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dimanche 19 janvier 2014

Adam Smith : s'intéresser à la fortune des autres

Aussi égoïste que l’homme puisse être supposé, il y a évidemment certains principes dans sa nature qui le conduisent à s’intéresser à la fortune des autres et qui lui rendent nécessaires leur bonheur, quoiqu’il n’en retire rien d’autre que le plaisir de les voir heureux.

Adam Smith, Théorie des sentiments moraux, 1759.

dimanche 12 janvier 2014

Contre la soi-disant impossibilité de définir l'antisémitisme de Jean Bricmont

Je viens de voir l’émission « Ce soir ou jamais » sur France 2 où le débat quelque peu houleux portait l’interdiction des spectacles de Dieudonné. L’intervention du physicien belge Jean Bricmont y était particulièrement remarquable et surtout éminemment contestable. C’est pour contester ces arguments en faveur de Dieudonné que je voudrais m’attarder ici sur ce débat.

On pourra trouver ici le lien vers l’émission de France 2 et une interview de Jean Bricmont où celui-ci explique avec plus de sérénité, puisqu’il n’a pas de contradicteur, ces vues en matière de liberté d’expression.

L’argument de Bricmont est donc de dire que l’on ne parvient pas à définir clairement ce qu’est l’antisémitisme. Lui-même rappelle qu’il est un scientifique confirmé et qu’à ce titre il aime pouvoir définir clairement avec des concepts précis le phénomène qu’il est en train d’analyser et d’observer. Mais le fait qu’il est physicien ne rentre en rien en ligne de compte : c’est juste pour lui un moyen commode de se faire passer pour quelqu’un de compétent et de cohérent dans son analyse des choses, ce qu’on appelle en philosophie un « argument d’autorité » : je suis physicien, donc je suis nécessairement plus rigoureux dans ma pensée que des littéraires, et donc vous devez me croire. Il me semble néanmoins que l’on ne peut sérieusement étudier le phénomène de l’antisémitisme de la même façon qu’on étudie le boson de Higgs…

mercredi 8 janvier 2014

La plupart des gens oublient qu'ils vont mourir

La plupart des gens oublient 
Qu'ils vont mourir un jour. 
Pour ceux qui y pensent, 
La lutte est apaisée.

Le Bouddha, Dhammapada, I, 6.

lundi 6 janvier 2014

Confucius : apprendre


Apprendre quelque chose pour pouvoir le vivre à tout moment, n'est-ce pas là source de grand plaisir ?

Le partager avec un ami qui vient de loin, n'est-ce pas la plus grande joie?


Être méconnu des hommes sans en prendre ombrage, n'est-ce pas le fait de l'homme de bien ?


Confucius, Les Entretiens (I,1)





dimanche 5 janvier 2014

Libération animale : article & essais

Libération animale 



On trouvera sur cette page mes articles et essais qui touchent à la libération animale, au bien-être animal et au droit des animaux, à l'exception des articles qui touchent plus spécifiquement au végétarisme et au véganisme que l'on trouvera  ici


Pour les animaux, la vie est un éternel Treblinka

Tous ces philosophes, les dirigeants de la planète, que savent-ils de quelqu'un comme toi ? Ils se sont persuadés que l'homme, espèce pécheresse entre toutes, domine la Création. Toutes les autres créatures n'auraient été créées que pour lui procurer de la nourriture, des fourrures, pour être martyrisées, exterminées. Pour ces créatures, tous les humains sont des nazis ; pour les animaux, la vie est un éternel Treblinka.

Isaac Bashevis Singer





Humanisme et égalité : réponse à Yves Bonnardel et David Olivier (2ème partie)

  

             Yves Bonnardel a répondu à mon article « L’animalisme est-il un humanisme ?» qui défendait l’humanisme dans une perspective antispéciste et qui critiquait l’antihumanisme d’Yves Bonnardel dans une interview que l’on peut trouver sur le net. Sa réponse n’a néanmoins pas été une réfutation de mes propres arguments, mais une suite de liens vers des articles de David Olivier, autre collaborateur des « Cahiers Antispécistes ». Et en particulier, il met en exergue un de ses articles : « Je trouve que la première partie de l'article de David, "Pour un radicalisme réaliste"[1], met bien en lumière que c'est abusivement que nous rapportons à l'idée d'humanité (de même qu'à l'humanisme) diverses caractéristiques positives... ». C’est donc à cet article de David Olivier que je répondrai ici.

