L’homme
n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire
l’ange fait la bête.
Il
est dangereux de trop faire voir à l’homme combien il est égal
aux bêtes, sans lui montrer sa grandeur. Il est encore dangereux de
lui trop faire voir sa grandeur sans sa bassesse. Il est encore plus
dangereux de lui laisser ignorer l’un et l’autre. Mais il est
très avantageux de lui représenter l’un et l’autre.
Il
ne faut pas que l’homme croie qu’il est égal aux bêtes, ni aux
anges, ni qu’il ignore l’un et l’autre, mais qu’il se sache
l’un et l’autre.
S’il
se vante, je l’abaisse ;
s’il
s’abaisse, je le vante ;
et
le contredis toujours,
jusqu’à
ce qu’il comprenne
qu’il
est un monstre incompréhensible.
Bassesse
de l'homme jusqu'à se soumettre aux bêtes, jusqu'à les adorer.
Après
avoir montré la grandeur et la bassesse de l'homme. Que l’homme
maintenant s’estime à son prix. Qu’il s’aime, car il y a en
lui une nature capable du bien ; mais qu’il n’aime pas pour
cela les bassesses qui y sont. »
Blaise
Pascal, Pensées,
fragments
557, 153, 154, 163, 86 & 151 de l'édition Sellier
(dans
l'éd. Brunschvicg : 358, 418, 418, 420, 429 & 423 ;
dans
l'éd. Lafuma : 678, 121, 121, 130, 53 & 119).