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dimanche 30 juillet 2017

Souffrance et exploitation





Souffrance et exploitation



      Dans une vidéo récente de « I am Vegan TV », Tiphaine Lagarde, porte-parole de l'association antispéciste 269Life, défend l'idée que le problème n'est pas la souffrance des animaux (dans les élevages, dans les abattoirs, dans les cirques, dans les corridas, dans les laboratoires,...), mais l'exploitation des animaux. Tiphaine Lagarde conteste les actions de sensibilisation d'une autre association antispéciste L214 (on aime les chiffres chez les véganes!). L214 met régulièrement en ligne des vidéos choquantes d'élevage industriel et d'abattoirs qui font le tour d'internet et des médias. On se souvient des vidéos des abattoirs d'Alès et du Vigan dans le sud de la France qui ont suscité énormément d'émois et de débats en France. Mais pour Tiphaine Lagarde, ce genre d'actions ne fait que mettre l'accent sur certains comportements inacceptables des ouvriers d'abattoirs sans remettre en question le système spéciste en son entier qui permet que des animaux soient élevés, exploités et tués, sans la moindre reconnaissance des aspirations profondes de ces animaux. Pour elle, axer la problématique des élevages ou des abattoirs sur la souffrance présente le risque de se faire récupérer par l'industrie de la viande et de l'élevage : il suffira de mettre quelques caméras dans les abattoirs pour faire croire au grand public qu'on aime les animaux et qu'on se préoccupe de leur bien-être.

     Dès lors, pour Tiphaine Lagarde, il faut replacer la question centrale au cœur du débat à savoir : « peut-on exploiter un être sensible au motif qu'il est différent de nous? » La question de l'exploitation est donc centrale à ses yeux. Montrer des actes de cruauté dans des abattoirs ne sert à rien selon elle (sic!). Il faut tout axer sur l'exploitation et rattacher la problématique des animaux aux luttes des humains pour contrer l'exploitation de l'homme par l'homme, notamment les problématiques du racisme et du féminisme.

      En réalité, cette thèse d'axer la lutte antispéciste sur le thème de l'exploitation plutôt que sur la question de la souffrance n'est pas neuve. On la retrouve chez les théoriciens du droit des animaux, le plus connu d'entre eux étant Gary Francione (NB : je mets en bas de ce texte les quelques articles que j'ai rédigé à l'encontre de Gary Francione). Gary Francione pense que c'est l'exploitation des animaux qui est le problème, et non les éventuels mauvais traitements que les animaux subissent lors de cette exploitation. Francione attaque spécifiquement le philosophe antispéciste et utilitariste Peter Singer, l'auteur du très célèbre ouvrage de 1975, « Libération animale » qui est certainement un ouvrage fondateur de la cause antispéciste. Peter Singer explique que l'exploitation des animaux crée une gigantesque masse de souffrance pour les animaux alors qu'on peut très bien éviter cette souffrance en devenant végane. D'un point de vue éthique, le véganisme est donc justifié aux yeux puisqu'il permet de soulager les souffrances des animaux.


      Mais ce n'est pas assez radical aux yeux de Francione puisque la théorie de Singer justifie des mesures progressives d'amélioration de la qualité de vie des animaux sans passer directement par la case végane et sans abolir directement l'exploitation des animaux par les hommes. Francione s'oppose donc aux organisations « welfaristes » (du mot anglais welfare qui signifie bien-être) qui luttent pour changer progressivement la condition animale leur assurant de plus en plus de bien-être et de moins en moins de souffrance. Francione les critique parce que ces associations font des compromis avec l'industrie de la viande et de l'élevage : on se met par exemple d'accord d'augmenter la taille des cages des poules de cinq centimètres, mais on ne supprime pas concrètement les cages. Ces associations « welfaristes » font aussi des compromis avec le grand public en invitant les gens à devenir flexitarien et à végétaliser progressivement leur alimentation comme la campagne Jeudi Veggie (lancée en Belgique par l'association EVA et théorisée par son ancien président Tobias Leenaert sur son site The Vegan Strategist). Pour Francione, ces compromis sont inacceptables : il faut abolir tout de suite l'exploitation animale et devenir végane tout de suite : chez les francioniens, la formule « Go Vegan » est une sorte de mantra incantatoire.

