Cet
article fait suite à l'article sur l'esprit
d’Éveil.
L'esprit d’Éveil ou bodhicitta
est le souhait et l'engagement d'aider tous les êtres sensibles à
ce qu'ils soient entièrement et définitivement libérés de la
souffrance et qu'ils puissent accéder au parfait et incomparable
Éveil, c'est-à-dire à la bouddhéité. Cet esprit d’Éveil ou
bodhicitta est vraiment le cœur de la doctrine du bouddhisme du
Grand Véhicule. En effet, dans le bouddhisme ancien qu'on peut
appeler Theravāda
ou Voie des Anciens (si ce n'est que le Theravāda
actuel que le nom des écoles du bouddhisme ancien, la seule école
en fait du bouddhisme ancien qui ait subsisté) et qu'on peut appeler
aussi Petit Véhicule (mais le terme a une connotation péjorative),
la bouddhéité est un projet individuel : on se libère
soi-même par son effort personnel du samsāra
et de l'emprise existentielle de la souffrance. Dans le bouddhisme
ancien, on part de principe que vous êtes le seul à pouvoir
dissiper les illusions de votre esprit. Ce n'est pas un idéal
égoïste comme on l'entend parfois dans les milieux mahāyānistes :
il ne s'agit pas de se libérer tout seul en méprisant les autres ou
en étant indifférent à leur sort. Les enseignements du bouddhisme
ancien comprend la méditation sur l'amour bienveillant, la
compassion, la joie et l'équanimité. Il fait valoir que le désir
égoïste est la racine de la souffrance ; s'en libérer est la
racine de la cessation de la souffrance. Il fait l'apologie de la
générosité, et notamment l'idée de faire don du Dharma pour le
bien-être du plus grand nombre. Mais voilà, les maîtres du
bouddhisme ancien considère que si quelqu'un a entendu les
enseignements du Dharma, mais ne les met pas en pratique, il ne se
libérera jamais. On vous donne la carte, mais c'est à vous à faire
le voyage. La libération est d'abord une entreprise individuelle
dans le bouddhisme ancien.
Les
maîtres du Mahāyāna considèrent qu'il faut dépasser cette
limitation à tout prix. Il faut vider l'univers de sa souffrance et
être animé par un esprit d’Éveil infatigable, contourner le
problème que posent les tenants du Theravāda, en développant les
« moyens habiles » (upaya en sanskrit) pour hameçonner
les personnes dans l'illusion, la confusion, l'orgueil ou l'ignorance
et les conduire vers le suprême et incomparable Éveil des Bouddhas.
La bodhicitta doit dans cette optique être quelque chose de plus
que la simple motivation à aider les autres et à les libérer. Il
faut que la bodhicitta change complètement notre point de vue sur
les autres : il faut cesser de les voir comme des entités
extérieures sur lesquelles notre volonté n'aurait pas de prise.
C'est
pourquoi on retrouve trois préceptes pour esprit d’Éveil qui vont
en crescendo dans l'implication altruiste et qui permettent de
dépasser cette dualité illusoire entre le moi et l'autre. Ces trois
préceptes de l'esprit d’Éveil sont donc dans l'ordre :
- 1) considérer autrui comme soi-même
- 2) s'échanger soi-même contre autrui
- 3) chérir autrui plus que soi-même
- Considérer autrui comme soi-même
Nous
avons tous en nous une capacité d'empathie. L'empathie est la
capacité de ressentir ce que les autres ressentent. L'empathie joue
un rôle essentiel dans la construction sociale des sociétés
humaines. L'empathie s'opère par un décentrement de la personne (ou
de l'animal) et peut mener à agir dans l'intérêt, voire même pour
la survie du sujet visé par l'empathie. Idéalement, l'empathie a
cette fonction essentielle de nous faire comprendre les besoins de
l'autre et de coordonner nos actions pour qu'émerge un groupe social
qui sera favorable au bien collectif de tous les membres de la
communauté. L'empathie nous fait comprendre quand l'autre a mal et
que la souffrance est aussi pénible pour nous que pour les autres.
C'est donc aussi une base de la morale sans laquelle aucune société
humaine ne serait possible.
Ce
que proposent les maîtres du Grand Véhicule, c'est d'amplifier
considérablement cette capacité naturelle que nous avons à
l'empathie. (Juste une précision avant d'avancer dans le propos :
les maîtres bouddhistes n'ont jamais parlé « d'empathie »,
et pour cause, le terme n'apparaît pour la première fois au XIXème
dans les milieux de la philosophie et de la psychologie et ne s'est
réellement développé qu'au XXème
siècle.
