Pendant les fêtes de Noël, des
personnes qui savent que je suis végane m'ont interpellé sur le vin
végane ou la bière végane. Pourquoi des produits issus de la vigne
ou du houblon devraient-ils être qualifiés de « végane » ?
Sur un réseau social, je suis tombé sur cette photo d'étiquette
d'une bouteille de vin qui précise que la vin est « végane ».
Le commentaire qui accompagnait cette photo précisait : « Je
découvre qu'il existe du vin végane et que l'étiquette conseille
de le consommer avec une viande rouge grillée ».
Qu'un
vin ou une bière soit végane veut simplement dire qu'il n'y a pas
de collagènes d'origine animale dedans. Le collage sert à ce que le
vin ne soit pas trouble et avec des dépôts, et il peut être
d'origine animale ou alors d'origine non-animale, c'est-à-dire :
végétale, levurienne, minérale ou chimique. Dans ce cas, on parle
de bière ou de vin végane.
Le
collage à base de produit d'animal peut provenir de colle de
poisson, d'albumine d’œuf, de gélatine, de caséine de lait.
Auparavant, on utilisait également du sang de bœuf ; mais
cette pratique a été bannie suite à la crise de la vache folle. Le
collage végétal provient de protéines de blé, de protéines de
soja ou encore de protéines de pommes de terre. Le collage levurien
provient d'extraits de protéines de la levure de type saccharomyce.
Le collage minéral provient d'une argile appelée « bentonite »
ou de gel de silice. Enfin, les collages chimiques qui sont proscrits
dans le cas des bières et vins bio ont pour nom : PVPP
(Polyvinylpolypyrrolidone),
chitine-glucane
ou chitosane...
Après,
le consommateur, lui, a le choix d'être végane ou pas. Et de manger
des cadavres d'animaux en accompagnement de ce vin ou non... Comme
les producteurs de vin cherchent à vendre leur vin à tout le monde,
et pas seulement aux véganes, il n'est pas contradictoire qu'une
étiquette mentionne sa qualité de vin végane tout en recommandant
de la viande, du poisson pour accompagner ce vin.
Il
faut savoir aussi que normalement les produits de collage sont
éliminés lors de la production du vin dans les fûts par divers
procédés : sédimentation (dépôt), par filtration ou par
soutirage. Ce qui fait que s'il reste des produits servant au collage
dans la bouteille que vous achetez chez le sommelier, c'est
normalement en quantité très minime et résiduelle. En tant que
végane, je préfère nettement acheter un vin sur lequel figure
l'appellation « végane » ou alors acheter un vin bio
qui, en général, n'utilise pas de collage animal. Mais j'avoue que
je ne vérifie pas systématiquement si le vin est végane ou non
quand je suis chez des amis, alors même que je n'accepterai rien
dans mon assiette qui soit d'origine animale. Je ne pense pas qu'il
faille être obsessionnel sur ce point vu les quantités très
faibles de produits animaux dans ce vin ou cette bière.
Le
mérite de ces appellations de vin ou de bière végane est surtout à mon sens de faire comprendre que nous baignons dans les produits d'origine
animale sans que l'on s'en rende souvent compte : collagènes
d'origine animale dans les vins et les bières, lactose dans les
chips ou les surgelés de légume, colle d'origine animale dans vos
chaussure en tissus et produits synthétiques, etc... Cela met en
lumière notre obsession contemporaine pour l'apparence. Pour nous,
un vin ne doit pas être trouble et avoir un dépôt. Il doit avoir
un aspect bien uniforme et être limpide et brillant quand on le
regarde dans sa bouteille. Cela nous ferait penser à quelque chose
de marécageux et de dégoûtant. Pourtant, le collage qui fait
disparaître des substances colloïdes en suspension enlève aussi
certaines substances qui contribue à l'arôme et au goût du vin.
Certains producteurs de vin renoncent à l'utilisation de ces
produits de collage pour un vin aux saveurs plus naturelles.
Peut-être faudra-t-il un jour dépasser nos idées reçues sur ce
que doit être le vin !