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lundi 27 avril 2020

Distinguer les quatre qualités





La semaine passée, j'ai parlé des quatre qualités incommensurables dans le bouddhisme : l'amour bienveillant, la compassion, la joie et l'équanimité. Un internaute m'a fait cette objection : « Compassion, joie, équanimité sont toutes contenues dans l'Amour. L'Amour au sens d'Agapé inclut absolument tout ». On peut défendre cette idée, pourquoi pas. L'amour bienveillant, illimité, inconditionné engloberait les autres qualités dans quelque chose de transcendant qu'on appellerait Amour, Agapé pour reprendre le mot grec qui désigne l'amour de charité ou Maitri. On pourrait appeler cela la « Grande Compassion », Maha Karuna, comme on le fait dans le bouddhisme du Grand Véhicule, la volonté de ne pas quitter sans monde de souffrance tant que tous les êtres n'auront pas connu l'extinction totale et définitive de la souffrance.


Pour moi, l'amour et la compassion sont les deux faces d'une même pièce. L'amour est le souhait d'ardent que tous les êtres sensibles soient heureux et connaissent les causes du bonheur. La compassion est le souhait ardent que tous les êtres soient sensibles soient libérés de la souffrance et des causes de la souffrance. La joie est le fait que cette pièce soit fait d'or et qu'on puisse acheter beaucoup de belles choses pour le bonheur du monde. L'équanimité est le fait que cette pièce d'or n'appartient à personne et enrichit le monde sans distinction et sans condition, au contraire de l'argent de ce monde qui suscite tous les égoïsmes, toutes les avidités.



Il serait peu pertinent de traiter ces quatre qualités, amour, compassion, joie et équanimité comme des entités distinctes et complètement séparées. Ces quatre qualités ont bien sûr un lien profond. Néanmoins, il me semble nécessaire de les distinguer d'un point de vue psychologique. Si on ne parlait que de l'amour ou que de la compassion, on pourrait tomber dans certains travers, confondre l'amour avec une illusion d'amour et confondre la compassion avec une illusion de compassion.


Pour prendre l'exemple de l'amour :
  • L'amour sans l'équanimité peut conduire à la partialité et à l'attachement : on confondrait l'amour impartial et inconditionnel avec l'amour passionnel ou l'amour pour sa famille qui se concentrent sur une ou quelque personnes, là où l'amour inconditionnel s'étend à l'ensemble de l'humanité, voire même à l'ensemble des êtres doués de conscience et de sensibilité dans le bouddhisme.

  • L'amour sans la compassion peut conduire à une béatitude indifférente aux misères du monde : on ne voit plus que le bonheur des êtres sans voir la face sombre de l'existence et sans être solidaire de ceux qui sont dans le tourment.

  • l'amour sans la joie est trop statique et sans communion. La joie se réjouit des potentialités de chacun pour s'améliorer et améliorer le monde. La joie donne l'enthousiasme de changer les choses et de faire tous les efforts qui vont contribuer à cela.


Cela vaut aussi pour la compassion. On ne peut pas la penser indépendamment des autres qualités qui la complètent :


  • La compassion sans l'amour conduirait à ce que les psychologues appellent la détresse empathique : on ne verrait plus que le côté négatif de l'existence et on serait englouti dans le malheur des autres.

  • La compassion sans la joie serait une sorte de marasme et de complaisance dans la fatalité : l'impression ou la conviction que les êtres ne sortiront jamais du marécage de l'existence où l'on s'enfonce inexorablement, comme ces films noirs qui n'entrevoient aucune issue, aucun happy end à leurs (anti)héros.

  • La compassion sans l'équanimité nous ferait tomber dans la partialité : estimer qu'une catégorie de personnes mériteraient d'être aidées et pas les autres. La compassion sans l'équanimité conduirait aussi à ne pas relativiser les choses, à voir tout comme une catastrophe indépassable.



La joie a aussi besoin des autres qualités sur lesquelles elle peut s'appuyer et pour faire sens :


  • La joie sans l'amour viserait de mauvais buts : elle ne contribuerait pas au bonheur de tous. Comme des fêtards qui ne pensent qu'à la fête du soir sans soucier du lendemain et sans se soucier des voisins de l'étage en-dessous qui essaient de dormir.

  • La joie sans la compassion serait une sorte d'euphorie sans aucun réalisme. Ce serait une fuite des problèmes : comme le fêtard qui fait la fête pour oublier tous les problèmes qui s'accumulent et auxquels il n' a pas la force de faire face.

  • La joie sans l'équanimité serait comme un coureur qui démarrerait sa course avec un sprint alors qu'il a un marathon à courir. La joie a besoin de la paix de l'équanimité pour ne pas s'épuiser tout de suite.


Enfin, l'équanimité a également besoin de s'appuyer sur les autres qualités pour être cohérentes :


  • L'équanimité sans l'amour manquerait considérablement de chaleur humaine et de luminosité.

  • L'équanimité sans la compassion dériverait en une complète indifférence aux sorts des autres. Tout serait égal, bonheur et souffrance. Et on ne se soucierait pas des problèmes et des tragédies des autres.

