Le
paradoxe de Fermi
Le
paradoxe de Fermi a été exprimé pour la première fois par le
physicien américain d'origine italienne, Enrico Fermi en 1950, alors
qu'il débattait avec des amis de la possibilité d'une vie et d'une
visite extraterrestre. Quand on envisage le nombre d'étoiles dans
notre galaxie, la Voie Lactée, 200 à 400 milliards, et quand on
envisage le nombre de galaxies dans toute l'immensité de l'univers,
100 à 200 milliards, on est forcé de constater que l'évaluation du
nombre de planètes habitables tournant autour de ces étoiles donne
un nombre tout à fait vertigineux : 500 000 000 000 000 000 000
(500 milliards de milliards) de planètes possiblement habitables par
des espèces vivantes.
Comme
de plus, l'univers existe depuis 14 milliards d'années
(approximativement) et que notre système solaire est plutôt jeune
(seulement 5 milliards d'années), Enrico Fermi se dit que non
seulement, la vie a dû se produire dans de très nombreux endroits
de l'univers. Mais aussi comme la vie a dû apparaître bien avant
l'apparition de notre système solaire, il doit y avoir des formes de
vies bien plus évoluées que nous dans différents points de
l'univers, et même très probablement dans notre galaxie, la Voie
Lactée. Pas seulement quelques unes, mais des millions, voire des
milliards....
La
question d'Enrico Fermi est dès lors : « Where is
everybody ? » (Où est tout le monde?). D'où vient
que nous n'ayons jamais rencontré d'extra-terrestres ou que nous
n'ayons capté aucun signal (ondes radio, etc...) d'une existence
extra-terrestre émanant de quelque part dans cet univers
gigantesque ? Pourquoi l'univers est-il si silencieux, sans
trace de vie autour de nous ? C'est là le paradoxe de Fermi.
Quelques
différentes réponses possibles parmi d'autres au paradoxe de Fermi
Toutes
sortes de réponses ont été avancées pour trouver une réponse
satisfaisante à ce paradoxe. Voilà
quelques réponses, les plus souvent pour expliquer ce problème ou
ce « paradoxe » de Fermi. C'est donc un panel
(non-exhaustif) de solutions avancées.
Nous
sommes seuls dans l'univers.
C'est
totalement improbable par rapport ce qu'on vient de voir. Comme un
joueur qui tirerait cent fois d'affilée un six avec un dé à six
faces : les chances sont minimes, très minimes, voire carrément
insignifiantes :1 chance sur 6100, autant dire un
chiffre astronomiquement proche de 0, mais qui n'est pas absolument
nul pour autant. On serait alors des miraculés de l'univers.
Peut-être du fait d'un prodigieux hasard ou d'une intelligence
divine qui voulait qu'on soit seuls dans un univers gigantesque.
La
vie intelligente est extrêmement rare.
Peut-être
que la vie existe ailleurs dans l'univers : sous forme de
cellules ou d'organismes extrêmement simples. Peut-être même y
a-t-il eu une évolution de certaines espèces vers le monde animal
ou le monde végétal. Mais l'intelligence qui serait nécessaire à
développer une technologie ne s'est peut-être jamais produite
ailleurs que sur Terre. L'espèce humaine serait alors en soi un
miracle neuronal et un miracle de l'esprit.
Aucune
civilisation ne dure assez longtemps pour coloniser l'espace.
Dans
cette hypothèse, il y a bien de l'intelligence évoluée ailleurs
dans une autre galaxie, mais voilà, aucun espèce extra-terrestre ne
survit assez longtemps pour mettre à bien une civilisation
intergalactique. Plusieurs hypothèses peuvent être avancées pour
expliquer cet effondrement de civilisation : 1°)
l'auto-destruction : c'est une voie que les Terriens sont
malheureusement en train d'explorer, que ce soit par le développement
chaotique de l'armement nucléaire et d'armes de destructions
massives ou la destruction de l'environnement et le réchauffement
climatique, 2°) une cause extérieure comme une météorite
s'abattant sur la planète. La Terre est relativement épargnée
parce qu'elle jouit de la puissance d'attraction de Jupiter qui sert
de berger pour un grand nombre d'astéroïdes ou de météorites,
mais qu'en est-il dans un système solaire où une planète ne
jouirait pas d'un tel protecteur ? Sans compter le danger des
météorites, il faut prendre en compte aussi la menace d'une
supernova trop proche qui peut avoir des effets totalement
dévastateur.... L'univers est un lieu périlleux...
Les
extra-terrestres sont là, mais ils se cachent.
C'est
la thèse des OVNI et autres visiteurs cosmiques qui n'auraient pas
la politesse de se manifester à nous comme les règles de la
courtoisie l'exigerait. Mais pourquoi alors de telles cachotteries ?
On me parlera des pyramides qui ont été forcément conçues par des
reptiliens ou des petits hommes verts. Mais une civilisation qui est
capable de traverser les prodigieuses distances du vide spatial
perdrait-elle son temps à empiler des blocs de granit en forme de
pyramides ? Est-ce qu'ils n'ont pas un peu plus d'ambition ?
