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Nâgasena |
Les questions de Milinda (en pâli: Milinda Pañha) sont un grand classique de la littérature philosophique bouddhiste du deuxième siècle avant notre ère. Il met en scène le roi indo-grec Milinda (Ménandre) qui questionne et débat avec le moine bouddhiste Nâgasena.
Dans l'extrait que nous allons lire, Milinda demande si Nâgasena accepte de dialoguer avec lui. Nâgasena lui répond alors en substance que le dialogue doit répondre à une éthique: celle des sages qui admet la contradiction et les arguments opposés à nos propres convictions. Quand le sage dialogue, il est animé par un esprit de tolérance, il écoute les arguments adverses et tente d'y répondre rationnellement. Il s'en prend aux arguments qui lui semble erroné, mais pas à la personne qui émet l'argument. Par opposition, dialoguer à la manière des rois implique une logique violente de conquête, de domination et de prise de pouvoir. Soit on accepte le point de vue de son contradicteur, soit on se voit menacé ou contraint d'abandonner sa conviction. Ce n'est pas seulement la logique des rois, c'est la logique de tous les fanatismes qui essayent d'imposer un dogme ou une croyance au reste de la société.
Le roi : « - Vénérable
Nâgasena, accepterais-tu de t’entretenir avec moi ?
- Je
le ferai, ô roi, si tu entends t’entretenir avec moi à la manière des sages
instruits ; mais si tu entends procéder à la manière des rois, je ne le
ferai pas.
-
Comment s’entretiennent les sages instruits ?
-
L’un noue un argument et l’autre le dénoue, l’un présente une réfutation et
l’autre la renvoie, l’un reconnaît l’habileté particulière de l’autre et
réciproquement ; les sages instruits ne s’en irritent pas : voilà comment
ils s’entretiennent.
- Et
comment les rois procèdent-ils ?
-
Quand ils s’entretiennent, ils approuvent un point et ordonnent de punir quiconque
s’y oppose : voilà comment ils procèdent.
-
Vénérable, je m’entretiendrai avec toi à la manière des sages instruits, non
pas à la manière des rois. Que le Vénérable parle en toute confiance, comme
avec un moine, un novice, un disciple laïc ou un serviteur du monastère ;
qu’il n’ait pas peur.
- C’est
bien, approuva l’Ancien.