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dimanche 23 avril 2023

Pour quoi l'école ?



Dans son émission « Quelle époque ! » (France 2) du 22 avril 2023, Léa Salamé demande à un footballeur et à un basketteur : « Gagner autant d'argent, est-ce que cela fait péter les plombs ? ». Le basketteur répond : « On pose trop cette question en France ! » Léa Salamé rétorque : « Justement, je pose la question parce que vous dites tous les deux dans vos interviews qu'aux États-Unis ou à Londres, on ne pose jamais la question ». Et le footballeur d'enfoncer le clou : « C'est le rêve américain. Qu'est-ce qu'on dit à nos enfants ? Les enfants, on les envoie à l'école pour quoi ? Pour quoi on dit à nos enfants : il faut que tu travailles bien à l'école, que tu ais un super-boulot ? Pourquoi ? » Une invitée sur le plateau répond : « Pour gagner de la thune ! »


Puis Léa Salamé demande : « Vous pensez que les Français ont un problème avec la réussite ou avec l'argent ? » Et le footballeur répond : « Avec la jalousie ». Tout le monde applaudit sur le plateau, et la journaliste Christine Ockrent en rajoute une couche : « Les Français ont un problème avec l'argent des autres. Le leur, il le cache. Et la jalousie bien sûr face au succès, c'est très français ».


Je ne vais pas m'étendre sur ce tabou de l'argent en Europe comparé à la facilité d'en parler aux États-Unis. Je rappelle qu'une prof d'arts plastiques a été virée au pays des libertés parce qu'elle avait montré à ses élèves une photo du David de Michel-Ange 1 ! Je préfère vivre dans un pays où un certain tabou pèse sur l'argent plutôt que de vivre dans un pays où le puritanisme fait la loi et réprime l'art. Ce tabou ne me semble pas vraiment être si problématique que cela : il exprime, il me semble, par sa gêne et son embarras l'idée et la conscience qu'une réussite trop éclatante se fait quasiment toujours aux dépens des autres et du bien commun. Évidemment, les ultra-riches préfèrent que ce tabou perdure pour que les mécaniques libérales qui vont les rendre encore plus riches s'exercent sans complexe et sans régulation. C'est ce qu'exprimait sur Twitter la personne qui a partagé l'extrait interpellant de cette émission de France 2 : « Il n'y a rien de pire que l'entre-soi bourgeois. Enfin si : l'entre-soi bourgeois qui se moque des pauvres ».


Mais ce que je trouve le plus gênant dans cette séquence, c'est la réflexion du footballeur : « Les enfants, on les envoie à l'école pour quoi ? Pour quoi on dit à nos enfants : il faut que tu travailles bien à l'école, que tu ais un super-boulot ? ». En tant que prof, je trouve cela catastrophique. On ne va pas à l'école pour plus tard « gagner de la thune ». On va à l'école pour devenir un citoyen, pour recevoir en transmission un héritage culturel et pour contribuer au bien commun. Bien sûr, tous les parents veulent que leurs enfants gagnent un salaire décent. Mais ce n'est pas la même chose : les parents veulent simplement que leurs enfants soient dans la sécurité financière et la sécurité de l'emploi qui leur permettront de mener une vie digne et heureuse, de fonder éventuellement une famille à leur tour. Gagner un salaire, un moyen d'existence, ce n'est pas du tout la même chose que de « gagner de la thune », s'en mettre plein les poches, augmenter ses profits toujours plus.


En fait, même pour des parents dont l'ambition seraient que leurs enfants gagnent plein d'argent, soient capitaine d'industrie ou sportifs aux contrats mirobolants, je ne conseille pas de raconter à leurs enfants que travailler à l'école, c'est pour gagner de l'argent plus tard. Tout simplement parce qu'une motivation lointaine est beaucoup plus difficile à tenir que le plaisir immédiat d'apprendre et de progresser. Les enfants qui réussissent le mieux à l'école sont ceux qui trouvent une gratification et un accomplissement dans ce qu'ils apprennent. Celui qui se dit : « je vais gagner de l'argent plus tard » finit par s'ennuyer ferme sur les bancs de l'école et souvent décroche de son cursus scolaire. Tout ramener à l'argent, c'est étouffer la curiosité, l'envie de savoir et tarir la joie de la découverte. Je trouve cela très dommageable tant pour les enfants que pour la société.



Frédéric Leblanc, le 23 avril 2023





La séquence de « Quelle époque ! » du 22 avril 2023

https://twitter.com/jdicajdisrien/status/1650023499510038528





lundi 13 avril 2020

Altruisme intéressé et altruisme désintéressé - 2ème partie




Altruisme intéressé et altruisme désintéressé


2ème partie





Je pense donc qu'il faut encourager les gens de bien à développer le plus possible l'altruisme, mais aussi à prendre conscience du pouvoir de notre ego et à se libérer le plus possible de celui-ci, ce qui revient à dire : à se transformer soi-même encore et encore, tout au long de sa vie pour tendre vers l'altruisme désintéressé. Néanmoins, je pense qu'il faut garder aussi conscience qu'on vit en société. L'altruisme désintéressé est une très belle chose, mais il ne faut pas oublier dans un excès d'idéalisme qu'il y a des gens égoïstes qui sont prêt à manipuler les personnes serviables pour les mettre à leur service.