        Tiphaine Lagarde reprend les positions abolitionnistes du droit des animaux de Gary Francione (il n'est pas inutile de noter qu'elle est juriste de formation, notaire et doctorante en droit), mais en les radicalisant encore un peu plus. Là où il faut reconnaître que Francione est un défenseur de la non-violence, pour Francione, le véganisme est même la non-violence par excellence (ce qui n'empêche pas Francione et les francioniens d'être franchement agressifs et violents verbalement quand ils critiquent les véganes qu'ils jugent « welfaristes »), Tiphaine Lagarde et son association 269Life prône et revendique la violence et l'action directe pour faire peur à l'industrie de la viande et de l'élevage. 269Life organise régulièrement des happenings sanguinolents et malaisants pour traumatiser le bourgeois dans les piétonniers des grandes villes et organise des organisations coups de poing pour libérer des animaux des élevages ou pour bloquer un abattoir.





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       Que penser donc de cette approche qui mise tout sur la condamnation de l'exploitation animale ? Tout d'abord, un rappel important. Quand les abolitionnistes francioniens ou de 269Life appellent d'autres véganes des « welfaristes », ils suggèrent que ces véganes ne recherchent pas l'abolition de l'exploitation, mais cherchent seulement de petites améliorations de la qualité de vie, comme une petite augmentation de la taille des cages. C'est une appréciation malveillante de la lutte que mène ces associations et ces individus. Les « welfaristes » ont pour but final, l'abolition de l'exploitation animale au même titre que les abolitionnistes, mais ils pensent que procéder de manière progressive par petits pas est à long terme plus efficace que l'approche du tout ou rien. Les « welfaristes » ont donc le même but que les abolitionnistes, mais n'emploient pas les mêmes moyens.

       Une infime partie de la population est végane : j'ai lu récemment un article où on parlait de 90 000 véganes en France sur une population totale de plus de 60 millions d'habitants (je ne sais pas si le chiffre est exact, cela mériterait de plus amples vérifications, mais il est très probable que ce soit de cet ordre de grandeur). Il est évident que le rapport de force n'est pas en notre faveur. Il me semble donc pertinent de penser que la seule chose que l'on puisse obtenir présentement soit de petits aménagements en faveur des animaux. Ce sont là des compromis souvent frustrants certes, mais qui font avancer la cause tout de même à petits pas. Il faut toucher le cœur des gens : les gens en général aiment les animaux, même s'ils vivent en permanence dans la dissonance cognitive. Ils aiment les animaux, mais dès qu'il s'agit de passer à table, ils en voient plus en l'animal un être sensible. Les vidéos de L214 les aident à se rappeler que ce qu'ils mangent a été un jour un être doué de conscience et de sensibilité. Cela oblige le grand public à demander de meilleurs traitements pour les animaux et cela fragilise progressivement cette dissonance cognitive entretenue par l'idéologie spéciste.

     D'autre part, il me semble assez étrange de dissocier complètement la problématique de l'exploitation animale de la problématique de la souffrance. L'exploitation est un système qui autorise les humains à causer énormément de souffrances aux animaux. L'exploitation est un système de contraintes qui s'opposent aux désirs des animaux et crée inéluctablement de la souffrance. Même si vous y êtes bien traités, vous n'avez pas envie d'aller en prison ! L'emprisonnement en lui-même est une souffrance : on parle d'ailleurs de peine de prison.

