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mardi 4 septembre 2018

Un nomade de la raison - 4ème partie




Un nomade de la raison 
sur les chemins d’Élis à Taxila

4ème partie



Voir :

- la première partie 

- la 2ème partie   

- la 3ème partie




L’Inde philosophique



   Voilà donc pour les influences grecques que Pyrrhon emmena avec lui jusqu’en Inde. Et toutes ces influences ont certainement été ensemencées par la rencontre avec ces personnages si étranges et si déroutants qu’étaient les gymnosophistes aux yeux des grecs. Les mœurs de ces gymnosophistes, leur style de vie sans concession ont certainement marqué Pyrrhon de manière indélébile. Comme le dit Victor Brochard : « Cette résignation et ce renoncement qui sont les caractères distinctifs du scepticisme primitif, Pyrrhon en avait trouvé les exemples sur les rives de l’Indus : c’est encore un point par où l’expédition d’Alexandre a exercé sur les destinées du scepticisme une influence que nous croyons capitale. Il nous est expressément attesté que Pyrrhon a connu les gymnosophistes, ces ascètes qui vivaient étrangers au monde, indifférents à la souffrance et à la mort. Nul doute qu’il n’ait été vivement frappé d’un spectacle si étrange ; et il s’en souvint une fois revenu dans sa patrie (…). La dialectique lui avait peut-être appris le néant de la science telle qu’elle existait de son temps ; il apprit des gymnosophistes le néant de la vie, et crut, avec un autre sage de l’Orient, que tout est vanité1 ».



     On sait donc que Pyrrhon a côtoyé les sâdhus indiens et que leur influence a été déterminante ; mais au-delà, toute autre certitude devient floue, quel enseignement a-t-il suivi s’il en a suivi un ? S’est-il contenté de discourir avec eux au hasard des conversations ? Ou s’est-il contenté de les regarder avec fascination ? Parfois, il n’en faut pas beaucoup plus : Dôgen Zenji, un maître Zen japonais, disait que la meilleure façon d’apprendre la méditation assise à quelqu’un était d’adopter la posture correcte de méditation purement et simplement, en silence et sans ajouter de longs commentaires. Peut-être dès lors, le simple fait de regarder les gymnosophistes durant leurs longs exercices de méditation et de les côtoyer au jour le jour dans les actes de la vie quotidienne, ramenés drastiquement à leur plus simple expression, peut-être cela a-t-il suffi à amener Pyrrhon à transformer sa vision des choses ? 


      En tous cas, rien n’est certain. Tout d’abord, qui étaient les gymnosophistes au juste ? Même en cela, aucune réponse ne peut être apportée catégoriquement. On serait tenté de prime abord de penser aux jaïns de l’école digambara (vêtu d’espace). Ces ascètes jaïns vivent effectivement dans une totale nudité comme le fondateur du jaïnisme, Mahavira. Cependant, les auteurs grecs comme Flavius Arrien ou Plutarque, quand ils parlent des gymnosophistes, en parlent toujours plus comme une profession ou une fonction sociale, et jamais comme les tenants d’une doctrine bien précise ou comme les prêtres d’un culte donné. Non, ils emploient le terme « gymnosophiste » comme un terme générique s’appliquant à toute une série de personnages tombant sous cette catégorie plus par une certaine attitude et un mode de vie que par une croyance particulière ou un dogme commun. On parle de « gymnosophistes » comme on parle de « philosophes » à l’égard de gens aussi différents que Platon, Aristippe, Epicure, Chrysippe, Arcésilas, Marc-Aurèle ou Pyrrhon. 


    Par ailleurs, certains sâdhus shivaïtes vivent encore aujourd’hui également dans la nudité complète. Cette pratique de la nudité ascétique existait donc aussi certainement dans le brahmanisme de l’époque. L’Inde à l’époque d’Alexandre devait être un creuset où fermentaient toutes sortes d’opinions philosophiques et de pratiques ascétiques extrêmement diverses, et ce monde spirituel indien se brassait continuellement dans un climat de grande tolérance. Il ne devait donc par être très facile de savoir qui était qui, surtout quand on venait une terre aussi lointaine que la Grèce. 


     Au sens strict, le terme « gymnosophiste » s’applique difficilement aux moines bouddhistes, ceux-ci devant toujours être vêtu de la robe safran d’après le Vinaya, le code bouddhique de conduite monastique. Comme l’a dit le Bouddha : « Un oiseau avec ses ailes, partout où il vole, vole tout chargé de ses plumes ; ainsi le moine est pleinement satisfait d’une robe qui lui préserve le corps et d’un bol à aumônes qui lui préserve le ventre ; partout où il va, il va avec sa robe et son bol à aumônes2 ». 


