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samedi 28 novembre 2015

Pacifique ou pacifiste ?




     Les journaux le disent, les hommes politiques le disent, les gens dans les cafés, dans la rue le disent, certains intellectuels le contestent : « Nous sommes en guerre », résonne ce slogan un partout en France et en Europe. Les stratèges militaires précisent sur les plateaux de télévision : « Oui, c'est une guerre, mais pas n'importe quel genre de guerre ; non, c'est une guerre asymétrique ! Retenez bien ce mot, les enfants, A-SY-MÉ-TRI-QUE ». Tout ça pour dire que Daesh n'est pas à proprement parler un État, même si Daesh est l'acronyme arabe pour « État Islamique d'Irak et du Levant ». Mais ce n'est pas non un vulgaire groupe terroriste qui se terre dans une cave en attendant le prochain attentat. Ces gens ont un territoire, et a fortiori un territoire assez vaste, même si c'est principalement un désert. On compte pourtant sur le territoire contrôlé par Daesh des villes importantes comme Mossoul, la deuxième ville d'Irak, un million et demi de personnes ; et l'armée de Daesh compte plus ou moins 50 000 hommes, plus notamment que l'armée belge (40 000 hommes plus ou moins). Certaines estimations plus alarmistes élèvent le nombre de combattants de Daesh à 200 000 hommes. L'armée française compte dans ses rangs plus ou moins 350 000 hommes. Donc Daesh est en guerre, mais comme ils ne sont pas en mesure présentement de nous bombarder en bonne et due forme et qu'ils en sont réduits à des actions de type terroriste pour nous meurtrir et nous inspirer la crainte et la terreur, on dit que c'est une guerre asymétrique. Mais cela reste une guerre, avec tout ce qu'une guerre peut avoir de sale et de répugnant : des morts, des blessés, les larmes et du sang, et là-bas au loin en Syrie et en Irak encore beaucoup plus de morts, de gens terrorisés, d'enfances détruites, d'innocents torturés, de maisons éventrées et de fosses communes.

    La France a réagi très vite aux attentats de Paris en redoublant ses bombardements sur Raqqa et les positions de l’État Islamique. Mais est-ce juste ? Certaines voix se font entendre pour dire que la violence n'engendre que la violence, répondre à la guerre par la guerre n'apportera que plus de guerre. D'autres montrent les échecs de l'invasion de l'Irak par les forces américaines en 2003, d'autres pointent du doigt l'exemple de la Libye où les bombardements français et occidentaux ont fait tomber le dictateur Muammar Kadhafi, mais durablement installé le pays dans un état d'instabilité profonde, avec des terroristes proches de Daesh qui font régner la terreur un peu partout. La question que je pose est donc : est-ce que cette guerre « contre le terrorisme » est-elle justifiée ou non ? Y a-t-il seulement des guerres justes ou justifiées ? Ou la guerre est-elle un mal qu'il faut absolument éradiquer ?

dimanche 22 novembre 2015

Une prétendue guerre de l'islam politique

Une prétendue guerre de l'islam politique



    Je voudrais ici réagir à une interview de Michel Onfray parue dans le quotidien belge « Le Soir » le lundi 16 novembre 2015. Dans cette interview, le philosophe français défend ses opinions sur les attentats de Paris et sa conception d'un très douteux « islam politique ». Ces idées ne sont pas neuves chez lui. On ne trouvera quantités d'autres interviews dans la presse écrite et sur les plateaux de télévision. La nuit même du 13 au 14 novembre, il lançait un tweet sur le réseau social Twitter particulièrement explicite : « Droite et gauche qui ont internationalement semé la guerre contre l'islam politique récoltent nationalement la guerre de l'islam politique ». On ne peut être plus clair : on fait l'économie d'une compassion à l'égard des victimes des attentats pour passer directement l'attaque du gouvernement et de la démocratie française. Les méchants, ce ne sont pas les terroristes, mais bien Hollande, mais bien Sarkozy, mais bien Chirac, mais bien Mitterrand, mais bien tous les hommes politiques qui ont contribué à la politique internationale de la République française depuis au moins 25 ans.