  • L'équanimité sans la joie conduirait à une forme d'inertie où peu importerait la libération, l'effort vers le bonheur et le bien-être puisque tout serait égal, indifférent.




Frédéric Leblanc, 
le 27 avril 2020.






samedi 25 avril 2020

La sincérité




La sincérité est une ouverture de cœur. On la trouve en fort peu de gens ; et celle que l'on voit d'ordinaire n'est qu'une fine dissimulation pour attirer la confiance des autres.


François de la Rochefoucauld, maxime 61 des « Réflexions ou Sentences et maximes morales de monsieur de la Rochefoucauld » (1678).










"Cyrano de Bergerac" d'Edmond Rostand, réalisé par Jean-Paul Rappeneau (1990)
avec Gérard Depardieu (Cyrano) et Vincent Pérez (Christian)











Peut-on être entièrement authentique ? Dire tout ce que l'on pense ? Être intégralement sincère ? C'est un vieux débat de la morale. Et au temps de la Rochefoucauld, ce débat avait été aussi mis en scène de manière savoureuse par Molière dans le Misanthrope (1666), acte 1, scène 1 : la pièce s'ouvre sur Alceste et Philinthe qui se disputent, ou plutôt Alceste qui reproche amèrement à Philinthe d'avoir sympathisé avec quelqu'un qu'il connaît à peine et qu'il n'apprécie pas plus que cela. C'est insupportable aux oreilles d'Alceste. On ne peut pas appeler quelqu'un « mon ami » si on n'est véritablement ami avec cette personne de longue date :

jeudi 23 avril 2020

Ne pas jeter les masques et les gants dans la Nature !



Ne pas jeter les masques et les gants dans la Nature !




Ceux qui suivent la page « Sortez masqué » savent que je défends l'intérêt des masques et des gants pour enrayer la pandémie du covid-19. Ces masques et ces gants sont un des moyens pour réduire le R(0) de la maladie, son taux de reproduction de base, c'est-à-dire sa capacité à se propager dans la population. C'est donc très bien de porter un masque et des gants quand vous faites vos courses ou quand vous allez travailler.


MAIS s'il vous plaît, s'il vous plaît, s'il vous plaît, ne jetez pas ces gants et ces masques dans la Nature. Hier, j'ai retrouvé un gant usagé devant le seuil de ma porte, puis je suis allé faire une petite balade en forêt où les sentiers étaient jonchés de ces masques et de ces gants.


Il faudrait arrêter de faire cela. Voici que j'aurais envie de dire à tous ceux qui jettent masques et gants n'importe où :

  • 1°) C'est dégueulasse. Il faudrait être un peu plus civilisé. Cela ne se fait pas de jeter les choses par terre au lieu de les mettre dans la poubelle. C'est une question de savoir-vivre.
  • 2°) C'est dégueulasse. Si vous êtes infecté par le coronavirus (ou une autre maladie), les personnes qui vont devoir ramasser votre gant ou votre masque vont peut-être contaminés à leur tour. Sans parler des enfants en bas-âge qui vont le ramasser pour jouer avec.
  • 3°) C'est dégueulasse. Tous ces masques et ces gants que vous jetez n'importe où contribuent à aggraver la pollution dans cette Nature qui agonise déjà de la pollution.



Il faudrait interroger le caractère jetable des gants et des masques. Si on peut comprendre cela pour le personnel hospitalier, ne faudrait-il pas privilégier pour la population des masques et des gants réutilisables ? On peut utiliser des masques en tissu qu'on peut mettre à la machine et, donc, ne pas envoyer sur les montagnes de déchets que produit notre société de consommation. Pareillement, j'utilise des gants en latex pour le ménage et la vaisselle. Quand je rentre chez moi, je me lave les mains AVEC mes gants, puis j'enlève ces gants. Et je me lave les mains nues ensuite. Cela me permet de réutiliser ces gants et de ne pas utiliser une nouvelle paire tous les jours.


Pensons à lutter contre la pandémie, mais pensons aussi à protéger l'environnement. Car si on ne fait rien et qu'on continue dans cette voie aberrante, la prochaine crise, ce sera la crise environnementale, et elle sera autrement plus violente que l'actuelle crise. Dans l'écologie, on parle des 3 « R » : réduire, réutiliser, recycler. Il faut d'abord chercher à réduire sa consommation de matériaux, de ressources, d'énergie et de produits manufacturés. Il faut réutiliser, réemployer tout ce qui peut l'être au lieu d'acheter de nouvelles choses. Et c'est le cas, je pense, pour les masques et les gants. Je pense aussi qu'il faut aussi encourager la conception de masques ffp2 réutilisables. Des initiatives existent, mais elles tardent à être développées à vaste échelle. Enfin, il faut recycler quand on ne peut pas réutiliser tel quel. Ce qui demande un processus industriel, mais c'est toujours mieux que d'aller puiser toujours plus dans les ressources naturelles de notre bonne vieille Terre.






