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dimanche 23 avril 2023

Pour quoi l'école ?



Dans son émission « Quelle époque ! » (France 2) du 22 avril 2023, Léa Salamé demande à un footballeur et à un basketteur : « Gagner autant d'argent, est-ce que cela fait péter les plombs ? ». Le basketteur répond : « On pose trop cette question en France ! » Léa Salamé rétorque : « Justement, je pose la question parce que vous dites tous les deux dans vos interviews qu'aux États-Unis ou à Londres, on ne pose jamais la question ». Et le footballeur d'enfoncer le clou : « C'est le rêve américain. Qu'est-ce qu'on dit à nos enfants ? Les enfants, on les envoie à l'école pour quoi ? Pour quoi on dit à nos enfants : il faut que tu travailles bien à l'école, que tu ais un super-boulot ? Pourquoi ? » Une invitée sur le plateau répond : « Pour gagner de la thune ! »


Puis Léa Salamé demande : « Vous pensez que les Français ont un problème avec la réussite ou avec l'argent ? » Et le footballeur répond : « Avec la jalousie ». Tout le monde applaudit sur le plateau, et la journaliste Christine Ockrent en rajoute une couche : « Les Français ont un problème avec l'argent des autres. Le leur, il le cache. Et la jalousie bien sûr face au succès, c'est très français ».


Je ne vais pas m'étendre sur ce tabou de l'argent en Europe comparé à la facilité d'en parler aux États-Unis. Je rappelle qu'une prof d'arts plastiques a été virée au pays des libertés parce qu'elle avait montré à ses élèves une photo du David de Michel-Ange 1 ! Je préfère vivre dans un pays où un certain tabou pèse sur l'argent plutôt que de vivre dans un pays où le puritanisme fait la loi et réprime l'art. Ce tabou ne me semble pas vraiment être si problématique que cela : il exprime, il me semble, par sa gêne et son embarras l'idée et la conscience qu'une réussite trop éclatante se fait quasiment toujours aux dépens des autres et du bien commun. Évidemment, les ultra-riches préfèrent que ce tabou perdure pour que les mécaniques libérales qui vont les rendre encore plus riches s'exercent sans complexe et sans régulation. C'est ce qu'exprimait sur Twitter la personne qui a partagé l'extrait interpellant de cette émission de France 2 : « Il n'y a rien de pire que l'entre-soi bourgeois. Enfin si : l'entre-soi bourgeois qui se moque des pauvres ».


Mais ce que je trouve le plus gênant dans cette séquence, c'est la réflexion du footballeur : « Les enfants, on les envoie à l'école pour quoi ? Pour quoi on dit à nos enfants : il faut que tu travailles bien à l'école, que tu ais un super-boulot ? ». En tant que prof, je trouve cela catastrophique. On ne va pas à l'école pour plus tard « gagner de la thune ». On va à l'école pour devenir un citoyen, pour recevoir en transmission un héritage culturel et pour contribuer au bien commun. Bien sûr, tous les parents veulent que leurs enfants gagnent un salaire décent. Mais ce n'est pas la même chose : les parents veulent simplement que leurs enfants soient dans la sécurité financière et la sécurité de l'emploi qui leur permettront de mener une vie digne et heureuse, de fonder éventuellement une famille à leur tour. Gagner un salaire, un moyen d'existence, ce n'est pas du tout la même chose que de « gagner de la thune », s'en mettre plein les poches, augmenter ses profits toujours plus.


En fait, même pour des parents dont l'ambition seraient que leurs enfants gagnent plein d'argent, soient capitaine d'industrie ou sportifs aux contrats mirobolants, je ne conseille pas de raconter à leurs enfants que travailler à l'école, c'est pour gagner de l'argent plus tard. Tout simplement parce qu'une motivation lointaine est beaucoup plus difficile à tenir que le plaisir immédiat d'apprendre et de progresser. Les enfants qui réussissent le mieux à l'école sont ceux qui trouvent une gratification et un accomplissement dans ce qu'ils apprennent. Celui qui se dit : « je vais gagner de l'argent plus tard » finit par s'ennuyer ferme sur les bancs de l'école et souvent décroche de son cursus scolaire. Tout ramener à l'argent, c'est étouffer la curiosité, l'envie de savoir et tarir la joie de la découverte. Je trouve cela très dommageable tant pour les enfants que pour la société.



Frédéric Leblanc, le 23 avril 2023





La séquence de « Quelle époque ! » du 22 avril 2023

https://twitter.com/jdicajdisrien/status/1650023499510038528





mercredi 29 août 2018

Si tous les enfants de 8 ans - 2ème partie



Si tous les enfants de 8 ans

(2ème partie) 






4°) Est-ce que la méditation agit de la même manière sur tout le monde ? Est-ce que la méditation agit de la même façon qu'un remède à prendre comme l'aspirine ?


