Images
de l'homme immobile
Les
taches noires serpentines
des
locomotives sur la neige
Le
ciel est fumée de charbon
dessus
les toits sans palme.
Si
c'était Heidelberg – ou Nuremberg -
les
araignées grises de mon cerveau
tisseraient
de vieilles réminiscences romantiques.
Mais
c'est petite ville neuve – dormante – noire.
Noire
avec ma vie bloquée
entre
les baraques de sa gare.
Et
tous les rails mènent ailleurs.
Nettoyeur
de locomotives - « putzer » je suis
Dans
les roues hautes aux rouges boueux
sur
les plaques aux noirs lisses des tenders
se
mire mon inertie
de
n'être pas ce que je suis.
Mon
inertie imbibée de pétrole et d'huile.
Pendant
ce temps, immobiles eux aussi,
empoussiérés
eux aussi
les
Plantin – les Garamond et les sveltes Elzévir
de
mes beaux poèmes
vivent
en tribus séparés dans leurs casses.
Sur
une galée doit s'effriter la composition
inachevée
du
« Promenoir des Deux Amants ».
C'était
du Garamond romain – corps 24.
*
Petite
rue de Paris que j'animai.
Montparnasse
poussait ses hurlements d'art
tout
autour
pas
dedans.
Mon
crâne métallique comme une chaîne.
Chaque
maillon a sa nuance.
Et
le premier moment blanc
tient
au noir d'aujourd'hui.
Attendre
– attendre.
Mais
bruits de chaîne quand même.
Il
me faudrait une promenade
sans
vertes sentinelles
même
dans un bois de sapins.
Guy
Levis Mano