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lundi 31 août 2015

Les démons de Milarépa




    Avec au cœur une joie pure, Milarépa saisit son habit de coton, et portant une branche de résineux, il entra dans sa cabane. Cinq spectres, roulant des yeux comme des fonds de bols, s'y trouvaient. L'un était installé sur la couche du Jetsün1, deux l'écoutaient expliquer le Dharma, un quatrième accommodait de la nourriture, le dernier feuilletait les livres de l'ermite.

    « Il doit s'agir de créations miraculeuses dues aux divinités locales que j'ai mécontentées. J'étais radieux tout d'abord, mais je me sens en dette maintenant car j'ai vécu ici sans disperser la moindre torma2. Je n'ai pas, non plus, adressés de compliment à chacun. »

   Milarépa pensa qu'il devrait dédier une louange à cet emplacement, et composa un  « chant d'éloge au lieu ».

Ah ! Séjour de l'ermitage solitaire !
Terre qui réjouit les Bouddhas,
Résidence des Êtres Accomplis,
Contrée où je vis seul,
Forteresse du garouda3,
Vallée du Joyau de la Roche Rouge !
Là-haut, le nuage du sud tourne et retourne ;
En bas, la rivière coule et s'écoule ;
Entre eux, le vautour légèrement plane.
Les taillis des fruits sauvages et les grands arbres
Frémissent et esquissent des pas de danse,
Les abeilles modulent leur hymne bourdonnant,
Les fleurs exhalent leur suave senteur,
Les oiseaux susurrent de mélodieux gazouillis.
La vallée du Joyau de la Roche Rouge est ainsi,
Les oiseaux y volent avec aisance ;
Les petits des singes s'entraînent à la dextérité ;
Et moi Milarépa, je m'entraîne à la vivacité de l'esprit,
Je m'entraîne à l'agilité des deux esprits d’Éveil4.

Je suis en harmonie avec les maîtres de ce lieu tranquille.
Vous ici, fantômes et démons assemblés,
Buvez ce nectar d'amour et de compassion
Et repartez chacun en votre séjour.

     Ainsi, il a chanté.

Milarépa tendant l'oreille aux dakinis et à Vajrayogini


    Toujours mécontents du Jetsün, les démons, dans un état effrayant, roulaient des yeux irrités. Deux spectres avait rejoint les précédents ; ils se fortifiaient mutuellement, grimaçaient ; et certains, menaçants, avançaient. Quelques-unes retroussaient les lèvres, claquaient des dents. D'autres hurlaient de violentes paroles et s'esclaffaient. Tous se roulaient à terre, échangeaient des coups, adoptaient des postures insultantes.

    Milarépa réfléchit, médita sur le mal causé par ces êtres non humains. Bien qu'il ait murmuré une incantation extrêmement puissante, dans l'attitude et avec le regard courroucé, ils ne partirent pas. Une grande compassion naquit alors en son cœur et il leur expliqua le Dharma, mais les démons ne souhaitaient toujours pas partir.

    Milarépa pensa : « Marpa du Lhobrag5 m'ayant démontré que la totalité des conceptions naissaient en l'esprit, mon propre esprit alors s'est soumis au Vide lumineux. Après avoir réalisé leur non-appartenance au monde extérieur, je n'aurais aucune raison de me réjouir si spectres et génies malfaisants s'en allaient ».

     Une confiance sans appréhension du monde tel qu'il lui est devenue évidente, il dit ce chant de brave assurance.

Je me prosterne aux pieds de Marpa le Traducteur,
Le père conquérant de l'armée des quatre démons6.

De Milarépa, je ne parlerai pas,
Mais de moi, fils de la blanche lionne des neiges7
Depuis le flanc de ma mère, je perfectionne les trois maîtrises.
Enfant, je dormais dans la tanière,
Adolescent, j'en ai gardé les portes,
À l'âge adulte, j'ai déambulé sur les hauteurs glacées.
Je ne frémis pas, bien que la tempête tourbillonne,
Et de la profondeur des précipices, je ne suis pas effrayé.