     Non, évidemment. C'est un point extrêmement important. La méditation n'est pas quelque chose de passif. La méditation n'est pas comme un médicament qu'on prendrait et qui agirait indépendamment de nous : on ne peut pas pratiquer autant d'heures de méditation pour avoir tel résultat, telle diminution de la nervosité. Cela ne marche pas comme ça. J'ai coutume de dire que la méditation est une façon extrêmement active de ne rien faire.


     Dans la méditation, on peut stagner, on peut somnoler à longueur de séances, on peut se monter incapable ou sans volonté d'échapper à la dispersion produites par les pensés. On peut ne pas oser regarder ses côtés sombres. On peut s'illusionner. Bref, on peut pratiquer la méditation sans que cela transforme notre être de manière décisive. C'est un travail toujours renouvelé que d'aller au-delà de la confusion et des illusions, de revenir encore et encore à l'attention soutenue. Il n'y a aucune garantie que vous atteigniez l’Éveil d'un Bouddha : cela se gagne.


      Je donnerai un seul contre-exemple d'un méditant qui n'est pas un homme de paix. Le moine Wirathu est ce moine birman qui, au nom du nationalisme birman, appelle à massacrer les membres de la communauté musulmane Rohingya en Birmanie. Il y a eu un documentaire sur ce personnage douteux : « Le Vénérable W » de Barbet Scroeder (2017). Dans une interview, Wirathu explique qu'il a aimé la prison, car cela avait été pour lui l'occasion de pratiquer la méditation. Donc Wirathu médite. Certainement mal, mais il médite. Et il fait l'apologie de la haine, de la dissension et d'une guerre civile complètement atroce.


      Donc méditer ne suffit pas pour extirper la haine et les germes de la guerre hors de son esprit. Il faut bien pratiquer la méditation, et y faire, naître encore et encore l'amour bienveillant, la compassion, la joie et l'équanimité, contre ceux qui font du bouddhisme une identité guerrière. Il faut affronter sa propre part d'ombre. Dans l'Antiquité, Térence disait : « Je suis humain, et rien de ce qui est humain ne m'est étranger ». Cela doit servir d'avertissement : la méditation seule ne fait pas de nous un homme de paix. La paix se gagne à travers un long cheminement spirituel.













5°) Quel type de méditation enseigner aux enfants ?


      Rien que dans le bouddhisme, le panel des différentes techniques de méditation est vaste. La question est : que va-t-on apprendre aux enfants en respectant leur nature d'enfant ? Et comment enseigner une technique particulière pour que les enfants puissent s'y retrouver ? Je vais me contenter ici de poser ces questions, car je ne suis pas du tout un spécialiste de la méditation pour les enfants.


        Néanmoins, je vais poser une seule prescription, mais qui semble très importante : il faut conserver un caractère ludique et léger à la méditation, adapté à l'âge des enfants. Ce ne doit être en aucun une pénitence pour les enfants. Pour les adultes, la méditation est souvent difficile et pénible ; mais si on propose une activité de méditation pour les enfants, celle-ci doit être plaisante et agréable. Sinon autant laisser les enfants jouer tranquillement, comme je l'ai déjà dit plus haut.







6°) Est-ce qu'il est pertinent de penser que cet enseignement de la méditation à toute l'enfance de l'humanité soit un véritable remède à la violence qui se déchaîne dans le monde ?


      On aura compris que je suis très sceptique sur la question. La méditation n'enlève pas systématiquement toute trace de violence en nous, même pour les adultes. Appliquée uniquement aux enfants, je pense que cela est voué à l'échec, puisque les enfants vont se retrouver déchirés entre le modèle qu'on leur présente dans la méditation et le modèle parental.


       Néanmoins, je pense comme le Dalaï-Lama que : « plus de paix dans votre esprit contribue à plus de paix dans le monde ». À un niveau individuel, nous avons la possibilité d'apporter notre petite contribution à l'ordre du monde ou plutôt à son désordre. Apaiser notre colère, notre ressentiment, notre malveillance est vraiment essentiel pour apporter du bien-être tout autour de soi. Promouvoir la méditation me semble être une mesure pour contribuer à un monde meilleur. Apaiser notre esprit fera que nos réactions vis-à-vis d'autrui seront moins porteuses de problèmes et de tensions et, au contraire, apporteront du bonheur. Cette contribution individuelle est certes très petite par rapport à l'ensemble de l'humanité ; mais si beaucoup de gens se joignent dans l'effort commun, l'ensemble de ces petites contributions individuelles peut avoir un impact énorme, surtout qu'un acte de bienveillance peut inspirer un autre acte de bienveillance, qui va lui-même inspirer un autre acte de bienveillance, etc...