Pourquoi n'ont-ils pas construit des tours prodigieuses de plusieurs
kilomètres de haut, dans des matériaux inconnus sur Terre ? Ou
des cités qui flottent dans les airs ? Cela aurait un peu plus
de gueule ! De toutes les explications données, c'est celle qui
vient le plus facilement à l'esprit, mais c'est celle qui me
satisfait le moins et me semble la moins pertinente, n'en déplaise à
mes amis, les reptiliens !
Les
extra-terrestres sont venus il y a longtemps, très longtemps.
Les
extra-terrestres sont peut-être passés sur la Terre, mais il y a
des milliers, voire des millions d'années. Et comme il ne passait
rien d'intéressant, les aliens de l'époque n'étaient pas très
branchés tyrannosaure rex, ils sont repartis vers d'autres aventures
et des planètes qui leur semblaient plus intéressantes. Notez bien
que certains suggèrent que la vie sur Terre auraient importés d'une
autre planète, soit tout à fait consciemment du fait
d'extra-terrestres férus d'expérimentation biologique, soit
involontairement : on pense à des bactéries qui auraient
résisté à un voyage nichés dans une comète (on sait que certains
organismes terrestres comme les bactéries ou les tardigrades
résistent au vide spatial).
Nous
sommes dans un zoo galactique.
Dans
cette hypothèse, les extra-terrestres sont là, ils nous regardent,
ils nous observent, peut-être nous étudient-ils du haut de leur
soucoupe volante comme une étrangeté cosmique, mais ils ne veulent
pas déranger notre évolution d'êtres inférieurs et limités. Un
petit peu comme un biologiste qui observe une fourmilière sans la
déranger, les extra-terrestres seraient là-haut, mais ils nous
laisseraient évoluer à notre rythme sans intérférer.
Les
extra-terrestres n'ont pas de corps physique.
Ils
sont peut-être tellement évolués qu'ils ont abandonné cette
machinerie lourde et beaucoup trop faillibles qu'est le corps
biologique. Ils sont un pur esprit qu'il ne nous est pas possible
d'apercevoir et de constater. Peut-être devrons-nous évoluer à
notre tour au point de nous affranchir de notre corps physique pour
avoir la chance de nous rencontrer (ou pratiquer intensivement la
méditation pour ressentir leur présence).
On
est paumé au milieu de nulle part.
On
est peut-être aussi dans un coin tellement reculé de la Voie Lactée
qu'aucun aventurier intergalactique, aucun pionnier n'a encore eu
l'idée de se rendre dans notre système solaire sans charme...
Ces
civilisations extra-terrestres sont trop lointaines.
Dans
cette hypothèse, il y a de la vie intelligente ailleurs, mais très
très loin des millions, voire des milliards d'années-lumière. Même
à la vitesse de la lumière, un message venant de ces civilisations
prendraient des milliards d'années à nous atteindre. Ce message
n'est pas encore arrivé aux destinataires que nous-sommes.
Quant
à une rencontre cosmique avec ces civilisations, cela prendra encore
plus de temps. Nous avons beaucoup de peine à imaginer les distances
prodigieuses dans l'espace : l'étoile la plus proche de nous
est Proxima du Centaure qui se trouve à 4,23
années-lumière,
soit approximativement 40 000 milliards de kilomètres, 270 000 fois
la distance entre la Terre et notre Soleil. En embarquant dans une
navette spatiale se déplaçant à la même vitesse que la sonde New
Horizons (qui a approché Pluton en 2015), soit 60.000 kilomètres
par heure, il faudrait pas moins de 78.000 ans pour rejoindre Proxima
du Centaure. Certains physiciens évoquent l'idée d'utiliser
l'assistance gravitationnelle du Soleil pour être propulsé comme
avec une fronde à une vitesse de 240 000 km/h. Il faudrait alors
accomplir un voyage de « seulement » 18 000 ans.
Et
c'est pour l'étoile la plus proche ! Pour traverser toute la
Voie Lactée à la vitesse de la lumière, il faut 120 000 ans. Et la
Voie Lactée n'est qu'une galaxie parmi des milliards d'autres à des
distances vertigineuses. On est encore très loin de cette vitesse de
la lumière. Peut-être serons-nous toujours limités à des vitesses
très inférieures comme celles que je viens d'évoquer. En effet,
l'équation de l'énergie cinétique est une loi en mv2
(K=mv2/2),
c'est-à-dire que si on va deux plus vite, il faut quatre fois
d'énergie. Peut-être y a-t-il un plafond dans les vitesses qu'on
peut espérer atteindre grâce à la technologie, et pas de
contournement comme « l'hyper-espace » de Star Wars qui
permet d'envisager des voyages au-delà de la vitesse de la lumière.
Si c'est le cas, alors tous nos déplacements dans l'univers feraient
de nous ou des extra-terrestres des escargots cosmiques qui ne sont
pas près de faire des rencontres de si tôt.