     Cela correspond dans la pensée bouddhique à deux impératifs : 1°) ne pas tomber dans une ascèse forcenée, ne pas se fourvoyer dans l’extrême des mortifications, mais demeurer dans la Voie du Milieu proclamée par le Bouddha ; 2°) ne pas choquer les sensibilités des gens autour de soi, respecter la coutume, même si soi-même, on est libre de ces conventions. Par ailleurs, les bouddhistes ne semblent pas avoir étendu leur sphère d’influence au nord-ouest de l’Inde à l’époque d’Alexandre. Ils ne disposaient d’aucun monastère dans la région de Taxila quand l’armée grecque s’en empara. 


        Néanmoins, cela ne veut pas dire qu’il n’y avait pas du tout de renonçants bouddhistes sur le chemin d’Alexandre et de Pyrrhon, mais que ceux-ci auraient du être des moines errants éloignés de toute communauté bouddhique organisée. Or il y avait des « moines de la forêt », des moines bouddhistes qui assumaient des vœux beaucoup plus stricts que les moines ordinaires : dormir dans la forêt avec pour seul oreiller une racine d’arbre ou encore vivre dans des endroits désolés et sinistres comme un charnier, un cimetière, des ruines, etc. Ne s’habiller qu’avec des morceaux de tissus épars trouvés dans une décharge publique, ne mendier sa nourriture que parmi les lépreux, errer sans dormir deux fois au même endroit, etc.3 Aux yeux des Grecs, ce genre de personnage ne devait pas apparaître moins étrange qu’un ascète se promenant tout nu par monts et par vaux ! Le dénuement dont ces moines de la forêt faisaient preuve devait les rattacher à la famille disparate que les Grecs avaient regroupée sous le nom de « gymnosophistes ».

   
   Par ailleurs, je me demande si l’appellation de « gymnosophiste », littéralement de « sages nus » ou de « sophistes nus », ne fait pas référence plus ou moins implicitement au terme « gymnase », à la palestre où l’on se livre à des exercices physiques nu, d’où le nom de gymnase ou de gymnastique. Les Grecs ont du être frappé par le fait que les philosophies indiennes impliquaient entièrement le corps dans le cheminement spirituel du Yoga : le corps y est le lieu central de transformation de la conscience comme l’athanor de l’alchimiste est le lieu de transmutation des métaux. La philosophie antique grecque comportait certes de nombreux exercices spirituels ; ceux-ci étaient de plusieurs sortes, certains étaient plutôt discursif comme le dialogue ou la méditation, d’autres étaient plutôt intuitives comme la contemplation4


        Bien sûr, les Grecs connaissaient des exercices corporels qui s’intégraient dans le corpus des exercices spirituels : par exemple, le respect de tel ou tel régime alimentaire ou des pratiques de jeunes ou de diètes. Les exercices physiques avaient eux aussi leur importance afin de préparer l’esprit à être plus souple et plus équilibré. Mens sana in corpore sano… Le dialogue du Charmide de Platon qui met aux prises Socrate avec Charmide et Critias se déroule en fait dans un gymnase. Mais, ces exercices corporels n’étaient qu’une préparation aux exercices spirituels, pas un exercice spirituel en lui-même comme dans le Yoga ou la méditation bouddhiste5. Dans le Soutra des Quatre Etablissements de l’Attention (Satipatthâna Sutta6), le Bouddha exhorte les moines et les pratiquants de la méditation à prêter une attention soutenue et continuelle dans quatre sphère de notre expérience quotidienne : le corps, les sensations, l’esprit ainsi que les objets de l’esprit. Il est à noter que la première attention se porte sur le corps ; et les mêmes exercices d’attention au corps se retrouvent avec plus de développement dans un autre enseignement, le Soutra de l’Attention s’immergeant dans le Corps (Kayagati sutta7). Le corps est le lieu d’investigation premier. Dans les yogas hindouistes, on pourrait citer les pratiques qui consistent à identifier des parties du corps avec les astres et d’autres corps célestes en vue d’embrasser l’univers dans une union cosmique avec le Tout. On pourrait citer aussi les exercices qui consistent à concentrer les énergies subtiles du corps dans les chakras, les visualiser sous forme de lotus ou d’autres symboles et les transmuter en énergie divine. Les Grecs n’ont certes pas été en mesure de comprendre toutes les subtilités du Yoga, mais ce rapport spirituel au corps dans la pensée indienne est suffisamment frappant pour qu’ils aient peut-être fait un lien avec la nudité du gymnase.









Six Yogis. 1640.
San Diego Museum of Art








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Non-violence


   Flavius Arrien dans son Anabase raconte quelques moments forts de la rencontre d’Alexandre et des sages indiens. Alors qu’Alexandre et ses troupes passaient sur la route devant certains de ces ascètes, ceux-ci restèrent muets comme des carpes et se contentèrent de frapper le sol du pied. Quand Alexandre voulut comprendre la signification de ce geste, ceux-ci lui expliquèrent : « Roi Alexandre, chaque homme n’a de terre que le morceau sur lequel nous sommes installés ; et toi, tu ne te distingues en rien des autres hommes, sauf que, agité et follement orgueilleux, tu t’es éloigné de la terre de tes pères, et tu as parcouru la terre entière en te créant des ennuis et en en suscitant aux autres. Et pourtant, bientôt tu seras mort et tu ne possèderas de terre que ce qu’il faut pour inhumer ta dépouille8 ». 