De Milarépa, je ne parlerai pas,
Mais de moi, fils de l'oiseau royal, du Garouda.
Depuis l'intérieur de l’œuf, j'ai déployé mes longues ailes.
Enfant, je dormais dans le nid,
Adolescent, j'en ai gardé le seuil,
À l'âge adulte, le grand Garouda a fendu les hauteurs du ciel.
Je ne frémis pas, bien que l'azur soit immense,
Et du relief acéré de l'étroite vallée, je ne suis pas effrayé.

De Milarépa, je ne parlerai pas,
Mais de moi, fils du noble poisson Yormo8.
Dans les entrailles de ma mère, je tournais et retournais mes yeux d'or.
Enfant, je dormais à l'abri,
Adolescent, je guidai le banc du menu fretin,
À l'âge adulte, le grand poisson évoluait au limite du lac.
Je ne frémis pas, bien que les vagues soient puissantes,
Et des filets ou hameçons innombrables, je ne suis pas effrayé.

De Milarépa, je ne parlerais pas
Mais de moi, fils du lama kagyü.
Dès le sein de ma mère, ma conviction est née.
Enfant, j'ai franchi la porte du Dharma,
Adolescent, j'ai étudié,
À l'âge adulte, l'anachorète a erré de par les ermitages.
Je ne frémis pas, bien que les démons soient rusés et féroces,
Par leurs multiples prodiges, je ne suis pas effrayé.

Le lion n'a pas froid aux pattes assis dans la montagne.
Si les pattes du lion gelait dans les neiges éternelles
À quoi lui serviraient la perfection des trois puissances ?

Le Garouda ne peut tomber dans son vol vers le ciel.
Si la grand Garouda, du ciel devait choir,
Il lui serait de peu de sens de déployer ses longues ailes.

Le poisson ne suffoque pas en frétillant dans l'eau.
Si le grand poisson devait être par l'eau étouffé,
Il lui serait de peu de sens d'être né dans le lac.

Le bloc de fer ne peut être brisé par une pierre.
Si le fer devait éclater,
Quelle absurdité de l'avoir forgé !

Moi, Milarépa, ne suis pas effrayé par les spectres.
Si Milarépa devait avoir peur des démons,
La connaissance de la non-existence des phénomènes lui serait de peu de sens.


Vous, assemblées des démons, fantômes et génies malfaisants,
Votre arrivée est plaisante aujourd'hui,
Ne vous pressez pas ! Restez ici toujours, tranquillement,
Je vous réciterai avec exactitude les Paroles du Bouddha.
Quoiqu'il en soit, restez ce soir malgré votre hâte !
Nous observerons la différence des conceptions blanches ou noires
En rivalisant d'agilité avec le corps, la parole et l'esprit.
Si vous repartiez cette fois sans m'avoir infligé vos obstacles,
Vous ne pourriez répondre de la honte d'être venus.

     Ainsi, il a chanté.

   Alors, la fierté du yidam se manifesta, et Milarépa se rua sans cérémonie sur les spectres. Ceux-ci, oppressés, pris de peur panique, les yeux révulsés d'angoisse, le corps tremblant au point de faire trembler la grotte, levèrent à la hâte un tourbillon de vent dans lequel ils s'absorbèrent tous à leur tour, pour disparaître, annihilés.

   Le Jetsün se dit : « C'était le roi des esprits malfaisants créateurs d'obstacles, Vinayaka9, cherchant une occasion. Cette tourmente aussi, lorsque je suis sorti, était un de ses tours de magie. Grâce à la bonté du Lama, il n'a pas trouvé sa chance ».

   Milarépa retira de cette expérience un profit inconcevable. L'occasion lui en avait donnée par Vinayaka, roi des démons.