        Enseigner la méditation et encourager à la pratique, que ce soit pour les enfants, mais avant tout pour les adultes, peut avoir un effet positif sur la diminution de la violence et des conflits dans le monde. Il faut néanmoins ne pas être naïf et se mette à croire à des miracles, comme si la méditation allait changer le monde en un coup de baguette magique. Il serait aussi naïf et inconséquent de négliger l'action politique globale et le travail de compréhension des mécanismes sociologiques, historiques, géopolitiques qui conduisent à des conflits et des guerres. On cite souvent l'histoire du colibri qui prend de l'eau dans son tout petit bec pour aller éteindre l'incendie de la forêt comme paradigme des initiatives individuelles infinitésimales à l'échelle de la planète, mais qui peuvent faire évoluer les choses dans le sens du bien. Ce petit conte interpelle, mais il vaut quand même mieux faire appel à un canadair qu'à un colibri pour venir à bout d'un incendie qui fait rage dans la toute la forêt. Je veux dire par là que les initiatives individuelles pour être efficace doivent s'agréger pour un projet politique (au sens noble du mot « politique »)







*****






       En guise de conclusion, je voudrais citer un extrait du « Plaidoyer pour l'altruisme » de Matthieu Ricard (éd. NiL, Paris, 2013, chap. 37, pp. 608-609) :


     « C’est le matin, dans la salle de classe d’une école maternelle de Madison, dans l’État du Wisconsin, aux États-Unis. Allongés sur le dos, des enfants de quatre à cinq ans, issus en majorité de milieux défavorisés, apprennent à se concentrer sur le va-et-vient de leur souffle et sur les mouvements d’un petit ours en peluche posé sur leur poitrine. Après quelques minutes, au son d’un triangle musical, ils se lèvent et vont ensemble observer les progrès des « graines de paix » qu’ils ont chacun plantées dans des pots rangés le long des fenêtres de la classe. L’enseignant leur demande de prendre conscience du soin dont les plantes ont besoin et, par association d’idées, du soin dont l’amitié, elle aussi, a besoin. Puis il les aide à comprendre que ce qui les rend sereins est aussi ce qui permet aux autres enfants d’être sereins. Au début de chaque séance, les enfants expriment à voix haute la motivation qui doit inspirer leur journée : « Puisse tout ce que je pense, tout ce que je dis et tout ce que je fais ne causer aucun tort aux autres, mais au contraire les aider. »



      Ce sont là quelques éléments d’un programme de dix semaines conçu par le Centre d’investigation de la bonne santé mentale (Center for Investigating Healthy Minds), fondé par le psychologue et neuroscientifique Richard Davidson. Bien que sa collaboratrice Laura Pinger et leurs autres collègues n’enseignent ce programme que trois fois par semaine, à raison de trente minutes par séance, il a un effet notable sur les enfants. Ceux-ci demandent d’ailleurs aux instructeurs pourquoi ils ne viennent pas tous les jours.


   Au fil des semaines, les enfants sont amenés très naturellement à pratiquer des actes de bonté, à se rendre compte que ce qui les met mal à l’aise met aussi mal à l’aise les autres, à mieux identifier leurs émotions et celles de leurs camarades, à pratiquer la gratitude et à former des souhaits bienveillants pour eux-mêmes et pour autrui. Lorsqu’ils sont perturbés, on leur montre qu’ils peuvent certes résoudre leurs problèmes en agissant sur les circonstances extérieures mais aussi en agissant sur leurs propres émotions.


      Au bout de cinq semaines vient le moment de donner à d’autres une ou plusieurs plantes que chacun a fait pousser. Les enfants sont ensuite amenés à prendre conscience qu’ils sont reliés à tous les enfants de la planète, à toutes les écoles et à tous les peuples, lesquels aspirent à la paix et dépendent tous les uns des autres. Cela les conduit à éprouver de la gratitude à l’égard de la nature, des animaux, des arbres, des lacs, des océans, de l’air que nous respirons, et à prendre conscience qu’il est important de prendre soin de notre monde. »


     Je trouve cette expérience très intéressante, pour plusieurs raisons :
  • les exercices demandés aux enfants sont ludiques et créatifs,
  • on n'exige pas des enfants qu'ils pratiquent une méditation aride,
  • on vise des objectifs réalistes à la portée des enfants : développer la bonne entente, l'empathie, la compréhension du ressenti des camarades de classe, le réflexe de chercher des solutions en soi-même en agissant sur ses propres émotions, le sentiment d'être rattaché au monde.


      Matthieu Ricard se montre extrêmement enthousiaste : il parle de « réussite spectaculaire ». Il constate « une nette amélioration des comportements prosociaux et une diminution des troubles émotionnels et des conflits chez les participants à l'expérience ». Le Dalaï-Lama, lui même, a appelé à la reproduction de cette expérience : « Une école, dix écoles, cent écoles, puis, par l'intermédiaire des Nations-Unies, les écoles du monde entier... »


      Je serai pour ma part beaucoup plus prudent. Regardons comment l'expérience est dupliquée à travers le monde, regardons comment elle perdure dans le temps. Par mon expérience de prof, je sais que pratiquer une nouvelle manière d'enseigner suscite toujours l'enthousiasme les premiers temps, justement parce que c'est nouveau, puis l'intérêt s'émousse et retombe insensiblement. Soyons donc ouvert d'esprit, voyons comment cela évolue, ce qu'on peut en retirer, mais ne nous emballons pas trop. Et rappelons-nous surtout que c'est les adultes qui ont la responsabilité morale et spirituelle de s'améliorer eux-mêmes et de contribuer à un monde meilleur. C'est l'engagement sacré qu'ils ont envers les enfants d'aujourd'hui et les enfants des générations futures.



