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jeudi 5 novembre 2015

Vers un monde végane - 1ère partie






Vers un monde végane – lentement, mais sûrement
1ère partie





   Le chemin vers un monde végane passe-t-il par la promotion du flexitarisme ? Faut-il encourager les gens à réduire progressivement leur consommation de viande et de produits animaux et à végétaliser de plus en plus leur alimentation ? C'est l'approche que défend depuis longtemps l'association végétarienne belge EVA et celui qui a été son président pendant plus de dix ans, Tobias Leenaert. EVA a notamment mis en place la campagne « Donderdag Veggiedag » (le Jeudi Veggie) dans la ville de Gand où on encourage tout le monde à consacrer une journée par semaine à végétaliser ses repas. L'idée de cette campagne est qu'il ne sert à rien de vouloir à tout prix imposer le véganisme qu'il faudrait adopter du jour au lendemain, mais encourager à changer leurs habitudes par petites touches où ils vont pouvoir s'accoutumer à l'alimentation végétarienne, puis végane. Selon Tobias Leenaert, cette stratégie s'avère plus efficace à long terme que la volonté de convertir les gens au véganisme d'un seul coup en leur présentant des images d'abattoir et des exemples de la maltraitance des hommes à l'égard des animaux. Il défend sa vision stratégique sur son site « Vegan Strategist » et je voudrais évoquer ici ses articles de ces derniers jours car ils m'ont interpellé.




Tobias Leenaert




    Tobias Leenaert explique que le groupe de gens qui sont le plus à même de réduire la souffrance animale ne sont ni les véganes, ni les végétariens, mais bien les « flexitariens ». Pour rappel, un flexitarien (reducetarian en anglais, celui qui réduit) est quelqu'un qui s'autorise encore à manger de la viande ou du poisson, au contraire d'un végétarien ou a fortiori d'un végane, mais il en limite le plus possible la consommation. Du point de la lutte contre la souffrance animale et de l'exploitation honteuse des animaux, ce n'est évidemment pas aussi bien que l'attitude du végane. Mais le flexitarien est pourvu d'une qualité puissante qui joue en sa faveur : le nombre. Il y a beaucoup plus de flexitariens dans notre société que de végétariens ou de véganes. Donc, si même les flexitariens ne réduisent que de moitié leur consommation animale, cela a beaucoup plus d'impact que la réduction de 100% de consommation animale par un nombre très réduit de véganes. En Belgique, les végétariens représentent à peu près 2% de la population et les véganes ne sont qu'un fraction de ces 2%. D'où il est justifié de faire des campagnes pour une progression douce vers une alimentation complètement végétalisée.


    Je me permets ici de reprendre le schéma que Tobias Leenaert reprend son article « Tipping the system toward a vegan world » (Faire pencher le système en faveur d'une monde végane).






Le but est donc que toutes cette population non-végane en rouge se tourne vers une alimentation plus respectueuse des animaux. Comment allons-nous y prendre ?







   Une manière de s'y prendre serait de tenter de convaincre les gens au véganisme un par un ; mais cela prend du temps et cela engendre beaucoup de résistance : on a l'impression de bousculer les habitudes et les coutumes communément admises, on ne sait pas comment on va s'y prendre et se cuisiner quelque chose sans devoir souffrir de carences et de malnutritions.... On subit aussi la pression des autres et des lobbys de la viande. Donc celui qui veut se convertir au véganisme est considérablement freiné dans sa démarche.











    Par contre, si on combine cette approche de conversion au véganisme avec l'approche beaucoup plus souple au flexitarisme en encourageant les gens à se passer au début de viande ou de poisson une fois par semaine. Beaucoup plus de gens vont pouvoir s'y retrouver : ils n'auront pas la société, les amis, la famille contre eux et se sentiront beaucoup plus à l'aise dans cette démarche. Ce qui fait que beaucoup de gens vont pouvoir se retrouver dans cette démarche.









    Une fois qu'on a touché une masse critique de flexitarien qui auront eu le temps de s'accoutumer à l'alimentation 100% végétale et qui auront beaucoup moins d'a priori négatifs à envisager le véganisme, il sera beaucoup plus facile de faire passer l'ensemble de la société vers l'alimentation végétale. Le véganisme aura cessé d'être vu comme une bizarrerie ou un truc impossible tellement cela demande un effort ascétique. En fait, quand j'ai découvert les campagnes « Donderdag Veggiedag » (le Jeudi Veggie) d'EVA, je n'étais que végétarien. Je savais par une amie qui travaillait dans une ferme bio que l'on écartait les veaux de leur mère pour que celle-ci puisse produire du lait en abondance. Cela avait produit chez moi un malaise certain, mais cela n'avait pas été suffisant que je passe au véganisme. Et puis en lisant le rapport de la FAO « Livestock's Long Shadow » (L'ombre portée de l'élevage) qui démontre l'impact écologique catastrophique de l'élevage et de la production de la viande, je me suis dit que je devais passer au véganisme, mais j'avais l'impression que je n'y arriverai jamais. Je me suis dit alors que je devais faire mon « Donderdag Vegandag » (Jeudi Vegan) où je m'engagerai à manger 100% végan un seul par semaine. En deux semaines, je suis passé à deux, puis trois jours par semaine, puis je suis devenu très vite végan. Pour moi, il ne faut pas sous-estimer la peur de ne pas y parvenir si l'on veut passer à un véganisme strict d'un seul coup.

   Le maître zen américain Philip Kapleau disait : « N'abandonnez pas la viande, laissez la viande vous abandonner ». Et c'est très vrai : l'appétence pour la viande, les produits carnés, le poisson ainsi que les autres produits animaux comme le lait ou les œufs perd en puissance après un certain temps. Les choses doivent se faire progressivement : on se rend compte du problème qu'il y a à consommer de tels produits qui alimentent la souffrance et l'exploitation des animaux, le réchauffement climatique et la déforestation dans le monde, et qui, en plus, sont mauvais pour la santé des humains ! Le malaise grandit, mais on reste attaché à ces produits pour toutes sortes de raison qui peuvent être sociales, culturelles, psychologiques, familiales tout autant que gastronomique ou de simple gourmandise. La nourriture est quelque chose de profond. C'est un phénomène qui a toutes sortes de facettes ; et notre relation à la nourriture va trouver ses racines dans notre inconscient. Il faut un certain temps pour que ces liens se détendent et que nous transformions notre relation à la nourriture dans le sens d'une végétalisation complète.











Le site de Tobias Leenaert (en anglais) : http://veganstrategist.org/

Le site de l'association EVA (en néerlandais) : http://www.evavzw.be/

Le site de la campagne Jeudi Veggie (en français) : http://www.jeudiveggie.be/



Sur l'approche zen de Philip Kapleau (N'abandonnez pas la viande, laissez la viande vous abandonner), voir : L'abandon de la viande selon la tradition zen



Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour de la libération animale ici..

    Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour du végétarisme et du véganisme 
ici.


Voir toutes les citations du "Reflet de la Lune" ici.


2 commentaires:

  1. Excellent ton article.

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  2. Oups pardon, je constate que je tutoie facilement c'est pas par manque de respect bien au contraire.

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