Milarépa,Les cent mille chants, traduction de Marie-José Lamothe, éd. Fayard, Paris, 1986, pp. 19-24.

Voir le commentaire de ce texte ici.










1Jetsün est un terme tibétain honorifique que l'on peut traduire par « Seigneur » ou « Vénérable ». Très régulièrement au Tibet, on parle du « Jetsün Milarépa ».
2Une torma est un gateau d'offrande dans les rites tibétains.


Torma


3Le garouda est un animal mythique en Asie, mi-aigle, mi-homme.


Garouda


4Esprit d’Éveil ou bodhicitta en sanskrit désigne l'aspiration et la volonté que tous les êtres soient libérés de la souffrance. Il y a la bodhicitta ultime, le souhait que tous les êtres accèdent à la vérité ultime sur eux-mêmes et les phénomènes, et la bodhicitta relative, la compassion et l'engagement en faveur du bonheur et du bien-être de tous les êtres sensibles.
5Marpa était le maître spirituel de Milarépa.


Marpa, le maître spirituel de Milarépa


6Les quatre démons sont le démon de la croyance en un Soi, le démon de la maladie et de la souffrance, le démon de la mort et le démon des passions et de la convoitise.
7Le lion blanc des neiges appartient au bestiaire mythologique du Tibet.
8Le roi des poissons dans le folklore tibétain.
9Vinayaka signifie en sanskrit « celui qui brise le Vinaya, celui qui brise les vœux monastiques ». C'est le côté obscur de Ganesha. Il est donc représenté sous les traits d'un homme éléphant.   




Lire le commentaire de ce texte ici.


Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour de la philosophie bouddhique ici.

Voir toutes les citations du "Reflet de la Lune" ici.





dimanche 30 août 2015

Émotions



   Dans l'esprit de nos contemporains, la façon la plus courante de traiter avec les émotions – tant sur un plan ordinaire que thérapeutique – est de croire que plus on exprime une émotion, plus on s'en libère. Si nous sommes coléreux, plus nous exprimons notre colère et plus nous croyons avoir habilement négocié avec cette colère. Pour finir, le réservoir émotionnel est censé tomber en panne sèche.

     Certains, qui ont des problèmes de désir ou d'attachement, s'imaginent que réaliser ses désirs est le meilleur moyen de s'en affranchir. Pour quelqu'un qui n'a aucune idée des enseignements du Dharma, peut-être est-ce en effet la seule solution ; mais du point de vue du Dharma, c'est là une manière vraiment stupide de se conduire, car plus nous exprimons d'émotions, plus il y a d'émotions à exprimer. Plus nous exprimons une émotion particulière, et plus nous renforçons sa tendance à apparaître.

samedi 29 août 2015

L'union de deux de ces êtres si imparfaits

   Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière et on se dit : j'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois ; mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.

Alfred de Musset, On ne badine pas avec l'amour, 1834.


Robert Doisneau,
La dernière valse ou la valse du 14 juillet, rue des Canettes, 1949

mercredi 26 août 2015

En compagnie du souffle - 5ème partie

Commentaire au Soûtra de l'Attention au Va-et-vient de la Respiration (Ānāpānasati Sutta)
5ème partie

3ème groupe : l'attention à l'esprit dans l'esprit


« 9. ‘J’inspire et je suis conscient de mon esprit. J’expire et je suis conscient de mon esprit’. Ainsi pratique-t-il.

10. ‘J’inspire et je rends mon esprit heureux. J’expire et je rends mon esprit heureux’. Ainsi pratique-t-il.


11. ‘J’inspire et je concentre mon esprit. J’expire et je concentre mon esprit’. Ainsi pratique-t-il.