Frédéric Leblanc,
le 23 avril 2020.



dimanche 19 avril 2020

Paradoxes de l'amour impartial





Dans son livre consacré à l'amour 1, le philosophe analytique français Ruwen Ogien (1947 – 2017), il y a un chapitre sur la question de savoir si l'amour est moral, s'il est est « par-delà le bien et le mal », évocation du livre de Nietzsche et de son aphorisme : « Tout ce qui se fait par amour se fait par-delà le bien et le mal ». Je ne m'étendrai pas sur la partie du chapitre où il traite de l'amour au sens sentimental et romantique du terme ou de l'amour filial. Pour faire bref, Ruwen Ogien constate les apories de l'amour sur un plan moral : soit l'amour est partial, soit l'amour est impartial. Si l'amour est partial, il n'est pas moral puisqu'il favorise les personnes aimées en-dehors de tout principe moral d'équité et de justice. Et si l'amour est impartial, on arrive à des choses manifestement très étrange : que penser de cet amoureux transi qui voit sa compagne, sa dulcinées se noyer dans un fleuve en compagnie d'une femme quelconque qui lui est totalement inconnue, et qui déciderait de tirer à pile ou face pour savoir qui il va sauver afin d'être impartial et de ne pas favoriser indûment son amoureuse adorée ?



Je reviendrai prochainement sur cette question plus tard ainsi que sur le livre « Philosopher ou faire l'amour » tout entier une prochaine fois. Ce qui m'intéresse ici, c'est ce qu'il dit de l'amour universel ou amour de bienveillance. Pour Ruwen Ogien, c'est le seul type d'amour qui puisse revendiquer de manière pertinente l'idéal d'impartialité. Mais cela ne va pas sans poser de problème non plus !


« C’est le sens de l’amour de charité, l’amour de bienveillance, celui qui est censé pouvoir être distribué équitablement à tous les humains. Mais cette conception impartialiste de l’amour (l’amour de charité ou de bienveillance) pose des problèmes conceptuels qui semblent insurmontables. Dans la mesure où l’amour est une valeur, il présente des degrés comme toute valeur. On peut être plus ou moins libre, plus ou moins heureux, etc. On peut aimer une personne un peu, beaucoup, passionnément, à la folie.


On peut donc aimer une personne plus qu’une autre puisqu’on peut aimer l’une juste un peu et l’autre énormément. C’est ce qu’on pourrait appeler le « gradualisme amoureux ». Il conduit à toutes sortes de paradoxes : « Ce gradualisme de l’amour, qui est déjà déconcertant en tant que tel, déconstruit aussi l’idée ou l’impératif d’aimer tout le monde équitablement : car ce serait aimer tout le monde à quel degré ? “À la folie” serait absurde et même inconvenant. “Un tout petit peu” léger et ridicule ! Et on imagine des problèmes moraux bizarres : mieux vaudrait-il aimer un tout petit peu tout le monde et personne à la folie, ou être indifférent à tout le monde et n’aimer qu’une personne à la folie ? 2 »

samedi 18 avril 2020

Les étoiles, les louanges et les blâmes




Il semble que nos actions aient des étoiles heureuses ou malheureuses à qui elles doivent une grande partie de la louange et du blâme qu'on leur donne.


François de la Rochefoucauld, maxime 58 des « Réflexions ou Sentences et maximes morales de monsieur de la Rochefoucauld » (1678).











Carlos Fairbairn, Constellation d'Orion, Brésil 2019.







Toute la Bhagavad Gitâ est arc-boutée sur ce principe moral : agis, mais renonce aux fruits de tes actions. Si Arjuna est sur le champ de bataille, il doit livrer le combat, peu importe les résultats de la bataille. Si vous travaillez dans les affaires, faites ce que vous avez à faire, que votre commerce gagne en prospérité ou que vous finissiez au bord de la faillite. Si vous êtes écrivain, écrivez ce que vous avez à écrire, que votre manuscrit soit édité dans une maison prestigieuse et soit un best-seller ou que votre livre tombe dans l'oubli le plus total. Faites ce qu'il vous semble juste de faire indépendamment de la réussite. Et soyez égal dans la réussite comme dans l'échec, dans l'approbation générale ou l'opprobre la plus totale.


Ce n'est pourtant pas ce que font les gens ! Toute leur action converge vers les fruits de cette action : gagner de l'argent, connaître la gloire, gravir les échelons hiérarchiques de la boîte, que sais-je... Et s'ils connaissent dans la réussite, tout le mérite leur en revient, s'ils échouent, c'est la faute des autres. Sans penser que le hasard, la fortune, les conditions de départ déterminent plus sûrement les hauts et les bas de nos entreprises. Cet oubli de la chance et du hasard brouille notre vision du monde : qu'on réussisse et on veut des leçons au monde entier sur comment réussir et bien entreprendre, que quelqu'un échoue et soit trop pauvre, on condamne automatiquement sa paresse et son manque d'esprit d'entreprise. On gagnerait à adopter une perspective plus large et voir ce que l'on doit au hasard et à la chance.





vendredi 17 avril 2020

Le mépris des richesses





Le mépris des richesses était dans les philosophes un désir caché de venger leur mérite de l'injustice de la fortune par le mépris des mêmes biens dont elle les privait ; c'était un secret pour se garantir de l'avilissement de la pauvreté ; c'était un chemin détourné pour aller à la considération qu'ils ne pouvaient avoir par les richesses.