    Dans le Soir, Onfray explique : « Ce qui a eu lieu le vendredi 13 novembre est certes un acte de guerre, mais il répond à d'autres actes de guerre dont le moment initial est la décision de détruire l'Irak de Saddam Hussein par le clan Bush et ses alliés, il y a un quart de siècle. La France fait partie depuis le début, hormis l'heureux épisode chiraquien, de la coalition occidentale qui a déclaré la guerre à des pays musulmans. Irak, Afghanistan, Mali, Libye... Ces pays ne nous menaçaient aucunement avant que nous leur refusions leur souveraineté et la possibilité pour eux d'instaurer chez eux leur régime de leur choix. La France n'a pas vocation à être le gendarme du monde et à intervenir selon son caprice dans tel ou tel pays pour y interdire le choix qu'il fait ».

     Première réflexion : Saddam Hussein n'était pas une petite victime en 1991 quand a éclaté la 1ère guerre du Golfe. C'est lui qui a décidé d'envahir le Koweit en prétendant que c'était la dix-neuvième province de l'Irak, et donc c'est lui qui a menacé en premier la souveraineté d'un État ! Auparavant, Saddam Hussein s'est toujours comporté en dictateur féroce ; et c'est lui qui avait dans les années '80 déclaré la guerre Iran-Irak qui a été une boucherie sans nom. On ne peut donc pas établir un manichéisme simpliste comme le fait Onfray entre les gentils musulmans agressés et les méchants Occidentaux toujours avides de guerre et de destruction. Cela ne peut pas fonctionner comme ça ! Certes, les Occidentaux sont intervenus pour défendre des intérêts géostratégiques évidents. Il y a des quantités énormes de pétrole au Koweit comme en Irak. Les démocraties occidentales ne sont pas non plus angéliques dans cette histoire. C'est une évidence. Gardons-nous de tout manichéisme afin de garder un semblant d'intelligence dans l'analyse des faits qui sont complexes tant que par le nombre des forces en présence, mais aussi le nombre colossal de grille d'interprétations que l'on peut avoir dans cet événement.

samedi 21 novembre 2015

Suave mari magno




      Il est doux, quand la vaste mer est soulevée par les vents, d’assister du rivage à la détresse d’autrui ; non qu’on trouve si grand plaisir à regarder souffrir ; mais on se plaît à voir quels maux vous épargnent. Il est doux aussi d'assister aux grandes luttes de la guerre, de suivre les batailles rangées dans les plaines, sans prendre sa part du danger. Mais la plus grande douceur est d'occuper les hauts lieux fortifiés par la pensée des sages, ces régions sereines d’où s’aperçoit au loin le reste des hommes, qui errent ça et là en cherchant au hasard le chemin de la vie, qui luttent de génie ou se disputent la gloire de la naissance, qui s'épuisent en efforts de jour et de nuit pour s’élever au faîte des richesses ou s'emparer du pouvoir.

         Ô misérables esprits des hommes, ô cœurs aveugles! Dans quelles ténèbres, parmi quels dangers, se consume ce peu d'instants qu'est la vie! Comment ne pas entendre le cri de la nature, qui ne réclame rien d'autre qu'un corps exempt de douleur, un esprit heureux, libre d’inquiétude et de crainte ?
Lucrèce, De Natura rerum, II, 1-19





Näutil, The Eye, Siouville-Hague, Basse-Normandie (France)
Photographie de Cécé






        C'est un passage très beau de « La Nature des Choses » du philosophe antique, hédoniste et épicurien, Lucrèce, qui commence par les vers latins « Suave mari magno... ». En même temps, c'est un des textes les plus déconcertants de l'histoire de la philosophie. Lucrèce y exprime la sérénité du sage face aux tourments qui frappent les êtres ordinaires empêtrés dans leurs passions et leur ignorance. De la même manière que l'on peut regarder du haut d'une falaise une tempête qui déchaîne les flots sur la mer et qui précipite les marins dans la détresse et le désarroi, et se sentir rassuré sur la terre ferme parce qu'on n'a pas à subir la terreur d'être en perdition sur son navire. Le sage, lui, vit calmement ; il voit la souffrance de ceux qui sombrent dans la folie et les relations conflictuelles, mais comme il n'a pas part à cette folie, il peut d'autant plus savourer sa tranquillité et sa sérénité.