Si je veux être très schématique, dans la société, il y a globalement trois types de personnes : des gens qui prennent, des gens qui donnent et enfin la catégorie intermédiaire des gens qui donnent et qui prennent avec un sens pointilleux de légalité et de la justice : « Je veux bien te donner pour autant que tu me rendes une quantité équivalente de services et de biens ». Je n'ai pas fait d'études sociologiques ou anthropologiques pour étayer mes dires, mais il me semble bien que cette catégorie intermédiaire des gens qui donnent et prennent est la plus représentée dans la société, et de loin. Les gens qui prennent tout sans rien donner en retour est vue avec méfiance par cette catégorie intermédiaire et à juste titre : des gens qui sont toujours à demander des choses « pour dépanner » et à toujours à réclamer notre aide, mais qui sont aux abonnés absents dès que nous sommes dans le besoin, ce ne sont pas là des amis très fiables.

mardi 7 avril 2020

Médecins qui crient au loup




Médecins qui crient au loup




Le mercredi premier avril sur les ondes d'Europe 1 1, la médecin et présentatrice d'émissions sur la santé, Marina Carrère d'Encausse a admis que le discours sur l'inutilité des masques dans le contexte de la pandémie de coronavirus était purement et simplement un mensonge. Mais attention pas n'importe quel type de mensonge, un mensonge « pour la bonne cause » (sic!). Pour Marina Carrère d'Encausse, cette fake news a été dit « sciemment, mais parce qu'il n'y avait pas tellement d'autres solutions. Et c'était pour une bonne cause puisque c'était pour le personnel soignant, pour protéger la population et le personnel soignant. À l'époque, on a priorisé. Comme effectivement on avait pas assez de masques, là-dessus on ne peut pas dire le contraire, on a tout fait pour les réserver à ceux qui en avaient le plus besoin, c'est-à-dire le personnel soignant. On a dit cela pour que la population ne se rue pas dans les pharmacies pour acheter des masques. Est-ce que là il aurait fallu dire exactement la vérité ? Dans ce cas-là, le personnel soignant aurait eu encore moins de masques. Donc moi je trouve que ce genre de mensonge peut tout à fait être compris et s'excuser ».


Nous avons plusieurs problèmes avec ce genre d'affirmation.


1°) Les gens sont considérés dans leur globalité comme des abrutis. Nous sommes tous trop cons pour comprendre le discours simple de la vérité qui aurait consisté à dire : « Oui, mesdames, messieurs, les masques sont utiles ; mais nous sommes actuellement en pénurie de masque, et il nous faut donc rationner les masques pour les donner en priorité aux malades et au personnel soignant qui en a le plus besoin puisqu'ils sont en première ligne dans cette guerre contre le coronavirus ». On était trop bête pour comprendre cela tout comme nous étions trop bête pour comprendre comment mettre correctement un masque. Espérons que nous aurons très bientôt un sursaut d'intelligence, nous les simples d'esprit, nous les gens qui ne sont rien.


2°) Les gens sont considérés dans leur globalité comme intrinsèquement mauvais. Si on connaissait la vérité, on se serait rué en masse sur les pharmacies pour les piller et les vandaliser. Bien sûr, il y a des inciviques qui ne respectent rien. Bien sûr, il y a des inconscients qui continuent à faire la fête et qui ne tiennent pas compte du confinement. Bien sûr, il y a des crapules qui volent des masques et des médicaments. Bien sûr, il y a des lâches qui refusent de vivre en cohabitation avec des infirmiers et des infirmières de peur d'être contaminés. Les médias nous rappellent tous les jours que ces gens existent. Seulement, ce sont là le fait d'une minorité. L'immense majorité des gens respectent le confinement. Si vous ne me croyez pas, prenez votre voiture et faites le tour de la ville. Vous verrez des rues désertes, des artères, normalement embouteillées, où il n'y a quasiment pas de circulation. Pourquoi cela ? Parce que l'immense majorité de la population respecte et comprend les règles instaurées pour enrayer la progression de la pandémie !

samedi 4 avril 2020

Masques : les conséquences d'une fake news




Masques : les conséquences d'une fake news




Il s'avère de plus en plus clair que si les autorités sanitaires et politiques des pays occidentaux ont raconté pendant trois mois cette fake news selon laquelle les masques sont inutiles, voire contre-productifs pour se protéger du coronavirus, c'était en réalité pour cacher la pénurie abyssale de masques. Cette fake news n'implique pas seulement des gouvernements acculés par leur impréparation et leur incompétence. Elles impliquent surtout des médecins qui travaillent pour les différents ministères de la santé en Europe et aux États-Unis. Citons notamment le médecin Jérôme Salomon, le numéro 2 du ministère de la santé en France qui, le 17 mars 2020, affirmait encore : « Ne portez pas des masques. Les masques sont uniquement pour les malades, pour les transports sanitaires, pour les secours aux personnes et pour les soignants ». Les responsables de l'OMS, l'Organisation Mondiale de la Santé, ont édicté des directives qui allait dans le même sens. Ils ont largement répandu l'idée méprisante et condescendante que les gens ne seraient pas capables de mettre correctement le masque ou que ce masque créerait un faux sentiment de sécurité au point d'oublier les autres gestes barrières comme se laver les mains ou préserver une distance de sécurité de 1,5 m entre les personnes.


Tout cela n'était qu'un travestissement de la réalité. On le sait aujourd'hui. Les masques certes ne sont pas une protection absolue contre le covid-19, mais néanmoins ils offrent une protection relative, non-négligeable qui aurait été essentiel pour faire diminuer le R(0) de la maladie (sa capacité à se propager parmi la population). Maintenant qu'il est établi que ce discours sur l'inutilité des masques est une fake news, il faut se demander quelle seront les conséquences de ce discours mensonger.


Premièrement, on dit qu'admettre la pénurie aurait suscite l'angoisse et la panique au sein de la population. C'est au contraire le mensonge répété et l'opprobre lancé sur ceux qui portaient un masque qui a créé et renforcé l'angoisse. Admettre la pénurie aurait coupé aux rumeurs qui ont amplifié l'angoisse des gens. Cela a donné aussi beaucoup d'idées fausses. Sur les réseaux sociaux, une connaissance expliquait à tout le monde que les gens qui portent des masques dans la rue sont « soit des malades, soit des cons » (sic). Ce mensonge crée de l'angoisse inutile, de la division et du mépris au sein de la population et ralentira la volonté de porter ce masque. Pourquoi un masque qu'on a passé des mois à dire inutile.


