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vendredi 7 juillet 2017

Nous qui ne sommes rien






Nous qui ne sommes rien








        La semaine passée, j'ai été profondément choqué par cette petite phrase que le président Emmanuel Macron a sorti lors de son discours pour l'inauguration de Station F : « Une gare, c'est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien ». J'ai trouvé horrible cette façon de séparer le monde entre des gens qui ont la réussite et l'argent pour eux, et ceux qui ne sont rien, qu'on ne voit pas, qui ne comptent pour rien dans le devenir du monde, qu'on peut mépriser à l'aise. Ce déni de la dignité humaine est insupportable. D'autant que cela laisse présager une politique qui écrase les moins nantis dans la société pour garantir toujours plus de profits aux patrons et aux entrepreneurs dans le vent.


        Suite à la controverse qui s'est déclenchée après la mise en évidence de cette petite phrase, les macroniens ont répliqué en disant qu'il fallait écouter tout le discours, que cette phrase ne peut pas être sortie simplement de son contexte. Il est vrai que ce contexte mérite d'être mentionné pour essayer de saisir ce que voulait vraiment dire Emmanuel Macron. Ceci étant dit, je ne suis pas certain que cela éteint complètement la controverse.


       Je mets donc en lien deux vidéos de cette inauguration de Station F : une première assez courte, une autre plus longue du discours complet d'Anne Hidalgo, maire de Paris, et d'Emmanuel Macron pour s'assurer que le contexte soit pleinement restitué. Puis je me livrerai à deux interprétations de ce discours : une interprétation généreuse qui va dans le sens des macroniens et qui lisse la polémique, et puis une interprétation plus sévère qui émet des doutes face aux belles paroles du président. Je précise que j'ai attendu quelques jours avant d'écrire cet article pour ne pas l'écrire sous le coup de la colère.



mardi 6 septembre 2016

Haute fréquence



   Les ordinateurs prennent une place toujours plus importante dans tous les aspects de la vie quotidienne, et notamment dans les aspects économiques et financiers. Vous retirez votre argent au distributeur, quand vous ne faites pas vos paiements directement au moyen de votre carte bancaire. Vous faites vos virements en ligne ; il n'y a plus que les vieilles personnes pour remettre un petit papier à leur banquier. Les agences bancaires ferment les unes après les autres, puisque tous les services que la banque peut vous offrir sont à disposition à partir de votre ordinateur. À la bourse, tout s'est automatisé. Au XXème siècle, on voyait les traders crier et hurler à la bourse, se faisant les uns aux autres de signes cabalistiques pour acheter ou vendre des actions à la corbeille. Les traders travaillent maintenant derrière leur écran d'ordinateur. Les traders ont tendance à eux-mêmes laisser la place aux ordinateurs pour donner des ordres d'achat ou de ventes des actions. C'est ce qu'on appelle le trading à haute fréquence.

      Les opérations boursières se font maintenant au rythme de la milliseconde, voire de la microseconde. Il se passe tout un brouillard d'activité boursière totalement inaccessible à l'être humain, et qui, pourtant, a des conséquences concrètes sur les humains, sur les gens qui jouent en bourse, sur les consommateurs et sur les travailleurs qui subissent le contrecoup de cette activité boursière numérique. La question que pose le trading à haute fréquence, c'est quel est le sens de posséder une action pour une milliseconde ou une microseconde (un millionième de seconde) avant de la revendre. Dans le monde réel, si on possède quelque chose, c'est pour en jouir d'une manière ou d'une autre. J'achète une maison pour y habiter. J'achète du vin pour le savourer et m’enivrer. J'achète une crème à la glace pour la déguster un jour ensoleillé d'été. Il faut bien sûr plus de temps pour jouir d'une maison que pour jouir d'une crème glacée. Ma crème glacée va me procurer un plaisir de une ou deux minutes, cinq minutes tout au plus. Mais malgré cela n'a aucun sens de jouir d'une crème glacée durant seulement une milliseconde ou une microseconde.