Frédéric Leblanc, 
le 29 août 2018.






















Concernant le Dalaï-Lama :












Voir également : 




À la manière des rois, à la manière des sages


- Cagnes-sur-Mer (Jacques Prévert)


- Pacifiste ou pacifique


Équanimité


Empathie et altruisme




















Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour de la philosophie bouddhique ici.



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Si tous les enfants de 8 ans - 1ère partie



Si tous les enfants de 8 ans

(1ère partie)



   Si tous les enfants de 8 ans sur la planète Terre apprenait comment méditer, nous éliminerions toute la violence du monde en une seule génération.

Le Dalaï-Lama













      Vous avez peut-être déjà vu sur les réseaux sociaux ce message accolé à une photo d'un enfant assis en posture de méditation : « Si tous les enfants de 8 ans sur la planète Terre apprenait comment méditer, nous éliminerions toute la violence du monde en une seule génération ». En fait, cette affirmation suscite en moi plusieurs interrogations, que je voudrais formuler ici, avant d'essayer d'y répondre.


    • 1°) Est-ce vraiment le Dalaï-Lama qui est l'auteur de cette citation ?
    • 2°) Pourquoi 8 ans, et pas 7 ans ou 9 ans ?
    • 3°) Pourquoi uniquement les enfants ?
    • 4°) Est-ce que la méditation agit de la même manière sur tout le monde ? Est-ce que la méditation agit de la même façon qu'un remède à prendre comme l'aspirine ?
    • 5°) Quel type de méditation enseigner aux enfants ?
    • 6°) Est-ce qu'il est pertinent de penser que cet enseignement de la méditation à toute l'enfance de l'humanité soit un véritable remède à la violence qui se déchaîne dans le monde ?

dimanche 22 avril 2018

L'exclusion scolaire





L'exclusion scolaire




      Il y a quelques temps, l'animateur de radio, Jérôme Colin, était interviewé dans sa propre émission culturelle « Entrez sans frapper » à la RTBF (radio et télévision belge francophone) pour la sortie de son nouveau roman (que je n'ai pas lu). Dans cette interview, il se livre à une réflexion sur l'exclusion scolaire qui me semble particulièrement contestable :

mardi 6 décembre 2016

Tronc commun





     En Belgique, le ministère de l'enseignement vient de lancer une nouvelle réforme intitulée un peu pompeusement : « Pacte d'excellence ». Une mesure-phare de cette réforme est l'extension du tronc commun jusqu'à la troisième secondaire. Quelques mots d'explication : le système scolaire est divisé en trois types d'enseignement, général, technique et professionnel. L'enseignement général dispense une formation intellectuelle en vue de préparer aux études supérieures. Le technique tente de conjuguer les cours généraux (math, français, langues modernes, sciences....) avec des cours portant sur une branche socio-professionnelle plus précise : par exemple, électro-mécanique, bureautique, tourisme, agents d'éducation, etc... Le professionnel correspond à des élèves qui désirent rentrer dans le monde professionnel dès la sortie de l'enseignement secondaire : par exemple, menuiserie, soudure, mécanique, aide familiale, vente, horticulture, etc...

     Il faut savoir que ce principe est un peu perverti par le fait que la filière professionnelle est malheureusement trop souvent une filière-poubelle. Pas toujours, mais trop souvent. Quand un élève échoue dans l'enseignement général, la tendance est très souvent de l'aiguiller vers les filières techniques. Et si ça ne va vraiment pas, on l'aiguille vers le professionnel. La conséquence est qu'un certain nombre d'étudiants se retrouvent dans ces filières alors qu'ils n'ont pas vraiment la vocation pour la mécanique ou la soudure, et donc deviennent des poids morts et des élèves excessivement difficiles à gérer en classe et en plein décrochage scolaire.

     Le problème n'est pas neuf, mais la décision pour combattre cette tendance à reléguer dans le professionnel les élèves qui échouent dans l'enseignement général a été de prolonger le tronc commun jusqu'à la 3ème année. (Dans le système belge, on compte les années du secondaire de manière croissante de la 1ère à la 6ème, appelée « rhétorique »). Ce tronc commun oblige tous les élèves à suivre l'enseignement durant les 3 premières années. Jusqu'à présent, le tronc commun ne touchait que les deux premières années. Les élèves pouvaient entrer dans le professionnel dès la 3ème année. Il y a cinq ou six ans, les étudiants avaient accès au professionnel dès la 2ème année. Et jusque dans les années nonante, il n'y avait pas du tout de tronc commun. Cette idée de tronc commun a trouvé son chemin et s'est imposée en accord et avec l'aide d'une ribambelle de psycho-pédagogues qui n'ont aucune expérience de ce qu'est concrètement une classe, ce qui leur permet de théoriser à leur aise dans le vide.