   Imaginons néanmoins un cas d'exploitation qui n'impliquerait pas de souffrances manifestes. Imaginons que j'élève un chien, appelons-le Lustucru, en vue de gagner un concours de beauté canine. Je bichonne Lustucru pour qu'il soit le plus beau et plus magnifique de tous ses congénères de la race canine. Je le traite bien, je le nourris avec des croquettes véganes, je le caresse, je le promène, je joue avec lui, Lustucru est heureux chez moi, mais je l'exploite. J'utilise Lustucru sans son consentement pour gagner des concours de beauté canine dont Lustucru n'a probablement rien à cirer. C'est clairement de l'exploitation, mais est-ce que c'est vraiment mal ? Et surtout, est-ce que c'est comparable à l'exploitation qui sévit dans les élevages industriels et les abattoirs ?

       Il me semble qu'il y a un ordre de priorités qui ne peut s'expliquer que par la quantité de souffrances éprouvées dans telle ou telle forme d'exploitation. Il y a certainement des éleveurs canins qui cherchent à gagner des concours de beauté, qui abandonnent leur chien dès qu'il devient vieux et laid, tout comme des cheveux de course se retrouvent à l'abattoir dès le moment où il ne sont plus aptes à concourir. Mais dans mon exemple de Lustucru, la souffrance n'est pas une fatalité : je peux rester aimant envers Lustucru même après que celui-ci ait passé l'âge des concours, tandis que le système des élevages industriels et des abattoirs créent en lui-même une souffrance colossale. La quantité de souffrances y est infiniment plus élevée, c'est pourquoi il faut le condamner en priorité.

        Par ailleurs, ce qui nous sensibilise à la cause animale, c'est bien l'empathie face à la détresse des animaux, n'est-ce pas ? L'exploitation n'est jamais qu'un concept abstrait. Est-ce que Tiphaine Lagarde serait devenue végane et membre active de 269Life si elle n'avait pas été touchée par la souffrance horrible des animaux ? Est-ce qu'elle se serait impliquée dans la libération animale à ce point (elle risque des procès, des condamnations et des amendes de plusieurs milliers d'euros en plus de perdre sa position sociale tout de même) uniquement en constatant l'exploitation de Lustucru à des fins de concours de beauté canine ? Non, évidemment ! Ce qui est inacceptable dans l'exploitation, c'est la souffrance, la douleur, la misère que doivent endurer les animaux, le fait de vivre un enfer sur Terre du fait des hommes, le fait de vivre un « éternel Treblinka » selon le mot d'Isaac Bashevis Singer. C'est cela qui nous fait réagir, qui nous pousse à changer de mode de vie et de consommation et qui nous pousse à nous engager de diverses manières contre l'exploitation animale : le fait de dire non à cette injustice flagrante et insensée, le fait de dire non à la folie de milliards d'humains qui font régner un monde de terreur pour les animaux, le fait de dire non au prédateur violent et implacable qui se trouve dans le cœur de tout être humain. C'est cela qui a fait réagir Tiphaine Lagarde.











      C'est pourquoi je conclurai en disant qu'il n'est pas nécessaire d'opposer de façon aussi frontale les dénonciations de la souffrance causée par l'homme à l'animal et la dénonciation de l'exploitation de ce même homme contre ce même animal. Bien sûr, les abolitionnistes veulent pouvoir mettre à égalité tous les systèmes et pouvoir les dénoncer tous d'un coup en proposant une solution unique valable pour tout le monde : le véganisme pour les individus et l'abolition de l'exploitation animale sous toutes ses formes. Le problème avec cette logique du tout ou rien, c'est que cela risque d'être rien pendant très très très très très longtemps....

