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dimanche 24 mai 2015

Phena Sutta



Ghat d'Ayodhâ


Phena Sutta

Soutra de l'écume





   



  Ainsi ai-je entendu. Le Bienheureux demeurait alors à Ayojjhâ1 sur les berges du Gange.


    Là il s'adressa aux moines: « Ô moines, supposons que cette rivière Gange amène de l'écume. Un homme à la bonne vision la regarde, il l'observe, et il l'examine avec attention. En voyant ainsi, en observant ainsi et en examinant ainsi avec attention, l'homme constate que cette écume est une chose vide, nulle et sans substance. Quelle substance en effet pourrait-il y avoir dans de l'écume ? De la même manière, un moine voit, observe, et examine avec attention toute forme qu'elle soit passée, future, ou présente, interne ou externe, grossière ou subtile, supérieure ou inférieure, proche ou lointaine. En la voyant, l'observant, et l'examinant avec attention, il constate que cette forme est vide, nulle et sans substance. Quelle substance en effet pourrait-il y avoir dans une forme?


    « Ô moines supposons encore qu'au cours de l'automne, lorsqu'il pleut à grosses gouttes, une bulle d'eau apparaisse et disparaisse. Un homme à la bonne vision la regarde, il l'observe, et il l'examine avec attention. En voyant ainsi, en observant ainsi et en examinant ainsi avec attention, l'homme constate que cette bulle d'eau est une chose vide, nulle et sans substance. Quelle substance en effet pourrait-il y avoir dans une bulle d'eau ? De la même manière, un moine voit, observe, et examine avec attention toute sensation qu'elle soit passée, future, ou présente, interne ou externe, grossière ou subtile, supérieure ou inférieure, proche ou lointaine. En la voyant, l'observant, et l'examinant avec attention, il constate que cette sensation est vide, nulle et sans substance. Quelle substance en effet pourrait-il y avoir dans une sensation ?

       « Ô moines supposons encore qu'au cours du dernier mois de la saison chaude, pendant la journée, à midi, miroite un mirage. Un homme à la bonne vision la regarde, il l'observe, et il l'examine avec attention. En voyant ainsi, en observant ainsi et en examinant ainsi avec attention, l'homme constate que ce mirage est une chose vide, nulle et sans substance. Quelle substance en effet pourrait-il y avoir dans un mirage ? De la même manière, un moine voit, observe, et examine avec attention toute perception qu'elle soit passée, future, ou présente, interne ou externe, grossière ou subtile, supérieure ou inférieure, proche ou lointaine. En la voyant, l'observant, et l'examinant avec attention, il constate que cette perception est vide, nulle et sans substance. Quelle substance en effet pourrait-il y avoir dans une perception ?

     « Ô moines supposons encore qu'un homme qui a besoin du cœur d'un arbre solide se mette en quête de ce cœur et parte en chercher un. Ayant une hache tranchante, il entre dans la forêt. Là-bas il voit un grand et gros bananier, rectiligne, encore vigoureux. Il le fait tomber en le coupant par le pied. Ensuite il le tranche en haut. Puis il pèle l'écorce extérieure. En en pelant l'écorce extérieure, il ne trouverait même pas d'aubier, pour ne rien dire du bois de cœur. Un homme à la bonne vision la regarde, il l'observe, et il l'examine avec attention. En voyant ainsi, en observant ainsi et en examinant ainsi avec attention, l'homme constate que ce cœur du bananier est une chose vide, nulle et sans substance. Quelle substance en effet pourrait-il y avoir dans un mirage ? De la même manière, un moine voit, observe, et examine avec attention toute formation mentale qu'elle soit passée, future, ou présente, interne ou externe, grossière ou subtile, supérieure ou inférieure, proche ou lointaine. En la voyant, l'observant, et l'examinant avec attention, il constate que cette formation mentale est vide, nulle et sans substance. Quelle substance en effet pourrait-il y avoir dans une mentale ?

    « Ô moines supposons encore qu'un magicien ou l'apprenti d'un magicien doive présenter un tour de magie à un carrefour important . Un homme à la bonne vision la regarde, il l'observe, et il l'examine avec attention. En voyant ainsi, en observant ainsi et en examinant ainsi avec attention, l'homme constate que cette illusion de ce spectacle de magie est une chose vide, nulle et sans substance. Quelle substance en effet pourrait-il y avoir dans une illusion de spectacle de magie ? De la même manière, un moine voit, observe, et examine avec attention toute conscience qu'elle soit passée, future, ou présente, interne ou externe, grossière ou subtile, supérieure ou inférieure, proche ou lointaine. En la voyant, l'observant, et l'examinant avec attention, il constate que cette conscience est vide, nulle et sans substance. Quelle substance en effet pourrait-il y avoir dans une conscience ?

    « Voyant tout cela, le disciple bien instruit par les Êtres Nobles se désenchante de la forme, se désenchante de la sensation, se désenchante de la perception, se désenchante des formations mentales, se désenchante de la conscience. Désenchanté, il se détache. De par le détachement, il est libéré. Avec la libération, il y a connaissance de « Ceci est la Libération » et il sait désormais que «  la naissance est détruite, la conduite pure est vécue, ce qui devait être achevé est achevé, plus rien ne demeure à accomplir dans ce monde ».

       Ainsi parla le Bienheureux.

« La forme est semblable à de l'écume;
la sensation est semblable à une bulle;
la perception est semblable à un mirage;
la formation mentale est semblable à un bananier;
la conscience est semblable à un tour de magie.
Celui qui regarde avec attention
       En examinant profondément leur nature
        Voit qu'ils sont vides et nuls.

A propos de cette forma matérielle,
le grand Sage disait :
           lorsqu'elle est privée de la continuité de la vitalité,
           de la chaleur et de la conscience,
           lorsqu'elle est privée de ces trois choses,
           la forme matérielle est rejetée, abandonnée.
           Sans ces trois éléments,
           elle tombe privée des sentiments.
           Abandonnée, elle devient combustible
           pour les autres êtres vivants.
           Une illusion frivole,
           un persécuteur,
           ce sont des noms pour ce corps matériel,
           où il n'y a aucune substance identifiable.

C'est ainsi qu'un renonçant avec courage
       doit voir ces agrégats.
       Jour et nuit, de jour en jour,
       étant attentif et maître de lui-même,
       qu'il détruise tous les liens !
       Qu'il devienne son propre refuge !
       En espérant l'état où il n'y a aucun changement,
       qu'il se dépêche comme si
       sa chevelure était en flamme !

Le Bouddha, Samyutta Nikâya, III, 140-143.



1Ou en sanskrit Ayodhyâ qui se situe actuellement dans l’État de l'Uttar Pradesh.


Voir le commentaire du Soûtra de l’Écume ici.




Soûtras : - Soûtra de Jivâka sur la consommation de la viande (Jivâka Sutta)
              - Soûtra de Kaccânayagotta (Kaccânayagotta Sutta)
               - Soûtra des Bénédictions (Mangala Sutta)
               - Soûtra de Jîvaka sur les disciples laïcs (Jîvaka Sutta)
               - Soûtra de Samiddhi (soutra traduit du canon chinois)
               - Soûtra de Bâhiya (Bâhiya Sutta)
               - Soûtra de l’Écume (Phena Sutta)
               - Soûtra du Fardeau (Bhāra sutta)

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