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mardi 23 janvier 2018

À travers l’épaisseur de l’eau





Quand je vois à travers l’épaisseur de l’eau le carrelage au fond de la piscine, je ne le vois pas malgré l’eau, les reflets, je les vois justement à travers eux, par eux. S’il n’y avait pas ces distorsions, ces zébrures de soleil, si je voyais sans cette chair la géométrie du carrelage, c’est alors que je cesserais de le voir comme il est, où il est, à savoir : plus loin que tout lieu identique. L’eau elle-même, la puissance aqueuse, l’élément sirupeux et miroitant, je ne peux pas dire qu’elle est dans l’espace ; elle n’est pas ailleurs, mais elle n’est pas dans la piscine. Elle l’habite, elle s’y matérialise, elle n’y est pas contenue, et si je lève les yeux vers l’écran des cyprès où joue le réseau des reflets, je ne puis contester que l’eau le visite aussi, ou du moins y envoie son essence active et vivante.

Maurice Merleau-Ponty, L’Œil et l’Esprit, Paris, 1964, p. 70-71.









Mary Chen










      Voilà un passage célèbre et très beau d'un des grands noms de la phénoménologie française, Maurice Merleau-Ponty. J'avais déjà en fait commenté ce passage sur le Reflet de la Lune dans un article intitulé : « Le carrelage au fond de la piscine ». Mais un internaute m'ayant posé des questions sur ce passage et mon commentaire, je me suis dit qu'il ne serait pas inutile d'y revenir et d'éclaircir un peu les choses.

dimanche 17 janvier 2016

Le carrelage au fond de la piscine



       Quand je vois à travers l’épaisseur de l’eau le carrelage au fond de la piscine, je ne le vois pas malgré l’eau, les reflets, je les vois justement à travers eux, par eux. S’il n’y avait pas ces distorsions, ces zébrures de soleil, si je voyais sans cette chair la géométrie du carrelage, c’est alors que je cesserais de le voir comme il est, où il est, à savoir : plus loin que tout lieu identique. L’eau elle-même, la puissance aqueuse, l’élément sirupeux et miroitant, je ne peux pas dire qu’elle est dans l’espace ; elle n’est pas ailleurs, mais elle n’est pas dans la piscine. Elle l’habite, elle s’y matérialise, elle n’y est pas contenue, et si je lève les yeux vers l’écran des cyprès où joue le réseau des reflets, je ne puis contester que l’eau le visite aussi, ou du moins y envoie son essence active et vivante.

Maurice Merleau-Ponty, L’Œil et l’Esprit, Paris, 1964, p. 70-71.





samedi 16 janvier 2016

Méditer à la piscine




     Beaucoup de gens aiment faire quelques longueurs à la piscine pour se relaxer. C'est effectivement quelque chose de délassant de se baigner dans l'eau et d'activer l’entièreté de son corps. Mais je trouve que la piscine est aussi excellent endroit pour pratiquer la méditation et l'attention. La méditation bouddhiste est notamment axée sur l'attention au va-et-vient de la respiration. L'air entre et sort de nos poumons, et la plupart du temps, on ne fait absolument pas attention à cela. On traite le phénomène de la respiration comme quelque chose de tout à fait insignifiant ; et pourtant, si la respiration cessait soudain, cela entraînerait inévitablement notre mort. Or justement à la piscine ou de manière générale quand nous nageons, la respiration prend une place essentielle dans la mesure où cela dicte quand nous sortirons la tête hors de l'eau pour reprendre notre souffle. La piscine est donc un lieu idéal pour prendre conscience de la respiration alors que nous sommes occupés à faire des longueurs. Être attentif à l'air qui rentre dans les poumons, l'air que l'on retient quand on a la tête sous l'eau et qu'on expire progressivement et l'air que l'on reprend quand notre tête émerge à nouveau.