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mardi 25 juin 2019

Le maître spirituel - 1ère partie




Le maître spirituel
1ère partie



Je voudrais entamer ici une série de réflexions sur le maître spirituel. La plupart des traditions bouddhiques parlent de l'importance du maître spirituel ; mais régulièrement, la presse fait mention d'abus de pouvoir perpétrés par des maîtres spirituels. Le relation de maître à disciple est-elle donc absolument indispensable quand on chemine sur une Voie spirituelle ? J'essayerai d'évoquer cette question sous différents angles et avec différents textes.



Tout d'abord, il me semble important de distinguer deux termes : le maître spirituel et l'ami spirituel.


Maître spirituel : guru en sanskrit, lama en tibétain ou encore sensei en japonais. Il est noter qu'il faut peut-être différencier le guru au sens indien du terme du mot français « gourou » qui a pris une connotation particulièrement péjorative suite aux différents scandales liés aux sectes inspirées par la spiritualité indienne. « Guru » désigne un maître en Inde, mais sans cette connotation de charlatanisme et d'abus en tous genres. Le mot français « maître » implique une ambiguïté : parle-t-on du maître au sens hiérarchique du terme ? Le maître de l'esclave, le maître du valet ? Ou parle-t-on du maître au sens pédagogique ? Le maître d'école qui apprend quelque chose à quelqu'un ? Il y a donc une notion d'autorité dans l'idée de maître spirituel, que cette autorité soit le fait d'un pouvoir sur une disciple ou qu'elle provienne d'une connaissance que le maître a et que le disciple n'a pas.


Par ailleurs, est-ce que la relation du maître au disciple est-elle juste un lien social au même titre qu'une relation entre un patron et son ouvrier ou la relation d'un enseignant avec son élève ? Ou y a-t-il aussi une dimension plus mystique dans cette relation comme le laisse supposer la spiritualité tibétaine avec son « guru-yoga » et ses chants d' « Appel au lama de loin » ? Le maître spirituel doit-il se comprendre au travers de la transmission spirituelle et d'une lignée de maître à disciple qui relie le premier de tous les maîtres, le Bouddha pour les bouddhistes au disciple d'aujourd'hui ?


Ami spirituel : kalyana mitra en sanskrit. Un ami spirituel cherche à aider d'autres pratiquants en les conseillant, en les encourageant ou en leur apportant du réconfort. C'est une relation beaucoup plus égalitaire : un ami envers un autre ami, même si l'ami spirituel peut connaître des choses que l'autre ne connaît ou être plus avancé sur la voie spirituel. Mais l'ami spirituel n'en profite pas pour essayer de dominer l'autre d'une manière ou d'une autre.


Il est noter cependant que, très souvent, « maître spirituel » et « ami spirituel » sont employés comme de parfaits synonymes. Par exemple, Arnaud Desjardins a écrit un ouvrage justement intitulé : « L'ami spirituel ». Or, Arnaud Desjardins parle bien de maîtres spirituels dans cet ouvrage. Dans le bouddhisme tibétain aussi, quand on parle d'ami spirituel, on parle bien de guru ou de lama.


Mais personnellement, je fais la distinction parce qu'elle m'apparaît importante. Peut-on penser une relation spirituelle en-dehors d'une relation hiérarchique et d'une structure religieuse pyramidale ? Il me semble que oui, et c'est que j'appelle l'amitié spirituelle. Cela doit être mon côté anarchiste qui fait que je suis rétif à toute organisation qui enferme le disciple dans la soumission et une discipline auquel il n'aurait pas consenti rationnellement, mais qu'on lui impose de l'extérieur. Ni Dieu, ni maître... En tant qu'ami spirituel, j'aspire à conseiller le mieux possible les gens et essayer d'apporter de la sagesse et de la bienveillance à ce monde. Ce qui en veut pas dire que je pense tout connaître sur tout ou que je suis convaincu d'être quelqu'un de parfait.


Néanmoins, on peut se demander si l'organisation d'une sangha, une communauté spirituelle n'implique pas le respect d'une certaine autorité et le respect d'une structure hiérarchique ? Est-ce qu'une amitié spirituelle basée sur un sentiment d'égalité n'est pas un frein au développement sur le temps long d'une communauté spirituelle ? Si l'on veut transmettre de génération en génération l'héritage philosophique du bouddhisme ne faut-il pas recourir à des modes d'organisation qui nécessitent des chefs, du commandement et des gens pour obéir aux ordres ?


Voilà en quelques mots les questions auxquelles je tenterai de répondre dans les parties suivantes. J'essayerai d'expliquer ce que disent les textes des différentes périodes du bouddhisme et des différents courants du bouddhisme à propos du guru, du lama, du senseï. Je me poserai la question de la réception de la réception de cette idée oriental de maître spirituel dans l'Occident moderne. Et j'essayerai de répondre, ou en tous cas d'apporter une réflexion à la question de savoir s'il faut un maître spirituel et quel doit être ce maître spirituel. Quelles sont les qualités requises pour être un maître ? Qu'est-ce que le maître doit faire ? Et que doit-il éviter ? Quelles sont d'un autre côté les qualités requises pour être un disciple ? En quoi consiste l'engagement d'un disciple envers un maître spirituel ? En quoi le maître fait-il le disciple ? Et en quoi le disciple fait-il le maître ? Voilà quelques questions auxquelles j'aimerai réfléchir dans les textes suivants.
































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