Ennemis et proches sont
impermanents. Un jour que le sublime Katyâyana1
mendiait sa nourriture, il rencontra un père de famille qui tenait
un enfant sur ses genoux. Cet homme se régalait d'un poisson et
lançait des pierres à une chienne qui en mâchait l'arête. Or,
avec sa clairvoyance, le maître vit ceci : le poisson avait été
le père de l'homme dans cette vie-ci, la chienne était la
réincarnation de sa mère et un ennemi qu'il avait tué dans une vie
passée avait pris renaissance, par un retour du karma, comme son
fils. Et Katyâyana s'écria :
On dévore son père
et on frappe sa mère,
On tient sur ses
genoux l'ennemi qu'on tua ;
Une femme mâchant
les os de son époux...
Devant le samsâra,
l'envie me prend de rire !
Dans cette vie, nous
avons des ennemis mortels qui, plus tard, deviennent de bons amis,
des parents ou des proches, nos relations les plus intimes. A
l'inverse, on voit des gens de la même famille se haïr et se faire
tout le mal qu'ils peuvent pour la moindre broutille, la moindre des
possessions. On voit des époux et des proches qui, pour le motif le
plus insignifiant et le plus fugace, deviennent ennemis et
s’entre-tuent. Puisque n'importe quelle amitié ou inimitié est
éphémère, répétons sans cesse qu'il faut traiter tout le monde
avec amour et compassion.
Patrül Rimpotché, Le
chemin de la grande perfection, éd. Padmakara, Saint-Léon-sur-Vézère (France), 1997, pp. 89-90.
1Katyâyana
était un des grands disciples du Bouddha.
à New-Delhi |
Autres citations de Dza Patrül Rimpotché:
- la compassion envers les êtres sensibles, et notamment les animaux
- le conte de Lune Célèbre
- La Voie du Milieu dans la méditation
- Les tâches ménagères à l'aune de l'impermanence
- La toute simplicité
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