               La première partie de cet article se trouve ici.
               Voici donc ici la deuxième partie.

Le rêve du papillon

                Tchouang-Tseu rêva qu’il était un papillon, voletant, heureux de son sort, ne sachant pas qu’il était Tchouang-Tseu. Il se réveilla soudain et s’aperçut qu’il était Tchouang-Tseu. Il ne savait plus s’il était Tchouang-Tseu qui venait de rêver qu’il était un papillon ou s’il était un papillon en train de rêver qu’il était Tchouang-Tseu.    
               



samedi 4 janvier 2014

Un récit plein de bruit et de fureur

Hélas, demain, demain, demain, demain,
Se faufile à pas de souris de jour en jour
Jusqu’aux derniers échos de la mémoire,
Et tous nos « hiers » n’ont fait qu’éclairer les fous
Sur le chemin de l’ultime poussière.
Eteins-toi, brève lampe !
La vie n’est qu’une ombre qui passe, un pauvre acteur
Qui s’agite et parade une heure, sur la scène,
Puis on ne l’entend plus. C’est un récit
Plein de bruit et de fureur, qu’un idiot raconte
Et qui n’a pas de sens.


William Shakespeare, Macbeth, acte V, scène V.

vendredi 3 janvier 2014

Bentham : peuvent-ils souffrir ?

Un texte devenu classique de l'utilitariste Jeremy Bentham (1748-1832) sur le sort réservé aux animaux et leur qualité d'êtres sensibles.

Les Français ont déjà découvert que la noirceur de la peau n'est nullement une raison pour laquelle un être humain devrait être abandonné sans recours au caprice d'un tortionnaire. Il est possible qu’on reconnaisse un jour que le nombre de jambes, la pilosité de la peau, ou la terminaison de l’os sacrum, sont des raisons tout aussi insuffisantes d’abandonner un être sensible au même destin. Quel autre critère devrait tracer la ligne infranchissable? Est-ce la faculté de raisonner, ou peut-être la faculté de discourir ? Mais un cheval ou un chien adulte est, au-delà de toute comparaison, un animal plus raisonnable, mais aussi plus susceptible de relations sociales, qu’un nourrisson d’un jour ou d’une semaine, ou même d'un mois. Mais supposons que la situation ait été différente, qu’en résulterait-il ? La question n'est pas « peuvent-ils raisonner? », ni « peuvent-ils parler ? », mais « peuvent-ils souffrir? ».

jeudi 2 janvier 2014

Je ne peins pas l’être, je peins le passage.

            Les autres forment l’Homme ; je le récite et en représente un particulier bien mal formé, et lequel, si j’avais à façonner de nouveau, je ferais vraiment bien autre qu’il n’est. Méshui, c’est fait. Or mes traits de ma peinture ne fourvoient point, quoiqu’ils se changent et diversifient. Le monde n’est qu’une branloire pérenne. Toutes choses y branlent sans cesse : la terre, les rochers du Caucase, les pyramides d’Égypte, et du branle public et du leur. La constance même n’est autre chose qu’un branle plus languissant. Je ne puis assurer mon objet. Il va trouble et chancelant, d’une ivresse naturelle. Je le prends en ce point, comme il est, en l’instant que je m’amuse à lui. Je ne peins pas l’être, je peins le passage. 

Michel de Montaigne, Les Essais, livre III, chap. 2: « Du repentir ».


mercredi 1 janvier 2014

Contradictions

Il faut accommoder mon histoire à l’heure. Je pourrais tantôt changer, non de fortune seulement, mais aussi d’intention. C’est un contrôle de divers et muables accidents et d’imaginations irrésolues et, quand il y échoit, contraires ; soit que je sois autre moi-même, soit que je saisisse les sujets par d’autres circonstances et considérations. Tant il y a que je me contredis bien à l’aventure, mais la vérité, je ne la contredis point.

Michel de Montaigne, Les Essais, III, 2.