Deuxièmement, cette propagande fallacieuse a retardé l'achat et la fabrication des masques dans un contexte où chaque jour, chaque heure même, compte. Du mois de janvier au mois de mars, le fait de se procurer des masques n'a pas été une priorité de la France, de la Belgique et des autres gouvernements européens, alors même que les stocks étaient totalement insuffisants du fait d'un manque criminel de prévoyance. Chaque jour, il y a des morts, et la pandémie se répand dans la population de manière exponentielle. Le confinement total est efficace pour freiner la courbe de progression du virus, mais on ne peut la maintenir indéfiniment, sauf à vouloir sacrifier l'économie réelle.



Admettre la pénurie aurait aussi et surtout permis d'envisager des solutions au problème, tant de la part de l'administration que de la population. Du point de vue des autorités publiques, on aurait pu envisager des moyens extraordinaires pour produire ces masques de manière industrielle plutôt que de systématiquement dépendre des l'approvisionnement venant des Chinois au plus offrant. Du point de la population, on aurait développé et encouragé beaucoup plus vite et beaucoup plus intensément la production de masques en tissu, la production de masques ou de visières à partir d'imprimantes 3D.


Troisièmement , cette fake news officielle ne peut qu'à terme renforcer les fake news en général et le complotisme. Macron qui prétendait combattre les fake news et faire des lois contre elles est devenu une figure usant de la fake news au même titre qu'un Donald Trump ou un Bolsonaro. Si les autorités sont prêtes à mentir allégrement pour cacher une pénurie de masques, quels sont leurs autres mensonges ? Que cachent-ils encore aux populations ? Sur les réseaux sociaux, sur chaque vidéo de YouTube, on est bombardé de messages qui nous invitent à consulter les informations officielles sur le covid-19 de peur que nous n'allions voir du côté des théories conspirationnistes et portions notre crédit à des informations fausses. Sauf que les théories officielles sont elles aussi mensongères. Qui croire dès lors ? Les scientifiques qui sont liés aux multinationales ? Les hommes politiques payés par les grandes banques d'affaire ? Les intellectuels vendus aux lobbys ? Ce mensonge sur les masques va donner du grain à moudre aux conspirationnistes et aux manipulateurs pour longtemps. Et on ne doit pas s'en réjouir...


Quatrièmement, c'est la médecine classique qui joue là sa réputation et sa crédibilité. Je discutais hier au téléphone avec un collègue. Il m'a demandé des nouvelles de mon confinement. Je lui ai notamment expliqué que je mis beaucoup impliqué depuis trois semaines dans la défense du port du masque. Il m'a alors expliqué qu'il n'était pas vraiment d'accord avec le port du masque, car ce port du masque rentre selon lui beaucoup trop dans « une logique allopathique ». Et il m'a fait tout un plaidoyer pour la médecine homéopathique, et il a condamné Big Pharma. Il est évident que tous les adeptes des médecines parallèles vont s'en donner à cœur joie pour avancer leur cause ! J'ai alors objecté à mon collègue : « Mais si tu contractes le coronavirus, tu ne vas quand même recourir à l'homéopathie ?! » Il m'a répondu que si, il emploierait des méthodes homéopathiques même si il n'excluait pas de recourir dans le même temps à l'allopathie. Ce qui m'inquiète, ce sont toutes les personnes qui n'auront pas cette modération d'envisager la médecine classique en même que leur médecine alternative favorite, et qui ne voudront utiliser que des plantes et des prières pour guérir. Je pense qu'il y a là un réel danger sanitaire. Mais que répondre aux tenants des médecines parallèles quand les médecins sont les premiers à décrédibiliser leur discipline par des mensonges aussi grossiers ?





Frédéric Leblanc,
le 4 avril 2020.







dimanche 29 mars 2020

Des masques pour tous !






Je voulais apporter quelques explications et précisions concernant les réactions à la page « Sortez masqué ». J'ai l'impression que beaucoup de personnes prennent le titre de cette page de manière très littérale comme si c'était une injonction très pressante de ma part, qu'il faut absolument sortir avec un masque facial sur le nez alors qu'il y a pénurie grave de masques. Or si j'ai fait cette page, c'est justement pour dénoncer cette pénurie de masques et l'impossibilité de se fournir en masques chirurgicaux. C'est pour essayer de changer la donne, et certainement pas pour culpabiliser des gens. Je pars du principe que tout le monde devrait pouvoir se prémunir avec tous les moyens disponibles, et dans ces moyens, on trouve les masques et les gants. Tout le monde devrait pouvoir en bénéficier.


Un autre critique est de me dire que la priorité d'attribution des masques va aux malades et aux personnes qui soignent ces malades et qui sont en première ligne sur le front de la maladie. Je ne conteste absolument pas ce principe, que les choses soient claires ! Il est évident que la distribution doit suivre un ordre de priorité. J'ajouterai que donner ses masques à des personnes qui en ont plus besoin que nous, des malades ou des infirmières, par exemple, est un acte admirable sur le plan moral. C'est le genre de solidarité et dévouement aux autres qu'il faut encourager en ces temps difficiles.


Ceci étant, accepter un ordre de priorité pour la distribution des masques est une chose, faire passer l'idée que les masques seront uniquement réservés aux personnes prioritaires et que les gens normaux qui vont travailler et faire leur course ne devraient pas avoir ce genre de protections est une autre idée que je ne cautionne pas du tout ! À terme, tout le monde devrait avoir la possibilité de se protéger avec des masques. Et ce terme devrait arriver dans les plus brefs délais. Les autorités ont excessivement mal géré la crise du coronavirus : en amont, on sait que les gouvernements ont laissé les réserves de masques, voire ils ont détruit des stocks stratégiques comme le gouvernement belge a pu le faire l'année passée. Mais encore aujourd'hui, on peut s'interroger sur la capacité des gouvernements à bien saisir l'ampleur de la crise. Je ne suis pas certain que toutes les options soient explorées pour venir à bout de la pénurie de masques. Et il faudrait cela sur la place publique pour que justement de solutions émergent, venant d'acteurs que l'on attendait pas nécessairement.


