« Si
je donne, comment jouirais-je ? »
Cette
pensée égoïste appartient aux démons.
« Si
je jouis, comment donnerai-je ? »
Cette
pensée altruiste est une qualité divine.
Shântideva,
Bodhichâryavâtara, XIII, 125.
Gonkar Gyatso, Bouddha disséqué |
Shântideva,
philosophe bouddhiste indien du VIIIème siècle met ici en
perspective deux attitudes : celle de mettre en avant sa
jouissance personnelle avant d'assumer ses responsabilités envers
autrui et celle de mettre en avant avant les autres. Nous sommes
confrontés à un choix par rapport à ce que nous possédons :
le don ou la jouissance pour soi-même. Si j'ai un gros gâteau, je
peux voir le don comme une contrainte puisque cela va m'empêcher de
jouir de mon gros gâteau pour moi tout seul. Intensément, pour
celui qui est animé d'un esprit de générosité, jouir du gâteau
va m'empêcher de donner et de me dessaisir de mon attachement aux
choses. Shântideva appelle alors à un basculement dans son
questionnement intérieur : « Si je jouis, comment
donnerai-je ? » L'éthique bouddhiste est de se
détacher de son « moi » pour être plus soucieux des
autres autour de soi. Et il faut entraîner l'esprit à être plus
généreux et à se détacher des réflexes mentaux habituels qui
nous poussent à privilégier ses propres intérêts aux dépens des
autres.
On
pourrait objecter à Shântideva que le don et la jouissance ne
s'opposent pas nécessairement : certains biens s'épuisent
quand j'en consomme, une bouteille d'eau, un gâteau, une somme
d'argent. Si j'en profite, les autres ne pourront pas en avoir la
jouissance. Mais il y a toutes sortes de choses où le plaisir est
partagé comme un moment passé avec des amis et les conseils dans la
pratique du Dharma. Dans ce type de plaisir, le don et la jouissance
ne s'opposent plus : donner revient à jouir. Mais pour
comprendre cela, il faut déjà un esprit bien entraîné à la
générosité.
Deux traductions du Bodhisattvacharyâvatâra de Shântideva peuvent être trouvées en langue françaises:
- « Vivre en héros pour l'Éveil », Georges Driessens, Seuil/Points Sagesse, Paris, 1993.
- « La marche vers l'Éveil », Comité Padmakara, Saint-Léon-sur-Vézère (France), 2007 (2e édition),
Autres citations de Shântideva :
- Comme un éclair déchire la nuit (I,5)
- Vaincre la grande force du mal (I,6)
- La masse illimitées des êtres atteindra la suprême félicité (I,7)
- Vaincre la grande force du mal (I,6)
- La masse illimitées des êtres atteindra la suprême félicité (I,7)
- Pourquoi s'inquiéter ? (VI, 10)
- Quand ni l'existence, ni la non-existence ne se présentent à l'esprit (IX, 34)
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