    Je ne suis pas du tout d'accord avec cette évolution. L'allongement du tronc commun ne m'apparaît vraiment pas être une bonne idée. Les défenseurs de ce projet invoquent une idée d'égalité. Tout le monde devrait avoir accès au meilleur enseignement possible, et personne ne devrait être mis sur le bas-côté de la route. Voilà une idée noble : qui peut sérieusement s'opposer à des idées d'égalité ? Mais malheureusement, il y a une grosse faiblesse dans ce raisonnement. Les psycho-pédagogues et les sociologues de l'éducation en charge de la réforme perdent de vue un point important : dans leur conception des choses, la filière la plus enviable, celle que tout le monde devrait envier, c'est la filière générale. Tout simplement parce qu'eux-mêmes sont des universitaires, et que la voie royale vers l'université et les grandes écoles, c'est l'enseignement général. Mais ils ne voient pas que tout le monde n'a pas nécessairement envie de devenir médecin, avocat, ingénieur ou chercheur à l'université....

     Beaucoup de gamins sont beaucoup plus à l'aise dans les métiers manuels. Par ailleurs, quelle société pourrait-elle sérieusement se passe de menuisiers, de plombiers, de maçons, de jardiniers, de soudeurs, d'aides familiales ? Le problème réel est que la bourgeoisie universitaire méprise ces petits métiers et donc dévalorise l'enseignement professionnel qui y mène. Ce qu'il faudrait, c'est revaloriser ces métiers manuels et les formations professionnelles, pas empêcher les élèves d'y accéder. Cela n'a rien de déshonorant d'exercer ces professions, que du contraire !

    Pour beaucoup d'élèves du professionnel, les cours généraux comme le français, le latin, l'anglais ou le néerlandais, les sciences et les mathématiques sont un véritable calvaire. Pourquoi les forcer à étudier des matières qui en font pas sens pour eux et dans lesquels ils sont faibles ? Devoir les étudier leur donne l'impression qu'ils sont bêtes, incapables et inutiles à la société. Pourquoi prolonger ce calvaire en étendant le tronc commun à trois ans ?

    On est plein de bonnes intentions à l'égard ; mais rappelons-nous le proverbe qui dit que l'enfer est pavé de bonnes intentions... On voudrait mettre de l'égalité dans l'école ; mais cela conduira toute une série d'élèves à récolter des mauvaises notes et des échecs scolaires dans une formation commune dans laquelle ils ne sentent pas à l'aise. Par ailleurs, cette volonté d'égalité renforcera les inégalités entre les écoles. Il y a d'un côté les écoles où il n'y a que de l'enseignement général : celles-là ne seront pas impactées par cette nouvelle mesure. De l'autre côté, il y a les écoles où on retrouve les trois filières, général, technique et professionnel. Dans ces écoles, les écoles comprendront les trois types d'élèves : les élèves qui relèvent du général seront dans la même classe que des élèves qui relèvent de l'enseignement professionnel. C'est peut-être super pour la mixité sociale, mais par expérience de prof, je peux dire que ce n'est pas super pour maintenir un bon niveau dans la classe. Les élèves « professionnels » risquent de tirer vers le bas les autres bas. Notez bien qu'il n'est pas impossible que se produise le contraire : que les bons élèves du général tire vers le haut les élèves plus faibles. Mais franchement, ce n'est vraiment pas ce qui arrive la plupart du temps ! Donc concrètement, cette réforme va encore creuser l'écart déjà grand entre les écoles élitistes et les écoles qui comptent plusieurs filières en leur mur. Voilà comment à partir d'une idéologie de l'égalité, on crée de l'inégalité !

      Je propose donc qu'on abandonne cette mesure purement et simplement. Tous les changements ne sont pas bons à prendre. L'idéal serait même de réduire le tronc commun à un an, voire même le supprimer. Comment dès lors résoudre le problème des élèves qui éjectés du système dans la filière professionnel ? Personnellement, je ne prétends pas avoir de solutions toutes faites. Mais une piste serait de provoquer un changement de mentalité dans la population : qu'on redore le blason des métiers tels que maçon, plombier, mécaniciens, aides familiales, tous ces métiers dont on a besoin dans notre société et dont on ne voit pas la vraie valeur. Par ailleurs, il serait utile de penser à des structures qui permettent à un élève de revenir dans l'enseignement général, moyennant certaines conditions afin de d'éviter cette dimension de la « relégation » de la filière professionnelle.





Frédéric Leblanc (enseignant), le 6 décembre 2016.










mardi 26 juillet 2016

Le bonheur est-il une compétence ?