Le problème de la pénurie de masques est que celle-ci a commencé par un mensonge ou une fake news, appelez cela comme voudrez. On a constamment répété que les masques ne servent à rien pour se prémunir du coronavirus. On a dit la même chose des gants par ailleurs. J'ai déjà expliqué qu'il y a plusieurs racines à cette idée fausse. Une différence culturelle, en Occident, le masque est associé au carnaval, au grotesque, au manque de sérieux. En outre, on l'associe aussi à ce qui cache, ce qui voile : la maladie, l'hypocrisie, etc... Tandis qu'en Orient, le masque est associé à un acte de politesse et de courtoisie élémentaire : prémunir son interlocuteur de tout ce qui pourrait sortir de notre bouche.


Une source d'erreur provient de la méconnaissance des médecins et des scientifiques qui ont répandu l'idée que ce masque est inutile. Des études scientifiques existent qui vont dans le sens d'une efficacité de ces masques. La prestigieuse revue de médecine « The Lancet » a récemment passé en revue les différentes attitudes envers le port du masque selon les pays. L'auteur de l'article conclut : « Il serait peut-être rationnel de prôner l'usage du masque pour les personnes en confinement s'ils doivent quitter leur maison pour quelle que raison que ce soit, afin de prévenir une transmission asymptomatique ou pré-symptomatique potentielle. En outre, les populations vulnérables, telles que les personnes âgées ou les personnes avec des problèmes médicaux devraient aussi le porter s'ils sont disponibles. L'usage universel du masque pourraient être envisagées si les stocks le permettent. En parallèle, des recherches urgentes sur la durée des masques et les mesures pour prolonger la vie des masques dont on dispose ainsi que l'invention de masques réutilisables devraient être encouragées. Taiwan a eu la prévoyance de créer des stocks considérables de masques ; les autres pays et régions devraient maintenant considérer comme une part des futurs plans contre les pandémies ».


Je me demande si le préjugé que les masques sont inutiles (en-dehors de la volonté très douteuse de cacher au grand public la pénurie abyssale et criminelle de masques) ne viennent pas de l'expérience médicale même. Je m'explique. Les masques chirurgicaux et même les masques en tissus réduisent la charge virale que l'on reçoit des autres et que l'on envoie aux autres, mais ce n'est pas une protection absolue. Or dans un contexte médical, on veut cette protection absolue. Dans la vie de tous les jours, on est rarement très proche des autres en-dehors des gens que l'on embrasse. Si on se tient à distance et que l'on met un masque, la protection est assez efficace. Elle ne diminue pas le risque à zéro, mais cela fait sensiblement diminuer le R(0), le taux de reproduction de base de la maladie, le rythme avec lequel la maladie se propage dans la population. Mais dans le métier d'infirmier ou de chirurgien, on est amené à côtoyer les malades de très près dans les soins qu'on donne, et à en côtoyer beaucoup au cours de la journée. Et donc la protection des masques est certainement moindre qu'une personne qui met un masque dans la rue et qui côtoie de relativement loin un petit nombre des gens potentiellement infectés et une majorité d'autres pas du tout affectés. D'où peut-être ce scepticisme médical envers les masques.


Je ne sais pas si c'est la bonne explication. C'est en tous cas l'hypothèse que je fais pour expliquer cet invraisemblable déni de l'efficacité du port du masque par les autorités médicales des pays occidentaux. Spinoza disait : « En ce qui concerne les actions humaines, ne pas se moquer, ne pas pleurer, ne pas même détester », et c'est un peu ma devise. J'essaie de comprendre le mécanisme psychologique de ce déni, aussi délirant puisse-t-il m'apparaître.


Pour autant, rappelons bien que nier l'efficacité des masques, c'est oublier que le masque est comme un bouclier, un moyen de défense qui ne permet pas de parer tous les coups, mais qui permet de se prémunir d'une bonne partie des coups. Pour moi, les médecins sont comme un guerrier avec un bouclier qui est attaqué de toutes parts, des assaillants le frappant notamment dans le dos. Dans ce cas, le bouclier n'est pas trop utile. Mais avec un seul assaillant devant soi, le bouclier est quand même très utile. Si tout le monde mettait un masque, cela contribuerait à baisser le nombre de personnes infectées de manière significative. La courbe induite par le R(0) est une courbe exponentielle qui peut devenir très vite incontrôlable. Baisser le R(0) peut vraiment être d'une grande aide pour juguler la pandémie. Le masque facial n'est donc pas un produit miracle, mais il ne faut pas le sous-estimer dans l'arsenal des mesures contre le coronavirus. En Corée du Sud ou à Hong-Kong, tout le monde porte des masques et des gants, et la crise est beaucoup mieux gérée qu'ici.


Enfin, on m'oppose l'idée que les gens ne savent pas utiliser convenablement les masques et que c'est un geste technique. Sur la page « Sortez masqué », vous trouverez sur la page des conseils pour mettre correctement les masques. C'est un geste technique qui s'apprend comme tous les autres gestes techniques (et ce n'est pas sorcier non plus). Penser que les gens sont trop bêtes pour mettre un masque comme il faut alors qu'il font des gestes techniques tous les jours comme conduire une voiture, utiliser un ordinateur ou faire leurs lacets de chaussures est vraiment très méprisant. C'est comme ce préjugé que les gens ne peuvent pas comprendre le fait qu'il y a une pénurie ; et il faudrait manipuler ces idiots qui ne comprennent rien à rien en leur racontant que les masques ne servent à rien. Que ce mépris et cette condescendance viennent de gens qui n'ont absolument pas été en mesure de gérer la crise du coronavirus et qui sont responsables de ce gigantesque fiasco, cela me pose beaucoup des questions...



