Nous qui ne sommes rien
La
semaine passée, j'ai été profondément choqué par cette petite
phrase que le président Emmanuel Macron a sorti lors de son discours
pour l'inauguration de Station F : « Une gare, c'est un
lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont
rien ». J'ai trouvé horrible cette façon de séparer le
monde entre des gens qui ont la réussite et l'argent pour eux, et
ceux qui ne sont rien, qu'on ne voit pas, qui ne comptent pour rien
dans le devenir du monde, qu'on peut mépriser à l'aise. Ce déni de
la dignité humaine est insupportable. D'autant que cela laisse
présager une politique qui écrase les moins nantis dans la société
pour garantir toujours plus de profits aux patrons et aux
entrepreneurs dans le vent.
Suite
à la controverse qui s'est déclenchée après la mise en évidence
de cette petite phrase, les macroniens ont répliqué en disant qu'il
fallait écouter tout le discours, que cette phrase ne peut pas être
sortie simplement de son contexte. Il est vrai que ce contexte mérite
d'être mentionné pour essayer de saisir ce que voulait vraiment
dire Emmanuel Macron. Ceci étant dit, je ne suis pas certain que
cela éteint complètement la controverse.
Je
mets donc en lien deux vidéos de cette inauguration de Station F :
une première assez courte, une autre plus longue du discours complet
d'Anne Hidalgo, maire de Paris, et d'Emmanuel Macron pour s'assurer
que le contexte soit pleinement restitué. Puis je me livrerai à
deux interprétations de ce discours : une interprétation
généreuse qui va dans le sens des macroniens et qui lisse la
polémique, et puis une interprétation plus sévère qui émet des
doutes face aux belles paroles du président. Je précise que j'ai
attendu quelques jours avant d'écrire cet article pour ne pas
l'écrire sous le coup de la colère.