    La conscience de la mort révèle la vanité de toute entreprise forcenée de conquête et d’emprise sur le monde. Le Bouddha disait :
« On peut conquérir
Des milliers et des milliers d’hommes dans une bataille ;
Mais celui qui se conquiert lui-même,
Lui seul est le plus noble des conquérants9 ».


          Dans un autre texte, il compare la situation existentielle de l’homme à une avalanche qui menace de façon imminente d’ensevelir la ville : une fois mise en perspective les conquêtes guerrières face à l’inéluctabilité de la mort, celles-ci deviennent complètement absurdes10. De façon emblématique, les rois dans ce texte sont décrits comme « des gens ivres de l’intoxication de la puissance » et « qui demeurent vainqueurs d’une large superficie de la terre ». Par opposition à ces rois en général et à Alexandre, le gymnosophiste se contente du petit bout de terre qui se situe sous ses pieds et cela lui suffit bien largement pour mener une vie droite et juste.


         Ce qui se dessine aussi ici dans ce passage d’Arrien et qui donne cet aplomb des gymnosophistes face à Alexandre, c’est la doctrine de l’Ahimsa, la non-violence : « tu as parcouru la terre entière en te créant des ennuis et en en suscitant aux autres ». L’inutilité et l’absurdité de la guerre se voient renforcées par l’injonction morale de ne pas engendrer la douleur et ne pas nuire à la vie des êtres vivants. Cette idée est née de la vision d’horreur devant le cycle infernal des violences qui répondent systématiquement aux violences, au cycle des vengeances suivies de représailles sans fin. Comme le dit le Bouddha :
« En vérité,
La haine ne s’apaise jamais par la haine.
La haine s’apaise par l’amour.
Ceci est une loi éternelle11 ».


      Cette doctrine de l’Ahimsa occupe une place fondamentale à la fois dans la pensée du Bouddha et de Mahâvîra, le fondateur du jaïnisme. Le Bouddha comme Mahâvîra étaient des kshatriyas, des membres de la caste des guerriers aristocrates, et pas des brahmanes comme les grands maîtres de l’hindouisme. Ceci peut peut-être expliquer cette conscience aiguë des méfaits et des ravages de la guerre. Pour le Bouddha, la vie droite et juste implique « la fin du besoin de triques et d’armes, la fin des querelles, des rixes, des récriminations, de la malveillance et du mensonge12 ». 


      Le symbole du jaïnisme est une main droite sur la paume de laquelle est inscrit le mot « ahimsa ». La différence entre ces deux courants tient surtout de ce que le jaïnisme est plus intransigeant que le bouddhisme dans son exigence de non-violence : le Bouddha reconnaît des situations où parfois la violence est inévitable ; les jaïns pensent aussi que blesser ou tuer, même involontairement, est aussi un acte de violence. D’où les moines jaïns se promènent avec un chalumeau pour balayer le sol devant eux afin de ne pas écraser de petites bêtes sur leur passage ; les bouddhistes n’appellent par contre « acte de violence » qu’un acte commis avec l’intention dans l’esprit de nuire à autrui : écraser un insecte sur son chemin ne peut être assimilé à un acte de violence.


   Le rapport à la non-violence dans l’hindouisme est nettement plus ambigu. Certes, le brahmane se devait de ne pas nuire aux êtres vivants, d’être végétarien et de s’abstenir d’actes violents (même si rituellement ils étaient aussi tenus à des sacrifices d’animaux) ; mais les kshatriyas, les guerriers, eux avaient pour devoir de caste de combattre et de défendre leurs royaumes : cette appartenance à cette caste les prédestinait au métier des armes. La Bhagavad Gita est tout à fait emblématique de cette tendance. Au début du livre, Arjuna, un guerrier du clan des Pândava, s’apprête à livrer une bataille sanglante contre les troupes du clan des Kaurava, en fait des frères ennemis, puisque des liens de famille étroits unissent les deux clans. Arjuna se lamente, pleure et sanglote, se refusant viscéralement à répandre le sang et la douleur autour de lui :

« Qu’est-ce qu’un royaume ?
Qu’est-ce que les biens du monde ?
Qu’est-ce que même la vie ?
Ceux qui nous ont fait désirer
Royaume, richesses et bonheur,
Se dressent ici, prêts à se battre,
Prêts à perdre vie et richesses !
(…)
Si l’arme à la main, les Kaurava
Me tuaient au combat,
Moi qui suis sans défense et sans arme,
J’aurai l’âme en paix13 ».


