C'est
la saison : les araignées reviennent en force dans les recoins
de notre maison : des petites, des toutes petites, mais aussi
des plus grosses. Ces bestioles ont l'art de provoquer chez nous des
peurs irrationnelles, surtout dans les pays du nord de l'Europe –
comme la Belgique où j'habite – où on ne risque pas de croiser
des araignées venimeuses comme les mygales ou les tarentules. Mais
rien n'y fait : de très nombreuses personnes ont une phobie
très marquée des araignées, surtout si elles sont grosses et
velues. Ce petit article se propose de donner quelques conseils pour
dépasser ces peurs et cette arachnophobie ambiante.
Il
y deux pôles dans ce problème : le sujet, c'est-à-dire nous
qui ne pouvons nous empêcher de tressaillir de dégoût face à ces
petites bêtes, et l'objet, l'araignée elle-même. La raison ne fait
pas grand-chose à l'affaire : on peut essayer de se rassurer,
de se raisonner en se disant : « mais non, ici, elles ne
sont pas dangereuses », cela n'enlève pas la peur. Par contre,
essayer de se documenter sur elles, de s'informer, de faire des
araignées un objet de connaissance renforcera le pouvoir de la
raison sur nos réactions émotionnelles. Une nuit, j'ai été appelé
en urgence par une amie traquée chez elle par une araignée à croix
blanche. Elle était persuadée que c'était une araignée
extrêmement venimeuse et maléfique. J'avais beau lui dire qu'aucune
araignée n'était venimeuse en Belgique, cela ne la calmait pas. Je
suis donc arrivé, j'ai capturé la dite araignée avec un bocal et
un carton, et je l'ai relâchée à une centaine de mètres de
distance de la maison. Puis j'ai simplement googlisé le nom
« araignée à croix blanche ». La plupart des sites
expliquaient clairement que ce type d'araignée n'était en rien
venimeuse pour l'homme. La dangerosité supposée de ces araignées
n'était qu'une rumeur. Ce qui a eu pour effet de soulager grandement
mon amie. Le fait de se renseigner contribue à amoindrir la charge
émotionnelle.
Ensuite,
je conseillerai de développer la bienveillance et la compassion
envers les araignées. Comme tout être sensible, les araignées
recherchent le bien-être et fuient la douleur et la souffrance. On
peut donc éprouver de la bienveillance et de la compassion à leur
égard, c'est-à-dire souhaiter qu'elles soient heureuses et
connaissent les causes du bonheur d'une part et qu'elles soient
libres de toute souffrance et des causes de la souffrance d'autre
part. Le fait de vouloir du bien à ces bestioles ne nous libérera
peut-être pas tout de suite de la peur parfois panique qu'elles nous
causent, mais cela aidera grandement à faire basculer notre point de
vue sur elles. Cela nous fera comprendre plus facilement que ces
petites araignées (même quand elles sont grosses) ont beaucoup plus
à craindre cette énorme créature qu'est l'homme que l'être humain
ne doit craindre ces petits bêtes. Que peuvent les quelques grammes
de l'araignée contre les dizaines de kilo de l'homo sapiens ?
Dans quel camp est vraiment la terreur ?
Il
faut aussi essayer de comprendre d'où vient notre peur antique des
araignées. Peut-être que dans des vies antérieures nous avons été
des mouchettes engluées dans la toile d'une de ces araignées et que
le traumatisme s'est perpétuée de renaissances en renaissances.
D'accord, mon explication vaut ce qu'elle vaut. Mais c'est vraiment
une peur fondamentale. Qu'il suffise de regarder les films
fantastiques ou de science-fiction où les héros sont confrontés à
des araignées géantes. Je pense notamment à la scène du Seigneur
des Anneaux de Tolkien où Frodon et Sam sont aux prises avec
l'horrible Arachnée. Je pense qu'il faut observer cette peur en nous
avec les outils de la Pleine Conscience, et essayer d'en comprendre
le mécanisme. L'influence culturelle est importante. Si des proches
sont facilement effrayés par les araignées, il est probable qu'il
vous aient transmis cette peur, voire cette phobie.
Inversement,
si vous montrez à des enfants toute la beauté d'une toile
d'araignée, si vous vous montrez curieux envers les araignées, et
pas effrayés comme si vous étiez en face d'un revenant, il y a
beaucoup de chances pour que ces enfants ne développent de dégoût
exacerbé ou de phobie à l'égard d'elles. Votre comportement dit de
lui-même qu'il n'y a pas à avoir peur d'elles. Dans mon jardin, je
suis désolé quand je dois briser des toiles d'araignée. Quel
manque de respect envers le travail d'autrui ! Mais une grosse
bête comme moi doit bien avancer en occupant un certain espace...
Enfin,
motivé par la bienveillance et la compassion, je vous recommande de
regarder les araignées le plus souvent possible. Ne détournez pas
le regard. Observez-les dans leur milieu naturel, émerveillez-vous
des trésors de géométrie et d'architecture qu'elles déploient
pour créer leur toile. Observez toute la diversité qui existe parmi
l'ensemble des araignées. Je pense que peu à peu vos peurs ou votre
phobie perdront de l'emprise sur vous. Les araignées pourront alors
devenir vos amies !
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Lisa Gill |
Voir aussi :
- Penser l’homme et l’animal au sein de la Nature
Voir toutes les citations du "Reflet de la Lune" ici.
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Quand vous êtes triste, rappelez-vous que les araignées sauteuses portent parfois une goutte d'eau en guise de chapeau. |