On
est trop primitif pour entendre les signaux extra-terrestres.
Dans
la jungle en Amazonie, il y a encore des tribus d'Indiens qui n'ont
jamais rencontré le monde moderne. Ils sont entourés d'objets
technologiques : des avions dans le ciel, des satellites parmi
les étoiles, des ondes radios ; mais comme ils n'ont aucune
technologie pour percevoir cette technologie, ils n'ont aucune idée
de notre présence. Peut-être sommes-nous entourés
d'extra-terrestres ; mais leur technologie est peut-être
au-delà de tout ce qu'on peut imaginer, ce qui fait qu'on se croit
seuls alors que tout autour de nous s'activent des vaisseaux dont on
n'a pas idée....
Ils
ne sont pas intéressés par les voyages intergalactiques.
Ils
sont peut-être très bien chez eux. Il fait bon vivre sur leur
planète. L'idée d'aller ailleurs leur est complètement étrangère.
Home sweet home.
Des
prédateurs de l'espace bouffent toute forme de vie sur leur
passage.
Dans
les films, soit les extra-terrestres sont gentils comme E.T., Alf,
Rencontre du Troisième Type, Space Quest, soit ils sont méchants...
On pense à Alien, Predator, Mars Attacks, La Guerre des Mondes, la
série V ou les romans de Lovecraft. Dans ce cas, le paradoxe de
Fermi est une aubaine. Autant ne jamais les rencontrer ! Si on
n'entend rien, c'est parce que les prédateurs de l'espace ont
annihilé les autres civilisations. Et les silence des espaces
infinis n'est jamais rien d'autre qu'un silence de mort. En espérant
qu'ils ne font pas présentement route vers notre planète bleue....
L'univers
entier n'est qu'une simulation.
Le
monde ne serait rien d'autre qu'une simulation créé par un
super-ordinateur cosmique. Or nous sommes dans un scénario où nous
sommes les seules créatures vivantes dans l'univers. Qu'allons-nous
faire dans un monde froid et privé de vie ? Peut-être que le
super-ordinateur a conçu toute une série d'autre scénarios avec
des conditions différentes pour chaque scénario d'univers.
Dans
cette hypothèse de la simulation informatique, deux possibilités :
soit nous sommes nous-mêmes des créatures vivantes endormies et
enfermées dans la simulation, comme dans le film Matrix, soit
nous sommes nous-mêmes aussi des créations de la simulation et nous
sommes donc des intelligences artificielles programmées pour essayer
de résoudre le paradoxe de Fermi.
Répercussions
philosophiques du paradoxe de Fermi
Ce
paradoxe de Fermi est comme un fil tendu vers toutes sortes de
questions philosophiques et métaphysiques. Qu'est-ce que la vie ?
Est-ce que la vie extra-terre ressemble à la vie terrestre ? Si
on voyait un extra-terrestre, est-ce qu'on le reconnaîtrait comme un
être vivant ? Qu'est-ce qui fait de nous des êtres vivants ?
Et pourquoi la vie est-elle survenue dans l'univers ? Est-ce que
cette vie a engendré la conscience qui prend conscience de la vie et
de l'univers ? Ou est-ce la conscience qui a engendré la vie ?
Pourquoi sommes-nous là sur la Terre ? Pourquoi sommes-nous
fascinés par les étoiles ? Pourquoi avons-nous eu envie de
lever la tête vers les étoiles et de s'interroger sur l'univers ?
Quel rapport devons-nous avoir avec l'autre (l'alien en latin
et en langue anglaise) ? Peut-on appréhender l'infini de
l'univers ? Quel est notre place dans ce monde ?... Le
paradoxe de Fermi pose aussi des questions concernant notre rapport
existentiel à la vérité : si on suppose que les
extra-terrestres sont cachés parmi nous ou qu'ils visitent notre
planète avec des soucoupes volantes, quel est la pertinence des
« preuves » avancées par les ufologues ?
PS :
Notez bien que, si on veut être précis, ce paradoxe de Fermi n'est
pas un paradoxe au sens strict : aucun principe logique n'est
contredit dans les constatations d'Enrico Fermi ; c'est donc
plus un problème épineux qu'un paradoxe. Les probabilités nous
disent qu'on devrait constater de la vie intelligente autour de nous,
et il n'en est rien. Si je tire cent fois d'affilée six au dé,
c'est extrêmement improbable comme situation, mais ce n'est pas
paradoxal. Néanmoins, on sent bien qu'il DEVRAIT y avoir de la vie
intelligente ailleurs, et il nous semble logique qu'il y a ait de la
vie ailleurs dans l'univers, comme on pressent la vie dans un désert,
même si on ne la voit pas d'emblée. Ce principe « il devrait
y avoir de la vie » rentre en contradiction manifeste avec
l'absence de cette vie sur nos radars, faisant paradoxe...
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Mickael Goh |
Voir également :
- Sur la pointe d'une herbe
|
Enrico Fermi |