       Les « welfaristes » parviennent eux à des avancées souvent modestes, mais quand même significatives. Bien sûr, dans le bras de fer qu'ils ont engagé avec la société spéciste, l'autre camp essaye de retourner chacune de ces avancées en leur faveur : par exemple, on a vu il y a quelques années fleurir le concept de « viande heureuse » pour désigner de petits élevages bucoliques où les vaches, les moutons et les cochons peuvent courir dans l'herbe et vivre une vie un peu décente, contrairement à l'horreur des élevages industriels où les animaux vivent dans des conditions dantesques. Du point de vue « welfariste », cela est une amélioration. Mais la finalité reste quand même d'envoyer les animaux à l'abattoir, ce qui n'est pas très « heureux » comme méthode. Disons que c'est un moindre mal, mais un mal quand même ! Les éleveurs en mode « viande heureuse » disent souvent qu'ils aiment leurs bêtes. Une drôle de façon d'aimer quelqu'un quand on sait pertinemment qu'on va le condamner à mort. On passe d'un système avec une souffrance maximale avec un autre système plus modeste avec une souffrance moindre. À partir de là, il ne faut pas être dupe de ce concept boiteux de « viande heureuse » et la propagande carniste et spéciste qui entoure ce concept, et il faut continuer à notre modeste échelle la lutte pour l'abolition de l'exploitation animale et la propagation du véganisme. Pour les abolitionnistes, c'est inacceptable parce que je dis que les élevages de type « viande heureuse » sont un moindre mal par rapport aux élevages industriels. Pour eux, tous ces élevages sont du côté du mal parce que relevant de l'exploitation. Point à la ligne. C'est très binaire comme conception du monde, et ce n'est certainement pas la plus pertinente et la plus efficace pour faire bouger les choses !

       Enfin, le concept de l'exploitation est très abstrait, je l'ai déjà dit. Qu'est-ce qui est de l'exploitation et qu'est-ce qui ne l'est pas ? Imaginons que je sois patron d'un entreprise et que je paye mes employés seulement cinq cent euros par mois pour un temps plein. En France ou en Belgique, tous les employés crieraient à l'exploitation ! Mais en Inde, ce serait un bon salaire ! Ce que je veux dire, c'est que ce concept n'est pas absolument objectif. Et qu'il dépend de toutes sortes considérations relatives à la situation et au contexte présent. Dans mon exemple de Lustucru, peut-être que Lustucru est très content de se voir admiré par tant de gens, d'être l'objet de toute l'attention de ces bizarres animaux humains. S'il pouvait parler, peut-être dirait-il qu'il n'est l'objet d'une exploitation et qu'il est très heureux de la vie qu'il mène. C'est pourquoi il est essentiel, j'insiste, de ne pas dissocier souffrance et exploitation.



Frédéric Leblanc, Seraing (Liège), le 30 juillet 2017.









Crânes de bison transformés en engrais - USA, 1870
L'exploitation animale est une montagne colossale de souffrance






Concernant la critique de Gary Francione sur le Reflet de la Lune


    Récemment j'ai participé à un débat entre végétariens et véganes sur la question de la production des œufs. Une végétarienne se demandait pourquoi exactement les véganes ne mangent-ils pas d’œufs, si ceux-ci sont recueillis dans de bonnes conditions. Cela a entraîné un débat assez vifs, surtout entres les véganes eux-mêmes. Je me suis dit alors que la question était suffisamment riche pour essayer de structurer mes arguments dans un texte suivi.



    L'une des spécialités de Gary Francione est de s'en prendre agressivement aux mouvances de libération animale qui ne font jamais assez bien selon lui leur travail de défense de la cause animale. Rien que le titre de l'article donne la teneur de l'article : « La moralité selfie, la pourriture morale de la cause animale »1. Francione revendique une position radicale au sein de la libération animale. Pour Francione, la seule position morale cohérente par rapport à l'exploitation animale est le véganisme éthique. Il rappelle inlassablement l'injonction : « Go vegan » (devenez végane). En soi, je ne peux que louer cette incitation à devenir le plus tôt possible végane dans l’intérêt des animaux. Mais Francione ne s'arrête pas là : tous les véganes qui encourageraient les non-véganes à végétaliser progressivement leur alimentation sont impitoyablement condamnés. Francione les accuse de participer à l'exploitation animale, d'être spécistes et de de ne pas être de véritables véganes. Il en découle une grande agressivité dans le chef de Francione et les adeptes de Francione, qui n'hésitent jamais à vous insulter de « spéciste » et toutes sortes nom d'oiseaux.