     On voit là typiquement la profession de foi de la non-violence. Le cocher d’Arjuna, Krishna, qui va se révéler par la suite beaucoup plus qu’un simple cocher, le contredit, le rassure et l’exhorte au contraire à assumer vaillamment le combat.
« Un simple regard à ton devoir
Doit te tirer de tes doutes.
Rien, pour un Kshatriya, n’est meilleur
Qu’un combat légitime14 ».


     On ne doit pas faire la guerre parce que c’est quelque chose de bon ; mais parce que c’est le devoir de certains de la faire, les aristocrates en l’occurrence. Et le message de la Bhagavad Gîtâ est de dire que ce devoir doit être accompli sans être obnubilé par la haine ou la rage de vaincre, mais toujours en considérant avec détachement et raison que c’est là son devoir. Agis mais renonce au fruit de tes actions. Notre destin ne nous permet pas d’éviter la tragédie ; et les héros du Mahâbhârata15 sont constamment impliqués dans des actions aux conséquences catastrophiques pour eux et pour l’ensemble de leur famille. Mais considérer les conséquences ou les fruits de l’action est un manque de lucidité et de sagesse pour la Bhagavad Gîtâ. Comme Krishna l’explique :


« Il t’appartient d’agir sans jamais un regard
Pour les fruits de l’action.
Ne fais jamais du fruit de l’action ton mobile,
Mais ne sois pas non plus attaché à la non-action16 ».


      On doit agir, mais chercher et trouver son contentement dans l’action elle-même, pas dans le résultat escompté de l’action comme on le fait généralement. Dans le cadre de la bataille, Arjuna doit agir, il doit combattre, mais pas s’attacher à la victoire et encore moins à la mort de ses ennemis. Il doit se contenter de combattre et rester égal quelque soit l’issue finale des hostilités.


    Il n’est donc pas question de chercher à nuire, mais d’assumer son petit rôle individuel dans la trame cosmique, même si ce rôle est entaché de zones d’ombre. Le monde dans la conception hindouiste comporte inéluctablement une part de négativité, une part de violence qu’il serait vain de croire que l’on puisse complètement déraciner, même s’il est très louable moralement parlant de vouloir de s’abstenir de cette violence et de cette négativité. 


       Devant cette attitude en demi-teinte face à la violence, on ne s’étonnera pas dès lors d’apprendre qu’au XXe siècle autant les nationalistes hindous qu’un fervent partisan de l’Ahimsa comme Gandhi se revendiquaient de la Bhagavad Gîta. Par ailleurs, l’anthropologue et indianiste Madeleine Biardeau voit dans la Gîta un pamphlet virulent dirigé contre les bouddhistes et les jaïns. C’est une grille d’interprétation très intéressante, même si il ne faut peut-être pas la considérer comme la seule possible touchant à ce texte très riche.


      Ceci étant dit, on voit à quel point la question de l’Ahimsa, de la non-violence a été particulièrement importante dans le mouvement des idées de l’Inde antique. D’ailleurs, un siècle après les invasions d’Alexandre dans le nord de l’Inde, l’empereur Ashoka de la dynastie des Maurya, après avoir mené des guerres de conquêtes particulièrement sanglantes, allait se convertir au bouddhisme et surtout à la doctrine de la non-violence (les jaïns avaient aussi, semble-t-il, aussi une place de choix à la cour d’Ashoka) après avoir été horrifié de l’ampleur des dégâts humains lors de ces batailles. Il renonça à perpétrer d’autres bains de sang et s’abstint dorénavant de la violence. 


    Pyrrhon et les autres Grecs arrivant en Inde ont du se trouver confronté à cette doctrine par les gymnosophistes ; et cela a du jouer un rôle non-négligeable dans le chef de Pyrrhon, non pas qu’il se soit converti à la non-violence, rien ne l’atteste, mais cela a du jouer un rôle de sape dans la conviction du jeune Pyrrhon à mener une grande aventure, un grand destin, un bouleversement du monde où le monde se voit soumis à la volonté et aux idées d’Alexandre. Le jeune Pyrrhon, quand il s’est embarqué dans cette expédition, a du croire à l’entreprise d’Alexandre. En témoigne ce passage du texte de Plutarque : « A la première entrevue qu’il eut avec Pyrrhon d’Elis, (Alexandre) lui fit don de dix mille pièce d’or17 ». Sextus Empiricus nous apprend que l’occasion en fut un poème en vers déclamé devant Alexandre18


     Pyrrhon n’a jamais été réputé être un grand poète ; Diogène Laërce en parle comme un peintre, et encore comme un peintre moyen, certainement pas comme un génie marquant son époque. On peut raisonnablement supposer que ce qui a emporté l’enthousiasme d’Alexandre, ce n’est pas tellement la qualité littéraire de la pièce en question, mais beaucoup plus le zèle, la conviction et l’ardeur de Pyrrhon qui devait l’animer quand il chantait les louanges d’Alexandre. Au fond, Pyrrhon devait admirer et adhérer avec ferveur au projet cosmopolitique d’Alexandre : « fusionner le monde barbare et le monde grec, à parcourir tous les continents pour les civiliser, à découvrir les limites de la terre et de la mer pour reculer jusqu’à l’Océan les frontières de la Macédoine, à semer et à répandre dans toutes les nations la justice et la paix grecques19 ».

