Dans
ce dialogue, Voltaire met un scène un chapon (un coq castré) et
une poularde qui discutent de cette espèce animale monstrueuse
qu'est l'espèce humaine, de de sa cruauté, y compris envers leurs
congénères, et des contradictions qui les habitent constamment.
LE CHAPON
- Aussi les plus grands philosophes de l’antiquité ne nous mettaient
jamais à la broche. Ils s’occupaient à tâcher d’apprendre notre langage,
et de découvrir nos propriétés si supérieures à celles de l’espèce humaine.
Nous étions en sûreté avec eux comme dans l’âge d’or. Les sages ne tuent
point les animaux, dit Porphyre; il n’y a que les barbares et les prêtres
qui les tuent et les mangent. Il fit cet admirable livre pour convertir un
de ses disciples qui s’était fait chrétien par gourmandise.
LA POULARDE.
- Eh bien! dressa-t-on des autels à ce grand homme qui enseignait la
vertu au genre humain, et qui sauvait la vie au genre animal?
LE CHAPON.
- Non, il fut en horreur aux chrétiens qui nous mangent, et qui détestent encore aujourd’hui sa mémoire; ils disent qu’il était impie, et que ses vertus étaient fausses, attendu qu’il était païen.
LA POULARDE.
- Que la gourmandise a d’affreux préjugés!