Conflits dans les États Shan et Kashin
Il
y a quelques jours, j'évoquais la tragédie que vivent actuellement
les Rohingyas en Birmanie. Ce conflit ethnique conduit à un total
déni des droits humains et politiques des Rohingyas. Et on le
condamne dans le monde entier pour les implications religieuses qu'il
suscite : les extrémistes bouddhistes qui appellent à la
ségrégation, à la violence et à l'expulsion de populations
entières, voilà qui écorne l'image du bouddhisme comme religion
pacifique prônant l'éthique de la non-violence. Mais ce qu'il faut
bien comprendre, c'est que la Birmanie avec ses 135 minorités
ethniques (en-dehors des Rohingyas) est traversé de plusieurs autres
conflits ethniques. Actuellement la bataille fait rage entre l'armée
birmane, la Tatmadaw, et les armées des ethnies Shan et Kashin dans
le nord de la Birmanie : l'Arakan Army (AA), la Kachin
Independence Army (KIA), la Myanmar National Democratic Alliance Army
(MNDAA) et l’armée Ta’ang National Liberation Army (TNLA).
Depuis
le 20 novembre, les combats font rage entre l'armée régulière et
ces différentes factions. L'armée birmane procède à des
bombardements aériens dans les zones de Mungkoe et Pawng Sail dans
l’État Shan du Nord et Man Win Gyi dans le sud de l’Etat Kachin.
Ces combats ont lieu à proximité de la frontière chinoise. 3000
civils ont fui de l'autre côté de la frontière. Dans la ville de
Muse, la population civile s'est réfugiées dans des monastères et
des églises. L'hiver arrive à grand pas dans ces zones
montagneuses, et leur situation va être de plus en plus précaire
avec la chute des températures. La plupart des zones touchées par
les conflits ne sont pas accessibles. Les villageois des zones
reculées se retrouvent piégés entre les zones de conflit. Aucune
aide ne peut venir à l'intérieur de ces zones contrôlées par
l'armée birmane ; personne ne peut en sortir non plus.
Etat Kachin en Birmanie |
La ville de Muse dans l'Etat Shan en Birmanie |
La
jeune démocratie birmanie avait lancé un processus de paix qui
s'avère de facto
extrêmement fragile. Selon le site
Info-Birmanie : « Les
organisations (humanitaires présentes en Birmanie) demandent aux
parties en conflits le respect total de la loi Humanitaire
Internationale (IHL), qui prévoit des mesures spéciales pour
protéger les civils lors des conflits armés. Elles demandent
également l’arrêt immédiat des hostilités. La priorité est de
trouver une solution pacifique aux conflits en Birmanie pour le futur
du pays et de son peuple. Cette solution doit être basée sur un
dialogue politique ouvert qui répond aux problèmes persistants, à
l’origine du conflit.
La
protection et la sécurité des populations déplacées et des civils
représentent les inquiétudes majeures. La zone de conflit doit
bénéficier d’un accès humanitaire régulier et d’une
intervention immédiate. Toutes les organisations, qu’elles soient
locales ou internationales, devraient promouvoir la médiation et le
dialogue entre les parties en conflit, favorisant un retour à la
table des négociations ».
C'est ce qu'on peut
espérer de mieux pour la Birmanie : un retour à la paix et à
l'esprit de dialogue.
Etudiants de l'Etat Kayah manifestent contre la guerre civile dans l'Etat Shan à Loikaw (photographie : Carole Oudot)
Pour de plus amples informations, voir le site Info-Birmanie :
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