       Pour autant, cette manière de voir et d'opposer le sage et la personne immature a des résonances quelque peu tragiques. Est-il si doux de réjouir de ne pas être dans la tourmente quand on voit d'autres y être ? Est-il si doux de se savoir en sécurité quand, au loin dans la vallée, la bataille fait rage avec son lot de désolation, de blessés et de morts ? Peut-on être à ce point insensible face aux tragédies qui frappent les hommes quand bien même ces tragédies sont le fait de la folie aveugle des hommes et que ces tragédies auraient pu être évitées avec une gestion de la situation, plus efficace et plus équilibrée ? Peut-on vraiment être aussi insensible ? Est-ce que la sage est un être si peu concerné des affaires du monde ? Est-il si retranché de ce qui affecte les hommes, leurs peines, leurs blessures, leurs sentiments, leurs peurs, leurs colères, leurs égarement ? Je veux bien que Lucrèce nous explique que  : « la plus grande douceur est d'occuper les hauts lieux fortifiés par la pensée des sages, ces régions sereines d’où s’aperçoit au loin le reste des hommes, qui errent ça et là en cherchant au hasard le chemin de la vie ». Mais ces hautes tour fortifiées de l'âme sont-elles si imperméables aux pleurs, aux cris, aux élans de désespoir des gens tout autour de nous ? Est-on vraiment une île ? Une forteresse inexpugnable que rien ne pourrait affecter ? Réfugiés dans nos hautes tours bâties avec les pierres de la sagesse, serions-nous si intouchables ?

         Cette figure du sage comme complète indépendance par rapport aux mondes et aux fous qui composent ce monde me paraît être un fantasme. S'il y a un sage en ce monde, et je ne prétends pas être un sage en ce monde, je ne pense pas qu'il soit sourd aux émotions des hommes. Il entend la colère quand les gens sont meurtris, il entend la joie quand tout le monde est à la fête, il entend la détresse qui frappent les hommes et il entend les rêves fous que ceux-ci peuvent inventer les nuits sans lune. La différence réside à mon sens dans ce que le sage ne va alimenter toutes ces émotions et il va les apaiser, les transformer, les sublimer. Il pourra être affecté par la colère, mais il ne laissera pas la colère le dominer ; il verra l'offense, mais il ne suivra pas sans réfléchir sa pulsion de vengeance. Il cherchera des réponses, des solutions que les autres n'avaient pas ou ne voulaient pas envisager.

            Bien sûr, le sage ne suivra pas le sentier de ce monde qui vont vers la recherche avide de richesse et de pouvoir, le sentier de ces hommes, comme le dit Lucrèce, « qui s'épuisent en efforts de jour et de nuit pour s’élever au faîte des richesses ou s'emparer du pouvoir ». Le sage se montre indifférent à ces buts mondains insensés et est en paix par rapport à cela ; mais il est en paix en lui-même, et non point parce qu'il se compare aux autres qui ont emprunté ce chemin cahoteux et tortueux. L'avidité des hommes nous affectent tous, même si vous n'en prenez pas part. Regardez l'avidité que les hommes ont pour le pétrole. Le pétrole fait tourner le moteur de nos voitures, le pétrole fait tourner l'économie des puissances industrielles, le pétrole fait tourner la tête des traders dans les bourses du monde entier, le pétrole fait tourner les guerres au Moyen-Orient et ailleurs. Et enfin de compte, nous sommes tous affectés par cette folie ! La Terre tourne de plus en plus mal, le climat se réchauffe, les mers sont polluées de ces nappes d'hydrocarbures ; et même nous qui nous croyons dans des pays riches en paix, le terrorisme vient frapper à nos portes et apporter son lot de désolation.

        Dans ce monde, tout est interconnecté, ainsi de même le fou et le sage sont interconnectés. Un lien profond d'interdépendance les relie. Le sage ne peut pas s'isoler du monde. Quand bien même, il vivrait sur une montagne, loin de tout, il saurait et il verrait les liens de causalité qui, de toute part, l'unirait et le rapprocherait des êtres. Le sage s'éloigne de la folie des hommes pour connaître la douceur comme le dit Lucrèce, mais cette douceur, il la laisse se diffuser partout, en lui et en-dehors de lui pour le bien des êtres sensibles qui peuplent le monde. Il aura ainsi dans chaque minute de sa vie le souhait profond de sortir les êtres des ténèbres dont parle Lucrèce : « Dans quelles ténèbres, parmi quels dangers, se consume ce peu d'instants qu'est la vie! »






