jamais aller voter pour ne pas élire de nouveaux maîtres, sa doctrine n'a de sens que si on ne va jamais voter (quelle que soit l'élection). Je veux dire par là qu'on ne peut pas décemment se servir opportunément de Reclus pour se défiler au second tour de l'élection. Avoir voté Mélenchon, Poutou ou d'autres, et puis invoquer une fièvre anarchiste pour se dispenser de l'exercice pénible, j'en conviens, de voter pour Emmanuel Macron....

    Quant au refus de la démocratie parlementaire et de l'acte citoyen de voter, il y aurait beaucoup de choses à en dire. Je ne suis pas du tout convaincu que ce soit pertinent. Néanmoins, il y a un passage intéressant à la fin de la lettre d’Élisée Reclus : « Au lieu de confier vos intérêts à d'autres, défendez-les vous-mêmes ; au lieu de prendre des avocats pour proposer un mode d'action futur,  agissez ! Les occasions ne manquent pas aux hommes de bon vouloir. Rejeter sur les autres la responsabilité de sa conduite, c'est manquer de vaillance.  ». Cela me paraît très intéressant. La politique n'est pas seulement l'acte de glisser un bulletin de vote dans une urne, et d'attendre passivement que nos leaders fassent comme par magie le « bien du peuple », le « bien commun ». La politique, c'est aussi l'action des citoyens. Si Macron est élu, il faudra ne pas attendre un jour pour que les citoyens français se rappellent à son bon souvenir. Qu'il ne prête pas seulement l'oreille aux hommes d'influence dans la finance, mais qu'il prête attention à ce qui se fait par le peuple et pour le peuple.

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  3. Concernant Diane Scott,
    elle a raison de dire que les reproches vont aux gauchistes abstentionnistes, et pas aux gens qui votent pour Marine Le Pen qui sont quand même la cause essentielle de l'arrivée au second tout de la présidente du FN ! Les reproches ne vont pas non plus aux fillonistes, aux cathos intégristes et aux souverainistes de droite qui rejoignent le camp de Marine Le Pen. Ceux-là, on ne les traite pas de « collabos ». Pourtant, ils mériteraient toutes nos critiques.

    Néanmoins, il me paraît plus normal que le débat fasse rage à gauche de voter oui ou non pour Macron pour faire barrage à Le Pen, parce que, tout simplement, que la gauche et la gauche de la gauche ont toujours porté l'étendard de l'antifascisme. Laisser Marine Le Pen l'emporter serait une trahison de cette constituante de l'identité de la gauche.

    J'entends bien aussi qu'il y a des jeux électoraux malsains : François Hollande et les médias ont tapé uniquement sur Mélenchon la dernière semaine avant le premier tour alors même que les sondages donnaient MLP gagnante au premier tour. Et puis après on appelle de manière complaisante à « faire barrage ».

    Ceci étant dit, la question essentielle reste : est-ce que les Français ont vraiment envie de voir Marine Le Pen présidente ? Est-ce que monde a besoin d'une France où la démocratie se dégrade à toute allure, comme en Turquie avec Erdoğan ?

    Si la perspective de voire Marine Le Pen s'emparer du pouvoir vous soulève un haut-le-cœur, alors il ne reste plus qu'à soutenir très momentanément Emmanuel Macron. (Et je me permets d'insister sur le momentanément)

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