Si j'étais
Si j’étais platane,
si je me reposais à son ombre
Si j’étais livre, que
je lirais sans ennui dans mes nuits d’insomnie
Crayon, je ne voudrais
pas l’être même pas entre mes propres doigts
Si j’étais porte, je
m’ouvrirais aux bons, je me fermerais aux méchants
Si j’étais fenêtre,
une fenêtre sans rideaux, grande ouverte
Si je faisais entrer la
ville dans ma chambre
Si j’étais verbe, si
je vous appelais au beau au juste au vrai
Si j’étais parole, si
je disais mon amour tout doucement
Nazım
Hikmet, 27 mai 1962.
J'aime la façon dont
le poète turc Nazım
Hikmet exprime le processus de croissance de l'écriture qui va de
l'état séminal qui est la matérialité vivante et concrète d'un
arbre qui fera les pages d'un livre autant que le crayon à
l'ouverture de la conscience au monde, au grouillement de la cité
que l'on ressent dans l'intimité solitaire de sa chambre, et le
surgissement du verbe qui appelle au beau, au juste, au vrai et à la
parole qui murmure l'amour, l'origine et la fin de toute écriture.
Fan Ho, Hong Kong, 1950 |
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