Frédéric Leblanc,
le 29 mars 2020.


mercredi 25 mars 2020

Restez chez vous, mais si vous sortez, sortez masqué !




Vous avez entendu ce slogan mille fois : « Restez chez vous ». Et c'est vrai, le confinement des populations est une bonne chose pour limiter la propagation du coronavirus. Mais si vous devez sortir pour faire les courses ou pour travailler, sortez masqué ! Sortez ganté ! Ce slogan, on l'entend moins malheureusement que le « restez chez vous ». Le masque et les gants sont pourtant un confinement de la bouche et un confinement des mains qu'il serait bon d'appliquer pour diminuer et enrayer la vitesse de contamination du covid-19.


J'ai créé il y a deux jours une page facebook qui s'intitule justement « Sortez masqué », et donc le but justement est d'encourager au port de ce masque, d'informer sur cette problématique et à terme de faire pression sur les hommes et femmes politiques qui nous gouvernent pour améliorer la situation. Que les autorités sanitaires et politiques arrêtent de jeter le discrédit sur le port du masque, qu'ils achètent ces masques et les fabriquent le plus rapidement possible. Qu'ils en donnent aux plus démunis.


Sur cette page, j'ai toutes sortes de réactions, la plus courante est de me dire qu'il est impossible de se fournir en masque dans les pharmacies et ailleurs. C'est vrai, il y a une pénurie grave de masques à l'heure actuelle, et il faut dénoncer cette pénurie comme une inconséquence criminelle des autorités politiques, notamment du ministère de la santé. S'il n'y a pas de masques pour tout le monde, c'est une honte, un scandale; et les citoyens doivent faire cette revendication au gouvernement d'acheter ou de fabriquer des masques par millions. Le problème, c'est que les choses bougent trop lentement, parce que le gouvernement ne veut pas que cela bouge, ou n'est pas assez volontariste pour faire bouger les lignes... Ce n'est pas une fatalité s'il n'y a pas assez de masque pour tout le monde!


Une internaute m'a écrit : « Porter masque et gants, ce sont là des conseils qui ne tiennent pas la route. Arrêtez de dire "sortez masqués", on sait tous qu'il n'y a pas de masques pour nous... C'est remuer le couteau dans la plaie ». Ce qui serait remuer le couteau dans la plaie, c'est assister impuissant à l'inaction des politiciens et des gouvernants. Il faut mettre la pression sur eux pour que des mesures efficaces soient prises. Plus on assiste passivement à cette pandémie en spectateur désabusé, plus les morts s'accumuleront dans les morgues. Il faut mobiliser les forces industrielles du pays pour produire les masques chirurgicaux ainsi que les masques ffp2 et ffp3, et ne pas dépendre constamment des Chinois et des autres pays qui, parfois, rackettent le stock d'autres pays.


Dans un article du 4 mars sur le site Medi-sphère, on peut lire que le secteur textile belge ne sent pas prêt du tout à faire des masques chirurgicaux : « Il est quasi impossible de produire à court terme en Belgique des masques médicaux, a-t-on répliqué du côté de Centexbel, le centre scientifique et technique pour l'industrie textile belge. La Belgique ne dispose en effet pas des matières premières ni actuellement des équipements. "Cela nécessite des machines spécialement conçues. Il n'y pas l'infrastructure ici", explique Marc Croes ». 


Il me semblerait judicieux d'interroger cette impossibilité : ne serait-il possible de mettre un grand nombre d'experts et d'ingénieurs pour produire ou se procurer les machines et les matières premières en question. Je ne suis pas du tout un spécialiste du secteur textile, je n'y connais même rien, mais peut-être qu'une bonne dose de volontarisme peut changer les choses. Et on en est réduit à attendre les colis de masques en provenance de Chine, peut-être les gouvernants devraient-ils se mettre à produire des masques en tissus à un niveau industriel. Ces masques sont moins efficaces que des masques chirurgicaux, mais ils sont moins inutiles que ce qu'on veut bien nous raconter.


Un autre argument qui me revient est  : « Les masques, cela ne sert à rien pour celui qui n'est pas infecté ». La propagande qui a raconté des semaines durant que les masques ne servent à rien, uniquement parce que les gouvernements imprévoyants et inconséquents sont en pénurie de masques laissent malheureusement des traces. À cela, je répondrai deux choses :


1°) Sans faire de tests, vous ne pouvez pas savoir si vous êtes infecté ou non. Dans le doute, pour prémunir les autres, je vous recommande de porter un masque chirurgical, un masque artisanal, un foulard ou une écharpe ainsi que des gants (selon ce dont vous disposez). En outre, avoir un résultat négatif à un test prouve juste que vous n'avez pas la maladie covid-19 à l'instant t, rien ne vous dit qu'en faisant la file pour passer le test, le gars devant ou derrière vous ne vous a pas éternué tous ses petits coronavirus à la figure et que vous êtes maintenant contaminé.


2°) Il y a des études scientifiques qui attestent d'une efficacité relative (pas totale, mais réelle) des masques chirurgicaux et des masques en tissus pour se prémunir soi-même de la contagion. Je mets le lien de ces études en description.


Pour terminer, deux précisions importantes : a) politiquement, je demande des masques POUR TOUT LE MONDE, mais j'admets parfaitement que la priorité est de les délivrer d'abord pour les malades et le personnel soignant. Ensuite aux personnes âgées et à risque (qui ont un problème cardiaque, des problèmes respiratoires, etc...). Ensuite aux personnes qui travaillent et s'exposent à fréquenter d'autres qui peuvent les contaminer comme des caissiers et caissières au supermarché, des policiers, des livreurs, etc... Mais on ne doit pas perdre de vue la volonté politique de fournir ces masques à tout le monde.


b) Porter un masque et des gants ne vous dispense aucunement des autres moyens de lutte contre la propagation du coronavirus : garder ses distances les uns avec les autres, se laver les mains très régulièrement, nettoyer les surfaces de contact que des mains pourraient toucher, rester le plus soi chez soi confiné, tousser et éternuer dans le coude ou dans un mouchoir réutilisable, etc...