François de la Rochefoucauld, maxime 54 des « Réflexions ou Sentences et maximes morales de monsieur de la Rochefoucauld » (1678).









Vincent Van Gogh, Les souliers, 1886.











La pauvreté, la frugalité, la simplicité, le dénuement parfois que se sont imposés les philosophes serait en fait une façon de contourner le manque de richesse en en faisant une voie de salut. On pense à Socrate qui hantait les rues d'Athènes toujours avec la même tunique, on pense à Diogène qui vivait carrément à la rue. On pense aussi aux ascètes, aux ordres mendiants, capucins, franciscains. On pense aussi à Milarépa, l'ascète tibétain (que la Rochefoucauld ne connaissait certainement pas) et aux sadhus en Inde. On pense à Ryôkan, ce moine zen japonais, poète et calligraphe, qui vivait une vie frugale dans les montagnes japonaises (un siècle après La Rochefoucauld, donc là on est sûr qu'il n'en a pas entendu parler!).


Pour toutes ces figures, je ne sais pas. En fait, je peux même être plus affirmatif que cela : je ne crois pas que le vœu de pauvreté soit une façon de contourner le manque de fortune. Néanmoins, la Rochefoucauld pointe du doigt quelque chose de vrai : le mépris des richesses est souvent une réaction d'orgueil face à la pauvreté ou une condition modeste qui nous est imposée. Une manière de garder la noblesse dans la déchéance, et même une noblesse morale qui permet d'insulter l'indécence de ceux qui réussissent par mille coups bas et acquièrent leur fortune avec avarice aux dépens des plus faibles. Il faut être vigilant à cela : ne pas s'imposer une vie austère avec plein de ressentiment et de jalousie cachée envers les personnes plus riches et cette médisance à l'encontre des signes extérieurs de richesse qu'au fond, on aurait voulu pour soi-même et qu'on regarde avec envie.


Personne ne se grandit par le ressentiment et les pensées noires. Cela ne fera que rendre notre vie plus triste, avec plein d'aigreur. Il vaut mieux se détacher des richesses avec juste un idéal de renoncement et de simplicité et trouver son bonheur dans le partage. Et si on n'est pas capable de renoncer à tout et vivre comme un ascète, qu'on en soit conscient et qu'on essaye de vivre le plus simplement possible sans sacrifice, mais sans dépense excessive non plus. C'est le principe de la simplicité volontaire. Privilégier les liens humains sur les biens matériels, les voyages lointains, les activités coûteuses et les signes ostentatoires de richesse.







jeudi 16 avril 2020

S'établir dans le monde




Pour s'établir dans le monde, on fait tout ce que l'on peut pour y paraître établi.

François de la Rochefoucauld, maxime 56 des « Réflexions ou Sentences et maximes morales de monsieur de la Rochefoucauld » (1678).








Ferdinand d’Autriche (1609-1641)
 Le tableau est attribué à Pierre-Paul Rubens, mais certains l'attribuent à Diego Vélasquez.





Avant Balzac, la Rochefoucauld avait vu que la société n'est qu'une vaste comédie humaine. On cherche par tous les moyens à y « trouver sa place » et, pour trouver cette place, il faut donner toutes les apparences d'avoir trouvé cette place. C'est comme si un comédien devait endosser le déguisement d'Arlequin pour être engagé dans la troupe de théâtre qui va produire un spectacle avec Arlequin. Cela n'a pas beaucoup de sens : en réalité, votre place est d'être là où êtes, ici et maintenant. Et votre place dans la société n'est qu'une fonction qui vous occupe, mais qui n'est fondamentalement pas vous.


Cela me fait penser au film « American Beauty » de Sam Mendès (1999). Il y a cet agent immobiler prétentieux et ambitieux qui se fait appeler le « roi de l'immobilier ». Plus rien n'allait plus dans son couple, mais il ne voulait rien en montrer. Il dit alors à Caroline Burnham (la femme de Lester) : « Pour réussir, il faut donner l'image de la réussite ». Tout cela me paraît très vite, comme le gars qui fait tourner très vite une torche enflammée en rond la nuit pour faire croire qu'il y a là un cercle. L'accoutrement, les postures et le langage font de vous quelqu'un qui réussit. L'apparence crée la réalité. Ou pas. Combien de gens ne s'acharnent pas à donner tous les signes de la réussite et s'enfoncent dans l'échec ? Et tout le discours de la société sera de dire que c'est votre faute, que vous n'avez pas fourni assez d'effort, pas assez travaillé ou que vous n'avez pas suivi le bon coach, la bonne formation. Tristesse et solitude d'une société fondée sur les apparences et l'égoïsme...



mercredi 15 avril 2020

Les maux présents





La philosophie triomphe aisément des maux passés et des maux à venir. Mais les maux présents triomphent d'elle.