     Dans un de ses articles, « There is no third choice », l'activiste et philosophe abolitionniste Gary Francione nous explique qu'il n'y a que deux choix possibles : soit on se participe au système qui exploite les animaux, soit on n'y participe pas. En clair, soit on est végane abolitionniste et on est un gentil, soit on n'est pas végane abolitionniste et on est donc un méchant. Évidemment, « ne pas être végane abolitionniste » ouvre un champ très vaste de personnes dans la société : cela va du mangeur de viande invétéré, de l'aficionado qui ne raterait pour rien au monde une corrida au flexitarien qui essaye de manger moins de viande. Mais dans la tête de Gary Francione, cela comprend également les végétariens qui n'ont pas encore cessé de manger des œufs et des produits laitiers, mais aussi les véganes welfaristes. Tous sont logés à la même enseigne : ils participent honteusement à l'exploitation animale. On navigue dans l'extrémisme pur et dur, et je pense qu'il est important de dénoncer le discours de Francione parce qu'il est très en vogue dans les milieux de la libération animale et qu'il crée des dissensions inutiles et néfastes au sein de ces mouvances.



     Est-ce que la domestication des animaux de compagnie est-elle toujours un mal comme le pensent certains véganes radicaux le prétendent ? Un animal domestique a-t-il une conscience de la liberté ?




     Manger les œufs de la poule qui vit dans notre jardin et que l'on traite avec bienveillance et respect, manger de la viande que l'on a trouvé dans les poubelles selon une éthique "freegan" qui lutte contre le gaspillage de la société végane, manger un animal renversé par une voiture sur la route, tout cela ne contribue en rien à alimenter la souffrance animale et l'exploitation animale. Est-ce vegan pour autant ? Gary Francione pense que non. Il invoque le "fait symbolique" de manger un animal où l'on accepte implicitement que l'animal puisse être de la nourriture ou une ressource alimentaire. J'estime pour ma part que ces actions ne vont pas à l'encontre de l'éthique et l'esprit du véganisme. 


Concernant Tobias Leenaert, en plus de se rendre sur son site The Vegan Strategist, on pourra consulter :


      Le chemin vers un monde végane passe-t-il par la promotion du flexitarisme ? Faut-il encourager les gens à réduire progressivement leur consommation de viande et de produits animaux et à végétaliser de plus en plus leur alimentation ? 


Sur ce débat entre "welfarisme" et abolitionnisme qui remue la communauté végane, voir aussi cette critique d'un autre Gary, à savoir Gary Yourofsky :

Dans quel camp sont les végétariens ?

      Gary Yourofski est un militant bien connu et très zélé de la cause animale. Il a donné des conférences dans le monde entier sur le véganisme et la condition animale. Ses vidéos sur le net où il fait l'apologie d'un mode de vie végane avec énorme de force de conviction connaissent un énorme succès. Dans un de ses textes, un passage a retenu mon attention car il est emblématique d'une certaine mentalité très vivace chez nombre de véganes quand ils parlent des végétariens. Pour lui, les végétariens sont dans le camp de l'exploitation animale. Est-ce vraiment justifié ?


Voir aussi : 

  Le moine bouddhiste français Matthieu Ricard  a inventé le terme de zoocide  pour désigner le massacre perpétré tous les jours contre les animaux . Quelles sont les différences et les similitudes entre ce zoocide et les génocides perpétrés contre des humains ?









           Le véganisme doit-il uniquement "zoocentré" (tourné vers le seul intérêt des animaux) ou faut-il aussi faire valoir les arguments écologiques, humanitaires et de santé en faveur du véganisme.








    Tiphaine Lagarde








    Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour de la libération animale ici.

    Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour du végétarisme et du véganisme ici

    Voir toutes les citations du "Reflet de la Lune" ici.







    13 commentaires:

    1. " C'est pourquoi je conclurai en disant qu'il n'est pas nécessaire d'opposer de façon aussi frontale les dénonciations de la souffrance causée par l'homme à l'animal et la dénonciation de l'exploitation de ce même homme contre ce même animal. "
      Je suis d'accord avec ça, encore que pour moi, il n'y a aucune opposition. Le thème de l'exploitation n'est-il pas aussi la question de la souffrance ?