Frédéric Leblanc,
le 25 mars 2020.



PS : N'hésitez pas à vous rendre sur la page « Sortez masqué », à la liker, à en partager ses contenus et à les commenter ! N'hésitez pas à faire connaître cette page autour de vous.











mardi 24 mars 2020

La page Sortez Masqué



Je viens d'ouvrir une page sur Facebook intitulée : Sortez masqué !” La page “Sortez masqué !” a plusieurs objectifs dans ce contexte de crise du coronavirus :

1°) Encourager les gens à porter un masque et des gants quand ils sortent en rue, au travail ou en public.

2°) Démonter les critiques dont font l’objet les gens qui portent un masque et des gants en rue et en public dans les sociétés européennes.

3°) Encourager les gouvernements européens, et plus particulièrement la Belgique, la France et la Suisse à acquérir des masques chirurgicaux, des masques ffp2 et ffp3 pas seulement pour les malades et le personnel soignant, mais pour l’ensemble de la population.

4°) Encourager les gouvernements à fabriquer eux-mêmes ces masques de toute urgence, y compris en ayant recours en réquisitionnant ces moyens de production.

5°) Apporter une information la plus sérieuse possible et la plus scientifique possible sur le port du masque, sur la question de comment bien porter le masque ainsi que sur la propagation du covid-19.

6°) Il faut bien sûr respecter les ordres de priorité : le masque d'abord doit d’abord aller pour les malades et les soignants, puis les personnes âgées et les personnes avec des facteurs de comorbidité, ensuite les travailleurs en première ligne sur le front du coronavirus : pharmaciens et pharmaciennes, caissiers et caissières des magasins, policiers et policières, etc... Mais la priorité du gouvernement, c'est que tout le monde puisse se procurer des masques dans les plus brefs délais.

7°) Le port du masque et des gants est UN des moyens pour enrayer la pandémie, mais bien sûr “Sortez masqué” insiste aussi sur l’utilité des autres méthodes : lavage des mains, prophylaxie, distanciation sociale, confinement, etc... Ces méthodes ne s’opposent, elles se renforcent les unes les autres !

8°) Interroger notre rapport culturel à ce masque, notamment en rapport avec la façon dont les Asiatiques appréhendent ce masque. Pourquoi le masque s’intègre-t-il dans les cultures japonaises ou coréennes, et pas dans la nôtre ?












Voir aussi les articles sur le Reflet de la Lune où j'argumente plus en détail en faveur du masque chirurgical :


















Courage à tous dans le contexte de la pandémie !
Restez chez vous ! Et si vous devez sortir, sortez masqué !



dimanche 22 mars 2020

L'alpha et l'omega du port du masque




L'alpha et l'omega du port du masque




Hier à la télévision, le ministre français de la santé, Olivier Véran, expliquait aux citoyens : « Le port du masque n’est pas l’alpha et l’oméga de la protection ». Ce n'est peut-être pas l'alpha et l'omega, mais c'est au moins une part importante du dispositif pour se défendre. Le masque chirurgical est l'alpha de la lutte contre la propagation du coronavirus, le masque ffp2 le bêta, le masque ffp3 le gamma, le masque en tissu cousu par des citoyens le delta, le port de l'écharpe ou du foulard de fortune pour créer une barrière entre ce qui entre et sort de nos bouches est l'epsilon, le port des gants est le zêta. Mais il y a aussi toutes les autres lettres de l'alphabet grec pour désigner les autres moyens de lutte contre le virus qui ne s'opposent pas, mais se combinent.


Êta pour la distanciation sociale, thêta pour le confinement, iota pour le lavage des mains et la prophylaxie, kappa pour le fait de nettoyer toutes les surfaces touchées par des mains nues (poignées de porte, balançoires et toboggan dans une plaine de jeux, boutons pour le code bancaire, rampes d'un escalier ou dans les bus, etc...), lambda pour éternuer dans son coude ou un mouchoir jetable, mu pour le diagnostic systématique de la population, nu pour le diagnostic plus spécifique de l'entourage d'une personne infectée, ksi pour les médicaments à base de hydroxichloroquine, omicron pour des mesures sociales en faveur des infirmiers et des médecins qui sont sur le front, pi pour le soutien à l'économie défaillante, rhô pour des mesures fiscales en faveur des indépendants qui prennent de plein fouet la mise à l'arrêt des commerces, sigma pour venir en aide aux personnes qui vivent dans la rue et qu'on délaisse encore plus ces temps-ci, tau pour acheter des masques chirurgicaux par millions, des masques ffp2 et des masque ffp3, upsilon pour fabriquer soi-même ces mêmes masques en ne dépendant pas des Chinois, phi pour réquisitionner des entreprises, si besoin est, pour produire très vite en grande quantités ces masques. Et je laisse volontiers à monsieur Olivier Veran le khi, le psi et l'omega pour des mesures qu'il jugera bonnes et efficaces afin de lutter efficacement contre la propagation du COVID-19.


D'ici là, monsieur le ministre, montre l'exemple aux Français et au monde : mettez un masque à chacune de vos apparitions publiques, portez des gants aussi. Et arrêtez de suggérer ou de défendre l'idée que les masques sont inutiles dans l'espace public. Cela doit être votre nouveau slogan, votre nouveau parti : « La République en Masque ! » Les masques ne peuvent pas tout, ils n'arrêtent pas tous les virus, on peut tomber malade avec un masque certes. Mais le masque diminue grandement les risques de contracter la maladie. Le masque diminue le R(0) de la maladie : il contribue à faire baisser le coefficient de propagation du COVID-19 qui est plus important que celui de la grippe. Il faut bien sûr respecter les ordres de priorité : le masque d'abord pour les malades et les soignants, puis les personnes âgées et les personnes avec des facteurs de comorbidité, les travailleurs en première ligne sur le front du coronavirus : pharmaciens et pharmaciennes, caissiers et caissières des magasins, policiers et policières, etc... Mais la priorité du gouvernement, c'est que tout le monde puisse se procurer des masques dans les plus brefs délais.


