Les quatre sceaux du Dharma
Le
premier du Noble Octuple Sentier est la vue juste. Pour rappel, les
sept autres sont la pensée juste, la parole juste, l'action juste,
les moyens d'existences juste, l'effort juste, l'attention juste et
la concentration juste. Ce Noble Octuple Sentier a été enseigné
par le Bouddha pour parvenir à la cessation définitive et complète
de la souffrance. La vue juste consiste à voir les choses telles
qu'elles sont, et non telles qu'on les imagine dans notre illusion.
Or
pour avoir cette vue juste sur les événements et sur les
phénomènes, il faut impérativement passer cette perception à la
moulinette des 4 considérations fondamentales, qui sont :
- 1°) tous les phénomènes composés sont impermanents ;
- 2°) tous les phénomènes composés sont souffrance ;
- 3°) tous les phénomènes composés sont vides d'un soi ;
- 4°) seul le Nirvāna est la paix.
*****
Tout
d'abord, une remarque préalable avant d'aborder chacun de ces 4
sceaux du Dharma. Qu'est-ce qu'un phénomène composé (samskrita
dharma en langue sanskrite) ? Un phénomène composé est un
phénomène qui perd son identité quand on le découpe et qu'on le
décompose. Votre corps est un phénomène composé par exemple. Si
je vous coupe en deux, votre corps ne peut plus vivre. Ce n'est plus
votre corps. Une table est un phénomène composé aussi : si je
la coupe en coupe, on n'a plus que deux bouts de bois inutile. Votre
mental est un phénomène composé aussi puisqu'il se décompose en
instants de conscience ; et aucun de ces instants de conscience
n'est le mental proprement dit. Les textes anciens de l'Abhidharma
passent beaucoup de temps à analyser tous les phénomènes pour
savoir s'ils sont composés ou non.
Un
phénomène incomposé par contre ne perd pas son identité quand on
le décompose. Si je découpe l'espace de votre chambre en deux, on a
d'un côté de l'espace et de l'autre de l'espace aussi. L'espace est
donc un phénomène incomposé. Le Nirvāna est aussi un phénomènes
incomposé, puisqu'il échappe à l'espace et au temps. Puis il y a
toutes sortes de débats pour savoir si tel ou tel élément est un
phénomène composé. Les atomes par exemple sont considérées par
certaines écoles bouddhistes comme un phénomène incomposé, mais
pas par toutes les écoles. Ce qui est intéressant à noter, c'est
ceux qui défendent cette thèse de l'atome incomposé expliquent que
si on coupe l'atome en deux, on a d'un côté de « l'espace
d'atome » et de l'autre un deuxième « espace d'atome »,
mais que cet espace d'atome ne perd pas ses propriétés intrinsèques
d'atome. Certains penseurs bouddhistes déclarent également que la
conscience pure, l'esprit dans sa véritable nature est aussi un
phénomène incomposé. Si on découpe l'esprit dans les différents
instants de conscience qui le composent, on a la nature de l'esprit
préservée, intacte, identique à elle-même en chaque instant,
alors que le « moi », le mental, les pensées ne
résistent pas à cette analyse. Je ne vais pas m’appesantir sur
ces débats souvent complexes. Ce qui m'importe ici, c'est de bien faire comprendre cette notion de phénomène composé pour la suite de
l'exposé.
1°)
Tous les phénomènes composés sont impermanents.
Tout
ce qui naît en ce monde est voué à disparaître. Rien n'est
éternel, que ce soit notre corps, notre « moi », nos
pensées, nos rêves, nos idéaux, le monde même. Le temps finit par
tout faire disparaître. Nous sommes voués à mourir. Il est sage de
s'en souvenir, car nous avons tendance à écarter cette réalité de
nos pensées :
Comme
dit le Bouddha dans la Dhammapada (I, 6) :
« La
plupart des gens oublient
Qu'ils
vont mourir un jour.
Pour
ceux qui y pensent,
La
lutte est apaisée ».
En
fait, il y a deux aspects de l'impermanence à prendre en compte :
l'impermanence grossière et l'impermanence subtile. L'impermanence
grossière est simplement le fait que les choses et les êtres
disparaissent, s'en vont soit rapidement, soit lentement par tout un
long processus de dégradation comme la vieillesse pour les êtres
humains. C'est une impermanence perceptible à l’œil nu, les
transformations radicales des choses qui font que ces choses auront
tôt ou tard une fin.
