La voix des
gouttes de pluie de maître Kyosei
Lorsque,
sans penser,
Seulement
j'écoute
Une goutte
de pluie
Au bord du
toit,
C'est moi
Tout son
qui atteint mon oreille
Est une
voix.
Là, à
l'instant,
C'est mon
ami !
Il n'est
rien qui ne me parle.
Dôgen
Zenji (1200-1253), Sanshô Dôei, Les chants de la Voie du
Pin Parasol, 12 & 13.
Ogata Gekko (Japon, XIXème siècle) |
Toutes les
manifestations du monde phénoménal sont vides et illusoires, nous
dit le Soutra du Cœur :
la forme est vide. Pourtant, ce vide se manifeste en tant que formes
variées à notre entendement et à notre sensibilité : le vide
est forme. Vide et forme se révèlent indissociables : la forme
n'est autre que le vide ; le vide n'est autre que la forme. Les
maîtres du bouddhisme Zen en tirent la conclusion qu'il faut se
mettre à l'écoute du monde phénoménal. Écouter pleinement,
percevoir pleinement. Car la perception la plus banale est riche
d'enseignement pour qui sait écouter. Mais pour cela, il
faut pouvoir écouter quand on écoute, pouvoir voir quand on voit,
pouvoir toucher quand on touche. Le mental parasite en effet notre
perception en faisant toutes sortes de commentaires sur ce que l'on
perçoit par les sens, en alimentant un discours incessant et en
émettant des jugements à tout bout de champ sur tout et n'importe
quoi. La méditation bouddhique doit nous ramener à cette capacité
à s'installer pleinement dans la perception en-dehors des bruits de
fond que le mental surimpose constamment dans notre expérience de la
vie de tous les jours. Comme le
Bouddha l'enseigne à l’ascète Bâhiya :
« Vous
devez vous entraîner ainsi :
dans
l’acte de voir, qu’il n’y ait que le simple acte de voir,
dans
l’acte d’entendre, qu’il n’y ait que le simple acte
d’entendre
dans
l’acte de sentir, qu’il n’y ait que le simple acte de sentir,
dans
l’acte de connaître, qu’il y n'ait que le simple acte de
connaître.
C’est
comme cela, ô Bâhiya, que vous devez vous entraîner ».
Par
cette discipline, on peut retirer un enseignement de chaque chose qui
traverse notre perception. On peut se mettre à l'écoute de ce que
la nature a à nous apprendre : « Tout son qui atteint mon
oreille est une voix ». On peut voir l'illusion qui installe
cette dualité entre moi et la nature, entre moi et une goutte d'eau
qui goutte du toit de l'ermitage.
Voir aussi le Commentaires au Genjōkōan - 3ème partie ici.
Voir le Soutra de Bâhiya dans son entièreté ici.
Voir le Soutra de Bâhiya dans son entièreté ici.
Autour de Dôgen Zenji sur Le Reflet de la Lune :
Commentaires au Genjôkôan:
1ère partie 2ème partie 3ème partie 4ème partie
Commentaires au Genjôkôan:
1ère partie 2ème partie 3ème partie 4ème partie
Genjôkôan: - étudier la Voie du Bouddha
- éveil et reflet de la lune
Sanshô Doei : - la voix des gouttes de pluie
- Adoration
- Trésor de l'Œil du Véritable Dharma
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Poèmes chinois de l'Eihei Kôroku:
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