Edouard Boubat, Portugal, 1954





Suave, mari magno turbantibus aequora ventis
E terra magnum alterius spectare laborem;
Non quia vexari quemquamst jucunda voluptas,
Sed quibus ipse malis careas quia cernere suavest.
Suave etiam belli certamina magna tueri
Per campos instructa tua sine parte pericli;
Sed nihil dulcius est, bene quam munita tenere
Edita doctrina sapientum templa serena,
Despicere unde queas alios passimque videre
Errare atque viam palantis quaerere vitae,
Certare ingenio, contendere nobilitate,
Noctes atque dies niti praestante labore
ad summas emergere opes rerumque potiri.
O miseras hominum mentes, o pectora caeca!
Qualibus in tenebris vitae quantisque periclis
Degitur hoc aevi quod cumquest.
Nonne videre nil aliud sibi naturam latrare, nisi ut qui
Corpore seiunctus dolor absit, mensque fruatur
Jucundo sensu cura semota metuque?




William Turner - Tempête de Neige - 1842 (Tate Gallery de Londres)


Autre texte de Lucrèce : 

le veau que la mère reconnait entre tous (De rerum natura, II, 372)



Voir tous les articles et les citations à propos de la philosophie antique ici.

Voir toutes les citations du "Reflet de la Lune" ici.





Morgan Maassen






mardi 17 novembre 2015

Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent

Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent
Victor Hugo, Les Châtiments.

Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front.
Ceux qui d'un haut destin gravissent l'âpre cime.
Ceux qui marchent pensifs, épris d'un but sublime.
Ayant devant les yeux sans cesse, nuit et jour,
Ou quelque saint labeur ou quelque grand amour.
C'est le prophète saint prosterné devant l'arche,
C'est le travailleur, pâtre, ouvrier, patriarche.
Ceux dont le cœur est bon, ceux dont les jours sont pleins.
Ceux-là vivent, Seigneur ! les autres, je les plains.
Car de son vague ennui le néant les enivre,
Car le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre.
Inutiles, épars, ils traînent ici-bas
Le sombre accablement d'être en ne pensant pas.
Ils s'appellent vulgus, plebs, la tourbe, la foule.
Ils sont ce qui murmure, applaudit, siffle, coule,
Bat des mains, foule aux pieds, bâille, dit oui, dit non,
N'a jamais de figure et n'a jamais de nom ;
Troupeau qui va, revient, juge, absout, délibère,
Détruit, prêt à Marat comme prêt à Tibère,
Foule triste, joyeuse, habits dorés, bras nus,
Pêle-mêle, et poussée aux gouffres inconnus.
Ils sont les passants froids sans but, sans nœud, sans âge ;
Le bas du genre humain qui s'écroule en nuage ;
Ceux qu'on ne connaît pas, ceux qu'on ne compte pas,
Ceux qui perdent les mots, les volontés, les pas.
L'ombre obscure autour d'eux se prolonge et recule ;
Ils n'ont du plein midi qu'un lointain crépuscule,
Car, jetant au hasard les cris, les voix, le bruit,
Ils errent près du bord sinistre de la nuit.

samedi 14 novembre 2015

Laisse-toi devenir cet espace



Laisse-toi devenir cet espace qui accueille toute expérience sans jugement.

Tsoknyi Rimpotché






    J'aime cette citation de Tsoknyi Rimpotché en ce qu'elle décrit bien une dimension essentielle de la méditation : se laisser redevenir un espace ouvert et vaste dans lequel les événements de la vie se dispersent et perdent leur pouvoir de nous obnubiler. Le vaste ciel peut ponctuellement être occupé par de gros nuages noirs et menaçants, pourtant le ciel ne réagit pas par la colère ou la peur à leur approche, mais ils les laissent venir et il les laissent partir sans jugement aucun. Les nuages peuvent obscurcir momentanément le ciel, mais ils n'ont pas le pouvoir d'altérer la nature du ciel. Pareillement, les événements qui nous occupent peuvent obscurcir notre vie momentanément, mais on devrait revenir à une conscience plus vaste et laisser passer les remous qu'ils créent sans émettre de jugement à leur égard. Les observer, les contempler, mais ne pas s'y attacher.