L'impermanence
subtile par contre implique l'évolution des choses au niveau
microscopique, imperceptible à nos sens ; et cette impermanence
subtile opère d'instant en instant. Si on regarde une table, on
pourrait constater que cette table ne bouge pas, n'évolue pas. Un
jour, elle sera peut-être cassée. Mais à présent, elle dure un
certain laps de temps sans bouger, sans se transformer. Mais si on
regardait la structure moléculaire de la table, on verrait ce que
les physiciens appellent le mouvement brownien, c'est-à-dire une
vibration de ces molécules comme si elle ne pouvaient pas rester en
place, comme des prisonniers qui seraient attachés par des chaînes
les uns aux autres, qui seraient entravés donc dans leur mouvement,
mais qui pourraient quand même bouger dans les limites de ces
chaînes. Dans les liquides et à plus fortes raisons dans les gaz,
ce mouvement brownien est beaucoup plus intense, comme si on avait
relâché les prisonniers. Au niveau sub-atomique, il y a un
mouvement constant de l'électron autour du noyau : à chaque
instant, l'électron opère un très grand nombre de sauts
quantiques. La réalité atomique n'est pas du tout une réalité
figée.
Nous-même,
corps et esprit, nous transformons d'instant en instant, même si on ne le voit pas. Les pensées sont très changeantes. Le Bouddha les
compare à un petit singe qui sauterait continuellement de branche en
branche sans jamais rester en place. Je peux penser à la Chine un
instant, et puis penser à mon plat de nouille que je vais manger ce
soir, puis à un match de football. Les pensées changent, on peut
s'en rendre compte ; mais on a l'impression que le « moi »
est stable comme peut l'être le corps. Mais à chaque instant, le
corps évolue, le sang circule dans les veines, les influx nerveux
traversent le corps, les cellules connaissent un nombre incalculables
de réactions biochimiques. À
chaque instant, il se passe une infinité de choses certes très
minimes, mais qui nous transforment d'instant et instant. Méditer
cette impermanence subtile, c'est rentrer dans le flux du monde et
commencer à s'ouvrir à la réalité absolue.
2°)
Tous les phénomènes composés sont souffrance.
C'est
peut-être l'aspect le plus contesté ou en tous cas qui dérange
dans la doctrine bouddhiste. Tout ce qu'on expérimente serait-il
douleur et souffrance ? Au XIXème
siècle, on parlait de pessimisme indien ou de pessimisme bouddhique
pour qualifier l'enseignement du Bouddha. Il faut bien comprendre ce
que l'on entend par là quand on dit que tous les phénomènes
composés sont souffrance, afin de ne pas faire de contresens. En
toute chose vécue, il y a de la souffrance, une souffrance qui peut
varier énormément en termes d'intensité et de nature. Cela va du
léger désagrément d'un piqûre de moustique ou de la contrariété
de devoir attendre un bus qui n'arrive pas jusqu'à des douleurs très
intenses comme une maladie en phase terminale ou des brûlures du
troisième degré.
Il
y a tout un spectre de douleurs et de souffrance, mais ce que dit le
Bouddha, c'est qu'aucun moment de l'existence n'est entièrement
préservé de la douleur et de la souffrance. Le Bouddha reconnaît
essentiellement trois types de souffrance :
- 1°) la souffrance de la souffrance,
- 2°) la souffrance du changement,
- 3°) la souffrance en formation.
La
souffrance de la souffrance,
c'est la souffrance à l'état le plus grossier : quand vous
vous cassez une jambe ou que quelqu'un vous tabasse. C'est la
souffrance que tout le monde reconnaît. Ces souffrances peuvent être
d'ordre physique ou d'ordre mental (la peur, le désespoir, la
dépression, l'ennui, le sentiment de perte ou d'abandon, etc...).
Ces souffrances sont inévitables tôt ou tard pour le Bouddha que ce
soit dans la maladie, la vieillesse...
Mais
on pourrait répliquer que tout n'est pas souffrance en ce bas monde.