Dans le même ordre d'idées, Sibeth N'Diaye a dit : « On est contaminé quand on passe plus de 15 minutes à proximité de quelqu’un qui est contaminé, donc on n’a pas besoin de masque ». Cela me laisse pantois. Je ne sais même pas s'il faut répondre à cela. Par contre, il faut s'interroger pourquoi un tel dédain pour les masques, pourquoi un tel dénigrement ? Ce n'est pas seulement qu'on refuse de considérer le masque comme prioritaire, mais celui qui porte le masque en rue subit une condamnation sociale, une culpabilisation dégueulasse. Un de mes contacts facebook disait que les gens qui portent des masques en rue sont « soit des malades, soit des cons ». Il est sidérant de voir à quel point les gens me traitent comme un conspirationniste ou un révolutionnaire dangereux simplement parce que je demande à la population et aux autorités de porter un masque et des gants. Je ne suis pourtant pas un Zorro des temps modernes !


Il faut voir comment on jette aujourd'hui la pierre aux joggeurs qui courent dans le parc, au promeneur dans les bois, aux gens qui font leur course au marché, et même aux travailleurs qui vont travailler parce qu'ils ne respectent pas le confinement. Par contre, on jette tout autant, voire plus la pierre à la personne civique qui se couvre la bouche et les mains ! On marche sur la tête ! Le masque est pourtant un confinement de la bouche, et les gants sont un confinement des mains ! Songez-y ! Prenons l'exemple sur des pays qui luttent efficacement contre le coronavirus : la Corée du Sud ou Hong-Kong, là où tout le monde porte des masques et des gants.


Donc plusieurs raisons à ce déni du masque. La première est une raison culturelle : en Occident, masque = carnaval. Ce n'est pas sérieux, c'est grotesque, clownesque. D'où le mépris et le quolibet des gens. En Asie, par contre, le masque est associé à une forme de politesse et de courtoisie : on n'impose pas aux autres ses crachats, ses postillons et tous les fluides qui peuvent sortir de la bouche. La masque passe donc mieux dans ces pays : on en voit tout de suite la portée civique. Tandis qu'en Occident, la personne masquée a quelque chose à cacher : une maladie, des stigmates honteux, une identité à ne surtout pas révéler, etc... On considère cela avec beaucoup plus de suspicion.


Ensuite, il y a le fait que les autorités sanitaires et politiques veulent cacher le fait qu'ils n'ont pas géré convenablement la crise et qu'ils ne sont pas en mesure de fournir des masques à la population. Mais cette attitude est extrêmement problématique. 1°) On a délibérément trompé la population avec des fake news indignes. Et les idées fausses vont rester longtemps dans la tête des gens. 2°) On casse en profondeur la confiance du citoyen envers les autorités sanitaires et politiques des pays européens. Si les politiciens et les médecins sont prêts à mentir de manière aussi machiavélique, quand pourra-t-on leur faire confiance ? Jamais ! Vive l'ère du soupçon et du complot omniprésent ! 3°) On s'empêche de répondre efficacement à la crise en assumant ses responsabilités en achetant des masques aux fournisseurs de masque et en mettant nos usines en ordre de bataille pour produire ces masques. Emmanuel Macron a dit que la France est un guerre contre le virus. Les masques et les gants sont des boucliers contre les assauts du virus. Pour quelle raison ne fabriquerait-on pas ces masques avec l'industrie française et européenne ? Pourquoi s'en remettre toujours aux Chinois ?


Enfin, il y a peut-être de l'incompétence. Certains médecins croient qu'ils sont les plus compétents du monde et ne veulent pas abandonner leurs idées reçues. C'est là une grande paresse de l'esprit. Ils vous disent que les gens portent mal le masque. Et bien, faites des vidéos pour apprendre aux gens comme mettre ce masque ! Ils vous disent que c'est inefficace : ils n'ont même pas lu ou pris connaissance des études qui vous disent que le masque a une certaine efficacité, et même une efficacité certaine ! (Je mets les références en-dessous). Mais admettons même pour un moment que le masque soit inutile pour se protéger du virus, les médecins qui soutiennent cette thèse absurde vous disent que seuls les malades doivent porter le masque. D'accord, mais la plupart des personnes infectées par le COVID-19 sont asymptomatiques : elles n'ont pas de symptômes, pas de signes qui montrent qu'elles portent le virus, pourtant elles sont susceptibles de vous transmettre le virus. C'est ailleurs la justification du confinement actuel : comment on ne sait pas exactement qui est infecté par le coronavirus et qui ne l'est pas, tout le monde doit rester chez soi. Mais du coup, le même raisonnement vaut pour le masque. Vous n'êtes être jamais sûr que votre corps n'est pas envahi par le SARS-COV-2 ; donc en conséquence, portez un masque et des gants chaque fois que vous allez faire des courses, chaque fois que vous allez travailler et chaque fois que vous faites une apparition en public !




Frédéric Leblanc
Le 23 mars 2020.


lundi 28 octobre 2019

Méditation et politique




Cette semaine, sur le réseau social d'une amie qui est une élue d'un parti écologiste, je suis tombé sur un article de « l'école de méditation occidentale » qui prétend faire le lien entre méditation et politique. L'article en question s'intitule « Et si la méditation pouvait renverser un gouvernement ? », il est rédigé par Elizabeth Larivière en date 7 octobre 2019. L'article en lui-même est assez confus, mais sa thèse, elle, est très claire, bien que très discutable, et ce que je voudrais discuter dans ce présent article.