12. ‘J’inspire et je libère mon esprit. J’expire et je libère mon esprit’. Ainsi pratique-t-il. »

dimanche 23 août 2015

Ce qui, non duel, est duellement perçu

L'objet perçu aussi est une image de l'esprit,
Comme le reflet d'une belle forme dans un miroir.
Ce qui, non duel, est duellement perçu
N'est que le fruit d'habitudes et d'imprégnations immémoriales.
Car bien que l'esprit et le rêve soient indissociables,
Pour celui qui est saoul de sommeil, le rêve est comme une apparence.
Sachez qu'en réalité on ne peut les séparer.


Longchenpa, La liberté naturelle de l'esprit, traduction et préface de Philippe Cornu, éd. Du Seuil / Points Sagesse, Paris, 1994, p. 207.


Un jour, une photo, Plateau de Caussols



      Quand je perçois un arbre devant moi (je prends un arbre tout comme je pourrais choisir n'importe quel objet, n'importe quel son, n'importe quelle senteur...), j'ai la très forte impression d'être confronté à la réalité tangible de l'arbre. Non seulement je vois l'arbre, mais je peux le toucher, éprouver sa masse, sa dureté, sa rugosité, faire peser mon poids sur lui.... Il y a d'un côté un objet, ici mon arbre, et de l'autre moi-même, le sujet de mon expérience. C'est la dualité : un gouffre qui sépare le sujet de son objet qu'il perçoit. Et cette dualité a toutes les apparences d'une évidence. Mais justement la philosophie bouddhique questionne cette évidence.

    Quand je perçois un arbre, il y a tout un processus de perception qui va du moment où j'entre en contact avec l'objet perçu jusqu'au moment je prends conscience de ce que je viens de percevoir. Dans les termes de l'analyse bouddhique, il y a premièrement un contact entre trois sphères :
- 1°) La forme perçue, l'organe des sens et une conscience sensorielle, c'est-à-dire une conscience qui est liée à une faculté sensorielle. Le bouddhisme ne reconnaît de conscience qui serait une entité unique et permanente qui percevrait les objets visuels, les sons et les saveurs tout comme, pour reprendre une image traditionnelle hindoue, une danseuse peut effectuer toutes sortes de pas de danse sans pour autant cesser d'être une danseuse. Dans le bouddhisme, la conscience auditive ne voit pas et la conscience visuelle ne sent pas, n'entend pas. C'est la succession incessante et très rapide d'instant de consciences sensorielles, qui donne ce sentiment d'être doté en son être le plus profond d'une conscience unique, la même qui s'appliquerait à tous les objets de la perception qu'il soit visuel, auditif, olfactif, gustatif, corporel ou mental. Mais c'est là une illusion . Il y a donc une conscience sensorielle, un objet des sens et un organe de sens qui se rencontrent dans ce qu'on appelle l'agrégat de la forme.
- 2°) Cette rencontre des trois sphères suscite une sensation. Cette sensation peut être plaisante, neutre ou déplaisante. C'est l'agrégat de la sensation.
- 3°) Cet objet ressenti est reconnu et identifié pour ce qu'il est. C'est l'agrégat de la perception.
- 4°) Une réaction s'élève par rapport à cet objet ; une intention se fait jour le concernant. On peut vouloir s'en emparer, s'en écarter, le fuir, le détruire ou rester neutre par rapport à lui. C'est l'agrégat de la formation mentale.
- 5°) Enfin, on prend conscience de cette expérience sensorielle. C'est l'agrégat de la
À ce dernier stade, la conscience n'est pas la conscience d'un objet, mais plus exactement la conscience de l'image d'un objet. Il faut un certain temps pour que l'information remonte de l'agrégat de la forme où une rencontre se forme entre les trois sphères jusqu'à l'agrégat de la conscience qui enregistre la scène, mais n'est pas la scène elle-même. De manière similaire, ce qu'on voit dans un miroir n'est pas son propre visage, mais le reflet de son visage reflété par le miroir.