François de la Rochefoucauld, maxime 22 des « Réflexions ou Sentences et maximes morales de monsieur de la Rochefoucauld » (1678).


lundi 13 avril 2020

Altruisme intéressé et altruisme désintéressé - 2ème partie




Altruisme intéressé et altruisme désintéressé


2ème partie





Je pense donc qu'il faut encourager les gens de bien à développer le plus possible l'altruisme, mais aussi à prendre conscience du pouvoir de notre ego et à se libérer le plus possible de celui-ci, ce qui revient à dire : à se transformer soi-même encore et encore, tout au long de sa vie pour tendre vers l'altruisme désintéressé. Néanmoins, je pense qu'il faut garder aussi conscience qu'on vit en société. L'altruisme désintéressé est une très belle chose, mais il ne faut pas oublier dans un excès d'idéalisme qu'il y a des gens égoïstes qui sont prêt à manipuler les personnes serviables pour les mettre à leur service.


Si je veux être très schématique, dans la société, il y a globalement trois types de personnes : des gens qui prennent, des gens qui donnent et enfin la catégorie intermédiaire des gens qui donnent et qui prennent avec un sens pointilleux de légalité et de la justice : « Je veux bien te donner pour autant que tu me rendes une quantité équivalente de services et de biens ». Je n'ai pas fait d'études sociologiques ou anthropologiques pour étayer mes dires, mais il me semble bien que cette catégorie intermédiaire des gens qui donnent et prennent est la plus représentée dans la société, et de loin. Les gens qui prennent tout sans rien donner en retour est vue avec méfiance par cette catégorie intermédiaire et à juste titre : des gens qui sont toujours à demander des choses « pour dépanner » et à toujours à réclamer notre aide, mais qui sont aux abonnés absents dès que nous sommes dans le besoin, ce ne sont pas là des amis très fiables.

Altruisme intéressé et altruisme désintéressé - 1ère partie




Altruisme intéressé et altruisme désintéressé

1ère partie



Aujourd'hui, j'ai relu le « Plaidoyer pour l'Altruisme » de Matthieu Ricard, et plus particulièrement les chapitres sur l'altruisme intéressé et l'altruisme désintéressé1. Je voudrais ici me pencher sur ces deux chapitres, car ceux-ci soulèvent de très anciennes questions de la philosophie : fait-on le bien avec une motivation pure, désintéressée ? Ou a-t-on toujours une idée derrière la tête quand on accomplit ce bien, une idée d'intérêt et d'égoïsme caché ? Un acte altruiste intéressé est-il réellement de l'altruisme ? Voire relève-t-il de la simple morale ? Ces questions ont hanté la philosophie occidentale, et plus particulièrement la figure d'Emmanuel Kant. Mais on les retrouve également dans la philosophie bouddhique : dans les grandes lignes, l'Arahant dans la Voie des Anciens réalise la libération pour lui-même tandis que le bodhisattva du Grand Véhicule cherche l’Éveil avant tout pour le bien des autres et œuvre à ce que tous les êtres sensibles soient libérés.

mardi 7 avril 2020

Médecins qui crient au loup




Médecins qui crient au loup




Le mercredi premier avril sur les ondes d'Europe 1 1, la médecin et présentatrice d'émissions sur la santé, Marina Carrère d'Encausse a admis que le discours sur l'inutilité des masques dans le contexte de la pandémie de coronavirus était purement et simplement un mensonge. Mais attention pas n'importe quel type de mensonge, un mensonge « pour la bonne cause » (sic!). Pour Marina Carrère d'Encausse, cette fake news a été dit « sciemment, mais parce qu'il n'y avait pas tellement d'autres solutions. Et c'était pour une bonne cause puisque c'était pour le personnel soignant, pour protéger la population et le personnel soignant. À l'époque, on a priorisé. Comme effectivement on avait pas assez de masques, là-dessus on ne peut pas dire le contraire, on a tout fait pour les réserver à ceux qui en avaient le plus besoin, c'est-à-dire le personnel soignant. On a dit cela pour que la population ne se rue pas dans les pharmacies pour acheter des masques. Est-ce que là il aurait fallu dire exactement la vérité ? Dans ce cas-là, le personnel soignant aurait eu encore moins de masques. Donc moi je trouve que ce genre de mensonge peut tout à fait être compris et s'excuser ».


Nous avons plusieurs problèmes avec ce genre d'affirmation.


1°) Les gens sont considérés dans leur globalité comme des abrutis. Nous sommes tous trop cons pour comprendre le discours simple de la vérité qui aurait consisté à dire : « Oui, mesdames, messieurs, les masques sont utiles ; mais nous sommes actuellement en pénurie de masque, et il nous faut donc rationner les masques pour les donner en priorité aux malades et au personnel soignant qui en a le plus besoin puisqu'ils sont en première ligne dans cette guerre contre le coronavirus ». On était trop bête pour comprendre cela tout comme nous étions trop bête pour comprendre comment mettre correctement un masque. Espérons que nous aurons très bientôt un sursaut d'intelligence, nous les simples d'esprit, nous les gens qui ne sont rien.