  
        Marcel Conche estime l’influence des gymnosophistes sur Pyrrhon plus limitée que celle exercée par Alexandre : « C’est pourquoi importe bien plus que les gymnosophistes ou une quelconque influence philosophique pour comprendre Pyrrhon, le spectacle qu’il a eu, huit années durant, de l’impulsion cosmique d’Alexandre, c’est-à-dire d’une volonté d’où naît un monde20 ». Je pense au contraire que l’influence des sages indiens a été nettement plus déterminante que celle du jeune roi macédonien, parce que l’Inde a justement signifié pour les Grecs le moment où s’effritait, se lézardait et menaçait même de s’effondrer l’idéologie d’Alexandre. A la bataille d’Issos (au Moyen-Orient, contre Darius l’empereur), il suffisait d’un discours exalté d’Alexandre, vantant leur qualité d’hommes libres à ses soldats et clamant qu’en face les soldats perses n’étaient que des esclaves, pour qu’Alexandre fanatise ses troupes au combat. 


     Mais des années après, après des milliers de lieues à franchir toutes sortes de paysages, dont des déserts, des montagnes, des marais et des jungles, devenu fourbu et marqué après maintes batailles, maints sièges et maints guet-apens, et arrivant en Inde où des maladies inconnues les accablèrent et alors que les Indiens résistaient avec acharnement aux envahisseurs, les soldats grecs nourrissaient de plus en plus ouvertement leurs doutes et leur perplexité face à l’entreprise d’Alexandre, notamment par des actes de mutinerie. Dans ce contexte, se voir confronté à des hommes qui ne cherchaient pas à étendre leur emprise sur le monde matériel et se refusaient à la violence a du ébranler complètement le monde de croyances de Pyrrhon. L’ « impulsion cosmique d’Alexandre » faisait de plus en plus ricaner ses compagnons ; physiquement, le poids de ce projet démesuré se faisait de plus en plus lourd à porter ; et le spectacle des ascètes indiens finissait de le rendre absurde et inutile. L’éclat de cette « volonté d’où naît un monde » a du fondre comme neige au soleil dans les alentours de Taxila. C’est comme si toutes les certitudes de Pyrrhon s’étaient dispersées dans les flots de l’Indus ; et c’est au contact des gymnosophistes que naît vraiment la philosophie sceptique de Pyrrhon.

















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Indépendance & Détachement


    Défiance des gymnosophistes vis-à-vis de la guerre et du recours à la violence donc ; mais aussi défiance vis-à-vis du pouvoir politique. Flavius Arrien dans son Anabase nous raconte la tentative d’Alexandre d’inviter à sa cour Dandamis, un gymnosophiste particulièrement vénéré de ses confrères. Celui-ci refuse tout net : « Dans sa réponse, à ce qu’on dit, il déclara qu’il était lui aussi fils de Zeus, si du moins Alexandre l’était aussi, qu’il ne demandait rien à Alexandre, car ce qu’il avait lui suffisait, et qu’en même temps il voyait que ceux qui avaient erré avec lui à travers tant de terres et de mers n’en étaient en rien meilleurs, qu’il n’y avait aucune limite à leurs nombreuses courses errantes ; il ne désirait rien de ce qu’Alexandre était maître de donner, pas plus qu’il ne craignait d’un autre coté d’être éventuellement exclu de ce dont Alexandre pourrait se rendre maître ; tant qu’il vivait, la terre indienne lui suffisait, avec les fruits qu’elle produisait selon les saisons, et, mort, il serait débarrassé de ce compagnon indésirable, son corps21 ». 


      Cette défiance vis-à-vis du pouvoir, des honneurs et des richesses est commune à la plupart des courants de la pensée indienne. De nombreuses histoires circulent à ce propos. Par exemple, l’histoire d’un brahmane qui jouissait d’une excellente réputation spirituelle, mais qui refusait catégoriquement de quitter le champ qu’il labourait pour répondre à l’invitation d’un roi qui désirait le combler d’honneurs et de présents, ce qui n’intéressait nullement notre brahmane. L’histoire la plus célèbre étant certainement celle du prince Siddhârta Gautama qui abandonna de nuit son palais, pour adopter la vie d’ascète errant et devenir plus tard le Bouddha. 