Alors bien sûr, il y a toutes sortes des joies et des moments de
bonheur en ce monde. Le Bouddha ne nie pas cela. Vous pourriez être
heureux de vivre avec votre famille, et il est possible que vous ayez
véritablement des bonnes relations avec vos parents et vos enfants.
Le Bouddha ne dit pas que ce bonheur serait une tromperie, mais ce
qu'il dit, c'est que, dans cet état de bonheur, il y a une
souffrance cachée qui est la souffrance du changement.
Si vos parents ou vos enfants venait à mourir ou que la vie vienne
vous séparer d'eux, ce serait une grande souffrance. Cette situation
risque à l'avenir de se transformer en grand désarroi et une
infinie douleur. Or cela, vous le savez au fond de vous-mêmes (même
si vous vous le cachez et que vous refusez d'admettre cette
possibilité que vous pressentez pourtant). La souffrance du
changement est donc la souffrance en lien avec l'impermanence. C'est
une souffrance qui agit souterrainement dans l'instant présent du
bonheur comme l'angoisse de ce qui viendra à disparaître. Le
pressentiment que les jours heureux sont toujours comptés qu'ils
durent un an ou cent ans.
Par
ailleurs, une situation de bonheur n'est jamais complètement une
situation de bonheur. Il y a toujours des petites contrariétés qui
viennent un peu gâcher le plaisir. Imaginez que vous partiez en
vacances aux îles Bahamas avec l'amour de votre vie. J'imagine que
c'est là une situation que beaucoup de personnes jugeront comme une
situation plaisante et enviable. Mais durant ces vacances, ils
peuvent se produire des petites souffrances de basse intensité comme
un coup de soleil, l'agacement d'avoir à attendre de manière
prolongée à l'aéroport du fait d'une grève des bagagistes, un
pickpocket qui vous a piqué votre porte-monnaie, un jour au lit
suite à une « tourista » ou une indigestion après un
repas au restaurant du coin où l'hygiène n'est pas la première des
priorités... Tous ces fluctuations dans le bonheur, ces hauts et ces
bas dans l'existence sont aussi souffrance du changement.
Enfin,
la souffrance en formation,
ce sont toutes les graines de douleurs présentes et à venir que
vous plantez vous-mêmes et qui se traduiront tôt ou tard par de la
« souffrance de la souffrance ». Il y a là les trois
poisons de l'esprit : le désir-attachement, la haine-aversion
ainsi que l'ignorance. Tout génère de la souffrance pour les autres
et pour vous-mêmes. Ces émotions perturbatrices, même quand elles
sont dirigées vers autrui, vous reviennent toujours comme un
boomerang en pleine figure. La souffrance en formation est
l'insatisfaction fondamentale d'être en ce monde. La plupart du
temps, on ne voit pas cette souffrance en formation ; il faut
une pratique soutenue et répétée de l'attention et de la
méditation pour la repérer. C'est à cette souffrance en formation
que le Noble Octuple Sentier du Bouddha remédie.
Méditer
sur la souffrance est donc essentiel parce que nous sommes
constamment tenté d'écarter le phénomène de la souffrance hors de
notre conscience. On préfère penser à quelque chose d'autre. C'est
le thème du divertissement chez Pascal : on préfère s'amuser,
se divertir plutôt penser à sa misère d'être en ce monde. Souvent
même, les pensées qui se succèdent sont un écran entre nous et la
souffrance. Les pensées qui peuvent partir dans toutes les
directions agissent comme un anesthésiant par rapport à la
souffrance : on pense à autre chose en espérant que cela
passe. Par ailleurs, le désir agit aussi comme un divertissement
essentiel : on espère un état où l'on serait heureux qui
n'est pas l'état présent où l'on souffre. Ce désir permet
momentanément d'échapper au désespoir, mais c'est au prix d'une
tension permanente entre ce qui est (la douleur) et ce qu'on voudrait
avoir pour échapper à cette douleur.
