Comme passe un enterrement
Tu pleureras l'heure où tu pleures
Qui passera trop vite
Comme passent toutes les heures.
Guillaume Apollinaire, A la santé, V, Alcools, septembre 1911.
Tout n'est pas rose ce soir... (Liège, Belgique) |
L'ennui
envahit parfois nos existences, à tel point que le temps semble de
manière irritante suspendu. On voudrait alors que le temps passe, on
voudrait tuer le temps, faire qu'il fasse disparaître cet instant
présent, cette heure présente qui ne passe pas, suspendue dans la
morosité. Pourtant, ce sentiment de lourdeur et de lenteur
s'accompagne du temps qui défile et fait tout disparaître, qui
engloutit tout à grande vitesse. Quel absurdité est-ce donc que ce
sentiment que le temps passe trop lentement dans le moment présent !
La
méditation nous encourage à apprécier pleinement l'instant présent
dans la pleine conscience, ne pas rejeter l'heure présente, à
accepter ce qui fait l'ici et maintenant et à se réjouir de ce qui
se passe présentement, même si rien de particulier ne se passe, car
il se passe toujours le corps, il se passe toujours le va-et-vient de
la respiration, il se passe toujours la sensation, il se passe
toujours la conscience présente et vive dans l'instant. Voilà ce
qu'il faut redécouvrir pour que « les heures ne passent pas
lentement comme un enterrement ». Et méditer sur
l'impermanence de tous les phénomènes, pour que, d'une part,
conscient de la brièveté de la vie, on ne se mette pas à gâcher
de surcroît l'instant présent en se lamentant sur sa lenteur, et
que, d'autre part, on fluidifie notre flux de conscience, que l'on ne
ressente plus l'instant présent comme une prison dans laquelle on
viendrait s'engluer et que l'on soit apaisé par rapport au vertige
du temps qui passe et qui anéantit tout sur son passage.
Autres citations sur l'impermanence et la mort :
Photo: Jacques Wahle
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