      Vivre une vie où l’on se satisfait de peu, vivre au rythme de la nature, et vivre dans la solitude face à cette nature, loin des tourments et des agitations de la Cité, c’est là encore une attitude des gymnosophistes qui a fortement marqué Pyrrhon d’Élis. Diogène Laërce témoigne de cette tendance : « Pyrrhon faisait retraite et vivait en solitaire, se montrant rarement à ses proches. Il agissait ainsi après avoir entendu un Indien faire des reproches à Anaxarque, en lui disant qu’il ne saurait enseigner à un autre comment être un homme de bien, puisqu’il fréquentait lui-même la cour des rois22 ». Quand il fut revenu en Grèce, Pyrrhon effectivement ne chercha plus jamais les honneurs, et resta à l’écart du monde, menant une vie simple avec ses principes d’indifférence et d’aphasie.


   Les gymnosophistes se gardaient donc bien de la fréquentation des rois et des princes ; et il tentait encore moins de les courtiser. Alexandre, à ce titre, les respectaient profondément pour les mêmes raisons et au même titre que Diogène le Chien. Néanmoins, un gymnosophiste accepta l’invitation d’Alexandre, et ce fut Calanos. Calanos n’était d’ailleurs pas très respecté parmi ses confrères qui voyaient en lui quelqu’un de faible, sans maîtrise de lui-même, se détournant du bonheur d’une vie de renoncement et se détournant trop facilement de son dieu. 

    Mais malgré cela, Calanos mérite d’être mentionné car c’est certainement lui qui a le plus marqué les imaginaires. Calanos suivit donc les armées d’Alexandre en Perse, hors de la terre sacrée de l’Inde. Et là, il tomba gravement malade à tel point que cette maladie allait le contraindre inéluctablement à changer de style de vie. Et cela était inadmissible et impensable pour Calanos. Il préférait mourir plutôt que renoncer à son ascèse. C’est pourquoi il décida de se faire incinérer sur un bûcher funéraire alors qu’il était encore vivant ! Alexandre tenta bien de l’en dissuader, mais rien n’y fit ; sa volonté fut intraitable. On l’emporta donc sur un brancard, couronné de fleurs à la manière indienne, et chantant des hymnes et des éloges en l’honneur des dieux. Et il resta totalement impassible alors qu’on mettait le feu au bûcher. « S’agissant d’un ami, Alexandre jugea qu’il n’était pas convenable d’assister à un pareil spectacle ; mais le reste de l’assistance fut émerveillée de voir qu’au milieu des flammes pas une partie de son corps ne bougea23 ». Ce détachement total par rapport au corps contribua beaucoup à la légende des gymnosophistes. 


    En tous cas, l’attitude de Calanos jeta un souffle de stupéfaction et d’admiration sur toute l’armée : « Au moment où ceux qui en avaient reçu l’ordre avaient mis le feu au bûcher, Néarque dit que les trompettes sonnèrent, sur l’ordre d’Alexandre, que toute l’armée poussa le cri de guerre, comme elle le faisait en marchant au combat, et que les éléphants lui firent écho en poussant leu barrissement aigu de guerre, en l’honneur de Calanos24 ». Pyrrhon a certainement été marqué par cette puissance de détachement. Comme Diogène Laërce le raconte : « On dit aussi qu’à l’occasion d’une blessure, on avait appliqué à Pyrrhon sur lui des incisions et des cautères, et qu’il ne fronça même pas les sourcils25 ». Pyrrhon, semble-t-il, avait retiré des enseignements en Inde de cette capacité à endurer patiemment la douleur au point de ne plus se laisser perturber par elle.


     En Inde, cette capacité à rester impassible devant la douleur physique et les conditions corporelles difficiles est tenue en grande estime, même si l’unanimité n’est pas du tout faite quant aux moyens à employer pour parvenir à ce détachement et à cette impassibilité. Le Bouddha, par exemple, a clairement rejeté toutes pratiques de mortifications et d’ascèse extrême comme rôtir sur un feu sous le soleil en plein désert, se priver drastiquement de nourriture et de boisson, retenir des heures durant sa respiration et d’autres encore, tout cela en vue d’affaiblir violemment le corps pour isoler l’esprit de celui-ci. Le Bouddha considérait ces pratiques de mortification comme étant « douloureuses, indignes et sans profit26 ». 


    Par ailleurs, un texte touchant à la maîtrise des facultés sensorielles se révèle très intéressant quant au moyen de parvenir au détachement et à l’impassibilité : il s’agit du Soutra du Développement des Facultés Sensorielles27. On y voit s’esquisser les divergences entre bouddhisme et brahmanisme pour atteindre l’impassibilité face aux événements. Le texte se passe dans le contexte où un jeune étudiant brahmanique, Uttara, vient trouver le Bouddha ; et la discussion embraie directement sur le meilleur moyen de développer ses facultés sensorielles. Uttara estime qu’il faut détacher la conscience de toutes les formes sensibles : « Il ne faut pas voir les formes matérielles par les yeux. Il ne faut pas écouter les sons par les oreilles. C’est ce que, honorable Gotama, le brahmane (qui est mon maître) enseigne à ses élèves sur le développement des facultés sensorielles28 ». Le yogin absorbé dans sa méditation coupe tout influx sensoriel qui pourrait arriver à sa conscience. Il obtient ainsi une maîtrise accrue de ses facultés sensorielles. Le processus est similaire à celui que l’on retrouve dans l’hypnose : par la suggestion du mental ou de la volonté, on insensibilise une partie du corps ou un organe sensoriel. 