Méditer
sur la douleur, c'est admettre qu'on échappe jamais complètement à
la souffrance et que les états qu'on désire, qu'on pense être des
solutions à notre douleur ne sont pas exempts eux-mêmes de douleur
et de souffrance. Si je suis malheureux dans mon boulot et mon
quotidien grisâtre, je peux rêver échapper à cela en allant en
vacances aux Bahamas avec la plus belle femme du monde, mais comme on
l'a vu, il y a aussi des problèmes et de l'insatisfaction aux
Bahamas ! Méditer sur la douleur, c'est donc apaiser notre
rapport au réel : peut-être que les choses ne sont pas idéales
aujourd'hui, mais on peut essayer de vivre avec cela, porter le
fardeau d'aujourd'hui.
C'est
important aussi parce que si on se détourne constamment de la
douleur et de la souffrance, celle-ci ne fait que croître et créer
de plus en plus de tension. Si vous tenez un livre en main, ce n'est
pas douloureux, mais si je vous demande de garder le livre à bout de
bras dix heures d'affilée, cela va être très douloureux.
Pareillement, le fait de prendre conscience de la douleur du moment
présent permet de relâcher cette douleur, de ne pas la porter des
heures durant, que ce soit l'inconfort physique ou les moments un peu
noir du mental du mental. Ignorer la douleur crée des tensions dans
le corps et et dans le mental ; et à la longue, cela devient
vite insupportable. Cela se transforme en somatisation, en
« souffrance de la souffrance ». D'où l'idée de
relâcher tout cela en pratiquant la vue juste : s'il y a de la
souffrance, il faut commencer par accepter qu'il y a de la souffrance
pour pouvoir trouver un remède à celle-ci dans un second temps.
Mais il arrive que certaines souffrances se dissipent d'elles-mêmes
simplement en en prenant conscience et ne les acceptant pour ce
qu'elles sont.
3°)
Tous les phénomènes composés sont vides d'un soi.
Les
phénomènes n'ont aucune existence ultime. Ils n'existent pas comme
des entités indépendantes des autres êtres ou des autres choses
dans l'univers. En revanche, tous les phénomènes sont liés par des
liens d'interdépendance avec tous les autres phénomènes
d'interdépendance. Tout se produit en interaction avec le reste du
monde. Quand on regarde un arbre, il faut voir aussi l'eau qui a
permis la croissance de cet arbre, et donc aussi le nuage qui apporté
de l'eau sous forme de pluie. Il faut voir le nuage qui a poussé le
nuage au-dessus de l'arbre, et il faut voir l'océan d'où cette eau
s'est évaporé ainsi que la soleil qui a permis cette évaporation
tout comme il a donné son énergie précieuse à l'arbre que l'arbre
va transformer dans la photosynthèse.
Vacuité
et interdépendance sont les deux faces d'une même pièce. Le
célèbre philosophe
Nāgārjuna ne
dit pas autre chose dans le Traité
du Milieu :
« Nous
appelons vacuité
Ce
qui apparaît en dépendance.
Cela
est une désignation dépendante.
C'est
la Voie du Milieu.
Puisqu'il
n'existe aucun phénomènes
Qui
ne soit production dépendante,
Il
n'existe aucun phénomène
Qui
ne soit pas vide 1 ».
Nous
sommes une illusion, le monde est une illusion, mais ce monde nous
apparaît tout comme nous apparaissons au monde en dépendance de
toute une série de causes et de condition. On pourrait comparer cela
au rêve : le rêve n'est pas quelque chose de réel, pourtant
il apparaît dans notre sommeil. Pareillement, tout est vide d'un
soi, mais nous apparaissons et le monde apparaît. Sachant cela, on
peut sérieusement relativiser les choses.
4°)
Seul le Nirvāna est la paix.
Il
arrive qu'on se contente d'énumérer les trois sceaux du Dharma –
impermanence, souffrance, vacuité – sans mentionner le quatrième
sceau : seul le Nirvāna est la paix. Ce quatrième est
certainement pour rappeler qu'il y a quelque chose de positif dans
toute cette négativité bouddhique : tout est voué à
disparaître, nous sommes condamnés à souffrir et notre existence
n'est qu'un mirage. Tout est impermanent, mais on peut échapper aux
outrages du temps en entrant dans le Nirvāna qui est au-delà du
temps. Tout est souffrance en ce monde, mais le Nirvāna est
l'extinction définitive et complète de toute souffrance, la suprême
béatitude. Tout est vacuité, mais le Nirvāna est la vérité
ultime. Donc au lieu de placer nos espoirs et nos rêves dans des
choses qui appartiennent à ce monde, on ferait de pratiquer le
Dharma pour atteindre ce havre de paix qu'est le Nirvāna. Les
soûtras expliquent qu'il faut pratiquer le Dharma comme si notre
chevelure était en flamme. Une vie peut sembler longue, mais ce
n'est qu'un clin d’œil dans le devenir du monde, d'autant plus que
toutes sortes d'événements vont nous détourner de la pratique du
Nirvāna. Il y a urgence parce que c'est là une longue quête.
