Jusqu'à
quel point devons-nous nous imprégner de l'impermanence ? Il
nous faut avoir la conviction de Guéshé Kharak Gomchoung. Il était
allé méditer dans les solitudes de Jomo Kharak, dans la province de
Tsang. Devant l'entrée de sa grotte, il y avait un buisson épineux
qui arracha son vêtement. Il commença par se demander s'il fallait
le couper, puis se dit : « Après tout, il se peut que je
meure à l'intérieur de la grotte, je ne sais pas si j'en sortirai ;
il est plus important que je m'occupe de ma pratique ». Et
il laissa le buisson. Comme il passait sa porte à nouveau, le même
épisode se reproduisit et il songea cette fois qu'il ne savait pas
s'il retournerait à l'intérieur... C'est ainsi que nombre d'années
passèrent et qu'il devint un maître spirituel accompli. Quand il
s'en alla, le buisson était toujours là.
Mon
maître racontait aussi une histoire au sujet du Vidhyâdhara Jigme
Lingpa. Il n'y avait pas de marches pour descendre à l'étang au
bord duquel il demeurait en automne, pendant le passage de l'étoile
rishi, ce qui en rendait l'accès et le séjour très difficiles.
Mais lorsqu'on lui demanda s'il fallait faire un escalier, il
répondit : « Pourquoi tant de peine alors que vous ne
savez même pas si vous dormirez ici l'an prochain ? ».
Ainsi parlait-il sans cesse de l'impermanence.