2°) Les gens sont considérés dans leur globalité comme intrinsèquement mauvais. Si on connaissait la vérité, on se serait rué en masse sur les pharmacies pour les piller et les vandaliser. Bien sûr, il y a des inciviques qui ne respectent rien. Bien sûr, il y a des inconscients qui continuent à faire la fête et qui ne tiennent pas compte du confinement. Bien sûr, il y a des crapules qui volent des masques et des médicaments. Bien sûr, il y a des lâches qui refusent de vivre en cohabitation avec des infirmiers et des infirmières de peur d'être contaminés. Les médias nous rappellent tous les jours que ces gens existent. Seulement, ce sont là le fait d'une minorité. L'immense majorité des gens respectent le confinement. Si vous ne me croyez pas, prenez votre voiture et faites le tour de la ville. Vous verrez des rues désertes, des artères, normalement embouteillées, où il n'y a quasiment pas de circulation. Pourquoi cela ? Parce que l'immense majorité de la population respecte et comprend les règles instaurées pour enrayer la progression de la pandémie !

dimanche 5 avril 2020

L'utilité des masques





Je viens de regarder l'émission spéciale conjointe d'Envoyé Spécial et de Complément d'Enquête : « Coronavirus : état d'urgence » (2 avril 2020). Il y a beaucoup de choses qui m'ont choqué dedans : la pénurie de masque depuis plusieurs années et les travailleurs qui travaillent sans masque et sans protection, la lenteur dans la réaction à la crise, l'absence programmée de tests alors que des laboratoires vétérinaires habitués aux tests de masse avaient proposé de les accomplir et qui ont refusé par l'administration pour des questions purement administratives, le maintien des élections municipales, etc... Mais je voudrais réagir à un point en particulier, c'est l'interview du médecin Rémi Salomon, haut responsable des hôpitaux de Paris, après une heure d'émission. Celui-ci dans la droite ligne des autorités sanitaires et politiques européennes et américaines continue à minimiser l'importance des masques.


Rémi Salomon affirme : « Quand vous marchez dans la rue et que vous respectez la distance, vous ne courez pas de risque. Le risque de contamination se fait par les gouttelettes. C'est quand vous parlez, un mètre ou deux mètres de distance. Sinon il n'y a pas de risques. Et ce qu'on n'a pas dit assez, c'est l'autre danger quand vous sortez de chez vous, ce n'est pas tant de croiser quelqu'un qui est risqué, parce qu'en général comme je viens de le dire, on prend ses distances, mais c'est plutôt tout ce que l'on touche. Le virus est très résistant dans le milieu extérieur ».


Le journaliste lui demande alors : « Un grand nombre de personnes travaillent sans porter de masque. Est-ce que là il ne faut pas recommander de porter des masques ? Cela paraît évident ». Ce à quoi le médecin répond : « Alors, aux endroits où les gens sont proches par nécessité, là il faut effectivement avoir un masque, la caissière au supermarché exposée toute la journée à des personnes qui sont proches d'elles doit porter, mais le tout un chacun qui sort dans la rue n'a pas besoin de porter de masque s'il tient ses distances, y compris quand il fait ses courses. Et je permets d'insister sur les gestes barrières qui n'ont pas été suffisamment expliqués (sic!).


« Ce qui est dangereux quand vous sortez de chez vous : c'est le bouton d'ascenseur, la poignée de la porte. Au supermarché, c'est l'écran de la caisse que vous touchez ou le code numérique que vous devez taper pour la carte de crédit, car tout objet qui est touché par quelqu'un d'autre est susceptible de porter du virus. Et ensuite, vous mettez sans y penser la main au visage, et vous vous contaminez. Dès que vous rentre vous, il faut laver les mains et laver au détergent les surfaces qui ont pu être touchées. Ces mesures sont plus essentielles que le masque ».


Plusieurs remarques pour répondre à ces propos :


1°) La distance de sécurité d'1,5 m est aujourd'hui remise en cause. Rappelons pour faire simple que le virus n'a pas de petites pattes, ni de petites ailes pour se déplacer d'un point a à un point b. Il dépend de « véhicules » pour franchir cette distance. En l'occurrence, les gouttelettes sont pour lui comme un « avion » qui peut le conduire d'une personne à une autre par voie aérienne. Quand on expire, on n'envoie pas ces gouttelettes au-delà de 1,5 m. D'où la fameuse distance de sécurité que la police voudrait que vous respectiez dans la rue. Mais si vous toussez, cette distance est de 2 mètres. Si vous éternuez, cette distance peut aller jusqu'à 6 mètres. Donc, à moins de se promener sur les Champs Élysées, croiser quelqu'un sur le trottoir n'est pas totalement sans risque puisque si cette personne éternue quand vous passez à son niveau, il risque de vous envoyer ses postillons. Ce qui veut dire que, même en rue, les masques ne sont pas superflus !








Cough = toux, sneeze = éternuer, droplet = gouttelette.
Source : Sui Huang, "Why we should all wear masks - there is a new scientific rationale", Medium, 27 mars 2020.









2°) Rémi Salomon reconnaît quand même que le risque existe pour les personnes qui travaillent dans des lieux clos comme les caissières de supermarché et qu'il serait justifié qu'elles portent un masque. Merci pour elles, monsieur le docteur ! Mais ce qui serait encore mieux pour les caissières, c'est que les clients portent eux aussi un masque pour garder pour eux leurs postillons et leurs gouttelettes de salive qui ne retomberont sur ces employées des grande surfaces ! Cela protégerait nettement mieux ces caissières. C'est une simple mesure, et je suis étonné que ce grand esprit des hôpitaux de Paris n'y ait pas pensé !