     Quand on se recentre dans le silence de l'instant présent, attentif au souffle et au corps, c'est à ce moment que l'esprit manifeste son espace naturel, sa vastitude, que l'on peut reconsidérer les événements en prenant de la distance par rapport à eux, en les relativisant. Je me souviens d'avoir rencontrée une Tibétaine dans un bus de la banlieue de Liège et elle m'a expliqué que son lama à Lhassa, la capitale du Tibet, lui avait expliqué que l'on peut voir les événements de la vie comme ça (elle a mis sa main juste devant les yeux) ou comme ça (elle a écarté sa main en la mettant à un mètre de ses yeux). C'est exactement cela : retrouver l'espace de notre conscience pour avoir considéré ce qui manifeste dans notre vie sous un autre angle et avoir la sagesse de lâcher prise par rapport aux passions qui nous assaillent.

vendredi 13 novembre 2015

Commentaire au Soûtra de Jīvaka




   
    Jīvaka était un médecin proche du Bouddha. Il a eu l'occasion de prodiguer ses soins. À plusieurs reprises, il a l'occasion de dialoguer à propos du Dharma. Dans ce soûtra, Jīvaka interpelle le Bienheureux sur la question du végétarisme. Les moines pratiquaient la non-violence. Or dans la pensée indienne, être non-violent implique de ne pas blesser non plus les animaux, ni les tuer évidemment. Or un des meilleurs moyens de s'abstenir de tuer les animaux est évidemment de ne pas les manger. Beaucoup d'ascètes de l'époque du Bouddha étaient donc strictement végétariens. Les plus célèbres et qui existent encore de nos jours étaient les jaïns qui mettent le principe de non-violence au centre de leur doctrine philosophique. Les laïcs jaïns sont normalement végétariens, et les moines sont même végétaliens. On pourrait s'attendre à ce que les moines disciples du Bouddha fassent de même vu que le premier précepte éthique des bouddhistes est de ne pas tuer les autres sensibles, mais ils arrivaient que les moines bouddhistes mangent de la viande. Jīvaka s'en inquiètent donc auprès du Bouddha : « Vénérable, voici ce que j’ai entendu : « On tue des êtres vivants pour nourrir l’ascète Gotama[1], qui mange délibérément de la chair d’animaux tués pour lui ». Vénérable, ceux qui s’expriment ainsi disent-ils vrai ? »

lundi 9 novembre 2015

Il n'y a pas de mauvaise méditation




     Il n'y a pas de mauvaise méditation. Voilà un principe fondamental de la méditation : on ne devrait pas juger notre pratique de la méditation assise shamatha/vipashyanâ au point de dire que celle-ci a été inutile ou nulle en terme de progression spirituelle. On ne peut jamais savoir ce qu'il en est réellement. Dans la méditation, on peut être pris par la lassitude ou la torpeur, avoir l'esprit englué dans un brouillard épais. On peut être aussi très agité : nos pensées sont comme un tourbillon émotionnel qui nous empêche d'être centré. Parfois, c'est dans notre corps que nous ressentons irrésistiblement l'envie de bouger et de s'agiter. Parfois, au lieu de se sentir léger et plein de sérénité, nous sombrons dans un marasme existentiel, on est déprimé, morose ; seules des pensées noires et négatives viennent nous habiter. Tout cela peut arriver. Mais l'essentiel est de se rappeler qu'il n'y a pas de mauvaise méditation.

samedi 7 novembre 2015

De l'art de la paix en temps de zombification massive

De l'art de la paix en temps de zombification massive

(Attention : cet article est tout entier un spoiler de l'épisode 4 de la 6ème saison!)

    Récemment, j'ai publié un article sur la série télévisée américaine « The Walkind Dead » où je parlais de l'idéologie qui sous-tend toute la série : L'homme est un zombie pour l'homme. J'essayais de mettre en valeur la mentalité conservatrice et religieuse, l'idée que l'homme représente toujours une menace pour son prochain et que le port des armes à feu est une nécessité vitale pour contrer tout le mal que les morts et les vivants pourraient nous faire. Je n'avais pas vu à ce moment-là le dernier épisode où l'on peut sentir comme une inflexion idéologique dans le discours.