ΜΗΔΕΝ
ΑΓΑΝ
Rien de trop
Delphes. |
Méden Agan, rien de trop, est une maxime qui figurait sur le fronton de l'oracle de Delphes dans la Grèce antique. C'est un appel évident à la modération et au sens de la mesure si important dans la mentalité grecque tant d'un point de vue éthique qu'esthétique. Pour les Grecs, la sagesse consiste à savoir ne pas tomber dans la démesure. Chaque chose a sa mesure, et il s'agit de ne pas tomber dans les excès et la frénésie de toujours vouloir plus. En ce sens, cela se rapproche du proverbe "l'excès nuit en toutes choses", avec la quête sous-jacente de la juste mesure et de l'équilibre dans tous les aspects de sa vie de la même façon que les architectes grecs recherchaient les proportions les plus harmonieuses des bâtiments dans le nombre d'or.
Boire de trop, se perdre dans l'avide appât du gain, vouloir conquérir à tout prix le pouvoir, vouloir pour un roi agrandir ses territoires et son empire au détriment des autres peuples, voilà une démesure qui conduit inévitablement au désastre et aux tragédies. "Rien de trop" est l'injonction à refréner cette démesure et ces passions dévorantes et à faire apparaître en soi la sagesse de modération et de tempérance, ce que les Grecs appellent la sophrosuné (σωφροσύνη). Le but est alors de pouvoir bâtir une vie belle et juste où l'on pourra apprécier chaque instant de sa vie dans la plénitude et la beauté.
Mais la formule "méden agan" n'est pas seulement un appel à la modération sur le plan éthique ou sur celui de l'esthétique. Pour les sceptiques grecs, héritiers de Pyrrhon d'Elis, Μηδὲν ἄγαν doit se comprendre aussi sur un plan épistémologique. Dans le domaine de la connaissance, il ne doit y avoir "rien de trop". Pour les sceptiques, on peut s'accorder sur les apparences de ce monde. Mais tout ce qui est au-delà de notre sphère de perception immédiate tombe dans le domaine du doute et de l'incertitude. On peut s'accorder sur la table, les chaises, l'ordinateur devant nous, les arbres et les voitures dans la rue, mais ce qui est au-delà de nos sens, comme Dieu ou les dieux, l'origine du monde, les limites de l'univers (ou son absence de limites), l'Être dans son inaccessible mystère, l'au-delà de la mort, tout cela dépasse le champ de nos connaissances. Sur tout cela, il faut suspendre son jugement et éviter le dogmatisme. C'est donc aussi un appel à la modération de la part des sceptiques, mais sur le plan des concepts et des certitudes qui nous conduisent souvent à être intolérants et fermés d'esprit.
... pas simple tout ça...
RépondreSupprimerQuelqu'un peut expliquer plus simplement svp..
RépondreSupprimerJ'ai essayé de répondre plus clairement ici : https://lerefletdelalune.blogspot.com/2020/02/rien-de-trop.html
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