Ajoutons que, dans les endroits clos, la ventilation en circuit fermé est un gros problème, car cela favorise dangereusement les risques de contagion. Je reprends ici in extenso les explications d'un collectif de médecins et scientifiques belges 1 qui me semblent éclairantes : « "Les espaces confinés favorisent la transmission par aérosol et peuvent être le lieu d’épisodes de super-contagion, comme ce fut le cas dans des rassemblements évangéliques en France (Mulhouse) et en Corée du Sud (Daegu). En effet, le phénomène peut être exacerbé par un système de chauffage aérotherme ou de la climatisation, où l’air est remis en circulation à l’intérieur des locaux par souci d’économie de chauffage (ou de froid). Il est donc recommandé d’arrêter tout dispositif de ce type, qui contribue à faire circuler l’air ambiant. Par contre, l’aération massive et fréquente par l’air extérieur dans les locaux encore fréquentés par le public, les pharmacies, la poste, les petits magasins d’alimentation et les supermarchés, contribue par dilution à une réduction du nombre de particules infectieuses auxquelles le public est exposé.


Les systèmes de chauffage aérotherme de nombreux bâtiments comprennent bien évidemment une admission d’air frais pour maintenir la qualité de l’air intérieur, mais ils n’ont été prévus que pour des polluants ordinaires et maintenir un taux d’humidité acceptable. Encore beaucoup plus grave, des systèmes aérothermes autonomes, essentiellement constitués d'un simple échangeur de chaleur muni d'un ventilateur, sont largement utilisés pour le chauffage d’ateliers, garages, magasins alimentaires, etc. Leurs utilisateurs (artisans, petits industriels, commerçants etc.) doivent prendre conscience du danger qu’ils présentent et de la nécessité d’une mise à l’arrêt immédiate
 ».





3°) Rémi Salomon explique aussi le danger de toucher des surfaces qui aurait été contaminées par les mains d'un malade comme une poignée de porte, les touches du clavier pour le corde de votre carte de banque, et ainsi de suite... C'est effectivement un danger, et il convient d'y prendre garde. Il a raison de recommander de se laver les mains souvent. Mais bon sang de bon dieu, pourquoi alors ne pas conseiller le port de gants ? C'est le meilleur moyen que vos doigts ne soient pas en contact direct avec la surface contaminée. Cela ne résout pas le problème du fait de toucher votre visage, même si avec des gants en caoutchouc, vous aurez moins envie de toucher votre visage pour vous gratter. Mais rien ne vous empêche de vous laver les mains AVEC vos gants. C'est ce que je fais quand je me rends quelque part. A la moindre occasion, je vais me laver les mains avec mes gants. Et quand je rentre chez moi, je commence par me laver les mains et les poignets avec mes gants. Une fois les gants bien nettoyés, j'enlève les gants. Puis je me lave les mains nues. Il me semble que c'est le degré de vigilance qu'il faut avoir.


En conclusion, portons des masques ! Portons des gants ! Si vous n'avez pas de masques chirurgicaux, portez un masque en tissu ! Si vous n'avez pas de masque en tissu, portez un foulard ou une écharpe ! Que les citoyens se mobilisent pour fabriquer des masques en tissu ! Que l’État se réveille et lance la fabrication de masques à vaste échelle. Si la fabrication de masques chirurgicaux n'est pas possible dans l'immédiat, mobilisez l'industrie textile pour qu'elle fabrique des masques en tissus à grande échelle. Vite ! Il y a urgence. Il y a des morts tous les jours ! Ce n'est plus le temps d'attendre.






Frédéric Leblanc, 
le 5 avril 2020.




1 « L’OMS continue dans sa recommandation absurde de dire que les masques ne sont pas nécessaires pour le grand public », tribune d'un collectif belge de scientifiques et médecins, dont Marc Wathelet, virologiste, spécialiste des coronavirus dans la Libre Belgique, 3 avril 2020.









samedi 4 avril 2020

Masques : les conséquences d'une fake news




Masques : les conséquences d'une fake news




Il s'avère de plus en plus clair que si les autorités sanitaires et politiques des pays occidentaux ont raconté pendant trois mois cette fake news selon laquelle les masques sont inutiles, voire contre-productifs pour se protéger du coronavirus, c'était en réalité pour cacher la pénurie abyssale de masques. Cette fake news n'implique pas seulement des gouvernements acculés par leur impréparation et leur incompétence. Elles impliquent surtout des médecins qui travaillent pour les différents ministères de la santé en Europe et aux États-Unis. Citons notamment le médecin Jérôme Salomon, le numéro 2 du ministère de la santé en France qui, le 17 mars 2020, affirmait encore : « Ne portez pas des masques. Les masques sont uniquement pour les malades, pour les transports sanitaires, pour les secours aux personnes et pour les soignants ». Les responsables de l'OMS, l'Organisation Mondiale de la Santé, ont édicté des directives qui allait dans le même sens. Ils ont largement répandu l'idée méprisante et condescendante que les gens ne seraient pas capables de mettre correctement le masque ou que ce masque créerait un faux sentiment de sécurité au point d'oublier les autres gestes barrières comme se laver les mains ou préserver une distance de sécurité de 1,5 m entre les personnes.