      Mais cette méthode suscite les sarcasmes du Bouddha : « Ainsi, donc, ô Uttara, selon l’enseignement du brahmane (qui est votre maître), un aveugle est quelqu’un qui a une faculté sensorielle développée, et un sourd est aussi quelqu’un qui a une faculté sensorielle développée, car l’aveugle ne voit pas les formes avec ses yeux, et le sourd n’écoute pas les sons par ses oreilles29 ». Endormir telle ou telle faculté des sens, ce n’est pas se rendre maître de ce sens, ni le développer spirituellement. Le Bouddha rejette le dualisme où le corps est rejeté d’emblée à la fois comme impur, comme échappant au contrôle de l’homme et comme faillible dans la connaissable du monde. En fait, le Bouddha prône le contraire de l’insensibilisation : le corps aussi est un champ d’investigation ; il demande à ses disciples d’accorder une attention soutenue aux sensations qui traversent le corps, de prendre intimement conscience de ces sensations: « Voici une sensation agréable qui se produit chez moi. Voici une sensation désagréable qui se produit chez moi. Voici une sensation à la fois agréable et désagréable qui se produit chez moi30 ». 


     Il ne faut pas se battre contre les sensations, mais au contraire se laisser consciemment traverser par elles. On pourrait penser que cette conscience aiguë de la sensation rend nos réactions plus à fleur de peau et empêche l’impassibilité. Mais au contraire, il s’agit de prendre conscience de cette sensation pour comprendre la causalité qui y est toujours à l’œuvre, de voir donc cette sensation comme un phénomène entièrement conditionné dont on peut toujours démonter les rouages afin de ne pas en être prisonnier : « Cette sensation se produit puisqu’elle est un fait conditionné ; elle est un fait grossier ; c’est un effet qui est produit par des causes. Cependant, c’est l’équanimité qui est pure, qui est excellente31 ». 


     L’équanimité (upekkha en pâli, upeksha en sanskrit) surgit dès lors que la sensation perd de son écrasante réalité monolithique, et aussi dès lors qu’elle est perçue comme un phénomène transitoire et volatile : « Tout comme un homme peut claquer des doigts, de même, c’est avec une telle vitesse, une telle rapidité, une telle aisance qu’une sensation agréable, ou une sensation désagréable, ou une sensation neutre s’estompe pour ne laisser enfin que l’équanimité32 ». Bien sûr, certaines sensations peuvent durer, les sensations subies lors d’une maladie par exemple. Mais il s’agit là d’une suite de sensations transitoires, et non d’une sensation globale. Et chacune de ses sensations se diffère des autres, certaines sont pénibles, d’autres moins, esquissant ainsi les contours nuancés de l’état corporel ; mais chaque sensation s’estompant à son tour, le yogin peut s’adonner à l’équanimité et cesser de se plaindre d’un état défavorable. Le but est de réussir à vivre avec sérénité les maladies comme les autres situations défavorables.











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1 Victor BROCHARD, « Les sceptiques grecs », op. cit., p. 59. L’allusion vaut évidemment pour le Bouddha, mais elle dénote par ailleurs une conception nihiliste du Bouddha tout à fait typique du XIXe siècle (voir à propos de cette interprétation biaisée de la doctrine du Bouddha l’ouvrage de Roger-Pol Droit « Le Culte du Néant »). Par ailleurs jusqu’au XXe siècle, Pyrrhon et le Bouddha ont continué d’être régulièrement confondu : le pape Jean-Paul II avait ainsi écrit que le bouddhisme prônait l’indifférence totale au monde, ce qui avait provoqué un tollé en Asie.

2 Dîgha Nikâya, I, 71, cité dans : Môhan Wijayaratna, « Le moine bouddhiste (selon les textes du Theravâda) », Cerf, Paris, 1983, p.49 (voir aussi tout le chapitre sur l’habillement pp. 49-71).

3 BUDDHAGHOSA, « Visuddhimagga (Le chemin de la pureté) », Fayard/Trésors du bouddhisme, Paris, 2002, pp. 85-109.

4 Comme Pierre Hadot l’explique : « A la différence des méditations de l’Extrême-Orient de type bouddhiste, la méditation philosophique gréco-romaine n’est pas liée à une attitude corporelle, mais elle est un exercice purement rationnel ou imaginatif ou intuitif » (« L’histoire de la pensée héllénistique et romaine », leçon inaugurale au collège de France, dans : Hadot, « Exercices spirituels et philosophie antique », Albin Michel, Paris, 2002 (2e éd.), p. 271.

