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mercredi 1 novembre 2017

Mort et humusé




Mort et humusé




      L'homme pollue. L'homme pollue beaucoup. Ce n'est pas un scoop. Mais on sait moins que même après la mort, on continue à polluer. De manière assez évidente, la crémation pollue car elle nécessite de brûler en plus du corps l'équivalent d'une trentaine de litres de pétrole, tout cela à une température de 850° C. Ce processus de la crémation envoie dans l'atmosphère de la dioxine, du CO2, ainsi que toutes les prothèses ou plombage dentaire qui étaient intégrés au corps du défunt. Mais l'enterrement n'est pas neutre écologiquement parlant non plus. Il faut déjà construire les cercueils la plupart du temps en bois. On estime qu'il faut en moyenne 1m³ de bois pour fabriquer 6 cercueils. Dans un pays comme la France où plus ou moins 600 000 personnes sont enterrées chaque années, cela fait 100 000 stères de bois qui sont nécessaires à la fabrication de tous ces cercueils. Soit une forêt toute entière à raser pour nos morts : la mort qui s'ajoute à la mort. Par ailleurs, les pratiques de thanatopraxie pour embaumer nos morts rendent la décomposition de ces mêmes corps particulièrement difficiles et ces produits chimiques finissent par se répandre dans la Nature. Sans compter la production des pierres tombales et l'entretien des cimetières coûteux en pesticides et en énergie.


         La mort n'est plus quelque chose de naturel. Et c'est bien dommage que l'humanité soit si en rupture avec le cycle de la vie et de la mort. L'être humain s'est vécu lui-même comme un long et processus d'arrachement à la culture en créant la culture, la civilisation, l'architecture et les constructions de plus en plus imposantes qui empiètent sur la Nature. La conséquence en est une humanité qui détruit les écosystèmes à grande vitesse et contribue dangereusement au réchauffement climatique. Et si la mort était l'occasion d'un retour à la Nature, la possibilité de contribuer à nouveau à la vie. C'est le pari que font les partisans de l'humusation.


       L'idée de l'humusation se base sur le compost. Le compost est l'endroit du jardin où la matière organique redevient par un long processus de transformation naturelle du terreau fertile sur lequel les plantes et les végétaux vont pouvoir croître et se développer. Tout comme on peut peut composter vos trognons de pommes, vos pelures de légumes et les feuilles de l'arbre dans votre jardin. On peut aussi composter un être humain en prenant certaines précautions pour rendre le processus sain et inodore.



           On commence par répandre du broyat de bois d'élagage imprégné d'eau qui fera une sorte de matelas d'une cinquantaine de centimètres. On place là le corps du défunt ; et on recouvre le tout de deux mètres cubes environ du même broyat. On peut aussi ajouter les fleurs qui ont servis pour la cérémonie. On peut bien sûr ajouté une stèle ou un petit monument qui indiquera qui est la personne qui a été « humusée » là.


         L'idée est que tout ce susbtrat va se transformer en humus au bout de quelques mois. Une fois ce processus naturel accompli, le tas est défait l'employé du cimetière qui devra être formé à la technique spéciale de compostage de l'humusation. L'humus peut alors être retiré et valorisé. S'il subsiste des os, ils sont moulus et rendus à l'humus. S'il subsiste l'une ou l'autre prothèse artificielle, on peut aisément la retirer. Après douze mois, le tout se résume à un gros mètre cube de compost qui va pouvoir servir à cultiver toutes sortes de choses : des fleurs, des arbres, des légumes, ce qu'on veut....


       Sur internet, je suis tombé sur une personne pour le moins réticente qui objectait : « Je ne mangerais jamais les tomates qui poussent sur un mort. C'est dégoûtant ». Le truc, c'est que ce terreau n'est plus un mort. C'est le miracle de la Nature. « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » (comme le disait Lavoisier). Et c'est cela qui est beau. La mort a engendrée la vie et les conditions de la vie. Rappelons que, dans le terreau qui a servi à la culture des tomates, que ce monsieur a mangé à midi, il y a probablement eu des animaux qui sont morts et dont les éléments du cadavre ont servis en se transformant à la création du terreau. Dans la Nature, la mort n'est pas cette chose funeste, ces chairs en putréfaction, ces odeurs nauséabondes, cette pestilence, cette infection. C'est justement la volonté d'arracher les corps humains au règne de la Nature qui a fait que la mort ait revêtu ces habits de putréfaction et d'horreur dans notre culture.


       Je trouve fascinant cette idée que la mort de mon corps soit l'occasion d'un détachement complet et d'un abandon aux forces créatrices de la Vie. Dans la Nature, tout est recyclée. Et c'est cela que je trouve beau dans l'idée de l'humusation. Je trouve que cela vaut la peine d'envisager cette nouvelle forme de relation à la mort dans notre société. C'est en tous cas l'humusation que je veux pour ma mort. Et je pense qu'il faut faire pression sur les autorités publiques pour autoriser et légaliser les techniques d'humusation pour nos défunts.






Un tertre d'humusation









Les avantages de l’humusation

L’humusation, contrairement à l’enterrement ne nécessite:
  • pas de cercueil, un simple linceul suffit.
  • pas de frais de concession dans un cimetière pendant 5, 10, ou 25 ans. Après un mort, l'espace peut être réaffecté pour d'autres morts.
  • pas de frais de pierre tombale, ni de caveau.
  • pas de frais d’embaumement, ni l’ajout de produits chimiques nocifs. Tout est naturel.
  • pas de charge d’entretien régulier de la tombe pour les proches. La Nature s'occupe de tout !
  • pas de pollution des nappes phréatiques par la cadavérine, la putrescine, les résidus de médicaments, les pesticides, les perturbateurs endocriniens,….




L’humusation, contrairement à l’incinération ne génère :
  • pas de rejets toxiques dans l’atmosphère, ni dans les égouts
  • pas de consommation excessive d’énergie fossile
  • pas de location de colombarium
  • pas de détérioration des couches fertiles du sol lors la dispersion des cendres


Au contraire, l’humusation crée un humus riche, utilisable pour améliorer les terres.







Photographie : Un jour, une photo






Vidéos sur l'humusation


L'humusation, pratique funéraire 100% respectueuse de l'environnement.





Journal de la RTBF (samedi 31 octobre 2015)




La permaculture au service de la transformation du corps du défunt
(Canal C du 30 octobre 2015)


L'humusation (Canal C, 1er novembre 2016)



Sites

Métamorphoses



Humusation.org





Pétition en faveur de la légalisation de l'humusation














2 commentaires:

  1. Un retour à la terre! Il est vrai !dans certaines cultures un seul linceul,enveloppe le .corps, avant de le rendre à cette terre!..il faudra beaucoup de temps..avant une généralisation...je me trompe peut-être ! Que faire! Des corps de personnes malades polymedicamentées..,,des corps des personnes aussi qui suivent un traitement depuis des années..les molécules médicamenteuses..vont se dissoudrent dans le compost...réfléchir à cela!...Merçi, pour cette belle réflexion...!Oui.. !'idée que l'ont se fait des choses !

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  2. Oui, bien sûr. Les produits chimiques issus des médicaments ou plus simplement de la pollution retourneront à la terre comme tout le reste. Mais si on incinère et qu'on enterre, la problématique reste la même !

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