Tout cela n'était qu'un travestissement de la réalité. On le sait aujourd'hui. Les masques certes ne sont pas une protection absolue contre le covid-19, mais néanmoins ils offrent une protection relative, non-négligeable qui aurait été essentiel pour faire diminuer le R(0) de la maladie (sa capacité à se propager parmi la population). Maintenant qu'il est établi que ce discours sur l'inutilité des masques est une fake news, il faut se demander quelle seront les conséquences de ce discours mensonger.


Premièrement, on dit qu'admettre la pénurie aurait suscite l'angoisse et la panique au sein de la population. C'est au contraire le mensonge répété et l'opprobre lancé sur ceux qui portaient un masque qui a créé et renforcé l'angoisse. Admettre la pénurie aurait coupé aux rumeurs qui ont amplifié l'angoisse des gens. Cela a donné aussi beaucoup d'idées fausses. Sur les réseaux sociaux, une connaissance expliquait à tout le monde que les gens qui portent des masques dans la rue sont « soit des malades, soit des cons » (sic). Ce mensonge crée de l'angoisse inutile, de la division et du mépris au sein de la population et ralentira la volonté de porter ce masque. Pourquoi un masque qu'on a passé des mois à dire inutile.


Deuxièmement, cette propagande fallacieuse a retardé l'achat et la fabrication des masques dans un contexte où chaque jour, chaque heure même, compte. Du mois de janvier au mois de mars, le fait de se procurer des masques n'a pas été une priorité de la France, de la Belgique et des autres gouvernements européens, alors même que les stocks étaient totalement insuffisants du fait d'un manque criminel de prévoyance. Chaque jour, il y a des morts, et la pandémie se répand dans la population de manière exponentielle. Le confinement total est efficace pour freiner la courbe de progression du virus, mais on ne peut la maintenir indéfiniment, sauf à vouloir sacrifier l'économie réelle.



Admettre la pénurie aurait aussi et surtout permis d'envisager des solutions au problème, tant de la part de l'administration que de la population. Du point de vue des autorités publiques, on aurait pu envisager des moyens extraordinaires pour produire ces masques de manière industrielle plutôt que de systématiquement dépendre des l'approvisionnement venant des Chinois au plus offrant. Du point de la population, on aurait développé et encouragé beaucoup plus vite et beaucoup plus intensément la production de masques en tissu, la production de masques ou de visières à partir d'imprimantes 3D.


Troisièmement , cette fake news officielle ne peut qu'à terme renforcer les fake news en général et le complotisme. Macron qui prétendait combattre les fake news et faire des lois contre elles est devenu une figure usant de la fake news au même titre qu'un Donald Trump ou un Bolsonaro. Si les autorités sont prêtes à mentir allégrement pour cacher une pénurie de masques, quels sont leurs autres mensonges ? Que cachent-ils encore aux populations ? Sur les réseaux sociaux, sur chaque vidéo de YouTube, on est bombardé de messages qui nous invitent à consulter les informations officielles sur le covid-19 de peur que nous n'allions voir du côté des théories conspirationnistes et portions notre crédit à des informations fausses. Sauf que les théories officielles sont elles aussi mensongères. Qui croire dès lors ? Les scientifiques qui sont liés aux multinationales ? Les hommes politiques payés par les grandes banques d'affaire ? Les intellectuels vendus aux lobbys ? Ce mensonge sur les masques va donner du grain à moudre aux conspirationnistes et aux manipulateurs pour longtemps. Et on ne doit pas s'en réjouir...


Quatrièmement, c'est la médecine classique qui joue là sa réputation et sa crédibilité. Je discutais hier au téléphone avec un collègue. Il m'a demandé des nouvelles de mon confinement. Je lui ai notamment expliqué que je mis beaucoup impliqué depuis trois semaines dans la défense du port du masque. Il m'a alors expliqué qu'il n'était pas vraiment d'accord avec le port du masque, car ce port du masque rentre selon lui beaucoup trop dans « une logique allopathique ». Et il m'a fait tout un plaidoyer pour la médecine homéopathique, et il a condamné Big Pharma. Il est évident que tous les adeptes des médecines parallèles vont s'en donner à cœur joie pour avancer leur cause ! J'ai alors objecté à mon collègue : « Mais si tu contractes le coronavirus, tu ne vas quand même recourir à l'homéopathie ?! » Il m'a répondu que si, il emploierait des méthodes homéopathiques même si il n'excluait pas de recourir dans le même temps à l'allopathie. Ce qui m'inquiète, ce sont toutes les personnes qui n'auront pas cette modération d'envisager la médecine classique en même que leur médecine alternative favorite, et qui ne voudront utiliser que des plantes et des prières pour guérir. Je pense qu'il y a là un réel danger sanitaire. Mais que répondre aux tenants des médecines parallèles quand les médecins sont les premiers à décrédibiliser leur discipline par des mensonges aussi grossiers ?





Frédéric Leblanc,
le 4 avril 2020.