L'auteure commence par évoquer le travail de journalistes allemands qui ont fait tomber l'actuel gouvernement d'extrême-droite en Autriche en révélant une vidéo où le chef du FPÖ se dit prêt à offrir d’importants marchés publics à la nièce d’un oligarque russe en échange d’un soutien financier. Cela a fait tomber le gouvernement autrichien, et de nouvelles élections doivent être tenues dans ce pays. L'auteure voit alors une similitude (très nébuleuse à mon sens) entre l'activité d'investigation des journalistes et la méditation. Elle proclame ensuite l'importance grandissante chez elle de la « dimension politique de la méditation ». Elle conclut enfin : « Je suis profondément convaincue que méditer peut contribuer à renverser un gouvernement ».


Et là, je ne suis pas du tout d'accord. La méditation n'a certainement pas vocation à renverser le gouvernement, pas plus que la méditation n'a vocation à conserver en place le gouvernement. En fait, méditer n'a rien à voir avec le gouvernement. La politique est une chose, la méditation en est une autre. Quand vous méditez, soyez simplement présent à l'instant présent. Soyez attentifs à votre corps, à votre respiration en particulier. Soyez attentif à vos sensations. Soyez attentif à votre esprit. Soyez attentif à tout ce qui se manifeste ici et maintenant dans le champ de la conscience. Et abandonnez vos préoccupations, toutes vos préoccupations, y compris vos préoccupations politiques. Lâchez prise et soyez en paix.


Je ne dis pas pourtant qu'il faut se désintéresser de la politique, je dis seulement de ne pas être obsédé par elle pendant la méditation. Je suis un méditant et je suis aussi un citoyen. Quand je pratique la méditation, je laisse tomber ma « citoyenneté » pour n'être qu'un homme, rien qu'un être sensible assis quelque part dans l'univers. Quand j'étais jeune, j'étais tombé sur une revue d'Amnesty International où il y avait une interview d'un ex-prisonnier politique marocain. Il y avait dit : « Je n'aime pas la politique, parce que la politique divise les hommes ». C'est quelque chose qui m'avait frappé à l'époque, d'une part parce qu'il avait incarcéré pour des raisons politiques, et non pour des faits de droits commun, d'autre part, parce que j'étais très impliqué dans la politique à cette époque. La politique est le lieu du conflit, l'affrontement incessant entre les fractions politiques d'un pays. Il serait vain et bisounours de croire qu'on pourrait s'affranchir complètement de ce conflit, mais il serait aussi très malsain de s'enfermer intégralement dans ce conflit, de ne voir que lui.


En 2003, je me souviens avoir participé aux grandes manifestations contre la guerre en Irak. À l'époque, il y avait une très grande colère contre George Bush et le gouvernement des États-Unis. Quand je revenais de ces manifestations, il m'était très difficile de méditer tant mon esprit était agité, colère contre George Bush et les va-t'en-guerre, colère contre les jihadistes et Oussama Ben Laden, craintes pour le futur, craintes pour un clash des civilisations que certains conservateurs prophétisaient autant qu'ils l'attisaient... J'étais traversé par toutes ces pensées politiques et j'avais en permanence envie de relever pour crier ma colère. J'avais constamment en tête l'image de George Bush, Saddam Hussein et Ben Laden ainsi que l'un ou l'autre sbire de ces tristes sires. C'était impossible de méditer dans ces conditions. Jusqu'à ce que je me rappelle que l'amour bienveillant et la compassion valent pour tous les êtres sensibles sans exception. Bien sûr, cela semblait inacceptable : éprouver de la bienveillance envers l'un de ces salopards pouvait sembler soutenir leur entreprise. Mais en fait non : éprouver de la bienveillance veut simplement dire que l'on souhaite que cette personne soit véritablement heureuse et connaisse les causes du bonheur. Or la guerre est une cause évidente de malheur. La bienveillance et la compassion dans ce cas précis est le souhait que Bush et compagnie arrêtent leur entreprise de guerre parce que celle-ci provoque la souffrance, l'affliction et le désarroi. Et abandonnant toute haine envers Bush et consorts, l'obsession politique s'est apaisée d'elle-même et j'ai pu m'absorber à nouveau dans la méditation.


Dans la politique, on peut manifester contre tel ou tel camp qui veut la guerre, qui veut la mort et l'injustice. Dans la politique, on peut aussi vouloir la guerre. En 1940, j'aurai voulu la guerre contre Adolf Hitler et les nazis. Mais quand vous pratiquez la méditation, il faut abandonner toute notion de conflit et être en paix avec le monde. Si vous ne scindez pas clairement la politique de la méditation, votre comportement risque de devenir complètement incohérent. Par ailleurs, vous risquez aussi d'entrer dans ce que les philosophes appellent le « théologico-politique », la compromission entre le spirituel et le politique. Vous allez vouloir passer votre temps à imposer une société bouddhiste, mais là encore chercher le pouvoir politique ne vous aidera pas à pratiquer la méditation, que du contraire. Là encore, cela troublera beaucoup plus votre esprit que cela ne l'apaisera.


Il faut se rappeler le geste initial du prince Siddhartha Gautama d'abandonner son palais et son statut de prince pour devenir un ascète errant et, après quelques années, devenir l’Éveillé, le Bouddha. Quand vous travaillez ou que vous vaquez à vos occupations quotidiennes, vous pouvez vous intéresser à la politique, voire vous impliquer en politique si vous en avez la vocation. Mais dans la méditation, abandonnez toutes ces considérations politiques pour être ici et maintenant.



Frédéric Leblanc,
28 octobre 2019. 











Voir également : 











(à propos de la citation d'Honoré de Balzac : "La résignation est un suicide quotidien")















Troll en méditation
Oeuvre de Thomas Dambo (forêt de Boom, Flandres, Belgique)










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