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vendredi 3 janvier 2014

Bentham : peuvent-ils souffrir ?

Un texte devenu classique de l'utilitariste Jeremy Bentham (1748-1832) sur le sort réservé aux animaux et leur qualité d'êtres sensibles.

Les Français ont déjà découvert que la noirceur de la peau n'est nullement une raison pour laquelle un être humain devrait être abandonné sans recours au caprice d'un tortionnaire. Il est possible qu’on reconnaisse un jour que le nombre de jambes, la pilosité de la peau, ou la terminaison de l’os sacrum, sont des raisons tout aussi insuffisantes d’abandonner un être sensible au même destin. Quel autre critère devrait tracer la ligne infranchissable? Est-ce la faculté de raisonner, ou peut-être la faculté de discourir ? Mais un cheval ou un chien adulte est, au-delà de toute comparaison, un animal plus raisonnable, mais aussi plus susceptible de relations sociales, qu’un nourrisson d’un jour ou d’une semaine, ou même d'un mois. Mais supposons que la situation ait été différente, qu’en résulterait-il ? La question n'est pas « peuvent-ils raisonner? », ni « peuvent-ils parler ? », mais « peuvent-ils souffrir? ».






Bentham, An Introduction to Principles of Morals and Legislation, ch.17, sect.1, édité par J. H. Burns et H. L. A. Hart, Athlone Press, 1970, p. 282-283, note 1. Traduit par Enrique Utria. Introduction aux principes de morale et de législation, Vrin, 2011, p. 324-325.



Singe mandrille délaissé et mélancolique dans un zoo.

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