    La semaine passée, j'ai été frappé par cette belle photo et ce slogan de Matthieu Ricard qu'il a publiés sur les réseaux sociaux. « Le bonheur n'est pas quelque chose qui nous arrive, mais une compétence que nous développons ». Du prime abord, cela fait sens quand on connaît un peu le message du bouddhisme. Le bonheur ne dépend pas des situations heureuses comme gagner au loto, se marier, avoir de beaux enfants, réussir sa carrière, avoir une bonne réputation, réussir ce qu'on entreprend. Le bonheur provient avant tout d'une disposition intérieure, à notre capacité à apaiser nos conflits intérieurs et à modifier notre vision des choses pour voir que le bonheur réside d'abord en nous-mêmes. On pourrait nuancer le propos. Ce n'est jamais qu'un slogan d'une seule phrase, et c'est donc une affirmation très générale. Par exemple, je me vois mal expliquer à un homme qui vient de perdre toute sa famille dans un incendie ou un accident que le bonheur ne dépend pas du tout de la situation, mais bien uniquement de sa situation intérieure. Mais en-dehors du caractère un peu trop général de cette sentence, je suis très gêné par un terme que Matthieu Ricard emploie dans son slogan : « compétence ».

    Et là, je tique. Ce mot « compétence »n'est pas un mot neutre de la langue française que l'on pourrait choisir parmi une liste de synonymes. Le mot « compétence » renvoie à l'idéologie de la culture libérale d'entreprise. C'est un mot qui revient sans cesse dans les discours managériaux depuis le début des années '90. Les profondes changements qu'ont connu les entreprises tant en terme d'évolution technologique que de transformations sociétales ont exigé que les entrepreneurs obligent leurs employés et salariés à s'adapter continuellement à ces changements et soient en mesure de maîtriser ces changements en acquérant de nouvelles « compétences ». Le travailleur doit être « flexible » et être prêt à tout pour répondre à de nouveaux défis auxquels l'entreprise va être confrontée.

   Par ailleurs, l'idéologie des compétences a largement contaminé le monde de l'enseignement au motif que l'école doit préparer les élèves à s'intégrer sur le marché du travail et, donc, répondre le plus rapidement possible aux attentes des entreprises. La « pédagogie des compétences » ou « approche par compétences » s'est depuis lors largement imposée dans le monde scolaire. Ainsi, selon les pédagogues (et les décrets légaux qu'ils ont réussi à faire passer au niveau politique), le rôle des enseignants n'est plus du tout de transmettre des savoirs, ni des savoir-faire, mais des compétences qui seront utiles pour répondre à des situations de travail. Les savoirs et les savoir-faire ne sont que des « ressources » que l’élève ne doit d’ailleurs pas forcément «posséder», mais qu’il doit être capable de «mobiliser» d’une façon ou d’une autre, en vue de la réalisation d’une tâche particulière. Comme le travailleur, l'élève doit apprendre à s'adapter à des situations, à faire preuve de « flexibilité ».

   Les savoirs qu'il peut acquérir ne sont pas vraiment importants, puisque le monde change et que les connaissances valables aujourd'hui seront probablement obsolètes demain. Savoir taper à la machine à écrire était utile jusque dans les années '70 ou '80. Mais à quoi sert ce savoir-faire aujourd'hui, à l'heure des ordinateurs et des imprimantes ? Savoir rédiger sur un traitement de textes est utile aujourd'hui, mais demain quand les systèmes de reconnaissance vocales se seront perfectionnés, à quoi servira le fait de savoir utiliser un traitement de textes ? La limite de ce genre de raisonnements est que beaucoup de compétences nécessitent absolument de maîtriser des savoir et savoir-faire. Par exemple, la compétence de savoir parler anglais est impossible si on n'a pas appris (en l'apprenant par cœur) le vocabulaire de la langue anglaise. Mais cela n'empêche pas les psycho-pédagogues de désapprouver les profs d'anglais qui continuent de faire des interros de vocabulaire.

    Le but est de détruire une fonction sociale essentielle de l'école : apporter une culture générale aux étudiants pour leur permettre d'assumer leur rôle de citoyen dans la société. Et de remplacer cela par une autre fonction qui est de faire du prof un coach qui va assister au projet de développement individuel de l'élève. Par projet de développement individuel, il faut entendre évidemment le projet de carrière du futur employé des entreprises. Toute connaissance doit servir à l'entreprise ; l'idée de former des citoyens et des esprits libres et critiques est une perte de temps et puisque le temps, c'est l'argent, une perte dommageable de rentabilité.

     D'où il est problématique de considérer le bonheur comme une « compétence » parmi la panoplie des compétences requises dans le monde du travail. Pour trouver le bonheur, il faudrait mobiliser toute une série de capacité et d'aptitudes qui seront modélisés selon un schéma bien précis. On observe alors un basculement dans la conception du bonheur : celui qui est malheureux n'est pas quelqu'un qui n'a pas eu de chance dans la vie, ni même quelqu'un qui s'est trompé, qui s'est égaré, qui a posé les mauvais choix dans la vie. Non, celui qui est malheureux dans cette approche des compétences est un raté, un incapable, un incompétent. Considérer le bonheur dans l'approche des compétences revient à considérer le bonheur comme une performance, quelque chose qui nous mettrait en compétition les uns avec les autres.

