Certains
me sont chers,
d'autres
me sont odieux,
parce
que vainement
ce
monde occupe ma pensée,
moi
qui suis toujours tourmenté.
Empereur
Go-Toba ( 後鳥羽 ),
Japon, 1180-1239.
(La
traduction est de la rédactrice du blog Sukinanihongo).
Takeuchi Seihō (1864 - 1942) |
Je
viens de trouver ce poème inspirant sur ce blog très intéressant,
Sukinanihongo
tournant autour de la culture japonaise. J'invite tout le monde à y
jeter un œil. En plus de la version japonaise et de la traduction
proprement dite, il y a là une analyse sérieuse qui décortique le
poème et chacun des termes employés.
On
sent dans ce poème une influence bouddhique : nos attachements
et nos répulsions envers les êtres et les choses de ce monde nous
perturbent, nous égarent et nous jettent dans des conflits
émotionnels incessants. S'ensuit l'invitation de renoncer au monde
et de mener une vie plus spirituelle détachée du monde.
L'empereur
Go-Toba était contemporain de Dōgen
Zenji (1200 – 1253) ; la sœur de Dōgen a d'ailleurs épousé
Go-Toba. Son règne a particulièrement été troublé : le
shogun Yoritomo régnant à Kamakura l'a obligé à se retirer et à
abandonner le pouvoir à leur pouvoir. Go-Toba avait bien tenté de
se rebeller après la mort de Yoritomo ; mais les forces du
shogunat ont emporté et vaincu les forces soutenant Go-Toba,
envoyant ce dernier en exil. Peut-être le sentiment d'inquiétude
qui se dégage de ce poème vient de ces préoccupations politiques ;
mais en même temps, nul besoin d'être empereur du Japon pour
éprouver les tracas de la vie mondaine ainsi que les troubles que
suscitent tant les personnes aimées que les personnes détestées.
De
manière générale, la philosophie bouddhique dénombre huit
préoccupations mondaines qui viennent troubler la sérénité de
l'esprit, huit préoccupations vaines dont il conviendrait de se
dégager le plus vite possible, même si ce n'est pas facile. Ces
préoccupations mondaines vont toujours par paires, comme le couple
du positif et du négatif qui traverse et polarise notre existence :
- 1°) le gain et 2°) la perte ;
- 3°) le plaisir et 4°) le déplaisir, la souffrance ;
- 5°) la bonne réputation, la gloire et 6°) la mauvaise réputation, le fait de tomber en disgrâce ;
- 7°) la louange et 8°) le blâme.
Concernant Dōgen Zenji :
Sanshô Doei : - la voix des gouttes de pluie
- Adoration
- Trésor de l'Œil du Véritable Dharma
- Quand nous n'avons lieu où demeurer
- Une goutte d'eau
Poèmes chinois de l'Eihei Kôroku:
- Sur mon portrait
Voir aussi :
- Sans savoir pourquoi (Sōseki Natsume)
- Rosée que ce monde (Kobayashi Issa)
- Espérant le cri du coucou (Bashō)
- j'habite une forêt profonde (Ryokan)
- La vie humaine comme nuage et eau (Ci'an Shoujing)
- Choses qui ne font que passer (Sei Shōnagon)
- Pour toi mon amour (Prévert)
- Une fête en larmes (Jean d'Ormesson)
- Il faut beaucoup aimer les hommes
- Lotobiographie (Claude Pélieu)
- Nanti d'un seul œil (Jim Harrison)
- Il n'y a pas d'amour heureux (Aragon)
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