Néanmois, cette notion est clairement présente dans un sens très
proche de celui qui est développé dans la psychologie moderne). La
méditation inspirée par l'esprit d’Éveil est donc d'abord un
entraînement à se mettre à la place, à s'identifier à eux, à
comprendre leur point de vue. Dza Patrül Rimpotché dans son Chemin
de la Grande Perfection
explique cette pratique de se considérer comme autrui : « La
cause de notre errance immémoriale dans l'océan de douleur du
samsāra réside dans la croyance en un « je » ou un
« soi » qui n'existent pas, et dans le fait que ce
« soi » devient ensuite l'unique objet de notre
affection. Réfléchissons : notre seul désir actuel est d'être
toujours heureux, en toute occasion ; nous ne souhaitons pas la
moindre espèce de souffrance. La plus infime blessure – une piqûre
d'écharde, une légère étincelle – nous cause aussitôt une
douleur intolérable et nous nous plaignons. Qu'une puce nous pique
dans le dos et nous nous mettons immédiatement en colère. Nous
l'attrapons et l'écrasons de toute nos forces entre nos deux ongles.
Même quand la puce est morte, nous continuons rageusement à frotter
nos ongles l'un conte l'autre... Aujourd'hui, la plupart des gens
pensent qu'il n'y a pas de mal à tuer une puce. Mais comme c'est
toujours par colère qu'on la tue, voilà une infaillible raison de
renaître dans l'enfer de la réunion et de l'écrasement.
Nous
devrions être honteux de ne pas supporter une douleur aussi
insignifiante et de réagir en causant tant de mal et de souffrances
aux autres ! Chacun des êtres qui peuplent les trois niveaux du
samsāra désire tout le bonheur du monde, pas un ne désire la
moindre souffrance, exactement comme nous-mêmes. Mais comme ils ne
savent pas pratiquer les dix actes positifs, qui sont la source du
bonheur, et s'acharnent à n'accomplir que des actes négatifs, qui
engendrent la souffrance, ils agissent à l'encontre de leur désir
le plus profond et souffrent constamment. Or tous, sans exception,
depuis la nuit des temps, ont été nos pères et nos mères »1.
Au
fond, nous sommes tous très différents les uns des autres : il
y a différentes façons de penser, de réagir à un même stimulus,
différents goûts et manières de juger, différents centre
d'intérêts et différentes valeurs morales. Et cette différence
s'accentue dès lors que l'on essaye de concevoir la subjectivité
des animaux : comment peut-on imaginer ce qu'est ressentir le
monde quand on a l'odorat d'un chien ? Qu'est-ce veut dire être
une chauve-souris quand on évolue à toute vitesse dans une caverne
aux parois étroites, entièrement plongée dans l'obscurité ?
Que voit-on quand on est une mouche avec des globes oculaires aux
milles facettes ? Tout cela est très difficile à penser et à
concevoir. Comment bondir et franchir le gouffre qui nous sépare de
la perception du monde qu'ont les autres, que ces autres soient
d'autres êtres humains ou des animaux ?
Pour
autant, il y a au moins un point sur lequel nous sommes semblables :
notre envie d'éprouver du bien-être et du plaisir corrélé avec
notre répulsion pour la souffrance. Nous ne voulons aucune
souffrance : même la piqûre d'un moustique est ressentie comme
une torture que nous voulons éviter à tout prix. Notre désir pour
le bien-être corrélé à notre dégoût pour la douleur est donc la
piste la plus sérieuse pour se mettre à la place d'autrui. Voyons
comment tous les êtres réagissent face à la douleur et font tout
pour s'en écarter. Voyons comment il est si difficile de supporter
et d'endurer cette douleur brûlante. Et là on n'a plus que
l'embarras du choix pour voir cette souffrance à l’œuvre dans ce
monde cruel. La réaction la plus saine est de faire naître une
compassion pour ces êtres doués de conscience qui auraient pu être
nous-mêmes. C'est comme si le monde n'était qu'une vaste scène de
théâtre sur laquelle on aurait fixé les rôles, mais pas encore
les scénarios qui s'écriraient au et à mesure de l'avancement de
la pièce. N'auriez-vous pas de participer à la rédaction de la
pièce si vous vous rendiez compte que chaque acteur avait oublié
qu'il jouait un rôle et qu'il s'identifiait entièrement à son
rôle ? Ne feriez-vous pas effort pour que chaque acteur aient
des scènes de bonheur plutôt que des tragédies à endurer ?
Or
la pratique du Dharma est essentielle pour que ces êtres puissent
voir leur vie éclairée par le bonheur. Comme le dit Patrül
Rimpotché : « Puisqu'un
maître sublime et authentique nous a acceptés comme disciples,
puisque nous avons franchi le seuil du Dharma et connaissons la
différence entre le bénéfique et le nuisible, nous devons avec
amour, prendre soin de tous les êtres, nos vieilles mères, esclaves
de l'ignorance, sans faire de différence avec nous-mêmes.