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      1. Oui, oui, tout à fait. Les deux concepts sont intimement liés. L'exploitation est un problème parce qu'elle engendre de la souffrance. Je refuse en fait le fait que Tiphaine Lagarde (et d'autres) minimise la souffrance pour ne se concentrer que sur le concept abstrait d'exploitation. Ce concept d'exploitation est vide et n'a pas beaucoup de sens si on ne le met pas en relation avec la souffrance qu'endure les animaux.

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      2. D'autant plus qu'il y a des exploitations pires que d'autres. L'idée du concours de beauté canine est pas mal mais je préférerais encore être chien d'aveugle.

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      3. Oui, l'exemple du chien d'aveugle est très bon aussi.

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    2. Je te signale la conférence d'Onfray sur le même sujet.
      https://www.franceculture.fr/emissions/breve-encyclopedie-du-monde/qui-veut-faire-lange-fait-la-bete
      vers 15' minutes

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      1. L'un des arguments d'Onfray est assez juste. Les animaux ont évolué tant et si bien que je ne pense pas qu'un caniche souhaiterait retourner vivre dans la forêt (je ne donne pas cher de sa peau)
        Mieux vaut augmenter la qualité de vie des animaux. Remmettre en liberté des animaux qui vivent en captivité de génération en génération me semble peu envisageable.

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      2. Oui, parfaitement. J'avais déjà défendu cette idée que les animaux domestiqués ne pourraient pas retourner à la nature dans l'article : "Les animaux et la société des hommes" (http://lerefletdelalune.blogspot.be/2016/02/les-animaux-et-la-societe-des-hommes.html).

        Je pense contrairement à Francione que l'antispécisme ne signifie pas la rupture de toutes les relations entre l'homme et l'animal. Même antispéciste, on peut avoir des chats et des chiens et aussi les employer pour des tâches où ceux-ci nous sont utiles comme ton exemple des chiens d'aveugle. Il faut évidemment les employer dans le respect et la dignité. Je pense que la domestication des animaux n'est pas nécessairement une exploitation honteuse.

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    3. Quant à Michel Onfray, je trouve qu'il est très imprécis quand il parle de l'antispécisme de Peter Singer. Si j'ai le temps, je consacrerai un article à sa conférence. Sinon, il y a un article pas mal paru sur "How I met your tofu" : "Michel Onfray ou l’invasion des dinosaures nazis zoophiles"
      howimetyourtofu.com/battle-3-michel-onfray-ou-linvasion-des-dinosaures-nazis-zoophiles

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      1. Merci! L'article est très bien en effet. Un article comme celui-ci devrait être publié après chaque conférence d'Onfray pour corriger toutes ses inepties.

        Évidement dit comme ça l'argument: si tous le monde devenait vegan, alors les animaux redeviendrait sauvage et l'homme se ferait manger peut paraitre stupide (encore que le scénario de la planète des Singes est presque crédible)
        Au delà de la stupidité, l'arrière plan c'est celui du rapport de force qu'il y a dans toute relation aussi bien entre humains qu'entre humains et non-humains. Or, le rapport de force a tourné à notre avantage. Par conséquent, si la question du véganisme se pose aujourd'hui et qu'elle nous préoccupe tant c'est parce que nous avons le choix.
        Si je n'avais que des animaux à manger, je n'hésiterais pas une seconde.
        Je ne suis pas végétarien car si je vais chez un ami et qu'il y a un barbecue avec que de la viande, je vais faire honneur à son barbecue.
        En revanche s'il vient chez moi, il faudra qu'il se passe de viande.
        Si, en déplacement, je dois m'acheter à manger, et si j'ai le choix entre du taboulet avec viande ou sans viande je choisirais sans mais s'il n'y a rien d'autre je choisirais avec.
        On va dire que je me range du côté des flexitarien.