      L'objet lui-même n'existe plus quand on arrive au stade de l'agrégat de la conscience. La conscience peut être vue dès lors comme le cimetière des événements qui viennent de se produire à l'instant. Bien sûr, l'arbre que je vois et dont je prends conscience est toujours là devant moi quand j'en prends conscience ; mais ce n'est plus exactement l'arbre que j'ai perçu dans l'instant où je l'ai perçu. Cet arbre, comme tout autre objet dans l'univers d'ailleurs, se transforme d'instant en instant même si l'apparence de l'arbre semble stable : l'arbre présente une activité cellulaire incessante comme tout être être vivant, la sève se meut en lui. En outre, ses molécules s'agitent et vibrent en lui même si c'est complètement imperceptible pour nous ; au sein des atomes, les électrons tournent constamment autour du noyau. Donc cet instant qui a vu ma conscience sensorielle s'engager vers un objet des sens au moyen d'un organe des sens n'est plus quand un autre moment de conscience enregistre mon expérience. L'objet perçu n'est qu'une image dans mon esprit.

       Il ressort de cela deux thèses : une thèse minimale qui est de dire que la conscience est beaucoup plus impliquée dans l'expérience qu'il n'y paraît à première vue. À tous les stades des agrégats, la conscience est présente sous une forme ou sous une autre et, in fine, l'objet perçu n'est jamais qu'une image au sein de la conscience. La dualité en prend un coup ; on ne peut plus dire de manière péremptoire : « voici la conscience, voilà ce dont on prend conscience ; voici un sujet, voilà un objet, et la frontière peut être aisément tracée ». La conscience n'est pas seulement le réceptacle passif de l'expérience ; mais elle s'engage dans l'expérience, elle l'oriente et la façonne.

      La thèse maximale défendue dans le bouddhisme par l'école Cittamâtra, école de « l'Esprit Seulement » est de dire que l'objet lui-même n'est qu'une création de l'esprit. Bien sûr, nous avons la conviction intime du contraire : il y a des objets extérieurs à nous-mêmes, extérieurs à notre conscience ; mais les philosophes de l'Esprit Seulement expliquent que, l'esprit plongé depuis la nuit des temps dans l'ignorance, il en est venu à ne plus se reconnaître lui-même. Toute notre vie et durant d'incalculables vies antérieures, nous avons adhéré à cette illusion de la dualité, nous l'avons renforcé par nos croyances, nos comportements, nos jugements. Cela a crée une habitude très forte dont il est très difficile de se départir.


       On peut comparer cela au rêve : quand nous vivons le rêve, nous avons l'impression d'être confronté à des événements bien réels qui suscitent de véritables émotions. Par exemple, si vous rêvez de l'amour de votre vie, vous allez être emporté par l'euphorie du désir ; si, au contraire au cours d'un cauchemar, vous êtes poursuivis par une bête monstrueuse, vous allez réellement céder à la panique. Pourtant, dès que vous vous réveillez, vous savez que cela n'était qu'un rêve produit par votre esprit ensommeillé. Il n'y avait pas d'objet extérieur à vous-mêmes. En état de veille, c'est la même chose : sujet conscient et objet perçu ne sont pas séparés distinctement. Ils appartiennent à la même conscience non-duelle, mais il faudra une longue pratique spirituelle et méditative pour le réaliser pleinement car les habitudes et les imprégnations sont fortement inscrites dans notre mental sous forme de tendance inconscientes. Par ailleurs, tous les êtres sensibles autour de nous adhèrent à la même croyance de la dualité. Il faut donc un long chemin pour s'extirper de cette dualité et accéder à une vision plus large qui dépasse le petit « moi ».



Un jour, une photo


Plus de détails sur les cinq agrégats de l'expérience ici et 



Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour de la philosophie bouddhique ici.

Voir toutes les citations du "Reflet de la Lune" ici.

vendredi 21 août 2015

En compagnie du souffle - 4ème partie

Commentaire au Soûtra de l'Attention au Va-et-vient de la Respiration  (Ānāpānasati Sutta)
4ème partie

2ème groupe : l'attention à la sensation dans la sensation

     « 5. ‘J’inspire et je me sens joyeux. J’expire et je me sens joyeux’. Ainsi pratique-t-il.