5 On remarquera à ce propos le glissement sémantique du mot « méditation » dans la langue française. La méditation désigne une cogitation, une réflexion poussée sur tel ou tel sujet de nature spirituel, tandis que dans le contexte bouddhiste, « méditation » traduit le mot « bhavâna » en sanskrit ou en pâli (culture, le fait de cultiver quelque chose) ou « gompa » en tibétain (s’habituer) et désigne l’acte d’apaiser l’esprit de l’agitation mentale et du flot de pensées qui le traverse constamment et l’empêche de voir le réel.

6 Majjhima Nikâya, 10. Pour une traduction française : Thich Nhat Hanh, « Tranformation et guérison », Albin Michel, Paris, 1997. Nyanaponika Thera, « Satipatthâna. Le cœur de la méditation bouddhiste », Librairie d’Amérique et d’Orient Adrien Maisonneuve, Paris, 1983.

7 Majjhima Nikâya, 119. Version anglaise sur le site : www.accesstoinsight.org.

8 Flavius ARRIEN, op. cit., VII, 1, 5-6, p. 222.

9 Dhammapada, VIII, 103. Walpola RAHULA, « L’enseignement du Bouddha (d’après les textes les plus anciens) », Seuil/Points Sagesse, Paris, 1961, p. 172.

10 Pabbatûpama Sutta (Soutra des guerres pendant les avalanches), Samyutta Nikâya, I, 100-102. Môhan WIJAYARATNA, « Sermons du Bouddhas », Seuil/Points Sagesses, Paris, 2006 (2e ed.), pp. 58-61.

11 Dhammapada, I, V. RAHULA, op. cit., p. 167.

12 Madhupindika Sutta (Soutra du rayon de miel), Majjhima Nikâya, 18. Traduction intégrale anglaise sur le site : www.accesstoinsight.org. Traduction française partielle dans : Nyanaponika Thera & Hellmuth Hecker, « Les grands disciples du Bouddha », tome 2, Ed. Claire Lumière, Saint-Cannat, 1999, pp. 62-66 (chapitre sur Mahâkaccâna).

13 Bhagavad Gîtâ, (I, 32-33 & 46), traduction d’Alain Porte, Paris, 1995, pp. 22-24.

14 Ibid., (II, 32), p. 30.

15 La Bhagavad Gîta est en fait une petite partie de la grande épopée du Mahâbhârata.

16 Ibid., (II, 47), p. 32. Cet enseignement étendu à tous les aspects de la vie quotidienne s’appelle en Inde le karma-yoga. Voir à ce sujet : Swâmi Vivekânanda, « Les Yogas pratiques », Albin Michel/Spiritualités vivantes, Paris, 2005 (dernière éd.), pp. 15-115.

17 Plutarque, op. cit., 331d, p. 126.

18 SEXTUS EMPIRICUS, Adversus Mathematicos, I, 282.

19 Plutarque, op. cit., 332 a.

20 Marcel CONCHE, « Pyrrhon ou l’apparence », op. cit., pp. 145-146.

21 Flavius ARRIEN, op. cit., (VII, 2, 3), p. 222.

22 Diogène LAËRCE, op. cit., (IX, 63), p. 1101.

23 Flavius ARRIEN, op. cit., (VII, 3, 5), p. 223.

24 ARRIEN, ibid., (VII, 3, 6), p.223.

25 Diogène LAËRCE, op. cit., (IX, 67), p.1104.

26 Dhamma Cakkappavattana Sutta (Soutra de la Mise en Mouvement de la Roue du Dharma), Samyutta Nikâya, V, 420-424, Vinaya, I, 110-112. Rewata DHAMMA, « Le premier enseignement du Bouddha », Claire Lumière, Vernègues, 1998, pp 43-48. Môhan WIJAYARATNA, « Sermons du Bouddha », op. cit., pp. 93-97.

27 Indriyabhâvanâ Sutta, Majjhima Nikâya, III, 298-302. Môhan Wijayaratna, « Sermons du Bouddha », op. cit., pp. 187-195.

28 Idem, p. 188.

29 Idem, p. 188.

30 Idem, p. 189.

31 Idem, p.189.

32 Idem, p. 190.

















Voir également : 












Concernant Pyrrhon, voir également : 











Voir aussi : 

La notion de sagesse selon les philosophes grecs
       
     Quelles sont les différentes acceptation du terme "sagesse" dans la philosophie grecque. "Sophia", "phronésis" et "sophrosyné" dans les textes de Platon, Aristote et Épicure.




Une vie simple (Épicure)







Textes et essais sur la philosophie gréco-romaine ici.


Voir toutes les citations du "Reflet de la Lune" ici.



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