Pardonnons-leur leurs actes malveillants et leur partialité et
méditons en prenant la résolution de ne plus jamais distinguer
entre amis et ennemis. Puisque toujours et en toutes circonstances
les autres désirent autant que nous ce qui est bon et procure le
bien-être, efforçons-nous de leur faire le nôtre. Évitons-leur la
moindre souffrance comme nous le faisons pour nous-mêmes.
Réjouissons-nous sincèrement du bonheur et des richesses qu'ils
possèdent comme nous nous réjouirions si c'étaient les nôtres. Ne
voyons plus de différence entre tous les êtres qui peuplent les
trois mondes et nous-mêmes, attelons-nous à la tâche exclusive
d'essayer de les rendre heureux, dans l'immédiat comme à long
terme.
Un
jour, Troungpa Zinachen demanda à Padampa Sangyé une seule phrase
qui suffirait en guise d'instructions. Le maître répondit :
« Ce que les autres désirent, les autres le désirent aussi.
Alors agis en conséquence ! ». Déracinons totalement la
mentalité avide et haineuse qui nous fait chérir et haïr les
autres. Considérons les autres comme nous-mêmes »2.
Intensifier
l'empathie qui est déjà naturellement en nous conduit à une
perspective altruiste : « Ne
voyons plus de différence entre tous les êtres qui peuplent les
trois mondes et nous-mêmes, attelons-nous à la tâche exclusive
d'essayer de les rendre heureux, dans l'immédiat comme à long
terme ».
Considérer autrui comme soi-même est une pratique qui efface la
dualité entre soi-même et autrui : les intérêts des autres
ne me sont plus complètement étrangers. L'empathie éveille une
dimension altruiste en nous. Comment rendre les personnes heureuses
aujourd'hui et aussi pour longtemps ? Voilà un questionnement
qui se renforce dès lors qu'on fait l'exercice spirituel de
s'identifier aux autres.
Ce
basculement dans notre façon de voir les choses peut être résumé
par la formule de Padampa Sangyé que cite Patrül Rimpotché :
« Ce
que les autres désirent, les autres le désirent aussi. Alors agis
en conséquence ! »
Les autres désirent le bonheur, toi aussi. Les autres veulent fuir
la souffrance, toi aussi ! Alors agis en conséquence : ne
te lance pas tout seul dans la quête du bonheur alors que tout le
monde cherche le bonheur. Participe au bonheur des autres dès que tu
peux. Deux types de choses peuvent procurer le plaisir, le bien-être
et le bonheur (au sens très large du terme) : des choses qui se
possèdent et se consomment et des choses qui ne se consomment pas
et/ou qui se partagent. Un gâteau est quelque chose qui se possède
et qui se consomme. Tout le monde ne peut pas avoir de mon gâteau.
Si je le partage, je perds des parts de mon gâteau dont je ne
pourrais pas jouir. Je peux avoir un point de vue égoïste et me
lamenter de perdre la jouissance de mon gâteau. Mais je peux
développer mon empathie, comprendre que si je désire du gâteau,
les autres probablement aussi, et par l'empathie, me réjouir de ce
que d'autres que moi se réjouissent de ce gâteau.
Shāntideva
disait à ce propos :
« Si
je donne, comment jouirai-je ?
Cette
pensée égoïste appartient aux démons.
Si
je jouis, comment donnerai-je ?
Cette
pensée altruiste est une qualité divine ».
L'argent,
les possessions, les avancements dans la carrière, tout cela est
semblable au gâteau : il y en a une quantité limitée, et
chacun essaye de tirer la couverture à soi. Tout cela crée une
tension entre ce que l'on tente de s'accaparer et ce qu'on veut bien
concéder aux autres. L'empathie nous met en face de la conscience de
ce que les autres tentent aussi de jouir des mêmes choses désirables
que nous et opère un transfert entre notre jouissance égoïstes et
la jouissance des autres. Cela apaise la concurrence, la rivalité,
les jalousies incessantes. Et c'est là un bienfait important de
l'empathie altruiste parce que l'esprit de rivalité pousse à
vouloir gagner plus le voisin : je désire quelque chose, non
parce que j'en ai vraiment envie, mais parce que mon voisin possède
cette chose et je veux quelque chose de similaire, voire de mieux
pour gagner en valeur dans le grand jeu de la compétition sociale.
Si mon voisin a une voiture de sport, je veux le modèle supérieur
pour me mettre en valeur aux yeux de la société qui me regarde, me
juge et m'estime à l'aune de ma réussite. Mais cela n'apporte que
des tensions, des rivalités stupides, des conflits sans intérêt.
Dans une société empathique, on comprend aisément que je ne gagne
pas à plus fort, plus riche, plus victorieux qu'un autre, car cet
autre est aussi un autre « je ». S'il y a des gagnants
dans la société, il y a forcément aussi des perdants.