        Plus l'activisme vegan sera important et festif (et non rabat joie) plus on verra des alternatives à la nourritures carnée....

        Faut que je me renseigne sur les possibilités de barbecue sans viande... parce que j'ai récupéré un barbecue mais pour l'instant je ne l'ai pas encore utilisé.

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      2. Bonjour Sb,

        Concernant les barbecues véganes, je peux conseiller le petit guide en format pdf publié par EVA (association végétarienne belge):

        https://www.evavzw.be/sites/default/files/publication/files/eva-bbq_vegetarien-fr.pdf

        Sinon, il y a le livre de Marie Laforêt, "Barbecue vegan", aux éditions La Plage, qui est très chouette, mais qui propose des recettes assez sophistiqués. Disons que c'est du barbecue gastronomique pour lequel il faut se donner un peu tant pour cuisiner et trouver certains ingrédients.

        Effectivement, je te rejoins sur l'idée que l'activisme végane se doit d'être festif et pas rabat-joie. Et il doit proposer des alternatives chouettes et délicieuses pour pouvoir rentrer en douceur dans la culture culinaire des gens.

        J'ai justement lu une interview de Tiphaine Lagarde que je critique dans ce présent article où elle s'en prend au véganisme, le décrivant comme une dérive consumériste et que le véritable combat antispéciste se doit d'être dur, agressif et culpabilisant (à l'image de l'action de 269Life d'ailleurs). C'est le genre d'idées qu'il faut absolument critiquer, étant végane. Il est probable que ce soit les gens qui tiennent des blogs de cuisine végane, qui font des vidéos de recettes véganes sur YouTube ou qui publient des livres de recette qui fassent en fin de compte le plus avancer la cause ! Le véganisme se doit d'être joyeux dans l'approche de la nourriture et de la gastronomie. Cela me semble essentiel.


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      3. Curieusement sur ce sujet, je pense qu'un peu de "culpabilité" n'est pas forcément mauvais.

        Quand on voit les conditions de vie des animaux élevés pour être consommés, ça coupe l'appétit. Si ce n'est pas de la culpabilité, je ne sais pas ce que c'est.

        Quand je pense à mon ami qui fait des barbecues, il me dit souvent que manger de la viande est pour lui l'un de ses plus grands plaisirs.
        Sans lui mettre sous le nez la souffrance animale, je vois mal comment je pourrais le faire changer d'avis.
        J'ai du mal à croire qu'un barbecue végane puisse rivaliser avec un barbecue carné en terme de goût.

        J'ai bien aimé le passage dans la conférence d'Onfray lorsqu'il qu'il a été étonné en Inde de se régaler avec des repas végétariens.

        Dans les temple zen on mange végétarien et les repas sont excellents... mais les tenzo sont extra-ordinaires. La cuisine est un lieu de pratique de la Voie

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      4. Je disais "rabat-joie" en pensant moins à ce que disent les vegan qu'à la manière de le dire. Il ne suffit pas d'avoir raison, il faut aussi trouver les moyens habiles pour ne pas être contre-productif en se mettant à dos tout le monde. Ce n'est donc pas qu'une question d'arguments philosophiques.

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    4. Attention ! Pour moi, les faits eux-mêmes sont culpabilisants. Il n'est pas nécessaire d'en rajouter des tonnes et des invectives à l'encontre des "carnistes" !

      C'est pourquoi je fais une différence essentielle entre une association comme L214 qui révèle des vidéos gênantes sur des abattoirs et des élevages et l'association 269Life qui a une politique beaucoup plus agressive. Je pense que l'action de L214, faire prendre conscience aux gens de la réalité de la viande et des produits animaux, est bonne et nécessaire tandis que l'action de 269Life est, disons, nettement moins nécessaire....


      Concernant les barbecues véganes, s'ils sont moins "bons" à tes yeux, c'est simplement qu'ils ne sont pas encore rentrés dans la culture culinaire française. Un jour viendra !

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