      Mais c'est précisément ce genre de conception qui va nous rendre malheureux. Même si on cultive la sagesse et la conduite éthique sensée nous apporter le bonheur, il y a toujours des moments difficiles dans la vie où l'on risque d'être malheureux, déprimé, désespéré, triste ou angoissé. Ces moments difficiles ne devraient pas être vus comme une défaite personnelle ou pire comme un manque de compétence. On pratique le Dharma, que ce soit l'action juste, la générosité, l'aide à autrui, la modération, la douceur, la compassion, la bienveillance, la méditation et on essaye de cultiver la sagesse qui dissipe les illusions, tout cela dans le but d'être heureux et en paix avec nous-mêmes. Mais le chemin du bonheur est souvent sinueux comme un chemin de montagne. Parfois on croit s'approcher du but, mais le chemin bifurque et on s'en éloigne. C'est pareil dans la vie quand on a une approche eudémonique (centrée sur le bonheur). Parfois, on s'y est mal pris, mais parfois cela ne dépend pas de nous. Il faut bien sûr persévérer dans le Dharma et traverser les orages de la vie. Apprendre à se réjouir de la vie même quand on est triste.


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       On pourrait me répliquer : « Mais quand Matthieu Ricard emploie ce mot, c'est simplement comme un mot de la langue française, sans rapport à l'idéologie libérale des compétences ». Permettez-moi de douter de cette thèse. Tout d'abord, parce que le bonheur est un état, et pas une compétence comme le fait de parler anglais ou d'être en mesure de faire la comptabilité d'une entreprise. Ensuite parce Matthieu Ricard est très proche du monde entrepreneurial. À la fin du documentaire « Vers un monde altruiste » Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade, qui est passé récemment sur Arte et qui est basé sur les idées de son « Plaidoyer pour l'altruisme », on voit Matthieu Ricard se promener au sommet de Davos en Suisse. Le sommet de Davos est une rencontre pour les principaux businessmen et entrepreneurs des grandes multinationales du monde entier. À Davos, les grands capitaines d'industrie peuvent rencontrer les hommes politiques et exercer encore un peu plus leur lobbying. Matthieu Ricard a l'air d'y être comme un poisson dans l'eau. Étrange pour quelqu'un qui fait sans cesse l'apologie de la vie d'ermite...

     On a vu aussi Matthieu Ricard donner des conférences à Wisdom 2.0, la grande conférence de Google sur les pratiques de mindfulness (méditation de pleine conscience) et les moyens d'intégrer ces pratiques dans la logique de la culture d'entreprise libérale. Plus récemment, on a vu Matthieu Ricard expliquer tous les bienfaits de l'altruisme en entreprise aux conférences Salesforce (une société qui évolue dans le monde des softwares). Matthieu Ricard est donc très lié au monde de l'entreprise et aux multinationales qui contrôlent aujourd'hui le monde. Au Moyen-Âge, les religieux qu'ils soient chrétiens, bouddhistes, musulmans ou autres courtisaient les rois, les empereurs et les nobles pour asseoir leur pouvoir sur la société. Ils fermaient les yeux sur les travers et les perversités des puissants et se montraient intransigeants avec le petit peuple qui étaient sans cesse culpabilisés et menacés d'aller en enfer. Aujourd'hui, les puissants de ce monde ne sont plus les rois ou les empereurs, ni même les politiciens, mais bien les capitaines d'industrie, les maîtres de la finance internationale. C'est donc eux que les religieux essayent de courtiser pour garder leur emprise sur le monde.

      Maintenant, pourquoi les entreprises auraient-elles besoin de développer le « bonheur comme compétence » ? Tout simplement parce que les managers font un calcul d'intérêt où ils se disent qu'un employé heureux sera plus productif, plus enthousiaste, plus rentable (surtout s'il est heureux de travailler pour son entreprise). Considérer le bonheur comme une compétence fait du bonheur un objectif à atteindre exactement comme on peut vouloir faire du chiffre. Et celui qui est malheureux, par exemple parce qu'il vient de se faire renvoyer, n'a qu'à s'en prendre à lui-même et à son manque de compétence. Il va retourner son désarroi et sa détresse contre lui-même et il ne va pas remettre en question les structures injustes du capitalisme et commencer à se battre pour le droit des travailleurs (ce genre de comportements de gauchistes qui sont comme tout le monde le sait à Davos, le comportements des ratés, des incapables et des incompétents).