Une
société plus empathique est aussi une société plus fraternelle où
l'on peut partager les choses qui ne s'épuisent pas au fur et à
mesure où on les consomme, comme l'amour, l'amitié, la
bienveillance. Si je passe un bon moment avec un ami, je n'ai rien
perdu, mon ami n'a rien perdu, par contre, nous gagnons chacun un
moment d'amitié. Et les rires, les échanges, les conversations. Or
cette société plus fraternelle, plus solidaire suppose qu'on ne
divise pas les gens en « gagnants » et en « perdants »,
qu'on n'enferme pas les gens dans ces bulles d'ego restreintes.
Amplifier l'empathie ouvre un horizon de conscience beaucoup plus
vaste où les autres ont leur place et leur raison d'être.
1 Patrul
Rinpoché, Le Chemin de la Grande Perfection, éd. Padmakara, Saint-Léon-sur-Vézère (France), 1997, pp. 271-272.
2 Patrul
Rinpoché, Le Chemin de la Grande Perfection, op. cit., pp.
272-273.
Prochainement dans cette série sur les préceptes de l'esprit d’Éveil des articles sur l'échange de soi contre autrui et le fait de chérir les autres plus que soi-même.
Voir aussi :
- Empathie et altruisme
Le psychologue Serge Tisseron critique le moine bouddhiste Matthieu Ricard sur la question de l'empathie. Celui-ci ne distingue pas suffisamment les différents types d'empathie. Et face à la détresse émotionnelle qui peut survenir à cause d'un trop-plein d'empathie, il oppose la compassion au sens bouddhiste du terme. Mais comment le bouddhisme pense-t-il vraiment des notions telles que l'empathie, l'altruisme et la compassion ?
Paul Bloom, dans une interview à The Atlantic, voit dans l'empathie une très mauvaise chose pour l'humanité. Que reproche le psychologue à l'empathie ? L'empathie nous aveugle en nous focalisant sur les choses immédiates au détriment d'une pensée plus construite qui anticipe les conséquences à long terme de certains phénomènes
- Le bonheur et les autres
Le bonheur est-il en nous ? Ou se trouve dans notre relation avec les autres ?
Quel équilibre doit-on trouver entre soi-même et autrui ?
- Qu'est-ce que la compassion?
Voir également à propos de l'esprit d’Éveil, de l'amour et de la compassion :
- La compassion selon Shabkar
- Soulager l'infinité des êtres
- Méditation des Quatre Incommensurables
- Bodhicitta : le désir d'apaiser les souffrances de tous les êtres vivants
- En quoi la bodhicitta est salutaire
- compassion et vacuité
- la compassion envers les êtres sensibles, et notamment les animaux
- la vache qui pleure
Prochainement dans cette série sur les préceptes de l'esprit d’Éveil des articles sur l'échange de soi contre autrui et le fait de chérir les autres plus que soi-même.
éd. Padmakara |
Autres citations de Dza Patrül Rimpotché
Voir aussi :
- Empathie et altruisme
Le psychologue Serge Tisseron critique le moine bouddhiste Matthieu Ricard sur la question de l'empathie. Celui-ci ne distingue pas suffisamment les différents types d'empathie. Et face à la détresse émotionnelle qui peut survenir à cause d'un trop-plein d'empathie, il oppose la compassion au sens bouddhiste du terme. Mais comment le bouddhisme pense-t-il vraiment des notions telles que l'empathie, l'altruisme et la compassion ?
Paul Bloom, dans une interview à The Atlantic, voit dans l'empathie une très mauvaise chose pour l'humanité. Que reproche le psychologue à l'empathie ? L'empathie nous aveugle en nous focalisant sur les choses immédiates au détriment d'une pensée plus construite qui anticipe les conséquences à long terme de certains phénomènes
- Le bonheur et les autres
Le bonheur est-il en nous ? Ou se trouve dans notre relation avec les autres ?
- Hillel : la relation aux autres
Quel équilibre doit-on trouver entre soi-même et autrui ?
- Qu'est-ce que la compassion?
On pense parfois que la compassion consiste à s'affliger soi-même de la détresse des autres, mais, dans la philosophie du Bouddha, rien de tout cela : la compassion est définie comme le souhait ardent que les autres soient libérés de la souffrance et des causes de la souffrance.
Voir également à propos de l'esprit d’Éveil, de l'amour et de la compassion :
- La compassion selon Shabkar
- Soulager l'infinité des êtres
- Méditation des Quatre Incommensurables
- Bodhicitta : le désir d'apaiser les souffrances de tous les êtres vivants
- En quoi la bodhicitta est salutaire
- compassion et vacuité
- la compassion envers les êtres sensibles, et notamment les animaux
- la vache qui pleure
Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour de la philosophie bouddhique ici.
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