Pressons-nous pour nous engager dans le Dharma et méditer ces quatre
sceaux !
1
Nāgārjuna, « Traité
du Milieu », chap
XXIII, 18-19, traduit par Georges Driessens, éd. du Seuil, Paris,
1995, p. 226.
Youri Beletsky, Lune et Mercure à Las Campanas, Chili. |
Voir également :
- La vision juste des phénomènes (strophes du Dhammapada sur les 3 sceaux du Dharma)
Sur la thème de l'impermanence :
- Une charogne (Charles Baudelaire)
- Sans savoir pourquoi (Sōseki Natsume)
- Des montagnes et des plaines (Fernando Pessoa)
Sur le thème de la souffrance :
- Soûtra du Fardeau et son commentaire
- Une fête en larmes (Jean d'Ormesson)
Sur le thème de la vacuité :
- Rosée que ce monde (Kobayashi Issa)
- Formes sur fond vide (Dai'an Puzhuang)
- Émotions (Kalou Rimpotché)
- Apparence et vacuité (Longchenpa)
Pilier d'Ashoka à Vaishali dans l'état du Bihar. |
Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour de la philosophie bouddhique ici.
Merci Bai pour ce nouvel article qui rappelle des fondamentaux. Pourrais-tu écrire un jour un article, qui peut découler d'une certaine manière de celui-ci qui d'ailleurs apporte déjà des réponses à ma question (mais disons qu'un angle d'approche plus direct de la question m'aiderait), sur "comment éprouver de la joie quand on a une conscience aiguë de la souffrance des êtres" ? Disons que je ne parviens pas vraiment à trouver la réponse moi-même. Peut-être y-a-t-il une partie de l'être qui, génétiquement, ne prédispose pas au "bonheur", du moins à la joie (?) Si je dis ça, c'est que j'ai entendu Frédéric Lenoir parler de notre capacité au bonheur et il disait qu'il y aurait une part de conditionnement génétique dans l'affaire (en termes bouddhiques, c'est sûrement lié au karma, aux samskaras, me semble-t-il). Merci à toi.
RépondreSupprimerIl y a deux choses :
RépondreSupprimer- d'une part, un bonheur relatif qui dépend de notre situation, de ce qu'on a vécu, si on été aimé ou pas, si on a vécu des traumatismes ou pas. Ce bonheur relatif varie très fort d'une personne à l'autre.
"Some are born for sweet delights,
Some are born for endless nights" disait le poète anglais William Blake.
Certains seront plus prédisposés à la mélancolie, d'autres seront naturellement plus heureux. Cela dépend aussi en partie de l'organisation du cerveau et de la génétique.
- d'autre part, il y a un bonheur ultime qui n'est pas soumis à tous ces liens de causalité propres au monde phénoménal. C'est ce bonheur ou béatitude qui s'exprime dans la méditation.
En sachant aussi, que ce bonheur ultime peut rejaillir dans notre bonheur relatif et apaiser les tourments de l'âme ou de nos nerfs.
Reste la question fondamentale : "Comment éprouver la joie dans cet océan de souffrances qu'est le monde ?"
Je ferai une réponse brève qui est de dire que la pratique du Dharma répétée encore et encore illumine ce monde. Essayer encore et encore de trouver des solutions au problème de la souffrance. Cette joie se cultive activement par la pratique du Dharma, ce n'est pas une joie passive qui se manifeste quand quelque d'heureux se produit.
Ayant dit cela, il reste encore un mystère ou peut-être une part de folie dans cette Joie qui persiste à rayonner dans les ténèbres du monde.
J'essayerai de développer cela dans un prochain article.