        Voilà. Je tiens pour conclure à insister sur le fait que je ne suis pas contre le fait de faire un « plaidoyer pour le bonheur » comme le fait Matthieu Ricard. Au contraire, sur beaucoup de points, la plupart en fait, je suis en accord avec lui. Il me semble qu'il reste encore à développer une philosophie qui assume son eudémonisme. Mais il me semble aussi qu'il arrive que l'enfer soit pavé de bonnes intentions et qu'il faut veiller à ne pas tomber dans des déviations possibles et des fourvoiements parce qu'on a cherché des alliances avec le monde capitaliste et les entreprises dont le projet reste centré sur le profit individuel, l'avidité, l'ambition dévorante, la cupidité et le sens de la compétition. Je tiens aussi à préciser que je ne suis pas contre le fait que les entreprises organisent des séances de méditation pour leurs salariés qui auraient envie de s'adonner à la méditation et d'apaiser leur esprit. Cela me paraît une très bonne idée, mais attention à ce que ces pratiques de pleine conscience ne soient détournées en séances de manipulation et d'endoctrinement à une éthique de l'ultra-individualisme totalement contraire à l'altruisme et à la bienveillance prônés dans le Dharma.



F. Leblanc, 
le 26 juillet 2016.











Voir la suite de cette réflexion : Le bonheur est un état ou une compétence ?






Conférence de Matthieu Ricard et de Chade-Meng Tan, cadre supérieur chez Google :
Pour présenter Chade-Meng Tan, Matthieu Ricard dit : « Voilà quelqu'un qui ne rebute pas le monde de l'entreprise, le monde des affaires, le monde de tout ce qu'on veut, en raison de sa réussite personnelle ». 

Conférence de Matthieu Ricard organisée par Salesforce (société éditrice de logiciel) :





Pour une critique de l'approche par les compétences dans l'enseignement, on peut lire le texte de Nico Hirtt (Belgique) : L'approche par compétence – une mystification, L'école démocratique, n°39, septembre 2009.





Voir également à propos de la question du bonheur: 

Le bonheur et les autres :     Le bonheur est-il en nous ? Ou se trouve dans notre relation avec les autres ? Dans le milieu du développement personnel et de la spiritualité, on n'entend souvent que le bonheur est en nous, et nulle part ailleurs, et que ce bonheur ne dépend pas des situations heureuses (comme la richesse, la réussite, la réputation, la chance, la santé) ou de telles ou telles personnes (la famille, les personnes aimées, les amis, les collègues...). Il faut chercher ce bonheur en soi-même, au plus profond de son être et savoir rester équanime face aux aléas heureux ou malheureux de la vie. Ce n'est pas faux, cela recèle même une part fondamentale de vérité : je défends personnellement l'idée que le bonheur véritable est d'abord le fruit d'un travail spirituel et philosophique sur soi-même. Néanmoins affirmer que le bonheur ne dépend pas du tout des autres me laisse sceptique. Il me semble que la problématique est plus complexe que cela.


Voir aussi le Soûtra des Bénédictions (Mangala Sutta) ainsi que son commentaire.



À propos de la méditation de Pleine Conscience pratiquée dans les entreprises, on peut lire : 


   On entend beaucoup parler ces temps-ci de méditation dans les entreprises, des bienfaits de la pleine conscience ou mindfulness dans le management. En soi, cela me paraît être une bonne chose : si les entrepreneurs s'enthousiasment pour la méditation et veulent organiser des séances de zazen au milieu de l'open space. Pourquoi pas, en fait ? Néanmoins, quelque chose me laisse sceptique : est-il judicieux de réduire la méditation à une pratique prometteuse en terme d'augmentation de la productivité ? Est-on plus aware des objectifs quantitatifs fixés par l'entreprise quand on s'est livré à une séance de pleine conscience ? Est-ce qu'on est un meilleur employé quand on s'applique sagement à s'asseoir en lotus et à faire le vide dans son entreprise ?








Voir aussi à propos de Matthieu Ricard  :



       Le psychologue Serge Tisseron critique le moine bouddhiste ‪‎Matthieu Ricard‬ sur la question de l'empathie. Celui-ci ne distingue pas suffisamment les différents types d'empathie. Et face à la détresse émotionnelle qui peut survenir à cause d'un trop-plein d'empathie, il oppose la compassion au sens bouddhiste du terme. Mais comment le bouddhisme‬ pense-t-il vraiment des notions telles que l'empathie, l'altruisme et la compassion ?

renouer avec la nature  

s'occuper aussi des animaux

Un mouton n'est pas un tabouret qui se déplace


- Liberté

      Qu'est-ce que la liberté ? Est-ce la possibilité de faire ce qu'on veut ? Ou y a-t-il une dimension plus intérieure de la liberté ?


- Commentaires sur « L’Art de la Méditation » de Matthieu Ricard : voir le texte
     Pourquoi les enseignements du Bouddha sont-ils si rarement cités par les lamas du bouddhisme tibétains ? Est-ce que la méditation sur la nature de l'esprit n'occulte pas l'établissement de l'attention portée sur le corps (telle que le Bouddha l'enseigne dans le Soutra des Quatre Etablissements de l'Attention) ? Les soutras du Petit Véhicule ont-ils un intérêt dans la méditation sur la vacuité telle que l'expriment les soutras de la Perfection de Sagesse ? Comment intégrer les différents Véhicules du bouddhisme ?







Voir aussi les articles sur le libéralisme : 

- Libéral

Libéral, libertaire, libertarien

















Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour de la philosophie bouddhique ici.



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