6. ‘J’inspire et je me sens heureux. J’expire et je me sens heureux’. Ainsi pratique-t-il.


7. ‘J’inspire et je suis conscient de mes formations mentales. J’expire et je suis conscient de mes formations mentales’. Ainsi pratique-t-il.


      8. ‘J’inspire et je calme mes formations mentales. J’expire et je calme mes formations mentales’. Ainsi pratique-t-il. »

mercredi 12 août 2015

En compagnie du souffle - 3ème partie

Commentaire au Soûtra de l'Attention au Va-et-vient de la Respiration  (Ānāpānasati Sutta)
3ème partie

Lire ici la première partie et la 2ème partie

Continuer avec la 4ème partie  et 5ème partie

     Venons-en maintenant à la partie essentielle du soûtra : les enseignements sur la technique de l'attention portée au souffle et son alternance d'inspiration et d'expiration. Le principe de cette méditation est simple : le pratiquant s'isole dans un lieu où il ne sera pas dérangé et il prête attention à sa respiration. Comme le dit le Bouddha : « Le moine va dans la forêt ou au pied d’un arbre dans un endroit désert; il s’assied dans la posture du lotus, le corps stable et droit, son attention fixée devant lui. Lorsqu’il inspire, il sait qu’il inspire ; lorsqu’il expire, il sait qu’il expire ».

      Ce lieu isolé n'est pas nécessairement dans un forêt ou au pied d'un arbre. Cela peut être dans votre chambre ou dans une salle consacrée à la méditation. Cela peut aussi être dans une prairie ou sur une plage. Ou encore dans les dunes, sur un rocher au sommet d'une falaise. Peu importe du moment que l'endroit soit calme et retiré, qu'on ne viendra pas vous déranger toutes les cinq minutes pour des motifs futiles...

samedi 8 août 2015

L'enseignement sur les trois natures

L'enseignement sur les trois natures

Vasubandhu


Hommage au Bienheureux, le Seigneur du Monde.


1. L'imaginaire, le dépendant
Et le parfaitement établi
Fondent les trois natures
Qui doivent être reconnues dans toute leur profondeur.

2. Induit par le pouvoir des conditions,
Ce qui existe n'est qu'une simple imagination:
Tout ce qui se manifeste est le dépendant,
Dont la façon d'apparaître est purement imaginaire.

3. Ce mode d'apparition de toute manifestation
Est à jamais inexistant.
Comme il est dit qu'il ne saurait en être autrement,
Il s'agit là de la nature parfaitement établie.


mercredi 5 août 2015

La Trentaine de Vasubandhu

La Trentaine
Trimśika

Vasubandhu

Hommage à Mañjushrîkumârabhûta !

1. Les métaphores du « soi » et des « phénomènes »
Qui se prêtent à toute une variété d'usages
Sont le fait des métamorphoses de la conscience ;
Il y a trois types de métamorphoses :

2. La maturation, la « pensée fixée sur le moi »
Et la perception des objets des sens.
La première, « la conscience base-de-tout »
Est la maturation pourvue de toutes les semences.

lundi 3 août 2015

La Vingtaine de Vasubandhu

La Vingtaine
Vimśatika

Vasubandhu

Hommage à Mañjushrîkumârabhûta !

1. Toutes choses sont seulement perception,
Elles n'ont pas d'existence réelle, mais sont perçues en tant qu'objets.
Comme l'illustre les malades atteints d'ophtalmie qui voient des cheveux ou une lune là où il n'y a rien,
Aucun objet n'a d'existence réelle.

2. (Objection) – Mais si la perception n'a pas d'objet extérieur,
Il ne saurait y avoir de lieux et de moments déterminés,
Il serait de même illogique que plusieurs esprits [perçoivent le même objet],
Et nul objet n'assumerait sa fonction !